Une autre grande avant-première mondiale au BIFFF 2015 a su terrifier la salle comme rarement. Alors que d’autres films ne font peur que par moments, il en est certains où l’angoisse monte crescendo, et c’est la cas de ce film mexicain : Luna de miel (Honeymoon) réalisé par le jeune Diego Cohen (30 ans et déjà plusieurs films réalisés et 4 projets de productions en cours) avec l’actrice Paulina Ahmed, venus ensemble dans la capitale belge pour présenter le film.
On vous raconte l'histoire: Un homme suit régulièrement une jolie jeune femme qui fait son jogging et essaie maladroitement de lui parler. Cet homme ira dans des magasins acheter divers articles notés dans une liste : une douche, un collier pour chien anti-aboiement, des doses de médicament anesthésique… Et un jour cet homme va kidnapper cette jeune femme pour l’attacher dans sa cave. L’horreur peut commencer. Cet homme va torturer psychologiquement et physiquement la jeune femme en exigeant d’elle qu’elle devienne sa femme et qu’elle l’aime, du moins en apparence, car la situation va évoluer ensuite… Luna de miel reprend à son compte certains clichés de films d’horreur comme la figure du pervers avec des problèmes relationnels et les souffrances du ‘torture porn’ pour manipuler les spectateurs avec un scénario qui joue avec les nerfs. La mise en image particulièrement réussie installe une ambiance qui prête à la surenchère de scènes qui font froid dans le dos et qui joue avec les attentes et surtout les peurs du public.
Luna de miel se déroule dans un quartier de Mexico, une capitale du kidnapping qui a fait plusieurs fois l’objet de faits divers dans les journaux. L’homme qui séquestre la jeune femme n’est autre que l’acteur Hector Kotsifakis, qui avait d’ailleurs un petit rôle du même genre dans Daniel y Ana (à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2009). Il est à la fois charmeur et terrifiant. Ce contexte fait qu’on peut craindre le pire pour ce qui va advenir de la jeune prisonnière, la belle Paulina Ahmed, dont c’est le premier rôle devant une caméra. Son corps et ses regards transmettent aux spectateurs la violence de ce qu’elle va subir.
"J’ai enlevé beaucoup de dialogues pour en faire des actions visuelles"
Paulina Ahmed : « Je viens de vivre ma plus belle expérience ici avec en même temps le film sur l’écran et vous le public du BIFFF, vous êtes incroyables. En voyant le film je me souviens de certaines douleurs de mon corps en le faisant, c’était éprouvant. Je suis très contente que vous, le public, ayez eu une connexion émotionnelle autant avec le personnage de l’homme qu'avec le mien. Je sortais d’une école de comédie où on apprend à préparer en amont un personnage, mais là, pour mon premier rôle dans un film, j’ai appris qu’il fallait être toujours concentrée sur le moment présent et d’être prête aux changements que voulait faire le réalisateur au moment de tourner. »
Diego Cohen : « Elle a dû subir quelques ‘tortures’ comme être attachée pendant plusieurs heures, mais elle a pris ça de manière formidable alors que d’autres actrices seraient parties. Au début je voulais une ambiance de comédie romantique, ce qui explique la chanson quand ça commence. Mais très vite, je voulais évoluer vers une autre ambiance, plus angoissante, quand on comprend que quelque chose se prépare et encore une autre ambiance quand on va découvrir un autre visage des personnages. La structure du scénario de Marco Tarditi Ortega était déjà là dès l’origine mais il y avait beaucoup de dialogues, trop. J’ai enlevé beaucoup de dialogues pour en faire des actions visuelles, j’ai réécrit le script de cette manière. Au montage, j’ai particulièrement travaillé avec le sound-designer sur les contrastes entre le son et l’image. En tournant le film je savais ce qui était bon, mais après le montage final, j’ai été étonné que le film soit vraiment bon. »
Luna de miel de Diego Cohen est l’un des favoris des film de la sélection Compétition Thriller.