Les Géants et Bullhead se partagent les prix Magritte

Posté par vincy, le 5 février 2012

Les Magritte du cinéma belge, 2e clap, l'équivalent de nos Césars, ont couronné Les Géants, de Bouli Lanners, qui avait fait la clôture de la Quinzaine de réalisateurs en mai dernier à Cannes. Le film a remporté cinq Magritte, dont celui de meilleur film et de meilleur réalisateur.

Les Magritte sont censés récompensé le cinéma belge francophone. Le gamin au vélo aurait pu ainsi prétendre à de nombreux prix. Mais c'est un film flamand, cofinancé avec des producteurs francophones, Bullhead, qui a été l'autre grand vainqueur de la soirée d'hier, présidée par Bertrand Tavernier. Le film a récolté quatre prix et sera présent aux Oscars dans la catégorie meilleur film en langue étrangère.

Le film des Dardenne n'est reparti qu'avec le prix du meilleur espoir masculin tandis que Lubna Azabal a reçu celui de la meilleure actrice pour le film québécois Incendies. Les émotifs anonymes, de Jean-Piere Améris, a été distingué comme meilleur film étranger en coproduction. Et le belge Jérémie Rénier n'a pas été oublié en fils à maman de Potiche, comme second rôle masculin. Enfin Nathalie Baye a reçu un Magritte d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.

Le palmarès:

Les géants : film, réalisateur (Bouli Lanners), second rôle féminin (Gwen Berrou), image, musique (Bram Van Parys (The Bony King of Nowhere))

Bullhead : film flamand, scénario, acteur (Matthias Schoenaerts), montage

La fée : son, costumes

Les émotifs anonymes : film étranger

Incendies : actrice (Lubna Azabal)

Potiche : second rôle masculin (Jérémie Rénier)

Elle ne pleure pas, elle chante : espoir féminin (Erika Sainte)

Le gamin au vélo : espoir masculin (Thomas Doret)

Quartier lointain : décors

Dimanches : court métrage

LoveMEATender : documentaire

The Artist, grand favori des British Awards (BAFTA)

Posté par vincy, le 17 janvier 2012

Avec 12 nominations, The Artist fait figure de favori pour les prochains BAFTA, les Oscars britanniques. Film, réalisateur, scénario, image, montage, décors, musique, costumes, maquillages, son (paradoxal), acteur (Jean Dujardin) et actrice (Bérénice Bejo). Rien ne lui a échappé. Même le public anglais semble sous le charme avec plus de 100 000 entrée en première semaine.

The Artist sera confronté à La Taupe, qui a reçu 11 nominations, Drive, La couleur des sentiments et The Descendants. Bizarrement, Hugo Cabret, avec pourtant 9 citations, n'est pas nommé dans cette catégorie.

Michel Hazanavicius est en compétition avec Lynne Ramsay (We need to talk about Kevin), Martin Scorsese (Hugo Cabret), Nicolas Winding Refn (Drive) et Tomas Alfredson (La taupe).

Pour Dujardin, la sélection est toute aussi féroce : George Clooney, Brad Pitt, Michael Fassbender et Gary Oldman. Pour Bejo, les chances semblent minces face à Meryl Streep, Michelle Williams, Tilda Swinton et Viola Davis.

Notons aussi la présence de Potiche, gros succès outre-Manche, dans la catégorie meilleur film en langue étrangère, au côtés d'Incendies, de Pina 3D, d'Une séparation et de La Piel que habito.

En animation, Les aventures de Tintin et Rango devront lutter contre le local Mission : Noël des chouchous britanniques, les studios Aardman.

Le plus important reste les catégories "purement" britanniques : film, nouveau réalisateur et espoir.

Le meilleur film britannique sera l'un d'eux : My Week with Marilyn, Senna, Shame, La taupe et We need to talk about Kevin.

Joe Cornish (Attack the Block), Will Sharpe et Tom Kingsley (Black Pond), Ralph Fiennes (Coriolanus), Richard Ayoade (Submarine) et Paddy Considine (Tyrannosaur) se disputeront le prix du nouveau réalisateur.

Enfin le public départagera l'un de ces cinq jeunes comédiens pour le prix Orange Rising Star : Adam Deacon, Chris Hemsworth, Chris O'Dowd, Eddie Redmayne, Tom Hiddleston

Les Bafta seront attribués le 12 février.

