Nous sommes à une période charnière dans l'année en ce qui concerne le cinéma. Les festivals abondent, les nominations et les statuettes aussi. Après avoir suivi les Golden Globes et le Festival de Sundance (du 21 au 30 janvier), et avant d'attaquer les Oscars (le 27 février), le public américain a de quoi se reposer lors du PIFF- le Festival International du Film de Portland (Oregon), qui se tient jusqu'au 26 février. La sélection est impressionnante, et le public, plutôt local, ne reste pas sur sa faim. Le PIFF, qui peut être considéré comme faisant partie de la seconde zone par certains, en est néanmoins à sa 34ème édition et les fidèles y reviennent chaque année, et pour cause.
Auréolés par le festival de Sundance (Utah), les films de la région partent grand favoris. Parmi eux, on peut citer How To Die in Oregon de Peter D. Richardson, qui a reçu le prix du meilleur documentaire à Park City (Utah), et l'étonnant The Woods du réalisateur orégonais Matthew Lessner. Le premier traite de l'application de la légalisation du suicide assisté dans l'Etat de l'Oregon, qui est le premier du pays à l'avoir autoriré en 1995. Le réalisateur suit plusieurs personnes ayant choisi d'avoir recours à cette méthode, et une personne qui la refuse. Le deuxième, qui est une fiction, raconte l'histoire d'une bande de bobos un peu stupides, qui partent vivre dans la forêt pour se reconnecter avec la nature et préparer une révolte politique. Tout un programme.
Le festival fait également la part belle aux films venus du monde entier (Europe, Asie, Moyen-Orient, Amériques, Pacifique, etc.). En effet, plus de 45 pays y sont représentés. On retrouve l'onirique palme d'or de Cannes Oncle Bonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, et l'ours d'or 2010, Miel du Turc Semih Kaplanoglu. Par ailleurs, le festival donne un avant-goût des Oscars avec la projection de deux films nominés dans la catégorie du film étranger : le danois Revenge de Susanne Bier et le dernier film du Canadien Denis Villeneuve, Incendies.
Ici à Portland, deux avants-premières sont particulièrement attendues. Celles de deux films réalisés dans la ville même, Cold weather d'Aaron Katz et Some Days are Better than Others de Matt Cormick qui traitent de sujets importants, fortement ancrés dans le réel et plutôt graves. Ils nous parlent simplement - mais pas de façon simpliste - du monde actuel et des aléas de la vie, en touchant au plus près le spectateur.
Bien entendu, le festival n'oublie pas le cinéma français ou de langue française. Le film de François Ozon, acclamé par le public et la critique à l'automne dernier Potiche, a ouvert le festival. Le public américain pourra aussi voir l'étonnant Rubber de Quentin Dupieux, s'émerveiller devant Des hommes et des Dieux de Xavier Beauvois, mais aussi découvrir Copie conforme d'Abbas Kiarostami avec Juliette Binoche et La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier. Une bien belle sélection.