Le British Film Institute s’encanaille avec une collection érotique

Posté par vincy, le 19 mars 2017

Le vénérable British Film Institute a décidé depuis quelques semaines de vous chauffer les hormones. En effet, le BFI a mis en ligne une vingtaine de films érotiques anglais, tous réunis dans la collection "The Pleasure Principle". Ces films couvrent la période allant de 1896 au début du XXIè siècle, et ont été numérisés, dans le cadre du programme Britan on Film Project qui prévoit la numérisation de 10000 films archivés tous genres confondus.

Une femme nue batifolant dans  la mer, une autre plus distinguée s'amusant avec ses jupons, une princesse grecque et son esclave serbe, un documentaire sur les stripteaseuses de Soho, une comédienne (Fiona Richmond) répondant à une interview de 9 minutes entièrement nue et même un film d'animation où l'on fantasme sur les seins. L'érotisme est avant tout féminin. La plupart de ces films étaient diffusés dans les clubs anglais réservés aux hommes.

Le BFI souhaitait rendre ces films disponibles: "Nous voulons retracer l'histoire de ces films souvent interdits. C'est un voyage social et culturel à travers le XXe siècle, avec des œuvres qui ont souvent gêné les gens" explique le conservateur de l'institut Vic Pratt dans le Guardian.

Le plan de numérisation prévoit d'autres films comme Boys and Girls Together, qui montre la sexualité de plusieurs locataires d'une maison, en 1979. C'est d'ailleurs le premier film montrant deux homosexuels mâles faisant l'amour.

Malheureusement, il fallait bien une mauvaise nouvelle, même si la plupart des films sont gratuits, ils sont indisponibles quand on veut les voir à l'étranger. Un Brexit automatique.

Cannes 2015 : retrouvailles avec Gaspar Noé et sa « dimension organique de l’état amoureux »

Posté par kristofy, le 19 mai 2015


Cher Gaspar (sans d),

Vous êtes déjà venu plusieurs fois à Cannes, en fait presque à chaque fois que vous aviez réussi à finir un film. On pourrait penser que vous êtes un enfant du Festival de Cannes, mais vous êtes aussi en même temps une sorte de patron. A la première annonce des films retenus en sélection officielle, la principale question était bien: " Love de Gaspar Noé ?", comme s'il était évident que vous seriez parmi nous cette année.
Cannes a beau jeu d’équilibrer sa sélection entre habitués et nouveaux, s'il y a bien un réalisateur que l’on attend de voir sur la Croisette c’est évidement vous (et la confirmation de votre sélection a été annoncée quelques jours plus tard).

Tout vos films ont d’abord été découvert à Cannes. Ils étaient tellement inattendus que le nouveau est maintenant devenu très attendu. Carne en 1991 et Seul contre tous en 1998 (Semaine de la Critique), le controversé Irreversible en 2002 (en compétition officielle), Enter the Void en 2009 (en compétition officielle), 7 jours à la Havane-Ritual en 2012 (à Un Certain Regard, aux côtés de sept réalisateurs différents). On n’oublie pas non plus La bouche de Jean-Pierre avec Lucile Hadzihalilovic en 1996 (à Un Certain Regard) ni les courts-métrages - We Fuck Alone (dans Destricted, Semaine de la Critique dont il a été le parrain) ou comme 8 (sur le thème du sida).

Un malentendu subsiste depuis la projection à minuit de Irreversible, malentendu pas dissipé avec Enter the void: vous seriez un réalisateur sulfureux qui fait des films violents et presque pornographiques. Il s’agit avant tout d’histoires d’amour qui meurent, des films pessimistes, désenchantés, formellement intrigants mais volontiers provocateurs (n'hésitant pas à être politiquement incorrects). Certains vous haïssent, ou rejettent, d'autres vous adorent. La passion selon Noé: vous ne laissez pas indifférent. Et c’est encore le cas de votre nouveau film où l’amour dégouline même du titre : Love.  "Au cours d'une longue journée pluvieuse, Murphy va se retrouver seul dans son appartement à se remémorer sa plus grande histoire d'amour, deux ans avec Electra. Une passion contenant toutes sortes de promesses, de jeux, d'excès et d'erreurs..." Les affiches annoncent du sexe, du sperme, des seins, un gland. Bref ce que l'on peut voir sur Tumblr, mais cela choque-t-il encore? Lars Von trier a aussi introduit la pornographie dans films. Le lesbianisme a envahit les publicités de marque de luxe. Quant au triolisme, de Korine à Bertolucci, ce n'est plus très neuf.

On devine qu’aujourd’hui la projection en 3D à minuit hors-compétition risque de ne pas faire bander Cannes: certains journalistes dorment déjà à la projection de 19 heures, d'autres festoient sur les plages. Il est loin le temps où un Noé annonçait un peu de frisson et de sensations dans les discussion.