Potiche passe le cap des 500 000 entrées à l’étranger

Posté par vincy, le 1 avril 2011

Grâce à sa sortie en Allemagne, Autriche, en Espagne et aux Etats-Unis, le film de François Ozon, Potiche, a franchi le cap des 500 000 entrées à l'étranger.

En novembre, il avait réussi à trouver un public en Belgique (frôlant le score de 8 femmes) et en Italie (plus de 150 000 entrées), bénéficiant de son avant-première mondiale à Venise.

Lors de son premier week-end en Allemagne, Potiche (Das Schmuckstück) est entré à la 7e place, faisant quasiment jeu égal avec Hell Driver 3D. La comédie a séduit 88 000 spectateurs dès ses cinq premiers jours, distribuée dans 153 salles. En Autriche, il s'est aussi classé 7e. La venue de Catherine Deneuve pour la promotion a clairement bénéficié au film. Elle a notamment participé à l'émission surréaliste et très populaire Wetten Dass ... ? (voir la vidéo sur YouTube).

En Espagne, Potiche (Mujeres al poder), le film se classe 13e dans un contexte extrêmement concurrentiel.  Avec une présence dans 71 salles, il a attiré 26 000 spectateurs et peut espérer atteindre un total de 90 000.

Aux Etats Unis, Potiche (Trophy Wife) est arrivé 37e du box office avec une recette de 86 017 $ dans seulement 7 salles de New York et Los Angeles. La campagne américaine a essentiellement été centrée sur Catherine Deneuve et sa prestation ("She will always be impossibly glamorous" pouvait-on lire dans le New York Times).

Deneuve vient d'ouvrir le 12e Festival du cinéma francophone avec le film. Elle a évoqué la crise que traverse le pays et fait l'éloge de la solidarité européenne.

Déjà sorti au République tchèque, en Russie, au Japon et au Portugal, il devra s'attaquer au marché anglais en juin.

En France, la comédie de Ozon a séduit 2 315 000 spectateurs et vient de sortir en DVD.

Le festival international du film de Portland, c’est du « Made in Oregon »

Posté par Sarah, le 24 février 2011

Nous sommes à une période charnière dans l'année en ce qui concerne le cinéma. Les festivals abondent, les nominations et les statuettes aussi. Après avoir suivi les Golden Globes et le Festival de Sundance (du 21 au 30 janvier), et avant d'attaquer les Oscars (le 27 février), le public américain a de quoi se reposer lors du PIFF- le Festival International du Film de Portland (Oregon), qui se tient jusqu'au 26 février. La sélection est impressionnante, et le public, plutôt local, ne reste pas sur sa faim. Le PIFF, qui peut être considéré comme faisant partie de la seconde zone par certains,  en est néanmoins à sa 34ème édition et les fidèles y reviennent chaque année, et pour cause.

Auréolés par le festival de Sundance (Utah), les films de la région partent grand favoris. Parmi eux, on peut citer How To Die in Oregon de Peter D. Richardson, qui a reçu le prix du meilleur documentaire à Park City (Utah), et l'étonnant The Woods du réalisateur orégonais Matthew Lessner. Le premier traite de l'application de la légalisation du suicide assisté dans l'Etat de l'Oregon, qui est le premier du pays à l'avoir autoriré en 1995. Le réalisateur suit plusieurs personnes ayant choisi d'avoir recours à cette méthode, et une personne qui la refuse. Le deuxième, qui est une fiction,  raconte l'histoire d'une bande de bobos un peu stupides, qui partent vivre dans la forêt pour se reconnecter avec la nature et préparer une révolte politique. Tout un programme.

Le festival fait également la part belle aux films venus du monde entier (Europe, Asie, Moyen-Orient, Amériques, Pacifique, etc.). En effet, plus de 45 pays y sont représentés. On retrouve l'onirique palme d'or de Cannes Oncle Bonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, et l'ours d'or 2010, Miel du Turc Semih Kaplanoglu. Par ailleurs, le festival donne un avant-goût des Oscars avec la projection de deux films nominés dans la catégorie du film étranger : le danois Revenge de Susanne Bier et le dernier film du Canadien Denis Villeneuve, Incendies.

Ici à Portland, deux avants-premières sont particulièrement attendues. Celles de deux films réalisés dans la ville même, Cold weather d'Aaron Katz et Some Days are Better than Others de Matt Cormick qui traitent de sujets importants, fortement ancrés dans le réel et plutôt graves. Ils nous parlent simplement - mais pas de façon simpliste - du monde actuel et des aléas de la vie, en touchant au plus près le spectateur.

