La compétition fiction du festival Cinélatino comportait cette année neuf premiers films (sur 14 sélectionnés) venus d'Argentine, du Brésil, du Mexique et du Chili. Un bel aperçu de la toute jeune création sud-américaine qui confirme le dynamisme et la diversité de ce grand continent cinématographique.
Retour, film par film, sur ces coups d'essai de la nouvelle garde latino-américaine.
De juaves a domingo de Dominga Sotomayor (Chili) est un road movie familial au Chili. A travers le regard de la petite fille, on découvre que les parents sont en train de se séparer. Les aléas du voyage restent malgré tout très anecdotiques, sans éclats ni passion.
Un mondo secreto de Gabriel Mariño (Mexique) nous emmène également sur les routes, aux côtés d'une adolescente solitaire et mal dans sa peau qui ne parvient à communiquer qu'à travers le cahier où elle dessine et écrit des lettres pour elle-même. Un récit initiatique délié fait de rencontres et de situations à la fois cocasses et sensibles.
El lenguaje de los machetes de Kyzza Terrazas (Mexique) s'intéresse à un jeune couple radical. Elle chante dans un groupe punk, il travaille pour une ONG. Entre drogues et soirées arrosées, ils ont des idéaux sociaux et un goût certain pour l'anticonformisme. Mais à l'heure de passer à l'action, ils suivent des chemins différents. Un film punk qui peine malheureusement à entraîner le spectateur dans son énergie revendicatrice.
Sudoeste de Eduardo Nunes (Brésil) est un conte onirique sur la condition féminine dans un coin perdu du Brésil. Entre naturalisme et magie noire, l'intrigue repose principalement sur une forte ambition esthétique et philosophique, quitte à laisser une grande part d'interprétation au spectateur qui accroche... ou pas.
El estudiant de Santiago Mitre (Argentine) plonge le spectateur dans les méandres des combats fratricides de syndicats étudiants à l'université de Buenos Aires. On y suit l'ascension de Roque, le naïf de service, qui découvre un microcosme obsédé par le pouvoir. Dans la plus pure veine de films politiques comme L'exercice de l'état ou Les marches du pouvoir, la dimension teenager en plus.
La destruccion del orden vigente d'Alejo Franzetti (Argentine) est une enquête énigmatique sur la mort d'un jeune homme impliqué dans divers groupuscules radicaux. L'ordre établi n'y est pas tant menacé que l'équilibre du spectateur, balloté, voire complétement largué, par les rebondissements complexes d'une intrigue assez désordonnée.
Al cielo de Diego Prado (Argentine) est une chronique adolescente tout en retenue qui accompagne un jeune homme, Andrès, dans un moment clef de son existence. Chamboulé par la mort violente de son chanteur préféré, il est l'objet perpétuel de la sollicitude inquiète des adultes qui l'imaginent forcément suicidaire ou drogué, quand lui ne pense qu'à trouver sa propre voie dans la vie.
El ultimo Elvis d'Armando Bo (Argentine) a quelque chose du Wrestler de Darren Aronofsky dans sa manière de suivre un personnage atypique prêt à aller jusqu'au bout de ses convictions. En l'occurrence, un sosie d'Elvis Presley qui a totalement endossé la personnalité de son idole, quitte à négliger sa famille. Un portrait sincère, entre humour et tendresse.
Des histoires qui n'existent que lorsqu'on s'en souvient de Julia Murat (Brésil) nous conduit au fin fond du Brésil, dans un village perdu où le temps s'est arrêté depuis longtemps. La petite communauté ne compte plus qu'une poignée de vieillards pour qui chaque journée est rigoureusement identique. Jusqu'au jour où une touriste vient troubler cette existence que même la mort avait épargnée. Une histoire de rencontre sensible et tout en délicatesse.