Deauville va remettre son 25e Grand prix à l'occasion de sa 45e édition. Les jurys successifs du festival du cinéma américain ont su parfois flairer des talents aujourd'hui bien installés à Hollywood - Jeff Nichols, Damien Chazelle, Chloé Zhao pour les plus récents -, couronner des films désormais cultes - Hedwig en tête de liste -, ou anticiper des gros succès publics - Dans la peau de John Malkovitch, Little Miss Sunshine, Whiplash... Surtout, pas mal de ces grands prix ont été nommés aux Oscars quelques mois plus tard. Si ce n'est pas vraiment le festival normand qui les a découverts (souvent les films passent d'abord par Sundance, Tribeca, SXSW ou même Cannes), il a contribué à la montée du buzz pour des œuvres aussi variées que Collision (Oscar du meilleur film), Maria, pleine de grâce, The Messenger, Les bêtes du sud sauvage, Whiplash etc...
Côté box office français, le résultat est plus inégal. Certains films qui ont reçu le Grand prix du jury n'ont même pas eu le droit d'une sortie en salles: c'est le cas de Case départ (What Alice Found) de A. Dean Bell (2003), The Messenger de Oren Moverman (2009), et de 99 Homes de Ramin Bahrani (2015). Cela interroge à la fois sur l'impact des festivals, aussi prestigieux soient-ils, sur la prudence des distributeurs dans un marché de plus en plus concentrés sur les importantes productions.
Pourtant à regarder les 21 films sortis en salles, il y a eu quelques destins heureux dans les salles, avec un film millionnaire, trois autres au dessus des 500000 entrées. Mais la plupart de ces films indépendant américains, qu'ils soient feel-good ou appréciés par l'élite critique ont séduit moins de 70000 spectateurs. Ce qui ne retire rien à leurs qualités. On peut aussi voir le verre à moitié plein: sans un grand prix dans un festival aussi médiatisé que Deauville, on doute que des film de Tom DiCillo, Thomas McCarthy, Jeff Nichols, Kelly Reichardt ou Ira Sachs aient attiré autant de français dans les salles. Si ce n'est pas le critère essentiel, cela reste un soutien non négligeable dans la promotion. Mieux, il y a quelques excellents films dans ce palmarès...
Car ce que l'on constate dans ce tableau - aux films très variés dans leurs styles comme dans leurs genres, avec ou sans stars - n'est pas lié à une grande époque ou un déclin éventuel. les années 2010 se portent d'ailleurs plutôt mieux que les années 1990.
Année | Film | Entrées |
2006 | Little Miss Sunshine | 1129000 |
1999 | Dans la peau de John Malkovich | 717000 |
2014 | Whiplash | 640000 |
2005 | Collision | 554000 |
2012 | Les Bêtes du sud sauvage | 288000 |
2004 | Maria, pleine de grâce | 237000 |
1995 | Ça tourne à Manhattan | 235000 |
2008 | The Visitor | 230000 |
2011 | Take Shelter | 201000 |
2016 | Brooklyn Village | 117000 |
2017 | The Rider | 95000 |
2018 | Thunder Road | 77000 |
2010 | Mother and Child | 70000 |
2000 | Girlfight | 66000 |
2002 | Long Way Home | 65000 |
2013 | Night Moves | 56000 |
1996 | En route vers Manhattan | 53000 |
1997 | Sunday | 40000 |
1998 | Et plus si affinités | 40000 |
2001 | Hedwig and the Angry Inch | 37000 |
2007 | The Dead Girl | 15000 |