Bien entendu, le festival n'oublie pas le cinéma français ou de langue française. Le film de François Ozon, acclamé par le public et la critique à l'automne dernier  Potiche, a ouvert le festival. Le public américain pourra aussi voir l'étonnant Rubber de Quentin Dupieux, s'émerveiller devant Des hommes et des Dieux de Xavier Beauvois, mais aussi découvrir Copie conforme d'Abbas Kiarostami avec Juliette Binoche et La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier. Une bien belle sélection.

Bilan 2010 – Polanski en tête des films exportés

Posté par vincy, le 24 janvier 2011

Malgré de très belles performances, le cinéma français (qui inclue les coproductions internationales entrées totales dans ce bilan) qui représentent 15% des ) est en recul sur les marchés internationaux. On pourrait se réjouir, malgré tout, que les films "made in France" aient attiré 57,2 millions d'entrées dans le monde (67, 2 millions l'an dernier) et rapporté plus de 330 millions d'euros (20 millions d'euros en moins par rapport à 2009). Cela signifie que près de 130 millions de spectateurs ont vu un film français cette année. Pas si mal, mais encore une fois, la baisse (-17,9% pour les entrées, -6% pour les recettes) est inquiétante. D'autant qu'il y avait quelques poids lourds (Polanski, Besson), des films cités dans différents palmarès locaux, des adaptations de best-sellers internationaux...

Seul rayon de lumière : les films en langue française représentent pour la première fois en dix ans plus de la moitié des entrées (soit 55,2%).

Des marchés dynamiques et des contre-performances

Les films français ont particulièrement été séduisant en Italie (+142%), aux USA pour les films en français (+36%) - même si dans ces deux pays on est loin des niveaux d'antan - en Russie (+42%), en Espagne (+30%), au Royaume Uni (+79%), aux Pays-Bas (+51%) et au Japon (+25%). Gros bémol en Allemagne (-30%) et en Chine (-43%). Aux USA, la chute des films français, toutes langues confondues, est de 45%, ce qui est imputé à l'énorme succès de Taken en 2009.

Géographiquement, l'Europe occidentale reste la locomotive de l'exportation des films français avec 38,9% des entrées, devant l'Amérique du Nord (27,5%), l'Asie (15%), l'Europe Centrale et Orientale (8,1%), l'Amérique Latine (6,3%), l'Océanie (2,2%) et l'Afrique (2%). Côté pays, les USA demeure toujours le marché leader avec 13,07 millions d'entrées, devant l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, le Japon, la Russie, le Royaume Uni, la Chine et la Belgique.

Polanski, Besson, Perrin affichent de bons chiffres partout dans le monde

3 leaders incontestables ont dominé les entrées en salles à l'international. The Ghost-Writer (6,57 millions d'entrées dans 27 pays), Luc Besson (6,56 millions d'entrées pour From Paris With Love et 3,19 millions d'entrées pour Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec) et le documentaire Océans (6,52 millions d'entrées dans seulement 14 territoires).

Loin derrière, on peut souligner les succès de certains films très différents : Le concert (1,8 million), Solomon Kane (1,7 million), Le Petit Nicolas (1,2 million et un total sur deux ans de 2 millions), le documentaire Bébés (1,1 million), Arthur et la vengeance de Malthazard, Un prophète (qui a fait autant en France que dans le monde avec 1,1 million de spectateurs internationaux sur deux ans), L'immortel, Le Hérisson, L'Arnacoeur (750 000 entrées dans le monde), Micmacs à tire-larigot, Des hommes et des Dieux (600 000 entrées dans le monde).

Elle s'appelait Sarah bat un record aux Pays-Bas

On remarque aussi la belle continuité du Ruban Blanc (917 000 entrées, soit 1,46 million de spectateurs en dehors de la France depuis sa Palme d'or). Et surtout la belle performance d'Elle s'appelait Sarah avec 487 000 entrées sur 3 territoires, dont 425 000 fans rien qu'aux Pays-Bas, soit un record historique puisque le film a battu le premier Astérix et Amélie Poulain. Au pays des tulipes, Tatiana de Rosnay, auteure du livre homonyme, est l'écrivain étrangère la plus vendue en librairie.

