5 bonnes raisons d’aller voir Equalizer 2

Posté par wyzman, le 17 août 2018

Quatre ans après le premier Equalizer qui avait ravit la presse et le public, Antoine Fuqua et Denzel Washington rempilent pour une nouvelle et périlleuse mission de Robert McCall. Voici 5 bonnes raisons d'aller voir cette suite sombre et spectaculaire.

1. C'est un bon divertissement d'été. Quatre ans après les événements du premier film, Robert McCall est toujours un agent des services secrets américains à la retraite. Reconverti en chauffeur Lyft (le concurrent d'Uber), McCall est contraint de reprendre les armes après que sa "seule amie" Susan Plummer a été retrouvée morte dan un hôtel de Bruxelles. Elle était sur la piste d'une organisation particulièrement douée pour camoufler des meurtres. Si le pitch ne révolutionne pas le genre du film d'action, force est de reconnaître que l'on apprécie fortement ce récit où les méchants finissent par être punis.

2. Denzel Washington est parfait en chauffeur le jour, justicier la nuit. Les plus réticents diront que notre papy cinématographique préféré tourne en rond dans cette suite mais il n'en est rien. Cette décennie, il a simplement décidé d'enchaîner les blockbusters où il joue les action hero (Le Livre d'Eli, Sécurité rapprochée, Equalizer) et les drames à Oscars (Fences, Flight, L'Affaire Roman J.) Ces contrastes lui réussissent et dans Equalizer 2, il s'avère encore plus convaincant que dans le premier volet. Son personnage pleure toujours la mort de sa femme et le décès de sa vieille amie pourrait bien le faire avancer plus qu'on le pense !

3. Les scènes de combat valent le détour. On ne le dira jamais assez mais une scène de combat n'a d'intérêt que si elle est bien chorégraphiée, utile à l'intrigue globale et parfaitement interprétée. Avec Denzel Washington et la réalisation d'Antoine Fuqua, tous ces critères sont ici réunis. Qu'il s'agisse de venger une amie assassinée de sang froid ou une jeune stagiaire violée, Denzel Washington donne de sa personne et on ne peut qu'apprécier cela. A 63 ans, l'acteur oscarisé pour Glory et Training Day ne saute peut-être pas en parachute comme Tom Cruise dans le dernier Mission : Impossible mais il n'a clairement rien à lui envier.

4. Ashton Sanders est de la partie. A seulement 22 ans, cet acteur américain est déjà une star. On l'a découvert l'an dernier dans le sublime Moonlight et depuis, son visage ne cesse de nous hanter. Absolument parfait en adolescent noir qui tente d'apprivoiser ses désirs et son homosexualité, il nous a plus qu'émus. Dans Equalizer 2, il campe un adolescent aux mauvaises fréquentations mais à la créativité certaine. Un rôle en forme de continuité. En plus d'avoir fait une apparition dans Straight Outta Compton, il sera prochainement à l'affiche de Captive State de Rupert Wyatt, Native Son de Rachid Johnson et All Day and a Night de Joe Robert Cole !

5. L'humour nous donne envie d'un troisième volet. Interviewé par Le Parisien, Denzel Washington a préféré calmer les ardeurs des journalistes concernant une suite. Mais c'est sans doute parce que ce second volet alterne à merveille les moments de réflexion brumeuse et les piques comiques que l'on ne peut s'empêcher d'imaginer un ultime chapitre qui nous montrerait Robert McCall heureux et pas simplement serein après avoir réglé leurs comptes aux méchants. On ne spoilera personne en affirmant que notre réplique préférée demeure : "- Putain mais t'es qui ? - Ton père. Ta mère te l'a juste pas dit !"

The Aeronauts : Amazon Studios réunit Eddie Redmayne et Felicity Jones

Posté par wyzman, le 17 août 2018

Le géant du streaming vient de dévoiler un premier aperçu du nouveau drame dans lequel joueront les stars d'Une merveilleuse histoire du temps, Eddie Redmayne et Felicity Jones.

Une histoire gonflée

The Aeronauts raconte comment en 1862, la riche veuve Amelia Wren (Felicity Jones) et l'ambitieux scientifique James Glaisher (Eddie Redmayne) montent une expédition en montgolfière pour voler plus haut que quiconque dans l’histoire. Seul bémol : à l'époque, leurs chances de survie sont parrticulièrement minces.

