G.A.L. : un film ambitieux mais raté

Posté par geoffroy, le 6 mai 2008, dans Critiques.

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Sortie le 7 mai

Synopsis : Espagne, années 80 : le pays est meurtri quotidiennement par les attentats de l'ETA, mouvement séparatiste basque, auxquels répond la violence du GAL, Groupe Antiterroriste de Libération. Manuel Mallo et Marta Castillo, journalistes d'un quotidien national, sont contactés par une taupe qui dit pouvoir leur amener la preuve des liens unissant le GAL à de hauts responsables du gouvernement espagnol. De quoi provoquer le scandale du siècle, à condition d'être prêt à risquer sa vie pour l'info... (in DP)
Critique : Entreprise courageuse. Film raté ! En voulant brasser une décennie de lutte armée dans l’Espagne post franquiste afin d’y dénoncer les responsabilités d’un gouvernement légitimant les méthodes expéditives du GAL, le cinéaste Miguel Courtois s’empêtre dans la surdémonstration et nous livre un film indigeste. Enquête journalistique brouillonne, imbroglio politique pour le moins flou, revendication indépendantiste peu ou mal contextualisée et scènes de violence chorégraphiées à la Borsalino. Dans ce GAL à la mise en scène de télé, l’encrage scénaristique brille par son instabilité et donc sa superficialité. Point de salut pour un film qui aurait du choisir sa mise en abîme : politique, évènementielle ou journalistique. Trop, c’est trop et contrairement à l’affirmation du producteur Melchor Miralles, le but du cinéma n’est ni de se rapprocher d’une réalité qui « dépasse de 100 fois la fiction », ni de sous tendre implicitement vers ce constat amer.

Il faut, au contraire, recréer les conditions narratives et scéniques susceptibles de capter l’attention d’un public aussi versatile, qu’exigeant. Enchaîner les crimes, les explosions et les pressions en tout genre dans un montage haché remplit de flash-back n’aide pas à clarifier le propos du cinéaste. Pire, cette « déconstruction » narrative dessert l’enquête journalistique. C’est simple, plus les journalistes avancent moins nous sommes attentifs à la machination d’Etat. L’aspect immersif d’une enquête difficile, périlleuse et politiquement fondamental dans un pays démocratique devient caduc par manque de cohérence et de ligne scénaristique claire. Le réalisateur a donc recours aux tics les plus démonstratifs, les évènements bouffant littéralement la progression de ce qui deviendra le plus grand scandale en Espagne.

Si la démarche, rappelons le, est sans doute nécessaire, sa mise en application reste trop imparfaite dans son traitement pour emporter l’adhésion.

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