Cinélatino fait la part belle aux documentaires

Posté par Morgane, le 24 mars 2017

Au 29e Cinélatino de Toulouse, sept documentaires sont en compétition, quatorze dans la section Découvertes et d'autres dans les différents focus du festival...

J'ai eu l'occasion d'en découvrir quelques-uns, avec des sujets très variés et une manière de les aborder et de les filmer tout aussi différente.

Il y aura tout le monde. Ce documentaire de 2008 est réalisé par la colombienne Maria Isabel Ospina. Elle se penche sur sa famille et à travers elle, plus largement, sur la société colombienne en général. Le libéralisme à outrance et la violence qui en découle ont fait éclater de nombreuses familles colombiennes dont beaucoup de membres se voient condamner à l'exil pour s'en sortir. Là où plusieurs générations vivaient encore ensemble, ou en tout cas à proximité, les familles se retrouvent éparpillées. Dans celle de la réalisatrice, certains sont partis aux États-Unis, que ce soit à Los Angeles ou à Miami, d'autres se sont installés en Europe comme ellecas qui vit en France depuis 2000. Quant à ceux qui sont restés, le quotidien est très difficile. Dur de joindre les deux bouts, chacun essaie de se débrouiller comme il peut. Ils tentent donc de se réunir de temps à autre avec les "exilés" mais tous ne peuvent pas revenir avec ce constat amer "qu'il n'y aura plus jamais tout le monde." On sent les cœurs serrés, les larmes aux yeux qui parfois ne se retiennent pas de couler. Maria Isabel Ospina promène sa caméra avec elle au sein de sa famille, de manière touchante mais sans aucun pathos, se demandant en toile de fond comment les liens d'une famille peuvent subsister à un tel éclatement.

Rios de la patria grande. Ici on retourne quelques années en arrière dans les pas du cinéaste bolivien Humberto Rios installé en Argentine en 1960 puis exilé au Mexique pendant la dictature. Cinéaste militant, "El Negro" comme on l'appelle alors, il devient une des figures phares du cinéma social de l'Amérique latine. Le parti pris artistique du film est parfois déroutant et assez confus mais le propos reste intéressant.

Sexo, pregaçoes e politica. On traverse la frontière pour se retrouver au Brésil. Aude Chevalier-Beaumel est française mais vit au Brésil depuis 10 ans. Elle a travaillé avec Michael Gimenez à plusieurs reprises et c'est ici leur première co-réalisation. Ils sont partis de la mort de Jandira, jeune femme dont le corps a été retrouvé calciné alors qu'elle était partie se faire avorter dans une clinique clandestine. Rappelons qu'au Brésil l'avortement est strictement interdit sauf dans les cas de viol, d'anencéphalie ou de danger mortel pour la mère, sachant qu'avec la présence de plus en plus grande des évangélistes au sein du Parlement, l'avortement en cas de viol est désormais remis en question. Les deux réalisateurs ont donc pris comme point de départ cette question qui a tué Jandira?. Ils ont interviewé un grand nombre de personnalités cumulant les fonctions de député et pasteur ainsi qu'un député à l'opposé du cercle politique, pro-LGBT et lui-même homosexuel, et des femmes activistes et engagées dans des associations féministes se battant notamment pour le droit à l'avortement. Que dire de ce documentaire à part que les propos tenus sont tout simplement hallucinants. Tellement hallucinants que s'il s'agissait d'une fiction, on n'y croirait pas. Quant à la forme du documentaire, elle reste plutôt classique mais efficace et didactique. Le film produit au Brésil sera donc diffusé à la télévision brésilienne. Les réalisateurs présents à l'issue de la projection nous expliquent qu'ils n'ont eu aucune difficulté à rencontrer ces évangélistes (politiques ou non) et à recueillir leurs discours et leur parole très libérée. Ce sont des personnes qui ont l'habitude au Brésil d'être sur le devant de la scène, qui touchent des milliers de personnes, engrangent des sommes astronomiques et au final, même si ici le film est clairement orienté contre eux, cela leur fait de la publicité. On ressort de la salle quelque peu sonné et convaincu qu'en ce qui concerne le droit des femmes il est certain que même en 2017 rien n'est vraiment acquis, malheureusement.

