Festival 2 Valenciennes: 8 films en colère

Posté par vincy, le 25 mars 2018

Le Festival 2 Valenciennes présentait en compétition 8 films venus d'Allemagne, de Norvège, des Etats-Unis ou de France, nous faisant voyager à Quiberon en Bretagne, au Groenland, dans le nord-ouest sauvage américain, à Tel Avviv, Hambourg et Beyrouth, à Berlin, à Oslo et au Pakistan, à Singapour et au Japon. Les huit films - Trois jours à Quiberon, Une année polaire, La route sauvage, Le dossier Mona Lina, La révolution silencieuse, La mauvaise réputation, Ramen et L'île aux chiens - étaient autant une invitation au voyage qu'une réflexion sur le monde. Quelques thèmes communs les habitaient.

Un monde oppresseur.
Pas facile de vivre heureux ou d'être équilibré dans une société qui vous aliène et/ou vous dicte la marche à suivre. Les personnages semblaient étouffer dans leur environnement: les médias et l'industrie du cinéma pour Romy Schneider dans Trois jours à Quiberon, un Danemark colonisateur dans Une année polaire, une société déshumanisée dans La route sauvage, des pays en guerre et prêts à toutes les manipulations dans Le dossier Mona Lina, une dictature communiste au sein d'un pays traumatisé par la Seconde guerre mondiale dans La révolution silencieuse, le diktat culturel et religieux dans La mauvaise réputation, le deuil dans Ramen ou encore la corruption et la tyrannie dans L'île aux chiens.
Chacun y va de sa solution: alcool, vengeance, résistance ou trahison, fugue ou fuite, compromis ou combat... Il ya à chaque fois cette dialectique entre domination et soumission.



Le poids de la culpabilité.

Voilà un moteur ou un motif qui traverse à peu près toutes les psychologies des personnages. Se sentir coupable conduit à des actes irrationnels ou déraisonnables, à des gestes irréparables aussi, parfois. Que ce soit les enfants, les petits crimes, les accidents, la politique, la dénonciation, l'héritage des erreurs des ancêtres, le passé intime, les fautes personnelles qui blessent, l'impuissance à satisfaire le désir des autres ou même l'absence de réactions quand il aurait fallu se rebeller: tous culpabilisent de ne pas être parfaits, tantôt en désobéissant finalement aux "ordres", tantôt en s'égarant dans de mauvaises voies.

Une histoire de rencontres.

Finalement, l'aspect lumineux de chacun de ses films est bien d'aller vers l'autre. De faire confiance à "l'étranger". Romy Schneider se confie ainsi à un journaliste, le professeur danois se laisse intégrer dans la communauté inuit, le jeune Charley fait du cheval Lean on Pete son double et multiplie les amitiés incertaines au fil de son "voyage", une israélienne et une libanaise se lient d'amitié, de jeunes allemands d'une classe vont se confronter à des adultes de l'élite, opposition qui déclenchera toutes leurs actions, Nisha accepte sa nouvelle vie loin de l'Occident, plus supportable grâce à Amir, Masato ose le réel avec une blogueuse virtuelle et la réalité avec une grand-mère qui l'a renié, et enfin Atari ne connaîtrait pas son destin héroïque sans tous ces chiens qui vont l'aider.

Les raisons de la colère.
Tout cela n'est finalement qu'affaire de colère. Individuelle ou collective, tragique ou bénéfique, elle couve en chacun des personnages. Cette ire les pousse à se dépasser, à se couper de leur passé ou à se réconcilier avec lui, et le plus, souvent à changer de vie, quand ils ne la risquent pas dans la plupart des films. Cette rage intérieure s'achève souvent dans un apaisement bienveillant ou une séparation salutaire. Les protagonistes s'en prennent souvent à eux-mêmes avant de prendre conscience que c'est l'environnement et/ou le jugement des autres qui les empêchent d'être libres et sereins. Qu'ils soient passifs, auto-destructeurs, combattifs, nostalgiques, ou non violents, qu'ils soient victimes d'injustices ou piégés par la loi du plus fort, qu'ils errent sur une plage, dans les plaines, sur la glace ou dans une grande ville, ils paraissent tous prisonniers de leur existence comme de leurs conditions sociales.
Heureusement, cela finit souvent bien. le sourire d'un gamin, la chaleur d'une tante, la compréhension des parents, l'instinct de survie, l'accident qui sert de prétexte, la savoureuse cuisine familiale ou la solidarité font leur boulot pour tous les éloigner de l'obscurité qui les menaçait.

Festival 2 Valenciennes 2018 : La Route sauvage, L’Île aux chiens et La Révolution silencieuse raflent la mise

Posté par wyzman, le 24 mars 2018

C'est ce soir qu'avait lieu la cérémonie de clôture de la 8e édition du Festival 2 Valenciennes. Pendant 7 jours, 8 jurys se sont chargés de regarder les 40 longs métrages (documentaires et fictions) sélectionnés avant de remettre 13 prix. Invitée très spéciale de cette cérémonie de clôture, Annie Duperey était accompagnée de l'équipe de Comme des garçons. Sans plus attendre, voici le palmarès de la 8e édition :

Compétition fictions "Images du monde"

  • Grand Prix : La Route sauvage d'Andrew Haigh (sortie le 25 avril)
  • Prix du Jury : Une année polaire de Samuel Collardey (sortie le 30 mai)
  • Prix d'interprétation féminine : Marie Baümer dans Trois jours à Quiberon d'Emily Atef (sortie le 13 juin)
  • Prix d'interprétation masculine : Tom Gramenz et Léonard Scheicher dans La Révolution silencieuse de Lars Kraume (sortie le 2 mai)
  • Prix de la Critique : La Route sauvage d'Andrew Haigh
  • Prix du Public : La Révolution silenceuse de Lars Kraume
  • Prix des Etudiants : La Mauvaise réputation d'Iram Hacq (sortie le 13 juin)
  • Prix du Jury Cinépass : L'Île aux chiens de Wes Anderson (sortie le 11 avril)

Compétition documentaires "Rumeurs du monde"

  • Prix du Jury : Les Enfants du hasard de Thierry Michel et Pascal Colson
  • Prix de la Critique : Coby de Christian Sonderegger (sortie le 28 mars)
  • Prix des Etudiants : Les Enfants du hasard de Thierry Michel et Pascal Colson
  • Prix du Public : Blue de Keith Scholey, co-réalisé par Alastair Fothergill (sortie le 28 mars)

Jury des Jeunes étoiles 2 Valenciennes

  • Etoile d'or du meilleur court-métrage : Les becs brûlés du Lycée des métiers Henri Sénez à Hénin-Beaumont
  • Etoile d'argent du meilleur court-métrage : Halte au massacre du Lycée professionnel Louise de Bettignies à Cambrai
  • Etoile de bronze du meilleur court-métrage : Melody du Lycée Charlotte Perriand à Genech