Depuis notre dernier pointage pour les 70 ans de Cannes, le box office français des Palmes d'or n'a pas beaucoup évolu.
Les plus grands succès restent anciens : Le troisième homme, Le salaire de la peur, Quand passent les cigognes sont les seuls films à avoir séduit plus de 5 millions de spectateurs.
Si on met la barre à 3 millions, on peut ajouter Le monde du silence, La loi du seigneur, Orfeu negro, Le Guépard, Un homme et une femme, M.A.S.H., et Apocalypse Now. Le nombre de gros succès a diminué depuis les années 1980.
Depuis La Leçon de Piano et Pulp Fiction (1993 et 1994 respectivement), seul un film (américain) a passé la barre des 2 millions d'entrées, le documentaire de Michael Moore, Fahrenheit 9/11.
Et depuis le début du millénaire, en plus de Fahrenheit 9/11, on compte désormais 5 millionnaires, "seulement": Dancer in the Dark, trois productions françaises (La vie d'Adèle, Entre les murs, Le Pianiste), et la Palme de l'an dernier, Parasite (1,88M d'entrées).
Il est indéniable que l'impact d'une Palme est moindre aujourd'hui, si on prend les données brutes. En moyenne, un film palmé attire deux fois moins de spectateurs qu'il y a 40 ans. Mais on peut aussi relativiser. Sans Palme, quel film suédois, japonais, turc, chinois, serbe, danois, roumain ou thaïlandais aurait atteint les scores de The Square, Une affaire de famille, Winter Sleep, Adieu ma concubine, Papa est en voyage d'affaires, Pelle le Conquérant, 4 mois 3 semaines et 2 jours ou Oncle Boonmee ?
Grâce à une Palme d'or, des cinéastes comme Haneke, Loach, Moretti, Leigh ou Cantet ont élargi grandement leurs publics. Bien sûr il y a des contre-performances : Dheepan, qui fut le pire échec de Jacques Audiard, par exemple.