Guatemala: cuando el futuro perdio el miedo. On remonte en Amérique centrale pour s'arrêter au Guatemala. Là encore, c'est un film coup de poing sur l'histoire guatémaltèque. En 1h30, Jordi Ferrer survole plus d'un siècle d'histoire. Alors, bien sûr, d'aucuns trouveront justement qu'il survole trop rapidement certains points qui mériteraient de s'y arrêter bien plus longuement, mais le réalisateur dresse ici de manière très intéressante la toile de fond d'un petit pays à l'histoire fort tourmentée. Un film instructif, émouvant mais sans pathos (et pourtant vu les crimes de guerre perpétrés dans les années 80, la frontière aurait pu facilement être franchie) qui dépeint le portrait d'un pays dont les communautés indigènes ont énormément souffert (et là c'est un euphémisme) et qui offre aujourd'hui encore le visage d'un pays malade se son extrême violence et de sa corruption à tous les échelons ou presque.

Jerico, el infinito vuelo de los dias. Suite à ces documentaires sombres et difficiles sur une Amérique latine à l'histoire si souvent tourmentée, le documentaire sur Jerico de la réalisatrice Catalina Mesa fait souffler une petite brise fraîche et colorée sur Cinélatino. Partie là-bas pour faire le portrait de sa grande-tante, la réalisatrice a finalement recueilli la parole d'une génération de femmes. Personnages pleins d'humour et hauts en couleur,  ces femmes discutent entre elles, souvent à deux, et Catalina Mesa les observe avec sa caméra tout en discrétion. Elles se remémorent leurs histoires d'amour, leurs peines de coeur, leurs rêves accomplis, leurs regrets, leurs tristesses mais surtout leurs espoirs. Dans ce village tout en pente aux façades colorées magnifiques, la réalisatrice filme ces femmes de très belle manière avec une grande pudeur et beaucoup de poésie. Les mains travaillent, les langues se délient en même temps, les rires éclatent et les larmes coulent parfois. On rit avec elles, notamment avec Chila et son franc-parler ou avec Luz qui prie les Saints mais les gronde aussi pour qu'ils l'écoutent mieux!. Et en sortant de la salle on rêve juste d'aller passer quelque temps dans ce village colombien perdu au coeur de la Vallée du café... La réalisatrice, présente lors de la projection, dit avoir voulu montrer un autre visage de la Colombie. "Certes, il faut regarder la part d'ombre pour la changer, mais il ne faut pas regarder que ça." (pour en savoir plus sur le film et son parcours, rendez-vous sur ce blog)/

Cannes 2016: les prétendants américains

Posté par vincy, le 4 mars 2016

michael fassbender alicia vikander

Première liste des prétendants pour le Festival de Cannes 2016. A moins de deux mois du Festival, faisons un point sur les films qui pourraient être sur la Croisette. Certains ne sont pas prêts (Snowden et Silence notamment ; quant à Reygadas ce sera pour 2017), d'autres vont hésiter entre un positionnement cannois et un lancement pré-Oscar à Telluride ou Toronto (Sully par exemple). Le contingent nord et sud américain reste impressionnant malgré tout. Entre la sélection officielle (Compétition, Hors compétition, où il y a un sérieux embouteillage, et Un certain regard) et les sections parallèles (Quinzaine des réalisateurs, Semaine de la critique), il y a de la place pour se partager grandes signatures et talents émergents. Et puis il en manque forcément dans les radars: des films qu'on ne croit pas prêts ou des surprises surgies de nulle part, comme chaque année.

