Black Death en DVD : rencontre avec le réalisateur Christopher Smith

Posté par kristofy, le 12 avril 2011, dans Dinard, Films, Personnalités, célébrités, stars.

Le film Black Death resté inédit au cinéma est maintenant disponible en dvd et en blu-ray depuis début avril. Cette sortie est accompagnée d’un visuel publicitaire sur lequel figure une critique (venant du magazine Mad Movies) qui en fait l’éloge suivante : "une épopée barbare, une symphonie sombre et cruelle, un chef d’oeuvre".

Black Death : Angleterre, 1348. Alors qu’une épidémie de peste bubonique ravage le pays, Osmund, un jeune moine, reçoit la mission d’accompagner un groupe de chevaliers mené par le redoutable Ulric pour enquêter sur d’étranges phénomènes se produisant dans un petit village reculé. Il semblerait en effet qu’en ce lieu les morts reviennent à la vie…

Il s’agit en fait du quatrième film de Christopher Smith, le réalisateur le plus passionnant issu de la vague ‘horror made in UK’ (Creep, The Descent, Wilderness, Isolation…). Il était venu présenter en avant-première Black Death lors du festival britannique de Dinard (en octobre 2010), l’occasion de le revoir et de l’interviewer.

EcranNoir.fr : Avant de parler de Black Death revenons un instant sur votre film précédent qu’on avait déjà découvert à Dinard en 2009 : comment se fait-il que Triangle ne soit pas encore sorti en France ?

Christopher Smith : Je ne sais vraiment pas pourquoi Triangle n’est pas sorti en France, je crois qu’il va arriver début 2011. De tout les pays du monde, je pensais que la France serait le premier pays à vouloir l’acheter pour le distribuer ! Je pense que c’est une question économique, Triangle était un film plus cher à  acheter que mes films d’avant (Creep, Severance), je pense que les distributeurs voulaient payer l’ancien tarif et pas celui proposé, c’est juste une histoire d’argent. C’est la récession je suppose, maintenant il y a un distributeur (NDA : en fait sortie directe en dvd été 2011). Je pense que Triangle est un film très  intéressant, pas un film étrange.

EN : Black Death est une nouvelle étape dans votre carrière : alors que c’est vous-même qui aviez écrit vos autres films, là pour la première fois vous n’êtes pas à l’origine du script. Pourquoi vous être impliqué dans ce projet ?

CS : Je n’ai pas écris le script, on me l’a proposé, mais j’avais la main sur absolument tous les aspects créatifs qui donnent la forme du film. La première version du scénario que j’ai lue était en fait assez similaire pour la première moitié du film tel que vous le voyez. J’ai travaillé avec le scénariste pour réécrire toute la deuxième moitié de l’histoire en fait. Le film traite beaucoup de fondamentalisme, de religion, et de la façon dont on se sert de la religion. Bien que je n’ai pas écrit ce script, je me le suis approprié pour en faire ce que je voulais comme si j’étais le scénariste.

EN : Est-ce que certains films comme Le nom de la rose de Jean-Jacques Annaud ou Aguirre la colère de Dieu de Werner Herzog vous ont influencé ?

CS : J’avais quelques références en tête, c’est bien vu pour Aguirre la colère de Dieu qui était une référence majeure effectivement. Il y avait Le nom de la rose et quelques autres films comme par exemple Le septième sceau et La source de Ingmar Bergman. A un moment dans le film, quand Sean Bean tue la femme accusée de sorcellerie, c’est cruel, la scène d’après il explique pourquoi et on comprend que c’est juste. C’est un exemple de comment cette époque était trouble, comme la notion du bien et du mal selon les points de vue. Je voulais une expédition avec comme un sentiment à la Apocalypse now, c’est en quelque sorte un voyage vers l’enfer aux frontières de la raison.

EN : Quelle différence faites-vous entre religion et superstition ?

CS : A cette époque médiévale en Europe le fondamentalisme était très fort et les faits de la religion très établis, les dogmes étaient indiscutables. Comme on le voit dans le film on se soumettait aux règles de la religion. Soit vous étiez un croyant à 100%, soit vous étiez en dehors de la religion. Parce que l’épidémie de peste terrorisait tellement tout le monde cela éloignait les gens des églises. Le prêtre disait que si vous n’alliez pas à la messe vous seriez atteint par la peste, et que si vous reveniez à l’église vous pourriez être épargné. Les dignitaires catholiques qui avaient une influence politique étaient préoccupés par la perspective de perdre le contrôle du peuple, et de perdre des fidèles qui n’auraient plus la foi. La peste catalysait une vraie crise qui pouvait menacer le christianisme, le peuple pouvait se tourner vers le paganisme. Le film montre un combat qui oppose chrétiens et païens. Il n’était pas vraiment question de superstition, mais d’avoir la foi en Dieu et dans le diable ou pas. Le film n’est pas blasphématoire et n’est certainement pas anti-christianisme, il a une position très prudente. Son histoire évoque différents thèmes, dont celui d’hommes qui explorent la religion. On y voit la façon dont certaines personnes exploitent des croyances pour les détourner selon le bénéfice qu’ils veulent en retirer. La religion peut être un outil de pouvoir politique.

EN : Dans Black Death vous dirigez devant la caméra un casting prestigieux avec notamment Sean Bean, Carice Van Houten, Eddie Redmayne et une poignée d’autres stars avec beaucoup de petits rôles et des figurants. Quel changement par rapport à vos autres films qui comptaient moins d’acteurs ?

CS : C’est vrai que de tout mes comédiens Sean Bean est celui qui est le plus connu et qui a la carrière la plus importante. En Angleterre Sean Bean ne peut pas marcher dans la rue sans être reconnu. Sur le plateau, il n’est pas question de hiérarchie entre acteurs très connus et d’acteurs moins importants, ils sont tous pareils et d’ailleurs ça facilite beaucoup les choses. L’avantage avec un acteur comme Sean Bean c’est que souvent la première prise est bonne, et après on fait des ajustements. On va dire que j’avais environ sept personnages principaux, c’est plus que mes films d’avant mais j’aime travailler avec un ensemble. Dans un groupe de comédiens il y a comme une sorte d’émulation naturelle pour donner le meilleur, ils sont très conscients des autres partenaires, et tout le monde veut que l’ensemble se dépasse. Aussi le fait de diriger plus d’acteurs en même temps ça fait qu’ils ont chacun un peu moins de temps en particulier avec moi le réalisateur qui met en scène, et ce temps à partager est mis à profit de leur côté pour leur performance. C’était une belle expérience pour moi de travailler avec autant de comédiens, car vu que tout le monde était bon ça me permettait d’être moins derrière eux et de me concentrer plus sur autre chose par rapport aux plans à tourner.

EN : Durant le tournage avez-vous prévu quelque chose de spécial pour un bonus dvd ?

CS : Pour le dvd il y aura un très bon making-of, je ne l’ai pas encore vu,  qui a été filmé avec nous pendant qu’on faisait le film. Je ne voulais pas d’un making-of banal comme certains bonus américains de promotion avec des acteurs qui parlent de leurs personnages assis sur une chaise. Le making-of de Black Death devrait vraiment montrer l’équipe ensemble lors du tournage. Il y aura je pense quelques scènes en plus que nous avons dû couper du montage et je ne sais pas trop quoi encore, on verra.

Black Death, disponible maintenant en dvd et blu-ray, édité par Seven Sept.

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