Le film est réalisé par Tom Harper (War & Peace) tandis que le scénario est écrit par Jack Thorne, l'homme à qui l'on doit la pièce de théâtre Harry Potter et l'enfant maudit. Ravi de produire The Aeronauts, Todd Lieberman de Mandeville Films s'est déjà exprimé à propos du film dont le tournage a débuté cette semaine au Royaume-Uni.

"L’authenticité est une priorité pour nous sur The Aeronauts. Dans cette optique, nous avons l’intention de filmer autant de ballons dans le ciel que le temps le permettra. Cette image a été prise après que nous ayons lancé Felicity et Eddie à 2 000 pieds dans les airs, exécutant leur scène scénarisée, alors qu'un hélicoptère filmait tout. Nous sommes chanceux que Felicity et Eddie aient le culot de faire eux-mêmes ces cascades en authentifiant toute notre approche" a-t-il déclaré.

Bien qu'aucune date de sortie n'a été annoncée pour le moment, nous savons déjà que Tom Courtenay, Anne Reid, Rebecca Front, Vincent Perez, Tim McInnery, Phoebe Fox et Himesh Patel ont rejoint la distribution. Les décors seront l'oeuvre de David Hindle (Une merveilleuse histoire du temps) et Christian Huband (Les Animaux fantastiques). De son côté, Louis Morin (Premier contact) supervisera les effets spéciaux.

Les rencontres animées de l’été (5/6) : Boris Labbé, réalisateur de La chute

Posté par MpM, le 17 août 2018

A l'occasion de cette pause estivale, Ecran Noir part à la rencontre du cinéma d'animation. Six réalisatrices et réalisateurs de courts métrages parlent de leur travail, de leurs influences et du cinéma en général.


Pour ce cinquième épisode, nous avons posé nos questions à Boris Labbé, artiste et réalisateur français révélé en 2012 avec Kyrielle, notamment récompensé par une mention spéciale du jury au festival d'Annecy. Ses oeuvres suivantes (Danse macabre, Rhizome, Orogenesis...) ont fait le tour des festivals internationaux.

En mai dernier, son dernier court métrage La chute était présenté en séance spéciale à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes, puis à AnimaFest à Zagreb (où il a remporté le Grand Prix), à Annecy (Prix Fipresci) et Vila do Conde (Grand Prix). Le film est une oeuvre foisonnante et singulière qui prolonge le travail du réalisateur autour des motifs de la boucle et de la métamorphose.

Inspiré de Dante, dont il est une évocation hypnotique et puissante, il montre un ordre du monde bouleversé par la rencontre entre les habitants du ciel et ceux de la terre. Se mêlent alors des images en perpétuel mouvement et une musique envoûtante et intense qui transforment le film en expérience sensorielle unique.

Ecran Noir : Comment est né le film ?

Boris Labbé : L'idée du film est née pendant que je travaillais sur mon précédent projet Rhizome, alors que je me décidais à plonger pour la première fois dans la lecture de Dante. Cette lecture a vraiment été révélatrice pour moi, c'est évidemment un texte majeur, mais d'un point de vue plus personnel je sentais que mon travail d’animation pouvait avoir quelque chose à faire avec cette oeuvre. L'obsession de faire quelque chose sur L'Enfer est née. Après mûre réflexion, je décidais de ne pas en faire une adaptation directe, il me fallait faire comme un "pas de côté" nécessaire à sa digestion. Cette attitude m'a permis de me libérer de la référence.

EN : Il y a dans le film de nombreuses références picturales et artistiques qui semblent convoquer toute l'histoire de l'Humanité. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

BL : Si je reprends le texte de Dante, son périple se déroule dans une sorte de "structure topographique" renfermant les âmes des hommes ayant vécus dans le passé, classées en fonction de leurs actions sur terre. Chez Dante, toute l'histoire de l’Humanité est convoquée grâce à sa rencontre avec de nombreux personnages célèbres. Dans mon film, je ne m’intéresse pas à l'individu mais plutôt aux mouvements de masse, parsemés de détails évocateurs qui viennent frapper notre mémoire. On n'est pas loin de l'art de la mémoire, cette discipline inventée par les Grecs puis reprise et transformée jusqu'à la Renaissance, fondée sur des "images" et des "lieux".
Pour construire mon film j'ai en effet utilisé de nombreuses références venant de l'histoire de l'art européen. Parmi les artistes clairement cités, je peux nommer Bosch, Bruegel, Botticelli, Goya et Henry Darger.