Alors vous avez publié une note d'intention pour bien expliquer votre démarche: "Pendant des années, j'ai rêvé de faire un film qui reproduise au mieux la passion amoureuse d'un jeune couple dans tous ses excès physiques et émotionnels. Une sorte d'amour fou, comme la quintessence de ce que mes amis ou moi-même avons pu vivre. Un mélodrame contemporain qui intègre de multiples scènes d'amour, et dépasse le clivage ridicule qui fait qu'un film normal ne doit pas montrer des séquences trop érotiques alors que tout le monde adore faire l'amour. Je voulais filmer ce que le cinéma peut rarement se permettre, pour des raisons commerciales ou légales, c'est- à- dire filmer la dimension organique de l'état amoureux. Pourtant, dans la plupart des cas, c'est là que réside l'essence même de l'attraction à l'intérieur d' un couple. Le parti-pris était donc de montrer une passion intense sous un jour naturel, donc animal, ludique, jouissif et lacrymal. Contrairement à mes projets précédents, pour une fois, il n'est question que de violence sentimentale et d'extase amoureuse."

Cannes 2012 : Qui est Koji Wakamatsu ?

Posté par MpM, le 25 mai 2012

La vie de Koji Wakamatsu mériterait un film à elle seule : tour à tour yakuza, réalisateur de films érotiques (les fameux pinku eiga japonais) et cinéaste politique radical encensé dans les festivals internationaux, cet artiste japonais né en 1936 a à son actif plus d’une centaine de films… et quelques démêlés avec la justice du fait de sa sympathie pour l’extrême gauche japonaise et la cause palestinienne.

Son cinéma porte logiquement la marque d’un tel engagement, et s’avère parcouru par la question de la domination, qu’elle soit sociale, sexuelle ou étatique. On trouve en effet dans ses films des personnages humiliés, violés, séquestrés ou encore torturés, à l’image de la jeune femme de Quand l’embryon part braconner, qui devient l’esclave sexuelle de son supérieur hiérarchique.

Dès ses débuts, le jeune cinéaste utilise ainsi le prétexte du pinku eiga pour aborder les thèmes qui lui sont chers comme l’impuissance de l’individu, la déliquescence de la société ou la perversion du pouvoir. Au milieu des années 60, il fonde sa propre maison de production et s’abstrait du cinéma pink pour se concentrer sur des films d’avant-garde, tournés sans moyens, dans l’urgence, et dans une radicalité furieuse. C’est de cette époque que datent notamment Les anges violés (qui suit un homme passant du statut de voyeur impuissant à celui de meurtrier féroce) et Sex Jack (racontant comment un groupe d’étudiants révolutionnaires contraints à la réclusion tuent le temps en fumant, en buvant et en faisant l’amour), tous deux présentés à la Quinzaine des Réalisateurs en 1971.

En 1972, Koji Wakamatsu réalise L’extase des anges, un brûlot anti-système sur la faction armée d'un groupe révolutionnaire qui sombre dans le terrorisme individuel. Le film lui vaut d’être inquiété par la police, qui le soupçonne d’autant plus d’intentions terroristes qu’éclatent peu après les excès réels d’un groupe de jeunes révolutionnaires impliqués dans une prise d’otages sanglante. Ces événements, qui signèrent la fin de l’extrême gauche japonaise, sont d’ailleurs à l’origine de l’un des films les plus célèbres de Wakamatsu, United Red Army, réalisé 25 ans plus tard.

Peu à peu, le cinéaste tourne moins. Il s’oriente vers des œuvres que lui-même qualifie de "plus commerciales" et "moins érotiques", même s’il revendique toujours leur aspect politique.

Après la présentation d’United Red Army à Venise en 2008, qui marque son retour au plan international, Koji Wakamatsu tourne Le soldat Dieu, l’histoire d’un soldat de la deuxième guerre mondiale qui rentre chez lui après avoir perdu ses deux bras et ses deux jambes. Incapable de bouger ou même de s’exprimer, il est une charge permanente pour sa femme, contrainte de s’occuper de lui avec l’abnégation et l’humilité due à un héros de cette trempe...  Le film est présenté à Berlin, où il vaut un Ours d'Argent de la meilleure actrice à son interprète Shinobu Terajima. Il prouve surtout que Wakamatsu n’a pas perdu la main lorsqu’il s’agit de dénoncer les absurdités de la société japonaise et de mettre à mal les fondements du système. On est d’autant plus impatient de découvrir son nouveau brûlot, 11.25 the day he chose his own fate, inspiré des derniers jours de la vie de l'écrivain japonais Yukio Mishima, et présenté dans la section Un certain Regard.

Emmanuelle revient, en 3D

Posté par vincy, le 6 juin 2009

emmanuelle-sk.jpgL'héroïne érotique des années 70, Emmanuelle (Sylvia Kristel) va revenir sur grand écran et en 3D. Le producteur Alain Siritzky, qui détient tous les droits du roman d'Emmanuelle Arsan, vient de lancer la production d'un épisode qui précède les aventures originales de la demoiselle nymphomane. Plus porté sur la romance que sur la sexualité, le film n'a plus qu'à trouver son égérie. Le producteur envisage de sélectionner plusieurs jeunes filles et de les faire venir au Festival de Cannes 2010, où il annoncera le nom de l'heureuse élue. Ringard, vous avez dit ringard?