L'histoire : L'histoire d'amour inconditionnelle entre Francisco et Thomas, deux demi-frères. Le film, se déroulant à Rio de Janeiro et Buenos Aires, raconte leur enfance dans un environnement familial aimant et leur arrivée à l'âge adulte lorsqu'ils réalisent la vraie nature des sentiments qui les lient.
Notre avis : Du début à la fin. Le titre original évoque bien mieux le propos de ce troisième long métrage du cinéaste brésilien Aluisio Abranches. Deux frères liés par leur sans mais aussi par un amour indescriptible, fusionnel, absolu, et ce dès le premier regard que plantera Thomas dans celui de Francisco. Leur amour est si grand qu'ils transgresseront tous les tabous. Reconnaissons que filmer un inceste homosexuel pouvait être casse-gueule. Mais l'oeuvre n'a rien de sordide. Elle garde de bout en bout son parti pris esthétique, avec son zeste de stylisation. La musique, une bande son inspirante, donne une dimension mélodramatique bienvenue et séduisante à des séquences souvent silencieuses, exprimant le bonheur ou la souffrance vécues par les protagonistes.
Car, cette enfance insouciante, presque trop idéale, heureuse, cache un mystère indicible, mais palpable. On devine assez vite, par le regard des adultes, l'impuissance à contrarier un destin inhabituel. Le soupçon des uns, l'innocence des autres provoquent une absence de conflit, ù chacun se résigne à préférer les sentiments aux raisonnements. Cette absence de jugement donne une tonalité étonnamment optimiste dans une histoire qui n'est pas exempte de drames. Même la maison du bonheur, une villa de Rio qui sert de cocon isolé dans la jungle, protège les deux frères d'une société violente, d'une pauvreté distante et d'une moralité mise à l'écart. Les inquiétudes ne sont jamais celles que l'on pourrait prévoir. L'intimité n'est jamais indécente.
Même la scène où les deux frères passent "le cap" est filmée avec pudeur. Le strip-tease de ces deux "top modèles" est une simple mise à nue, sans vulgarité. C'est d'ailleurs ces scènes sans un mot qui nous happent, davantage que les séquences dialoguées, remplies le plus souvent de poncifs, soulignant trop explicitement ce que l'image traduit plus subtilement. On reste surpris par la luminosité de ces deux êtres, malgré les tragédies qu'ils traversent. Jamais ils ne semblent affectés réellement par la fatalité qui les frappe. Heureusement, Abranches décrit mieux leur psychologie personnelle, où les tempéraments s'inverseront. Ainsi, le dominant deviendra dépendant, et le vulnérable résoudra son dilemme par une aspiration plus égoïste. A travers leurs flottements, ils s'affirment. Jamais sans toi est un refus de l'autre absolutiste. Cela aurait mérité plus de profondeur mais ça n'empêche pas d'explorer intellectuellement ce désir sans concession.