Comme à Ecran Noir, on aime vous faire partager nos découvertes, alors après Le jour d'avant réalisé par Denys Quélever, voici l’instant Court n° 13.
A partir d'aujourd'hui, on peut découvrir en salles un premier long métrage intelligent et jubilatoire, Sound of noise des Suédois Ola Simonsson et Johannes Stjarne Nilsson, qui a reçu le prix de la (toute) jeune critique ainsi que le Grand rail d'or lors du dernier festival de Cannes. On y suit un officier de police nommé Amadeus, né dans une famille de grands musiciens, mais lui-même allergique à la musique, qui croise le chemin d'un collectif de percussionnistes déjantés ayant décidé d'utiliser la ville comme instrument.
Or, en 2001, les deux réalisateurs étaient déjà venus à Cannes avec un court métrage intitulé Music for one apartment and six drummers, où six musiciens prennent possession d'un appartement inoccupé et jouent plusieurs morceaux de musique en utilisant le mobilier et les objets présents. Un petit bijou d'humour et de virtuosité qui a reçu plus de trente récompenses internationales, à (re)découvrir dès maintenant.
Les deux réalisateurs Ola Simonsson & Johannes Stjarne Nilsson reviennent sur cette expérience :
Ecran Noir : D’où est venue l’idée de ce court métrage ?
Johannes Stjarne Nilsson : Lorsque nous avons commencé à travailler sur ce court métrage, c’était plus ou moins basé sur une expérience dont nous nous demandions si elle était réalisable : obtenir de la bonne musique à partir d’objets de tous les jours. Nous nous demandions aussi s’il était possible que la musique et le son soient les personnages principaux d’une histoire. Que le son soit aussi important que l’image. Quand nous avons fait ce film, nous avons vraiment pensé que c’était un concept limité et qu’il n’intéresserait pas tellement de gens. Nous avons été surpris quand le film s’est révélé être un succès et que des gens de pays différents l’ont apprécié ! La musique est un vraiment un langage universel. Mais à l’époque, nous n’avions pas du tout l’ambition d’en faire un long métrage.
Ola Simonsson : Je me souviens que pendant le tournage du film, l’un des acteurs, Johannes, celui qui a une moustache, a demandé : "est-ce que le film va vraiment être montré quelque part ?" On lui a répondu : "oui, on espère…" Mais on ne peut jamais savoir à l’avance ! Lorsque nous avons fait ce film, nous avons fait quelque chose auquel nous croyions et que nous aimions, mais on ne sait jamais si quelqu’un d’autre va l’aimer… Nous avons fait d’autres courts métrages que nous aimions autant que celui-là et qui n’ont pas été diffusés autant que Music for an apartment. Nous avons trouvé quelque chose dans ce film qui parle aux gens.
EN: Avez-vous essayé de jouer dans les conditions du film ?
OS : Après le court-métrage, nous avons faits de nombreuses performances…
JSN : …mais pas à cette échelle !
OS : Non, le morceau le plus ambitieux était peut-être "Musique pour deux chariots élévateurs". C’était un gros morceau ! Mais ils ont aussi joué sur des journaux, des voitures, des saladiers en plastique, du matériel industriel… Pendant ces sessions, nous avons réuni plein de nouvelles idées et au final, il nous est apparu qu’il fallait les utiliser !
EN : Quel était le plus gros challenge en passant au long métrage ?
OS : Faire une histoire qui soit intéressante sur toute la longueur d’un long métrage et ne pas aligner des scènes musicales qui donnent l’impression de regarder un concert filmé ou d’être répétitives. Ce que nous avons transposé dans le long métrage, c’est bien sûr la musique, mais aussi la musique face à la criminalité. Nous avons eu envie d’approfondir ce thème de "batteurs criminels".