Dans les coulisses du Festival 2 Valenciennes 2017

Posté par wyzman, le 20 mars 2017

Les cinéphiles le savent, en période de festivals, il s'en passe des choses. La septième édition du Festival 2 Valenciennes n'a pas dérogé à la règle. Toute la semaine dernière, c'est avec un vrai plaisir que nous avons croisé organisateurs, producteurs, distributeurs, réalisateurs, acteurs, critiques et festivaliers venus vivre une expérience inoubliable. Et à l'instar du palmarès Fictions où De toutes mes forces et The Young Lady ont brillé, les coulisses du Festival 2 Valenciennes étaient propices aux bons mots. Entre petites punchlines balancées aux cocktails ou vraies critiques post-projections, voici les meilleures pépites lues ou entendues pendant cette folle semaine. Par charité, elles resteront anonymes.

"Il a le bout court."

"C'est vraiment une chic fille. Elle vient, elle dédicace son livre, y a personne mais elle a le sourire."

"Deux idées sur une affiche c'est une de trop !"

"C'est bien mais bon… Les Français on a vraiment un problème avec les musiques de films hein..."

"Certains ont une intolérance au lactose moi j'ai une intolérance aux chauves."

"C'était beau mais c'était plombant. Ça m'a donné faim !"

"Je considère que dès qu'on fait des excès tous les jours, on en fait pas."

"C'est du cinéma d'anorexique."

"J'adore les accents étrangers sérieux. Québécois, belge ou marseillais, moi j'adore."

"Au moins cette année la nana qui présente sait lire ses fiches…"

- Catherine c'est quand même la plus belle.

- Quelle Catherine ?

- Bah celle que tout le monde connaît !

"T'as les veines qui ressortent en bleu Moonlight."

"C'est quand même étrange cette manie de faire des logements sociaux qui ressemblent à des logements sociaux."

"Tu remarqueras que c'est quand même celle qui a le moins de dialogues qui joue le mieux."

"Il est pas moche mais je suis plus cuisses de palefrenier."

"Chers passagers, nous vous rappelons qu'un service de taxi est disponible à l'arrivée… Ah non le dimanche c'est fermé. Désolé !"

Cannes 70 : Body Snatchers, Mondo Cane, Sissi et autres incongruités de la compétition

Posté par cannes70, le 20 mars 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-59. Et pour retrouver le début de la série, c'est par .

Lorsque l'on se replonge dans l'Histoire de la compétition du Festival de Cannes, on constate un relatif équilibre entre les chefs-d’œuvre incontestés, les films parfois magnifiques hélas oubliés que l'on (re)découvre à l'occasion d'une restauration (ne citons que Amour de Karoly Makk l'an dernier) et les nanars ou ratages complets... Intéressons-nous ici à un autre type de longs-métrages : les films dont la présence sur le moment - ou a posteriori - possède quelque chose que l'on peut qualifier d'«incongru», tant ils sont éloignés des multiples profils du long-métrage dit «cannois». On pourrait les résumer, après les avoir vus, à cette phrase : «Ah, c'était en compétition, ça ?, hum, étonnant». Évidemment, cette sélection d'incongrus pourra elle-même paraître... incongrue.

L'invasion des profanateurs de palmes d'or

Commençons avec Body Snatchers, le seul film, encore aujourd'hui, étrangement, d'Abel Ferrara à avoir connu les honneurs de la compétition, en 1993. Il s'agit d'une œuvre de commande de la Warner dont le budget confortable de plus de quinze millions de dollars a permis au cinéaste de signer l'une de ses plus belles œuvres visuellement, avec des couleurs et des luminosités magiques et oppressantes, signées Bojan Bazelli. Un style graphique qui se mariait bien avec les images de Stuart Dryburgh pour la Palme d'or de cette année là, La Leçon de piano de Jane Campion. Si ce film détonne par rapport à des sélections plus traditionnelles de la compétition, c'est dans son registre de terreur pure, l'horreur ou l'épouvante n'ayant guère droit de cité sur le tapis rouge, surtout en compétition. On peut citer notamment L'Obsédé de William Wyler ou Possession d'Andrzej Zulawski (tous deux primés pour leurs acteurs, au passage) mais les exemples restent très rares.