On peut aussi se féliciter des 420 000 entrées pour Gainsbourg (vie héroïque), des 282 000 entrées pour Copie conforme et du bon débit de la carrière internationale de Potiche avec déjà 320 000 entrées dans 6 pays.

Créer un star-système pérenne et persévérer dans la diversification de l'offre

Le cinéma français est le cinéma européen qui s'exporte le mieux, devant le cinéma espagnol, si l'on excepte le cinéma britannique, souvent aidé par les studios américains. Mais pour conserver sa place, il doit persévérer dans cet équilibre entre productions internationales en langue anglaise et films d'auteurs destinés aux grands festivals. Il est intéressant de voir que la littérature est devenue un vecteur de succès : un best-seller (L'élégance du Hérisson, Elle s'appelait Sarah, Le petit Nicolas) transforme souvent l'essai au cinéma.

Alors qu'Unifrance, l'organisme chargé de la promotion du cinéma français dans le monde, va changer de Président, les enjeux et défis ne manquent pas dans un monde cinéphile en mutation : le cinéma français doit moins dépendre des gros marchés occidentaux et continuer d'offrir un panel varié alliant du thriller à l'animation en passant par la comédie romantique, tout en continuant à miser sur ses vedettes internationales ou son patrimoine universel.

Bilan 2010 – les 15 films les plus consultés sur EcranNoir.fr

Posté par vincy, le 2 janvier 2011

1. Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures
2. Les petits mouchoirs
3. Inception
4. Des Hommes et des Dieux
5. Arthur et la vengeance de Malthazard
6. Expendables, Unité Spéciale
7. Kaboom
8. The Social Network
9. The Killer inside me
10. Toy Story 3
11. Dans ses yeux
12. Le bruit des glaçons
13. Alice au pays des Merveilles
14. Potiche
15. Biutiful

Les prix Lumières révèlent leurs nominations

Posté par vincy, le 23 décembre 2010

Les prix Lumières sont l'équivalent des Golden Globes. La presse étrangère basée à Paris décerne ses prix depuis 1995. On ne connaîtra les lauréats que le 14 janvier prochain, mais les nominations ont déjà été révélées.

Des hommes et des Dieux est en tête de la liste avec 4 citations tandis que Carlos, Gainsbourg (vie héroïque), The Ghost-Writer sont à égalité avec trois nominations. Notons la présence d'un film d'animation dans la catégorie meilleur film, et la forte présence des films présentés au Festival de Cannes (toutes sélections confondues) avec 20 nominations sur 50.

Meilleur film
Carlos d’Olivier Assayas
Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois
Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar
The Ghost Writer de Roman Polanski
L’illusionniste de Sylvain Chomet.

Meilleur réalisateur
Olivier Assayas (Carlos)
Xavier Beauvois (Des hommes et des dieux)
Roman Polanski (The Ghost Writer)
Joann Sfar (Gainsbourg (vie héroïque))
Mathieu Amalric (Tournée).

Meilleur scénario
Julie Bertuccelli (L’arbre)
Olivier Lorelle et Rachid Bouchareb (Hors-la-loi)
Robert Harris et Roman Polanski (The Ghost Writer)
Michel Leclerc et Baya Kasmi (Le nom des gens)
Géraldine Nakache et Hervé Mimran (Tout ce qui brille).

Meilleur actrice
Juliette Binoche (Copie conforme)
Isabelle Carré (Les émotifs anonymes)
Catherine Deneuve (Potiche)
Ludivine Sagnier (Pieds nus sur les limaces)
Kristin Scott Thomas (Elle s’appelait Sarah)

Meilleur acteur
Romain Duris (L’arnacoeur et L’homme qui voulait vivre sa vie)
Eric Elmosnino (Gainsbourg (vie héroïque))
Michael Lonsdale (Des hommes et des dieux)
Édgar Ramírez (Carlos)
Lambert Wilson (Des Hommes et des dieux et La princesse de Montpensier)

Meilleur espoir féminin
Lolita Chammah (Copacabana)
Linda Doudaeva (Les mains en l’air)
Marie Féret (Nannerl, la sœur de Mozart)
Nina Rodriguez (No et moi)
Yahima Torres (Vénus noire)

Meilleur espoir masculin
Emile Berling (Le bruit des glaçons)
Nahuel Perez Biscayart (Au fond des bois)
Antonin Chalon (No et moi)
Jules Pelissier (Simon Werner a disparu)
Aymen Saïdi (Dernier étage, gauche, gauche)