EN : Pouvez-vous nous parler également de vos choix esthétiques ? Comment se sont-ils faits ?

BL : J'ai choisi de travailler à l'encre de Chine sur papier. Cette technique me permet un travail de matière unique, que l'ordinateur ne pourrait rendre. Mes images sont principalement en noir et blanc avec des niveaux de gris subtils sur fond noir. Je cherchais un rendu lumineux pour les personnages et les décors, pour les rendre électriques et vivants. Le fond noir évoque le vide, la nuit et il donne une sensation proche du cauchemar. Des touches de couleurs vives parsèment l'écran. La couleur sur fond de noir et blanc attire le regard et ponctue l'espace visuel. L’utilisation du rouge vif évoque la vie, les organes, le sang, et donc aussi la mort.
Le style d'animation développé dans le film est assez particulier : à la fois en métamorphose perpétuelle tout en conservant un ordre par répétition. Cela évoque la création, la vie et engage un rapport hypnotique aux images. Le chaos se glisse parfois dans ces paysages animés, créant différentes ruptures dans le film. Ce film est probablement plus cinématographique que mes précédents, pour son travail du rythme, des cadrages, bien qu'on soit loin d'un montage "classique". Pour la musique, j'ai laissé mon ami compositeur Daniele Ghisi donner le meilleur de lui-même. Il a travaillé sa composition musicale à partir d'une base de données existante d’enregistrements de quatuors à cordes, transformés et agencés électroniquement. Le parti pris est fort et rebute parfois certaines personnes, mais nous assumons nos choix, le spectateur n'est pas pris avec des pincettes.

EN : Quel a été le principal challenge au moment de la réalisation ?

BL : Pendant la presque totalité du processus de fabrication du projet, je n'étais pas sûr d'aimer mon film, c'était les montagnes russes émotionnelles. J'ai souvent cru que j'étais en train de rater quelque chose, de passer à côté du projet... C'était difficile de travailler et donner 100% de mon énergie dans quelque chose d'inconnu, je partais vers une exploration qui était nouvelle pour moi et pour laquelle il n'y avait pas vraiment de précédent.
Ensuite, il y avait évidemment des challenges techniques, le travail manuel, le travail d'ordinateur, la gestion de l'équipe, les deadlines... mais heureusement j'étais très bien entouré, l'équipe de production, mes animateurs, stagiaires et techniciens étaient tous supers !

EN : Quel genre de cinéphile êtes-vous ?

BL : Je pense que j'ai une culture du cinéma en général assez moyenne. Il y a beaucoup de classiques que je n'ai pas encore vus, mais je rattrape cette lacune quand je peux. En fait, je ne suis pas un grand "consommateur" de films. Aujourd’hui, le cinéma est lié à la consommation de masse et même si je ne fais pas exception, je prends un peu de distance avec cette tendance. Par contre, lors de moments de recherches personnelles, je peux passer des jours à chercher des petites pépites filmiques que je n'aurais pas encore découvertes. Mes recherches m'amènent souvent vers le cinéma d'avant-garde, cinéma expérimental, art vidéo, mais bien sûr des courts et longs métrages plus "classiques". Donc ma culture cinématographique est assez incomplète et très ciblée je pense. Et malheureusement, je vois beaucoup de choses sur internet en mauvaise qualité... Là où je me rattrape, c'est lors de mes voyages en festivals, je vois beaucoup de films produits chaque année, surtout des courts métrages et surtout de l’animation.

EN : De quel réalisateur, qu’il soit ou non une référence pour votre travail, admirez-vous les films ?