Dans le huis-clos d'une petite base militaire, les êtres humains sont remplacés dans leur sommeil par des entités venues d'ailleurs. Seule subsiste leur enveloppe extérieure, leur humanité et leur capacité à ressentir étant effacées. «Where are you gonna run, where are you gonna hide», ces quelques mots annihilant toute forme d'espoir pour les rares rescapés sont prononcés avec froideur et un fatalisme certain par une brave mère de famille interprétée avec un calme sinistre par Meg Tilly dans l'une des scènes les plus glaçantes du cinéma d'effroi de ces dernières années. Une présence enthousiasmante dans la compétition mais très inattendue, à l'époque déjà et encore un peu plus avec le recul. Bad Lieutenant avait été présenté hors-compétition un an plus tôt. Peut-être une volonté de rattraper cette impression d'un rendez-vous manqué avec un grand auteur au sommet de son art ?

En 1962, un concurrent s'est durablement installé dans la mémoire des cinéphiles adeptes d'un cinéma différent, pour le moins. Mondo Cane de Gualtiero Jacopetti, Paolo Cavara et Franco Prosperi est d'abord connu pour son thème mythique signé Riz Ortolani et Nino Oliviero, cité ensuite aux Oscars. Ce film semi-documentaire possède une forme inédite : un assemblage de scènes présentées comme prises sur le vif mais plusieurs ont en réalité été retournées selon le bon vouloir des réalisateurs pour asséner un propos un poil douteux, vaguement réactionnaire. Le but était surtout de titiller les bas instincts du spectateur en quête de sensations fortes, à renfort de scènes d'une violence extrême ou dénudées, présentées comme sociologiques ou ethnographiques, au sein de populations dites sauvages, de préférence en Afrique.

Le succès aidant, un sous-genre, le Mondo, est né et connaîtra de multiples exemples qui, avec plus ou moins de bonheur, exploiteront les misères du monde pour soit-disant les dénoncer. Avec Cannibal Holocaust, Ruggero Deodato, toujours sur une musique d'Ortolani, fera dériver ces productions vers un autre format, le found footage. Le film choqua l'éminent spécialiste et historien Jean Douchet : «Il faut une certaine dose d'impudeur pour défendre une telle conception, je ne dis pas du cinéma, mais simplement d'un film. Gualtiero Jacopetti, s'étant retrouvé à quarante ans infirme par accident après avoir été un célèbre playboy, estime en conséquence que la vie est une chienne de vie et le monde une vaste poubelle» dans les Cahiers du Cinéma n° 132.

Les Inconnus de Cannes


L'Inconnu de Shandigor de Jean-Louis Roy parodie le cinéma d'espionnage. Totalement à part, cette production à la limite de la série Z a dû désarçonner les jurés de 1967 parmi lesquels on retrouvait, excusez du peu, Shirley Mac Laine, Sergueï Bondartchouk, Miklós Jancsó ou Vincente Minnelli. Ont-ils chantonné «Bye Bye Mister Spy» comme Serge Gainsbourg, mélomane chef d'un groupe d'espions tous chauves ? Cette pépite volontairement particulière, dont certaines scènes ont été tournées devant la cathédrale de Gaudi à Barcelone, fut repêchée par L'Étrange Festival en 2010.

Daniel Emilfork au physique si captivant est un savant infirme et un peu fou qui a inventé l'Annulator, un système capable de désamorcer les armes nucléaires, ce qui ne manque pas de susciter la convoitise des Américains et des Russes mais aussi de ces étranges espions chauves menés par le Poinçonneur des Lilas. L'une des très grandes curiosités de l'Histoire d'une manifestation qui a tout de même raté Jean Rollin et Jess Franco, lesquels auraient pu se reconnaître dans ce cinéma un peu déviant - où l'on retrouve Howard Vernon en ex-SS (comme d'hab) - comme on aimerait en voir un peu plus souvent sur la Croisette.

En 1972, autre surprise : l'invitation à Papa Les Petits Bateaux de Nelly Kaplan, une comédie qui correspond bien à l'esprit iconoclaste et anar de la réalisatrice de La Fiancée du pirate, en moins brillant certes, mais plutôt divertissant. Un groupe de gangsters kidnappent une riche héritière mais sont très vite dépassés, voire «trépassés» par leur «victime». Sheila White, actrice & chanteuse anglaise est très fatigante mais heureusement la troupe qui l'entoure, constituée notamment de Michael Lonsdale (avec un tee-shirt Mickey de très grande classe), Pierre Mondy, Michel Bouquet et surtout Judith Magre assurent le spectacle et nous amusent avec leurs prestations de pieds nickelés sympathiques.

