3 raisons d’aller voir Pearl d’Elsa Amiel

Posté par kristofy, le 30 janvier 2019

Le pitch: Léa Pearl s’apprête à concourir pour le prestigieux titre de Miss Heaven. Son entraîneur, Al, espère, grâce à elle, revenir sur le devant de la scène et rien ne pourra les détourner de cet objectif… Mais à quelques heures de la finale, Ben, l’ex-mari Léa débarque avec Joseph, leur enfant, qu’elle n’a pas vu depuis 4 ans.

La découverte du culturisme au féminin
Les films d'action américains ont souvent mis en valeur des héros aux gros bras (citons Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stallone, Bruce Willis, Mark Wahlberg, Vin Diesel, Dwayne Johnson...) mais peu de films ont aussi mis en scène leurs entrainements de bodybuiding. Si le culturisme au cinéma c'est d'abord Schwarzenegger dans Pumping Iron , il n'y a pas eu grand chose depuis, sauf la comédie No pain no gain de Michael Bay. Le culturisme est aussi présent dans le cinéma français avec les entrainements d'un personnage qui cherche à transformer son apparence et les répercussions sur leur entourage : d'abord en 2002 Jalil Lespert dans Vivre me tue de Jean-Pierre Sinapi, puis François Yolin Gauvin (un champion) dans Bodybuilder de Roschdy Zem en 2014. Et le culturisme féminin ? Voila donc Pearl, avec Julia Föry, véritable bodybuildeuse devenue ici actrice. L'histoire est concentrée presque totalement dans un huis-clos dans un hôtel où se déroule une finale pour un prestigieux titre, avec les derniers préparatifs des différentes femmes en compétition prêtes à exposer leurs corps très musclé à un jury. Les femmes culturistes sont montrées comme des athlètes qui se consacrent au relief bombé de leur musculation avec une discipline très exigeante.

Une personnalité complexe dans un corps hors-norme
Différentes séquences nous feront s'interroger sur une certaine fascination pour ces corps métamorphosés. Ce qui captive le plus est bien l'héroïne Léa Pearl. Pas forcément son corps mais plutôt son visage : ses sourires parfois factices, ses larmes parfois retenues, ses regards qui cherchent parfois une échappatoire. Elle se révèle tenace et confiante face son entraîneur (Peter Mullan) mais aussi hésitante et chamboulée face à d'autres personnes, celles qui la connurent avant le culturisme et qui la retrouvent changée. En particulier ce petit garçon qui la regarde comme elle n'a jamais été regardée... La culturiste s'efface peu à peu pour un émouvant portrait de femme qui s'interroge sur son identité. Léa Pearl existe avec différentes facettes selon qui la regarde dans le film, et pleinement aux regards des spectateurs.

Une mise en scène délicate
La cinéaste Elsa Amiel nous fait s'approcher au plus près des corps transformés, gonflés, dorés de plusieurs femmes culturistes, avec de nombreux gros plans serrés: on y voit la sueur briller sur la peau et le muscle se tendre en dessous. Tout l'environnement du film se déroule dans les coulisses de cet évènement : entrainements, maquillage, photos, alimentation, frénésie en apparence mais aussi solitude et doutes des différents personnages. On y parle d'ailleurs deux langues, le français bien sûr mais aussi l'anglais pour les scènes avec Peter Mullan. Depuis le titre qui scintille de paillettes dorées jusqu'à la musique lounge de Fred Avril, en passant par le décor de la salle du jury, chaque élément du film est comme un papier-cadeau d'une vie fantasmée qui doit se confronter à une autre réalité plus banale. Pearl confronte deux points de vue, celui des culturistes dont la sculpture du corps est une routine et celui d'un enfant curieux sans préjugés sur ces corps différents.