- Madly, de Gael García Bernal et Anurag Kashyap, avec Radhika Apte et Kathryn Beck (présenté à Tribeca)
- El Rey del Once, de Daniel Burman, avec Dan Breitman, Elisa Carricajo et Elvira Onetto
- Christine, d'Antonio Campos, avec David Alexander et Bernie Ask
- Las tinieblas (Darkness) de Daniel Castro Zimbron, avec Brontis Jodorowsky
- La La Land, de Damien Chazelle avec Emma Stone et Ryan Gosling
- Une vie entre deux océans (The Light Between Oceans), de Derek Cianfrance, avec Alicia Vikander, Michael Fassbender et Rachel Weisz
- O Grande Circo Místico, de Carlos Diegues, avec Vincent Cassel, Jesuíta Barbosa et Albano Jerónimo
- Juste la fin du monde, de Xavier Dolan, avec Léa Seydoux, Marion Cotillard, Vincent Cassel, Gaspard Ulliel et Nathalie Baye
- Sully, de Clint Eastwood, avec Tom Hanks, Aaron Eckhart, Anna Gunn et Laura Linney
- La región salvaje (Untamed), d'Amat Escalante
- Nocturnal Animals, de Tom Ford, avec Jake Gyllenhaal, Amy Adams, Isla Fisher, Aaron Taylor-Johnson et Armie Hammer
- Money Monster, de Jodie Foster, avec George Clooney, Julia Roberts et Jack O'Connell
- In Dubious Battle, de James Franco, avec Vincent D'Onofrio, Selena Gomez, Robert Duvall, Josh Hutcherson et Ed Harris
- The Lost City of Z, de James Gray, avec Charlie Hunnam, Tom Holland et Sienna Miller
- Paterson, de Jim Jarmusch, avec Adam Driver et Golshifteh Farahani
- Vida de Familia, de Cristián Jiménez et Alicia Scherson, avec Jorge Becker, Gabriela Arancibia
- Poesia Sin Fin, d'Alejandro Jodorowsky, avec Brontis Jodorowsky et Pamela Flores
- Neruda, de Pablo Larrain, avec Gael Garcia Bernal et Luis Gnecco
- Billy Lynn's Long Halftime, d'Ang Lee avec Kristen Stewart, Garrett Hedlund et Vin Diesel
- Weightless, de Terrence Malick, avec Ryan Gosling, Rooney Mara, Cate Blanchett, Christian Bale et Natalie Portman
- Zama, de Lucrecia Martel, avec Lola Dueñas et Daniel Giménez Cacho
- Aquarius, de Kleber Mendonça Filho, avec Sonia Braga et Jeff Rosick
- The 86, de Javier Mujica, avec Ernesto Ceballos et Erick Ronsó
- Two Lovers and a Bear, de Kim Nguyen, avec Tatiana Maslany, Dane DeHaan et John Ralston
- Loving, de Jeff Nichols, avec Joel Edgerton, Michael Shannon et Marton Csokas
- The Fixer, de Ian Ods, avec James Franco et Melissa Leo
- The Birth of a Nation, de Nate Parker, avec Armie Hammer, Jackie Earle Haley et Aja Naomi King (Grand prix à Sundance)
- The Last Face, de Sean Penn, avec Charlize Theron, Javier Bardem et Adèle Exarchopoulos
- Pays, de Chloé Robichaud, avec Nathalie Doumar, Macha Grenon et Emily VanCamp
- Free State of Jones, de Gary Ross, avec Matthew McConaughey, Keri Russell et Gugu Mbatha-Raw
- Silence, de Martin Scorsese, avec Adam Driver, Liam Neeson, Andrew Garfield et Ciaran Hinds
- X-Men: Apocalypse, de Bryan Singer, avec Michael Fassbender, Nicholas Hoult, Oscar Isaac, Jennifer Lawrence et James McAvoy
- Le bon gros géant (The BFG), de Steven Spielberg, avec Mark Rylance et Rebecca Hall
- Le monde de Dory, de Andrew Stanton et Angus MacLane (animation)
- Snowden, d'Oliver Stone, avec Joseph Gordon-Levitt, Shailene Woodley et Zacharie Quinto
- Vazante, de Daniela Thomas, avec Adriano Carvalho et Luana Tito Nastas
- Ice Age: Collision Course, de Mike Thurmeier (animation)
- Story of Your Life, de Denis Villeneuve, avec Amy Adams, Jeremy Renner, Michael Stuhlbarg et Forrest Whitaker
- Un caballo llamado Elefante, d'Andrés Waissbluth, avec Tomas Arriagada, Salvatore Basile et Ana Sofía Durand