Sissi ! Si, si !


Terminons enfin avec ce qui fut l'inspiration de ce texte et la source d'une immense surprise. Deux des films de cinéma les plus populaires de l'histoire du petit écran depuis presque soixante ans ont eux aussi été soumis aux votes d'un jury cannois : les deuxième et troisième volets des aventures romantiques d'un couple royal autrichien incarné par Romy Schneider et Karlheinz Böhm ! Oui, mesdames et messieurs, Sissi Impératrice en 1957 puis Sissi, face à son destin l'année suivante (faut pas gâcher) auraient pu doubler les palmes d'or de ces années là, La Loi du Seigneur de William Wyler et Quand passent les cigognes de Mikhaïl Kalatozov.

Deux films très sucrés, trop, la trilogie s'achevant sur un happy end refusé dans la réalité à la princesse, violemment assassinée tout de même par un déséquilibré. Une «saga» à la popularité inaltérable, en premier lieu grâce à la charmante interprétation de Romy Schneider qui, heureusement pour la qualité de sa carrière future, rencontrera des réalisateurs plus inspirés, en premier lieu Claude Sautet qui lui offrira plusieurs chefs d'oeuvre dont Les Choses de la vie et Max et les Ferrailleurs.

On peut rajouter d'autres exemples de films plus ou moins inattendus comme l'étrange Seconds - l'opération diabolique de John Frankenheimer (1966) ou quelques films d'animation destinés à un public adulte comme Fritz The Cat de Ralph Bakshi (1974) et Le Chaînon Manquant de Picha (1980). Étrangement, aucun de ces films n'a reçu la Palme d'or !

Jetons en post-scriptum un voile pudique sur ce film de 2016 que nous ne nommerons pas (nous pensons aux familles de tous ceux qui sont impliqués) et qui s'ouvre sur ce carton qui restera dans les annales du cinéma engagé et des rétines d'un public médusé (et franchement hilare) : « La brutalité au Sud Soudan n'est comparable en Occident qu'à l'amour impossible… [des points de suspension en images fixes, roulement de tambour dans les cerveaux pour le moins surpris de la foule du Théâtre Lumière] entre un homme et une femme.». Merci, Sean, pour ce moment... incongru... Mais est-ce bien, dans le cas précis, le meilleur adjectif à employer ?

Pascal Le Duff de Critique-Film

18e édition pour le Festival international du film d’Aubagne

Posté par MpM, le 20 mars 2017

C'est parti pour la 18e édition du Festival international du film d'Aubagne qui s'ouvre ce soir avec Captain Fantastic de Matt Ross. Consacré à la promotion de la jeune création cinématographique et à la création musicale pour l’image, il propose une profusion de rencontres, de projections et de concerts qui réunissent plus de 500 professionnels venus du monde entier.

Au programme, des compétitions longs et courts métrages qui permettront de (re)découvrir Compte tes blessures de Morgan Simon ou Limbo de Konstantina Kotzamani, des films coups de cœur comme Ma vie de courgette de Claude Barras, des avant-premières et plusieurs rendez-vous autour de la musique de film.

La compositrice Rachel Portman, première femme ayant remporté l'Oscar de la meilleure musique originale (c'était en 1997 pour Emma l'entremetteuse de Douglas McGrath), est ainsi l'invitée d'honneur de cette édition 2017. La masterclass de composition musicale pour l'image sera, elle, dirigée par le compositeur Jérôme Lemonnier. Elle donnera lieu, après 10 jours d'un travail acharné, à la création d'un ciné concert présenté lors de la cérémonie de clôture le 25 mars. Enfin, c'est Nathaniel Méchaly, connu pour la bande originale de The Grandmaster de Wong Kar-Wai ou Taken de Pierre Morel, qui donnera la fameuse leçon de musique de l'édition 2017.

D'autres invités d'honneur sont attendus comme l'actrice et réalisatrice Noémie Lvovsky, le cinéaste Radu Mihaileanu,  ou encore l'acteur et réalisateur Lyes Salem. En parallèle, le festival propose également un hommage à trois festivals européens (Brno 16 en république tchèque, Oberhausen en Allemagne et Il Cinema Ritrovato en Italie), des programmes courts, des concerts, des actions d'éducation à l'image et des rencontres professionnelles. On l'aura compris : cette semaine, quand on aime le cinéma et la musique, c'est à Aubagne que ça se passe !

