Do the right thing de Spike Lee (1989)
L'histoire: À Brooklyn, c’est littéralement le jour le plus chaud de l’année. Mookie, un jeune afro-américain, est livreur à la pizzeria du quartier, tenue par Sal et ses deux fils, d’origine italienne. Chacun vaque à ses occupations, mais la chaleur estivale va bientôt cristalliser les tensions raciales.
Pourquoi il faut le voir? Avant la sortie le 22 août de son dernier film, Blackkklansman, Grand prix du jury à Cannes, il est indispensable de revoir l'un des meilleurs films du cinéaste, un pizza aux saveurs italo-afro-américaine. Ce qui est le plus triste en revoyant cette pépite c'est bien qu'elle est toujours d'actualité. La canicule new yorkaise n'aide pas: la tension grimpe au rythme du thermomètre. Spike Lee évoque déjà la discrimination positive, le whitewashing, le racisme, la violence qui l'accompagne, la brutalité policière évidemment. Déjà il politise son propos avec des citations de Martin Luther King le pacifiste et Malcom X le révolutionnaire. Il questionne la moralité des actes, la justification d'une émeute, et fait dialoguer apôtre de la non violence avec défenseur de la légitime offense. Film controversé pour son message ambivalent et ses dialogues crus (avant Tarantino, Spike Lee avait d'ailleurs abusé du mot Fuck dans ce film), il a quand même récolté pas mal de lauriers dont deux nominations aux Oscars et une sélection en compétition à Cannes. Car, au final, beaucoup considère que c'est le meilleur film du réalisateur. En tout cas son plus fondateur. Peut-être aussi parce que, pour la première fois, un cinéaste afro-américain filmait frontalement le cancer de l'Amérique.
Les producteurs de Mel Brooks (1968) - sortie le 22 août
L'histoire: Jadis célèbre producteur à Broadway, Max Bialystock est désormais contraint de soutirer de l’argent à de riches octogénaires libidineuses en faisant le gigolo. Un jour débarque le timide et névrosé Leo Bloom, chargé de vérifier ses comptes. Constatant certaines irrégularités, le comptable fait remarquer qu’il y aurait beaucoup d’argent à se faire en montant un spectacle qui s’avérerait être un flop immédiat. Les deux comparses décident de s’associer et tombent sur le projet parfait : une comédie musicale intitulée Le Printemps d’Hitler, écrite par un certain Franz Liebkind, faisant l’apologie du Troisième Reich. Max et Leo sont persuadés qu’ils tiennent là un four assuré. Mais le public sera-t-il du même avis ?
Pourquoi il faut le voir? D'abord parce que c'est toujours un régal de voir un Mel Brooks, d'autant plus que c'est son premier long métrage. Avec son réalisateur inexpérimenté, le tournage connu pas mal de mésaventures. Et pourtant, c'est délirant, déjanté, fou, absurde, hors-limites. Influencé par le Dictateur de Chaplin, il va d'ailleurs très loin avec sa chanson-tube Springtime for Hitler. Pas étonnant que le film ait été censuré en Allemagne. Brooks a par ailleurs obtenu l'Oscar du meilleur scénario pour cette fantaisie parodique où il se moque de l'industrie de l'entertainment, des Nazis et d'une Amérique sans valeurs (il reproduira le même schéma avec le remake de To be or not to be). C'est aussi le plaisir de revoir Gene Wilder dans un de ses plus grands rôles. Le film, aujourd'hui considéré comme l'une des plus grandes comédies américaines, a failli passer à l'as. La première à été un échec. le studio voulait d'emblée s'en débarrasser. Il a fallu que Peter Sellers fasse un peu de pub pour que Les producteurs survive. Malgré tout, les critiques étaient divisées entre ceux qui haïssaient cette proposition et ceux qui l'adoraient. Avec le temps, ce film fou est rentré dans le patrimoine. Et une comédie musicale a été mise en scène à Broadway au début des années 2000. Mel Brooks a écrit une version pour la scène, avec Nathan Lane et Matthew Broderick, qui a tenu 2500 soirs et gagné 12 Tony Awards. Puis il a écrit une adaptation de la comédie musicale de Broadway pour le cinéma, toujours avec Lane et Broderick, et Uma Thurman en bonus, en 2005. C'est hystérique et dingue depuis le début cette histoire...