Meilleur film francophone
Amer d’Hélène Cattet et Bruno Forzani
Les amours imaginaires de Xavier Dolan
Un homme qui crie de Mahamat Saleh Haroun
Illégal d’Olivier Masset-Depasse
Orly d’Angela Schanelec

Arras 2010 : rencontre avec Fabrice Luchini pour Potiche

Posté par MpM, le 9 novembre 2010

luchini et ozon

Lors de la soirée d'ouverture du festival d'Arras, où était présenté Potiche, Fabrice Luchini avait fait le déplacement avec son réalisateur François Ozon (notre photo) pour parler du film et plus particulièrement du personnage qu'il incarne, l'antipathique Robert Pujol.

EN : Interpréter un personnage comme celui de Robert Pujol dans Potiche, est-ce jubilatoire ?

Fabrice Luchini : Oh non, rentrer dans la peau de Pujol, ce n'est pas jubilatoire car c'est une peau abjecte. Ce qui est jubilatoire, c'est la proposition. Les situations les plus fortes au cinéma, ce sont les partitions qui demandent à ce que l'on n'ait pas peur. Il ne faut pas être tiède. Des fois je joue des films en creux, psychologiques, vraisemblables. Là ça ne va pas, il faut une audace, disons une certaine audace, il ne faut pas non plus exagérer ! Mais il faut une manière d'exécuter concrètement et non pas psychologiquement la situation. La situation doit être exécutée avec urgence. Il ne faut pas forcer le trait, pour que l'outrance ne soit jamais là, et pourtant il faut être dans la démesure.Il faut quand même être dans la vérité même si cela apparaît à certaines personnes comme "trop". C'est un trop qui doit être maîtrisé. On joue la comédie, c'est notre métier ! Un jour on joue des choses très raffinées sur le psychologique, un an après ou six mois plus tard on se "déplace". C'est ce concept de Jean Carmet : se déplacer, c'est la liberté d'un acteur. Un jour tu fais un film très compliqué psychologiquement, après tu fais autre chose...

EN : Le film se passe dans les années 70 mais fait explicitement référence à notre époque, cela vous a amusé ?

FL : Vous savez, moi on me paye pour dire les textes. Je m'en fous, tant que c'est pas des grands classiques du 17e siècle, La Fontaine, Molière, de grands écrivains absolument somptueux, le cinéma pour moi c'est un divertissement. Je suis très heureux qu'Ozon ait voulu travailler avec moi. Mais qu'il y ait des références sur la modernité, je m'en fiche complétement. Evidemment ça fait rire car il y a le fameux "travailler plus", etc. Moi je joue l'ignoble personnage de droite. J'étais en train de me dire que c'est un mélange d'orgueil et de grande humilité d'accepter des rôles comme ça.  Parce que quand même jouer un rôle où tu es enlaidi physiquement, "caractériellement", sexuellement... c'est peut-être de l'orgueil. Mais en tout cas j'y ai pris du plaisir. Vous savez jouer la comédie avec des scènes immensément intenses, c'est mon métier, donc c'est normal.

EN : Même si le personnage est profondément antipathique...

FL : Moi je pense qu'il n'y a rien de pire que les acteurs qui font des choix de carrière pour la "belle gueule", pour les bons héros qui sauvent les pauvres femmes dans les maisons qui brûlent. Pour moi, ça, ce sont les grands ringards. J'ai l'ego un peu démesuré de penser qu'un acteur doit s'enlaidir, jouer les rôles minables.  Il y a des vedettes qui disent "non, ça je ne peux pas jouer, mon public ne me suivra pas". Comme si on avait un public... Personne n'a de public et tout le monde s'en tape !

Le métier d'acteur n'est pas pour jouir personnellement, mais pour faire jouir le public. Donc jouer un assassin ou jouer un prêtre, c'est la même chose. C'est la même intensité. Quand Jouvet dit que les grands personnages ont un ascendant, ça peut être un ascendant dans le mal ou dans le bien. Moi je ne juge jamais un personnage d'un point de vue moral. je le juge d'un point de vue de puissance, d'efficacité de réplique.

EN : Vous qui êtes sensible au rythme et à la musique des mots, comment caractériseriez-vous la langue du film ?