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Festival international du film d'Aubagne, musique et cinéma
Du 20 au 25 mars 2017
Informations sur le site de la manifestation

Colin Farrell et Denzel Washington en négociations pour le prochain film de Dan Gilroy

Posté par vincy, le 20 mars 2017

Sony a acquis le prochain film écrit et réalisé par Dan Gilroy (Night Call). Il faut dire que le casting promis est alléchant: Colin Farrell est en négociations pour être le partenaire de Denzel Washington dans ce drame judiciaire, Inner City.

Washington incarnerait un avocat gauchiste dur en affaires qui a souvent combattu du bon côté même si d'autres en tiraient le bénéfice au dessus de lui. Quand son associé souffre d'une attaque, il prend soudainement le rôle de leader dans son cabinet. Il découvre alors de nombreux détails cachés sur l'histoire de sa société, réputée pour ses batailles morales, alors, qu'en sous-main, ses valeurs étaient bafouées. Il se retrouve alors à la croisée des chemins... Farrell interpréterait un de ses collègues.

Denzel Washington a dernièrement été nommé aux Oscars pour son film Fences. Colin Farrell sera le personnage masculin du prochain film de Sofia Coppola, Les proies, qui est attendu à Cannes si tout va bien. Il était à l'affiche récemment de The Lobster et des Animaux fantastiques.

Cinelatino 2017 : ouverture sensible avec Une vie ailleurs d’Olivier Peyon

Posté par Morgane, le 19 mars 2017

C'est la 29e édition pour le festival Cinelatino qui se déroule actuellement à Toulouse. Pour son ouverture vendredi 17 mars, la ville rose était inondée de soleil. La langue espagnole et ses nombreux accents sud-américains se mêlaient à une belle ambiance estivale et au son entraînant de la fanfare Super Panela qui lançait les festivités dans la cour de la Cinémathèque.

Pendant 10 jours, le cœur de la ville (et sa région) va battre aux rythmes de Cinelatino. Films en compétition (longs et courts de fiction, documentaires), découvertes, reprises, focus (notamment celui sur le groupe de Calí en Colombie)... mais aussi des lectures, des rencontres, des ateliers ou encore des initiations à la salsa.

Vendredi, il y avait quatre façons d'ouvrir le festival. La première se passait en plein air, avec une projection de courts-métrages précédée de la batucada Batida Louca. On pouvait également partir en Uruguay avec Olivier Peyon (Une vie ailleurs), ou bien à la "frontière" entre le Mexique, la Colombie et le Canada avec Juan Andres Arango (X-Quinientos) ou encore en Argentine avec Milagros Mumenthaler (La idea de un lago).

Rencontre avec Olivier Peyon et Maria Dupláa

Je me suis envolée en Uruguay dans un film au casting franco-uruguayen-argentin suivant une mère (Isabelle Carré) qui aidée d'un assistant social (Ramzy Bedia) retrouve son fils en Uruguay qui lui avait été enlevé par son ex-mari. Le sujet du film est fort et bouleversant et Ramzy que l'on connaît habituellement dans des rôles comiques excelle ici et transmet admirablement bien la tension dramatique. Le duo qu'il forme avec Maria Dupláa (la tante du petit garçon) respire la sincérité. Bref, Ramzy nous touche réellement par sa justesse. Ce qui n'est pas forcément le cas d'Isabelle Carré. Elle, habituellement juste dans ses personnages à fleur de peau, ne m'a pas touchée, en faisant trop pour que ce personnage de mère courage en ressorte crédible. Des gestes rapides, excédés, un phrasé peu naturel. Là où les autres acteurs tapent au bon endroit j'avais le sentiment qu'elle, était ailleurs, dans un autre registre qui ne collait pas à l'ensemble.

Olivier Peyon et Maria Dupláa étaient présents à l'issue de la projection. Le réalisateur a alors expliqué pourquoi ce film qui devait en premier lieu se tourner en Argentine s'est finalement, pour des raisons de production, déroulé en Uruguay. Pour le rôle de Maria, l'actrice devait parler français or ce n'était pas le cas de Maria Dupláa. Mais elle explique: "quand je suis arrivée au casting, toutes les autres actrices révisaient leur texte en français! On m'a alors dit que je devais parler français. Comme ce n'était pas le cas, tout mon stress s'est envolé car je n'avais alors plus rien à perdre! Je l'ai fait sans peur et apparemment c'est ce qui a plu à Olivier."