BL : Il y a beaucoup de réalisateurs que j’admire, alors c'est difficile de faire un choix. Mais je vais profiter de la question pour donner un nom presque inconnu en France : José Val del Omar. C'est un réalisateur d'avant-garde espagnol (1904-1992), aussi inventeur de dispositifs radio, dispositifs de projection, de son, et de techniques de filmage. Il a été oublié pendant presque 20 ans. Les jeunes cinéastes espagnols ainsi que de grandes institutions telles que le Musée Reina Sofia de Madrid ont participé à sa redécouverte récemment. Il s’intéressait au cinéma comme forme poétique, proche du documentaire, du film d'avant-garde et des tentatives du "cinéma augmenté". Son travail cinématographique le plus abouti est le "Tríptico Elemental de España", mais il a aussi anticipé les dispositifs d'installation vidéo alors qu'à l’époque peu d'artistes travaillaient dans ce sens. Malheureusement, beaucoup de ses travaux sont inachevés, voire détruits, mais j'admire la démarche de l'artiste pour ces films, pour son rapport complexe au médium cinéma et pour la générosité de sa recherche.

EN : Quel film (d’animation ou non) auriez-vous aimé réaliser ?

BL : J'ai beaucoup de mal à répondre à cette question, car je suis impressionné par beaucoup de films que j'admire mais que je ne me verrais pas réaliser moi-même ! Mais peut-être que je peux citer Canon de Norman McLaren. Il comprend tout ce que j'aime chez ce réalisateur, une certaine simplicité, une vraie sensibilité et un travail théorique sous-jacent. C'est un travail certainement fondateur pour ma pratique.

EN : Comment vous êtes-vous tourné vers le cinéma d’animation ?

BL : A la base, je viens du dessin et des arts plastiques, grâce à une formation aux Beaux Arts. A cette époque, le cinéma ne m’intéressait pas spécialement, en tout cas ça n'était pas une obsession comme aujourd'hui.
Encore aux Beaux Arts, je sentais le besoin d'aller chercher dans de nouvelles directions et je pensais que mon travail pouvait avoir quelque chose à faire avec l'animation. Mon idée était de devenir plutôt vidéaste, je visais plus la salle d’exposition et les installations que la salle de cinéma.
Je suis finalement entré dans une école de cinéma d'animation, dans laquelle j'ai développé des projets hybrides, entre cinéma expérimental et installation.
Ensuite c'est le succès d'un de mes films étudiant en festival qui m'a poussé vers le cinéma : ce film (Kyrielle) m'a permis de rencontrer mon producteur chez Sacrebleu.
Le chemin de mon travail vers le cinéma a donc pris plusieurs années. Aujourd'hui, je me sens plus cinéaste que plasticien, mais l'envie de revenir vers des explorations plus liées à l'espace d'exposition revient régulièrement.

EN : Comment vous situez-vous par rapport au long métrage ? Est-ce un format qui vous fait envie ou qui vous semble accessible ?

BL : Le long métrage n'est clairement pas ma priorité. Mais c'est aussi vrai que cela m’intéresserait de chercher une idée pour faire un film expérimental qui tiendrait sur la longueur, un jour. D'un autre côté, je ne pense pas que cela soit inaccessible. Dans mon cas, il faudrait savoir travailler avec des budgets restreints, ce qui permettrait de garder une liberté artistique et ne pas basculer vers la course aux remboursements du film. Cela dit, je pense que ce genre de projet reste très périlleux et difficile à tenir.

EN : Comment voyez-vous l’avenir du cinéma d’animation ?

BL : Le cinéma d'animation est de plus en plus reconnu, la production et l'industrie augmentant chaque année, ça parait un bon espoir pour l'avenir. Il est clair que nous n'avons pas la même reconnaissance que la prise de vue réelle et je pense que cela va durer encore longtemps malheureusement. De mon côté, je n'aime pas trop faire de pronostics, mon économie personnelle ne me projetant pas plus loin qu'à un an ou deux dans l'avenir... Je suis aussi loin d'être clairvoyant sur l'état de l'industrie du cinéma d'animation pour pouvoir me prononcer. J'espère juste que la production de film d’animation continuera à être florissante, et surtout j'espère qu'il restera encore des libertés aux cinéastes du futur. Parfois, le travers d'une industrie trop productive et trop bien réglée, c'est qu'elle risque de se tourner vers la facilité et le stéréotype. Selon moi, il faudrait ne pas oublier que tout art a besoin de laboratoires et d'espaces de liberté nécessaires au renouvellement. De la formation en école d'art jusqu'à la vie professionnelle, laissons des espaces aux artistes pour la recherche et l'innovation dans leurs domaines respectifs, autant du point de vue technique et conceptuel qu'esthétique.

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