Acteur marquant du cinéma espagnol et international, Alvaro de Luna compte plus de cent films à son répertoire. El prado de las estrellas signe ses retrouvailles avec Mario Camus, pour lequel il incarne un retraité partageant son temps entre la vieille dame qui l'aida dans sa jeunesse et un jeune sportif prometteur à qui il apporte son aide. Grâce à ce film, après 45 ans de carrière, il a obtenu sa première nomination au Goya du meilleur acteur.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce film ?
Le cinéma est fait pour se rencontrer, mais cela n’arrive pas toujours. Là, c’était une manière de se retrouver avec Mario Camus : nous nous connaissons depuis l’université, quand on avait 18 ans. Et puis le concept de personnage solidaire m’a vraiment plu ! Il m’a happé. J’ai aimé son côté entier, sa reconnaissance envers ceux qui l’ont aidé quand il était jeune et son désir de faire pareil à son tour avec le jeune cycliste. C’est comme un maillon dans la transmission d’un peu d’espoir à quelqu’un qui arrive dans la vie avec plein d’illusions…
Mario Camus nous expliquait qu’il ne partage pas l’optimisme de son film, notamment sur la situation sociale. Qu’en pensez-vous ?
Avec Mario, nous sommes dans la même ligne… Je n’ai pas beaucoup d’espoir ! Ma théorie, c’est qu’il faut faire du cinéma pour se connaître les uns les autres, quelles que soient les différences. J’aimerais bien que le cinéma puisse changer les choses, mais je n’y crois pas trop. C’est un baume, une pommade qui aide, mais ça ne transforme pas le monde.
Comment s’est passé le tournage ?
Au départ, je pensais que ce serait compliqué de tourner avec le jeune cycliste. Mais en fait, pendant le tournage, tout s’est merveilleusement passé. Oscar Abad [le cycliste] est une fontaine de sentiments. Mari Gonzales [Nanda] est une grande actrice qui a beaucoup tourné. Elle témoigne d’une grande sensibilité et d’une grande douceur. La partie sur Luisa, l’assistante sociale, est presque celle qui me plaisait le plus, car elle réaffirme les revendications des femmes en termes d’amour, de travail, de liberté… Les femmes ne doivent pas être conditionnées ! Mario est vraiment un humaniste, un intellectuel qui aime raconter des histoires sur les âmes. Finalement, la philosophie du film, c’est que l’on peut continuer de vivre sans le succès, en faisant un métier digne et honnête. Ce n’est pas utile d’être le premier, sinon je ne serais pas là !