Le palmarès de Venise confirme la grande forme du cinéma latino-américain

Posté par vincy, le 14 septembre 2015

Le cinéma latino-américain a clairement marqué son empreinte dans le grand chelem annuel Berlin-Cannes-Venise.
A Berlin, les chiliens avaient emportés la mise: Grand prix du jury pour El Club de Pablo Larraín, prix du scénario pour Patricio Guzmán (Le bouton de nacre) et Teddy Bear pour Nasty Baby de Sebastián Silva, auxquels on ajoute un Ours d'argent Prix Alfred Bauer pour le guatémaltèque Jayro Bustamante (Ixcanul Volcano) et le prix du public dans la section Panorama pour La seconde mère de la brésilienne Anna Muylaert.
A Cannes, ce fut le prix du scénario pour le mexicain Michel Franco (Chronic), la Caméra d'or (en plus de trois autres prix à la Semaine de la critique) pour le colombien César Augusto Acevedo (La tierra y la sombra), le prix CICAE de la Quinzaine des réalisateurs pour un autre colombien, Ciro Guerra (El Abrazo de la Serpiente), le Grand prix Nespresso de la Semaine de la critique et le prix Fipresci pour l'argentin Santiago Mitre (Paulina) et enfin le prix L'oeil d'or pour le documentaire chilien Allende, mi Abuelo Allende de Marcia Tambutti.

A Venise, ça n'a pas fait exception. Un Lion d'or (Desde Alla de Lorenzo Vigas, ignoré par Cannes), un Lion d'argent du meilleur réalisateur (Pablo Trapero pour El Clan), un prix spécial du jury dans la section Orizzonti (Neon Bull de Gabriel Mascaro), soit respectivement des cinéastes venus du Venezuela, d'Argentine et du Brésil (tout le palmarès de la 72e Mostra de Venise).

Premier film, premier vénézuélien en compétition, premier Lion d'or latino-américain

Pour Venise, il s'agit d'une première. C'est la première fois qu'un film latino-américain reparte avec son prestigieux Lion d'or. On peut étendre cet exploit aux deux autres grands festival tant le "phénomène" est rare: Berlin a récompensé d'un Ours d'or un film péruvien en 2009, deux films brésiliens en 1998 et 2008 et Cannes n'a décerné sa Palme d'or à un film latino-américain qu'en 1962 (Brésil).

Le réalisateur vénézuélien Lorenzo Vigas a donc frappé fort avec son premier long métrage Desde Alla (c'était la première fois qu'un film vénézuélien était retenu dans la compétition vénitienne). Doublé avec le Lion d’argent du meilleur metteur en scène au cinéaste argentin Pablo Trapero, le palmarès du jury présidé par le mexicain Alfonso Cuaron conforte la vision d'Alberto Barbera, directeur du festival de cinéma de Venise, qui avait confié au journal Le Monde que l’Amérique latine lui semblait aujourd’hui "le continent des plus grandes promesses cinématographiques."