Quant au choix d'Isabelle Carré le réalisateur explique que c'est elle qu'il a sollicitée en premier. Il voulait lui proposer ce rôle qui est une sorte de contre-emploi, un rôle où "elle n'a pas le temps d'être aimable." Pour ce qui est de Ramzy, "c'est elle qui a soumis l'idée de Ramzy avec qui elle a joué dans Des vents contraires." Et pour le rôle de Felipe, l'enfant d'Isabelle Carré, c'est Dylan Cortes déjà habitué aux caméras puisqu'il a tourné beaucoup de publicités. "Au début je le trouvais presque trop parfait d'ailleurs !"

Et la soirée de se terminer par l'intervention d'un spectateur uruguayen qui vit désormais en France et qui remercie le réalisateur d'avoir si bien filmé l'Uruguay, Montevideo et d'être sorti de Montevideo pour aller filmer à Florida.

Cannes 70 : rue d’Antibes, souvenirs du marché

Posté par cannes70, le 19 mars 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-60.

Comme tous les « anciens » de Cannes, mes souvenirs du festival sont liés à un certain nombre de projections, de séances mémorables, de découvertes de films qui sont depuis entrés dans une certaine histoire du cinéma.

C’est ainsi que je me rappelle avoir vu à Cannes des films tels que : Blood Simple des Frères Coen, Mad Mission III de Tsui Hark, Matador de Pedro Almodovar (à cette projection, je me suis retrouvé assis à côté de John Waters !), Razorback de Russell Mulcahy, CHUD de Douglas Cheek, Endgame / Le gladiateur du futur de Steve Benson, alias Joe d’Amato, Opera de Dario Argento, Re-animator de Stuart Gordon.

Et aussi : Critters, Hellraiser, Society et des dizaines d’autres films…

Bien sûr, il ne servirait à rien de chercher ces titres dans les catalogues officiels, que ce soit ceux des sélections officielles ou des sections parallèles. Tous ces films, sans exception, étaient présentés au Marché du Film.

Durant les années quatre-vingt, et une partie des années quatre-vingt dix, le Marché était un véritable eldorado pour les cinéphiles avides de cinéma bis ou plus simplement de découvertes. Pour eux, la zone essentielle du festival n’était pas le Nouveau Palais, ni même l’ancien (toujours debout), mais la rue d’Antibes, selon un axe qui conduisait des Olympia (en bas) au Star (en haut) en passant par Le Français (dans une ruelle adjacente) et les Ambassades (aujourd’hui la Fnac).

Un véritable festival « off », marginal, déconnecté des grandes affaires « artistiques » du Palais

Le badge du Marché était alors très accessible financièrement, et certains avaient remarqué que le cinéma Olympia, destiné aux « indépendants » non rattachés au Marché « officiel », était en accès quasiment libre. C’était alors un aller-retour permanent d’un bout à l’autre de cet axe, une course effrénée et des choix aléatoires : comment choisir entre des dizaines de titres inconnus ? C’était aussi du coup un ballet permanent dans les salles. Un film pouvait se quitter au bout de dix minutes (un navet infâme) pour foncer voir ce qui se passait dans la salle d’à côté (peut être un chef d’oeuvre ?).

C’est ainsi qu’a existé durant des années un véritable festival « off », marginal, déconnecté des grandes affaires « artistiques » du Palais. De jeunes réalisateurs venaient y présenter leurs premiers slashers, parmi lesquels un certain Sam Raimi. D’autres, comme Almodovar, n’ont connu à Cannes que ce Marché, avant une reconnaissance tardive… Parfois aussi, des films découverts au hasard ont reçu un accueil enthousiaste avant de disparaître des mémoires. Qui connait une petite comédie horrifique intitulée Screamplay, unique réalisation d’un certain Rufus Butler Seder ?

