Après Brigitte Bardot, voici le poète, romancier, chanteur, parolier, scénariste, critique, traducteur, trompettiste (de jazz) Boris Vian. Pour incarner le beau génie (il avait même fait l'Ecole Centrale), Joann Sfar a opté pour un chanteur allumé, excentrique, déjà vu au cinéma (dans Le voyage au Pyrénées) : Philippe Katerine. Pas aussi beau, certes, que le modèle original.
L'auteur de L'écume des jours, censuré pour une chanson ("Le déserteur"), condamné pour atteintes aux bonnes moeurs à cause d'un livre (J'irai cracher sur vos tombes), a eu un rôle essentiel dans la vie de Gainsbourg. C'est en voyant Vian qu'il comprend que l'on peut être chansonnier et ne pas forcément faire du Dario Moreno. C'est grâce à cette rencontre que Gainsbourg prendra goût pour la composition. Leurs textes, mélange de dérision, de cynisme et de petites observations sont assez proches.
Avec Vian, il partagera le même arrangeur (Alain Goraguer), une interprète de légende (Juliette Gréco) et surtout la même passion, celle du jazz. Dans un article élogieux dans Le canard enchaîné, Vian, quelques mois avant sa mort précoce, parle de Gainsbourg comme un Cole Porter français.