Aux antipodes du cinéma français: Luchini et Leborne

Pour les festivaliers, cependant, le palmarès laisse un goût amer. De nombreux favoris de la critique sont complètement absents (Rabin, The Last Day de l’Israélien Amos Gitai, Sangue Del Moi Sangue de Marco Bellochio, pourtant prix de la critique internationale, Francofonia d’Alexandre Sokourov). Et que dire de deux prix - Fabrice Luchini pour l'interprétation, Christian Vincent pour le scénario - pour un même film, certes français, L'hermine, qui paraissent disproportionnés dans un tableau d'honneur aussi restreint? Luchini comme Valeria Golino (prix d'interprétation féminine) remportent là les deux plus grands prix de leur carrière respective. Les deux Coupes Volpi viennent consacrer le talent de stars confirmées, à l'inverse du prix d'interprétation dans la section Orizzonti, qui a mis en lumière Dominique Leborne, dans son propre rôle pour sa première apparition au cinéma, entouré de sa famille, dans le film Tempête de Samuel Collardey, prévu dans les salles en février 2016.

L'audace made in USA

L'audace, et peu importe ce qu'on pensera des films, était donc du côté latino-américain, mais pas seulement. En récoltant le Grand prix du jury, Anomalisa de Charlie Kaufman et Duke Johnson, un dessin animé "houellebecquien" réalisé en stop-motion, se déroulant une nuit dans un grand hôtel, le cinéma américain a prouvé une fois de plus sa capacité d'inventivité. Ici, le personnage principal est dépressif, terriblement seul, dégoûté de lui-même et révulsé par le monde capitaliste qui l'entoure. Il faut ajouter le double prix pour Brady Corbet et son premier long métrage The Childhood of a Leader. Sélectionné dans la section Orizzonti, le film, avec Robert Pattinson, Stacy Martin, Liam Cunningham et Berenice Bejo, a gagné le Prix Luigi de Laurentis (l'équivalent de la Caméra d'or) et le prix de la mise en scène Orizzonti. Brady Corbet, jeune acteur remarqué dans Sils Maria, Eden, Snow Therapy et Saint Laurent, s'est librement inspiré d'une nouvelle de Jean-Paul Sartre, Le mur.

Pas de doute, sur la lagune cette année, c'était à l'Ouest qu'il y avait du nouveau.

Gabriel Garcia Marquez, scénariste, cinéphile et critique de cinéma

Posté par vincy, le 18 avril 2014

gabriel garcia marquez

Gabriel Garcia Marquez est mort hier à Mexico, à l'âge de 87 ans. Deuil national en Colombie : il fallait bien cela pour cet immense conteur. Le prix Nobel de littérature colombien (en 1982) écrivait avec une style très visuel et un imaginaire très cinématographique. Aucune surprise de ce côté là pour l'auteur de Cent ans de solitude. Il expliquait que ses histoires, flamboyantes et mélancoliques, comme ces putes tristes qu'il affectionnait tant, étaient toujours inspirés par l'image.

"Gabo" était également journaliste et critique de cinéma (notamment pour le journal de Bogota, El Espectador). Il a fondé la prestigieuse École Internationale de Cinéma et de Télévision (EICTV) de Cuba, et il y animait de nombreux ateliers d'écriture. Dans ses nombreux articles de presse, il défendait la culture caribéenne. Il a aussi présidé la Fondation pour un nouveau cinéma latino-américain. Il fut même membre du jury du Festival de Cannes en 1982, cinq mois avant d'être nobélisé.

Et puis Gabriel Garcia Marquez a écrit quelques scénarios, originaux ou adaptés de ses propres ouvrages: El gallo de oro de Roberto Gavaldón (1964), Lola de mi vida de Miguel Barbachano-Ponce (1965), Tiempo de morir d'Arturo Ripstein (1966), meilleur film mexicain cette année-là, et son remake de Jorge Alí Triana (1986), 4 contra el crimen de Sergio Véjar (1968), Presagio de Luis Alcoriza (1975), primé à San Sebastian, María de mi corazón de Jaime Humberto Hermosillo (1979), El año de la peste de Felipe Cazals (1979), qui valu le prix du meilleur scénario à l'écrivain aux Césars mexicains, Eréndira de Ruy Guerra (1983), en compétition à Cannes, Un señor muy viejo con unas alas enormes de Fernando Birri (1988), en compétition à Venise, Fábula de la Bella Palomera de Ruy Guerra (1988), Milagro en Roma de Lisandro Duque Naranjo (1989), Cartas del Parque de Tomás Gutiérrez Alea (1989) et Los ninos invisibles de Lisandro Duque Naranjo (2001), primé à Montréal.