On se rappelle encore les séances de minuit au Star de films gore, la brève domination de Cannon qui avait squatté les salles du marché durant quelques années, les Mad Mission et leur (faux) « Champagne Screenings » au Français, les films bis italiens systématiquement projetés à l’Olympia 6. Finalement, une année, en arrivant devant cette salle sur laquelle étaient affichés tous les films du jour, une amie s’est exclamée, catastrophée: « Il n’y a plus rien..! »

C’est que les temps avaient vite changé. Le Festival « officiel » a repris les choses en main, et entièrement centralisé le Marché. Nouvelles salles de projection à l’intérieur du « Bunker », disparition des salles du centre-ville, nouvelles règles d’inscription, de projection et d’accréditation au Marché, projections en vidéo sur les stands… la joyeuse anarchie de la rue d’Antibes ne pouvait pas convenir à l’ultra professionnalisation du Festival. Le Marché actuel draine toujours (et encore plus) de business, mais l’ordre règne et la fête est depuis longtemps finie.

Laurent Aknin de L'Avant-Scène Cinéma

Le British Film Institute s’encanaille avec une collection érotique

Posté par vincy, le 19 mars 2017

Le vénérable British Film Institute a décidé depuis quelques semaines de vous chauffer les hormones. En effet, le BFI a mis en ligne une vingtaine de films érotiques anglais, tous réunis dans la collection "The Pleasure Principle". Ces films couvrent la période allant de 1896 au début du XXIè siècle, et ont été numérisés, dans le cadre du programme Britan on Film Project qui prévoit la numérisation de 10000 films archivés tous genres confondus.

Une femme nue batifolant dans  la mer, une autre plus distinguée s'amusant avec ses jupons, une princesse grecque et son esclave serbe, un documentaire sur les stripteaseuses de Soho, une comédienne (Fiona Richmond) répondant à une interview de 9 minutes entièrement nue et même un film d'animation où l'on fantasme sur les seins. L'érotisme est avant tout féminin. La plupart de ces films étaient diffusés dans les clubs anglais réservés aux hommes.

Le BFI souhaitait rendre ces films disponibles: "Nous voulons retracer l'histoire de ces films souvent interdits. C'est un voyage social et culturel à travers le XXe siècle, avec des œuvres qui ont souvent gêné les gens" explique le conservateur de l'institut Vic Pratt dans le Guardian.

Le plan de numérisation prévoit d'autres films comme Boys and Girls Together, qui montre la sexualité de plusieurs locataires d'une maison, en 1979. C'est d'ailleurs le premier film montrant deux homosexuels mâles faisant l'amour.

Malheureusement, il fallait bien une mauvaise nouvelle, même si la plupart des films sont gratuits, ils sont indisponibles quand on veut les voir à l'étranger. Un Brexit automatique.

Festival 2 Valenciennes 2017 : De toutes mes forces et The Young Lady raflent la mise

Posté par wyzman, le 19 mars 2017

Jour 4. Fictions. Au top de leur forme, les organisateurs du 7ème Festival 2 Valenciennes nous ont encore fait rêver hier, jour de la fameuse cérémonie de clôture. Après avoir trois jours centrés sur le cinéma documentaire, c'est avec un vrai plaisir que nous avons découvert leur sélection côté fiction. Et au cas où vous ne l'auriez pas compris plus tôt, nous avons été pleinement conquis. Entre petits films, petits bijoux et succès annoncés, les 8 films en compétition n'ont pas manqué de nous surprendre à tour de rôle.

Dernier film de la compétition, Une vie ailleurs d'Olivier Peyon n'a pas manque d'émouvoir les festivaliers. Centré sur la quête d'une femme, Sylvie, qui veut retrouver son fils, enlevé quatre ans plus tôt par son ex-mari, Une vie ailleurs a permis au public de voyager pendant 1h36. Parfaitement castés, Isabelle Carré et Ramzy Bedia font parfaitement le boulot. Après Les Petites vacances, Olivia Peyon signe un joli nouveau film en salles le 22 mars.

Par la suite, les organisateurs du Festival 2 Valenciennes ont eu la bonne idée de projeter Going to Brazil, nouvelle comédie déjantée de et avec Patrick Mille. Venu exprès pour l'occasion, le réalisateur a répondu aux questions du public avec humilité. Pour rappel, Going to Brazil raconte comme trois amies venues au Brésil pour le mariage d'une vieille copine finissent par tuer un jeune homme trop instant. Film de potes à voir entre potes, Going to Brazil devrait ravir tous les amoureux d'Alison Wheeler et de l'humour de Franck Gastambide.