FL : Faut comparer ce qui est comparable. On n'est ni chez Molière, ni chez La Fontaine, on est chez Barillet et Gredy. Mais y'a un avantage dans ces écritures-là c'est qu'elles n'ont aucune obligation psychologique. Elles exigent de la part de l'interprète une précision absolument redoutable. Parce que si tu n'es pas précis tu deviens outré. Pourtant tu dois jouer absolument pas psychologique. Barillet et Gredy ce sont de petits enfants de Feydeau. Je ne dis pas que ça a le génie de Feydeau, parce qu'il n'y a qu'un Feydeay, mais cela a les mêmes exigences que ce théâtre qui nous libère de la psychologie et c'est quand même une qualité.

Ecran Noir : Quelle est la réplique du film que vous préférez ?

FL : "Ton avis ? Quel avis ? Tu as un avis ?" Ca me fait rire... Je me demande s'il en existe encore, des hommes comme ça... Je ne crois pas, mais enfin...

Arras 2010 : rencontre vidéo avec François Ozon pour Potiche

Posté par MpM, le 8 novembre 2010

François Ozon était à Arras vendredi dernier pour présenter son nouveau long métrage Potiche qui faisait l'ouverture du 11e Festival international du film d'Arras.

L'occasion pour lui, alors que le film sort le 10 novembre prochain, de parler de la genèse du projet (l'adaptation d'une pièce de Pierre Barillet et Jean-Pierre Gredy), du choix des interprètes (Catherine Deneuve, Fabrice Luchini, Gérard Depardieu...) mais aussi du fond relativement politique et actuel de l'intrigue.

Propos recueillis par Marie-Pauline Mollaret dans le cadre du 11e festival d'Arras
Réalisation et montage par l'équipe du BTS audiovisuel du Lycée Jean Rostand de Roubaix

Arras 2010 : Anna Karina, Olivier Assayas, Jerzy Skolimowski et près de 100 films à découvrir !

Posté par MpM, le 13 octobre 2010

ArrasPour sa 11e édition, du 5 au 14 novembre prochains, le Festival International du Film d'Arras a concocté un programme riche en événements et en découvertes au travers d'une centaine de films dont 40 avant-premières, 15 longs métrages inédits, 2 rétrospectives, plusieurs classiques restaurés, des ciné-concerts et un programme pour les enfants. En tout, ce sont une centaine d'invités venus de toute l'Europe qui se succèderont devant le public afin d'échanger et de parler de leur travail.

Parmi les temps forts, il ne faudra pas louper la soirée d'ouverture en présence de François Ozon et Fabrice Luchini qui accompagneront le très attendu Potiche. Incontournables également, les trois leçons d'exception menées par les invités d'honneur du festival : Anna Karina, Olivier Assayas et Jerzy Skolimowski, dont les festivaliers découvriront le dernier film, Essential killing, primé à Venise.

Enfin, il y en aura pour tous les goûts parmi les avant-premières prestigieuses sélectionnées spécialement pour Arras : Somewhere de Sofia Coppola (Lion d'or à Venise), Nowhere boy de Sam Taylor-Wood, Another year de Mike Leigh (présenté à Cannes cette année), L'empire du milieu sud de Jacques Perrin, If I Want To Whistle, I Whistle de Florin Serban (Ours d'argent au dernier festival de Berlin), A bout portant de Fred Cavayé, Les émotifs anonymes de Jean-Pierre Améris , Holiday de Guillaume Nicloux, Petite fille de Laetitia Masson... sans oublier le film de clôture, l'explosif Dernier étage gauche gauche de Angelo Cianci.

En parallèle, le jury international mené par Manuel Poirier et réunissant Marie Rivière, Serge Riaboukine, Hrvoje Hribar et Tudor Giurgiu aura la difficile tâche de décerner le deuxième Atlas d'or à l'un des 9 longs métrages de fiction de la compétition européenne. A noter, parmi les sélectionnés, le très réussi Comment j'ai passé cet été du Russe Alekseï Popogrebski, présenté et récompensé à Berlin en début d'année, ce qui laisse présager une compétition de haut niveau.

Enfin, une rétrospective sur la Révolution française et une autre sur le cinéma de science-fiction des années 70 viendront compléter le programme, de même que des focus sur la Roumanie et sur l'Italie, plusieurs films restaurés dont La 317ème section de Pierre Schoendoerffer en sa présence), un festival des enfants, des journées professionnelles, des tables rondes et même un colloque international "La lettre du cinéma".

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11e Festival International du Film d'Arras
Du 5 au 14 novembre 2010
Informations et programme sur le site du festival