chronique d'une mort annoncée

Evidemment, son oeuvre a surtout inspiré de nombreux réalisateurs pour le petit comme pour le grand écran: En este pueblo no hay ladrones d'Alberto Isaac (1965) est primé à Locarno, La viuda de Montiel de Miguel Littin (1979), en compétition à Berlin, Adieu l'arche de Shûji Terayama (1984), d'après Cent ans de solitude, en compétition à Cannes, Chronique d'une mort annoncée de Francesco Rosi (1987), en compétition à Cannes, Oedipo alcalde de Jorge Alí Triana (1996), Pas de lettre pour le Colonel de Arturo Ripstein (1999), primé à Sundance et en compétition à Cannes, O Veneno da Madrugada de Ruy Guerra (2006), L'amour au temps du choléra de Mike Newell (2007), avec Javier Bardem, Del amor y otros demonios d'Hilda Gidalgo (2009) et Memoria de mis putas tristes de Henning Carlsen (2011), scénarisé par Jean-Claude Carrière, d'après son dernier roman "Mémoire de mes putains tristes" (paru en 2004).

Cinélatino 2014 : les femmes à l’honneur dans la ville rose

Posté par Morgane, le 22 mars 2014

affiche de cinélatino 2014Toulouse accueille cette année, et pour 10 jours (20 au 30 mars), la 26e édition du festival du cinéma latino-américain, Cinélatino. De nombreux lieux, de nombreux films et de belles rencontres au programme!

Cette année, le thème principal est dédié aux "Femmes de Cinéma". Sont à l'honneur Maria Rondon (réalisatrice et productrice vénézuélienne), Marcela Said (réalisatrice chilienne), Lila Stantic (productrice et réalisatrice argentine), Celina Murga (productrice et réalisatrice argentine), Natalia Smirnoff (productrice et réalisatrice argentine) et Catalina Villar (productrice et réalisatrice argentine). La Muestra "Femmes de Cinéma" donnera donc l'occasion de découvrir un regard féminin et latino-américain sur le monde d'aujourd'hui (rappelons que le Brésil, l'Argentine et le Chili sont présidés par des femmes), aussi bien à travers des fictions que des documentaires.

Cinélatino ce sera aussi un palmarès : il faudra choisir parmi les 14 longs-métrages de fiction en compétition, les 7 documentaires et les 8 courts-métrages. Le festival offre également un panorama de films du continent sud-américain, à voir ou à revoir, des avant-premières, des rencontres, des débats, de nombreux réalisateurs/trices présents, des concerts et du tango.

Et pour commencer en beauté, Cinélatino a fait son ouverture en plein air avec le concert de Liubila suivi de la projection d'un programme de courts-métrages. 10 jours de fête et de découvertes aux couleurs de l'Amérique latine dans la ville Rose de Nougaro... celui-là même qui chantait "Sur l'écran noir de tes nuits blanches...".

Pour plus de renseignements, rendez-vous sur le site du festival.

Cinélatino 2012 : retour sur le palmarès

Posté par MpM, le 4 avril 2012

A l'issue d'une semaine de compétition, les différents jurys de la 24e édition de Cinélatino ont rendu leur verdict. La variété des films récompensés est à l'image des sélections de cette année qui proposaient un aperçu riche et complexe de la production cinématographique sud-américaine.

Parmi les lauréats, plusieurs ont déjà des distributeurs en France, ce qui permettra au public de les découvrir prochainement sur les écrans. On souhaite aux autres, et notamment à nos chouchous El ultimo Elvis et Un monde secret, de profiter de leur passage remarqué à Toulouse pour trouver eux-aussi leur place dans la ronde des sorties hebdomadaires...