Mais s'il y a bien une chose qu'il ne fallait pas manquer hier soir, c'est sans aucun doute la cérémonie de clôture. Toujours présentée par Nathalie Corré, cette cérémonie a été l'occasion de remercier les innombrables partenaires du festival, d'applaudir l'organisation de l'équipe technique et de rendre un bel hommage à Marthe Keller. Une actrice visiblement très appréciée des femmes de Valenciennes et dont l'accent ne cessera jamais de nous faire craquer ! Quant au palmarès, celui-ci s'est finalement réparti entre trois films, ceux dont nous avons beaucoup parlé ces derniers jours et à l'intérêt plus que certain : De toutes mes forces de Chad Chenouga, The Young Lady de William Oldroyd et Tunnel de Kim Seong-hun.

Grand Prix : The Young Lady

Prix du Jury : Tunnel

Prix de la Critique : De toutes mes forces

Prix du Public : Tunnel

Prix des Etudiants : De toutes mes forces

Prix d'interprétation masculine : Khaled Alouach (De toutes mes forces)

Prix d’interprétation féminine : Florence Pugh (The Young Lady)

Cannes 70: 70 ans de fashion faux pas

Posté par cannes70, le 18 mars 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-61.

Le festival de Cannes a toujours fait rêver le commun des mortels avec ses strass, ses paillettes et ses stars magnifiques. Mais c'est comme tout : rien n'est parfait, et le festival a connu, connaît et connaîtra (pour le plus grand bien de notre plume et de notre quotidien) des fashion faux pas! Retour sur les fautes de goût les plus drôles et à éviter pour vos soirées (sauf si vous avez l'ambition de rentrer célibataire, auquel cas suivez le guide).

1953: Le peintre Pablo Picasso foule les marches du célèbre festival avec une veste qui rappelle papy, le dimanche devant la cheminée fumant sa pipe, aux côtés de sa femme qui a clairement confondu son dressing avec sa nappe.

1988: La Cicciolina débarque seins nus et parties intimes à peines voilées sur les marches. Aurait-elle confondu le podium des anges de Victoria's secret avec la croisette?

1991: Madonna tente de créer le buzz (ou ne s'est pas bien réveillée dans son hôtel 5 étoiles) en arrivant en dessous sur le tapis rouge. Venue présenter In Bed With Madonna (y aurait-il un lien?), un documentaire retraçant sa tournée, la madone a monté les marches avec une brassière iconique signé Jean-Paul Gaultier et une culotte taille haute à faire trembler Bridget Jones. Pour le buzz, c'est fait mais pour le goût... NON !

1995: Sharon Stone se veut princesse et déboule sur le red carpet avec une robe tellement bouffante qu'elle aurait pu camoufler tous les photographes de la croisette en dessous. Quoique les petits flasheurs professionnels auraient pu repartir avec des sacrés clichés.

1997: Luc Besson et Milla Jovovitch ont fait sensation sur le tapis rouge... enfin presque! La tenue de Mila faisait davantage penser à Halloween qu'à la fête du septième art et la belle aux yeux revolver aurait pu être confondue avec la Princesse Leia dans sa tenue d'esclave. Ce qui ferait de Luc Besson Jabba The Hutt ? (#réflexionpurementpersonnelle)

1997: La même année, Roman Polanski et son costume trop grand pour lui ont capté l'audience (il aurait pu prêter sa veste à Mila, c'était pile poil sa taille, à la demoiselle). Mr Polanski est tout de même excusable... après tour il est très difficile de s'habiller quand nous avons le diamètre corporel d'un télétubbies.

1998: L'équipe du film Taxi monte les marches tandis que nos yeux se posent instantanément sur Marion Cotillard vêtue d'une tenue blanche fantomatique et d'une écharpe plumeau qui nous a coupé la vue. Oui, la môme a eu une vie de fashion faux pas avant le glamour qu'on lui connaît désormais. Comme quoi de kebab fashion à Oscar fashion, il n'y a qu'un pas.

2001: La robe acidulée de Björk, qui faisait penser à un malabar recraché sur la croisette, a marqué cette année. Et comme un fashion faux pas n'arrive jamais seul, la belle chanteuse primée la même année pour Dancer in the Dark a continué dans le massacre visuel avec sa robe cygne (ou comment affoler un membre de la wwf myope) composée du corps d'un faux cygne et repris plus tard en moquerie dans certaines émissions américaines. Ils ont raison, mieux vaut en rire !

