Preuve de l'évidente homogénéité de la compétition 2015, les trois jurys de cette 16e édition du Arras Film Festival ont tous distingué des films différents, récompensant en tout six films sur les neuf sélectionnés.
Atlas d'or pour Virgin mountain
Au milieu de cette belle répartition des prix, le seul doublé est celui réalisé par Virgin mountain de Dagur Kári (Islande), à qui le jury international, présidé par la réalisatrice Lætitia Masson et composé des comédiens français Salomé Stévenin et Antoine Chappey et du cinéaste slovène Boris Petkovic, a décerné à la fois l'Atlas d'or, plus haute distinction du festival, et une mention spéciale pour l'interprétation habitée de l'acteur Gunnar Jonsson. Un choix peut-être plus dicté par la sympathie que l'on éprouve pour le personnage principal, un homme de quarante ans obèse, timide et solitaire qui va peu à peu s'éveiller à la vie au contact d'une jeune femme rencontrée dans un cours de danse, que par les qualités cinématographiques du film, certes touchant, mais aussi assez poseur dans sa manière d'être décalé et doux-amer.
Atlas d'argent pour Thirst
L'Atlas d'argent de la mise en scène est quant à lui allé à Thirst de Svetla Tsotsorkova, un long métrage bulgare contemplatif sur les relations ambiguës qui se tissent entre deux familles au cours d'une terrible sécheresse.
Privilégiant des scènes courtes et peu dialoguées filmées en plans larges, Thirst est l'archétype du film plébiscité en festival qui entend décortiquer, mais à distance, la prodigieuse complexité des relations humaines, amoureuses et sociales.
The culpable, The red spider et Memories of the wind en embuscade
On a le droit de s'interroger sur la présence presque systématique de ce genre de films en tête des palmarès, surtout pour un prix de mise en scène qui aurait pu (dû ?) récompenser au moins trois autres films de la sélection, à commencer par The culpable de Gerd Schneider, incroyable tragédie sur le dilemme d'un prêtre catholique allemand dont l'un des meilleurs amis est accusé de pédophilie, filmé dans un cinémascope éblouissant qui permet au réalisateur de faire passer les émotions du protagoniste principal uniquement par le travail sur l'image et la construction des plans. Heureusement, cet incroyable premier film allemand au sujet brûlant et aux choix formels audacieux a été récompensé par le jury "jeune". Lire le reste de cet article »