Cabourg 2015: hommage à Michel Legrand, jazzman pour la Nouvelle Vague et Hollywood

Posté par kristofy, le 15 juin 2015

Le compositeur Michel Legrand, compagnon musical du cinéaste Jacques Demy, a reçu 3 Oscars, un Golden Globe, un Bafta, 5 Grammy Awards. Un palmarès impressionnant pour celui qui a signé plus de 200 musiques pour des films…

Nouvelle vague

Avant le cinéma, Legrand avait déjà dépassé de loin les frontières de la France quant à 25 ans, il était un jazzman célèbre vendant des millions de disques (I Love Paris, Holiday in Rome, Legrand in Rio…). Particulièrement doué et précoce, entré au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris en 1942, sur dérogation, à 10 ans, il a composé ses premières musiques de films à 30 ans: pour Jean-Luc Godard (Une femme est une femme, Vivre sa vie), pour Agnès Varda (Cléo de 5 à 7), et bien entendu pour Jacques Demy : Lola, La baie des anges, Les Parapluies de Cherbourg (Palme d’or à Cannes), Les Demoiselles de Rochefort, Peau d'âne

Hollywood

Sa contribution au cinéma à tant de films durant plus de cinquante ans donne le vertige: Eva de Joseph Losey, Le Joli Mai de Chris Marker, Une ravissante idiote d'Édouard Molinaro, La Vie de château de Jean-Paul Rappeneau, L'Affaire Thomas Crown de Norman Jewison, La Piscine de Jacques Deray, Un château en enfer de Sydney Pollack, Les Hauts de Hurlevent de Robert Fuest, Un été 42 de Robert Mulligan, Breezy de Clint Eastwood, F for Fake d'Orson Welles, Atlantic City de Louis Malle, James Bond-Jamais plus jamais d'Irvin Kershner, Yentl de Barbra Streisand, Prêt-à-porter de Robert Altman…

Cabourg

Le festival du film de Cabourg a donc rendu hommage à Michel Legrand avec la projection de 3 films, pas forcément emblématiques, font entendre la diversité de ses talents : Les Uns et les Autres de Claude Lelouch en 1981 (il a mis en musique plusieurs de ses films), La Rançon de la gloire de Xavier Beauvois (sa dernière bande-originale), et surtout le rare Cinq jours en juin qui est à la fois scénarisé et réalisé par Michel Legrand en 1989. Il a donc reçu de Cabourg un Swann d’Or Coup de cœur, entouré de sa compagne Macha Méril, de Claude Lelouch, de Xavier Beauvois et de la chanteuse Natalie Dessay.

Film autobiographique

Dans Cinq jours en juin (1989) il passe pour la première et dernière fois derrière la caméra et met en scène des souvenirs de sa jeunesse, surtout ceux de sa mère. Le film débute avec un Michel Legrand jeune adolescent de 15 ans (dans la réalité il en avait douze), incarné par Matthieu Rozé, qui gagne le 1er prix au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, en allant au bistrot avec sa mère pour fêter ce prix. Mais c’est un autre évènement qui s’est produit ce 6 juin 1944: la nouvelle d’un débarquement allié en Normandie. « J’ai réalisé ce film en hommage à ma maman, et j’ai eu l’actrice idéale avec Annie Girardot : sa voix grave et son côté femme-homme correspondait bien, physiquement elle ressemblait vraiment à ma mère. » Avec sa mère, ils décident de quitter Paris pour rejoindre leur famille en Mayenne mais, faute de train, ils feront le trajet en vélo en compagnie d’une inconnue (Sabine Azéma) avec qui ils vont vivre quelques aventures… Sur la route, ils vont croiser des convois de véhicules allemands et des pont détruits les obligeant à des détours, ils passeront une nuit dans un hôtel qui sera bombardé et une autre sur la paille d’une grange, ils seront aussi retenus par des nazis et pris dans une attaque des avions américains… Cinq jours en juin raconte autant la grande histoire de la fin de la guerre en 1944 que l’histoire personnelle (en partie romancée) de Michel Legrand et de sa mère (et l’abandon du père), le tout émaillé de plusieurs séances de piano.

Ses chansons ont récemment été chantées par la soprano Natalie Dessay (le disque Entre elle et lui), une collaboration qui a entrainé la création du spectacle Les Parapluies de Cherbourg - Version Symphonique (dont le dvd/bluray est sorti en mai). Enfin, pour ceux qui veulent en savoir plus sur le musicien, Michel Legrand se raconte lui-même dans sa biographie Rien n’est grave dans les aigus, parue il y a deux ans.