2005: Loana (nous ne savons toujours pas à l'heure actuelle pourquoi elle était à Cannes) monte les célèbres marches du palais avec un tissu transparent et des talons qui faisaient penser à l'époque Spice Girls mais version Journal du Hard sur Canal + les dimanches, et en crypté (faites pas genre, nous savons que vous connaissez). Pour le glamour et la classe, nous repasserons!

2015: Viann Zhang et sa robe à fleurs sponsorisée par Jardiland à attaqué nos rétines tel un gang de moustiques un soir d'été. Si nous avions un arrosoir dans nos bagages, nous l'aurions clairement utilisé sur l'actrice asiatique de The Empress of China.

2015: La même année, l'actrice humoristique Mindy Kaling est arrivée en robe rose et violette façon Bollywood, et c'est raté! Nous avons eu plus envie de la rhabiller que de lui offrir un poulet tandoori !

2015: Encore cette année (franchement, quel cru !), ce fut au tour de la mannequin et présentatrice tv d'origine russe, Elena Lenina, de lancer un sacrilège visuel au festival de Cannes. La blonde a défié la loi de Newton sur la gravité avec une coupe de cheveux phallique et extra-terrestre accompagnée d'une robe drapée façon nappes de restaurant sans chef étoilé. Nous aurions pu faire pouet-pouet sur sa tête mais nous avons préféré détourner vite le regard.

Pour les 70 ans du festival, on espère que les stars des marches nous réservent quelques cadeaux... du plus mauvais goût. Car sans ses fashion faux pas qui mettent si bien en valeur l'élégance des autres stars, Cannes ne serait paradoxalement pas si glamour.

Cynthia Hamani d'Ecran Noir

Festival 2 Valenciennes 2017 : Tunnel explose, 7 minuti rayonne

Posté par wyzman, le 18 mars 2017

Jour 3. Fictions. Alors que le public tentait encore de se remettre de Mauvaises herbes, énorme bombe comique projetée le deuxième jour, les organisateurs et programmateurs du F2V ont choisi de tout donner le lendemain. Animations, séances spéciales, hommages et questions-réponses, le vendredi 17 mars 2017 est un jour que les festivaliers n'oublieront pas.

La raison ? Elle est simple. En concentrant sur ce jour tout ce qui fait la richesse et la diversité du festival, les organisateurs ont réussi à élever encore un peu plus le niveau de la compétition coté Fictions. Ainsi, rares sont ceux qui n'ont pas été abasourdis devant les péripéties du protagonistes de Tunnel de Kim Seong-hun, véritable génie sud-coréen. Enseveli sous un tunnel,  un homme voit peu à peu ses chances d'être secouru s'envoler. Et sous ses faux airs de 127 heures survitaminé, Tunnel s'offre le luxe de proposer une critique à la fois cocasse et pertinente de la vie médiatique du pays. En alternant pointes d'humour et désarroi le plus total, Kim Seong-hun parvient à réaliser le survival movie le plus efficace de l'année.

Après ça, le Wilson de Craig Johnson avait tout d'une petite pépite acidulée. Objet typiquement "cinéma indépendant américain", Wilson raconte comment un misanthrope tente de reconstituer sa famille, en retrouvant son ex-femme et leur fille dont il ignorait l'existence pendant 17 ans. Drôle et impertinent, Wilson est l'adaptation d'un comics très populaire outre-Atlantique. Véritable bouffée d'air frais, Wilson est tout ce dont n'importe quel festivalier avait besoin hier, après avoir vu Tunnel.

Mais s'il y a bien un film dont on risque de parler un moment - et de retrouver au palmarès du Festival 2 Valeniennes 2017 -, c'est bien évidemment 7 minuti de Michele Placido. Co-production italo-franco-suisse, 7 miinuti raconte comment onze déléguées du personnel doivent décider de l'avenir de leur usine de textile italienne après qu'elle a été rachetée par un grand groupe français. Film social, 7 minuti est avant tout (et surtout) un grand film, un de ceux qui marquent tant sa tension dramatique est savamment exploitée. Doté d'un casting d'actrices toutes plus incroyables les unes que les autres, 7 minuti sortira en juin dans nos salles. Un conseil : ne le manquez sous aucun prétexte !