Grand Prix Coup de Coeur
Los Ultimos cristeros de Matías Meyer (Mexique / Pays-Bas)

Mention spéciale
Près du feu de Alejandro Fernández Almendras (Chili / Allemagne)

Prix du Public La Dépêche du Midi
Violeta se fue a los cielos de Andrés Wood (Chili/Argentine/Brésil/Espagne)

Prix CCAS - Prix des électriciens gaziers

Des histoires qui n'existent que lorsque l'on s'en souvient de Julia Murat (Brésil/Argentine/France)

Prix Fipresci
Sudoeste d' Eduardo Nunes (Brésil)

Prix Découverte de la Critique Française
El ultimo Elvis d'Armando Bo (Argentine)

Mention spéciale
Un monde secreto de Gabriel Mariño (Mexique)

Rail d'Oc - Prix des cheminots
Des histoires qui n'existent que lorsque l'on s'en souvient de Julia Murat (Brésil/Argentine/France)

Prix lycéen de la fiction
Un monde secreto de Gabriel Mariño (Mexique)

Prix "Courtoujours"
Pra eu dormir tranquilo de Juliana Rojas (Brésil)

Prix SIGNIS du court-métrage
Kyaka la na d'Adriana CEPEDA (Etats-Unis/Colombie/Guatemala)

Prix Documentaire Rencontres de Toulouse
Una vida sin palabras d'Adam Isenberg (Turquie/Nicaragua)

Prix SIGNIS du documentaire
Canicula de José Alvarez (Mexique)

Prix lycéen du documentaire
Una vida sin palabras d'Adam Isenberg (Turquie/Nicaragua)

Cinélatino 2012 : les jeunes cinéastes en première ligne

Posté par MpM, le 31 mars 2012

La compétition fiction du festival Cinélatino comportait cette année neuf premiers films (sur 14 sélectionnés) venus d'Argentine, du Brésil, du Mexique et du Chili. Un bel aperçu de la toute jeune création sud-américaine qui confirme le dynamisme et la diversité de ce grand continent cinématographique.

Retour, film par film, sur ces coups d'essai de la nouvelle garde latino-américaine.

De juaves a domingo de Dominga Sotomayor (Chili) est un road movie familial au Chili. A travers le regard de la petite fille, on découvre que les parents sont en train de se séparer. Les aléas du voyage restent malgré tout très anecdotiques, sans éclats ni passion.

Un mondo secreto de Gabriel Mariño (Mexique) nous emmène également sur les routes, aux côtés d'une adolescente solitaire et mal dans sa peau qui ne parvient à communiquer qu'à travers le cahier où elle dessine et écrit des lettres pour elle-même. Un récit initiatique délié fait de rencontres et de situations à la fois cocasses et sensibles.

El lenguaje de los machetes
de Kyzza Terrazas (Mexique) s'intéresse à un jeune couple radical. Elle chante dans un groupe punk, il travaille pour une ONG. Entre drogues et soirées arrosées, ils ont des idéaux sociaux et un goût certain pour l'anticonformisme. Mais à l'heure de passer à l'action, ils suivent des chemins différents. Un film punk qui peine malheureusement à entraîner le spectateur dans son énergie revendicatrice.

Sudoeste de Eduardo Nunes (Brésil) est un conte onirique sur la condition féminine dans un coin perdu du Brésil. Entre naturalisme et magie noire, l'intrigue repose principalement sur une forte ambition esthétique et philosophique, quitte à laisser une grande part d'interprétation au spectateur qui accroche... ou pas.

El estudiant de Santiago Mitre (Argentine) plonge le spectateur dans les méandres des combats fratricides de syndicats étudiants à l'université de Buenos Aires. On y suit l'ascension de Roque, le naïf de service, qui découvre un microcosme obsédé par le pouvoir. Dans la plus pure veine de films politiques comme L'exercice de l'état ou Les marches du pouvoir, la dimension teenager en plus.

La destruccion del orden vigente d'Alejo Franzetti (Argentine) est une enquête énigmatique sur la mort d'un jeune homme impliqué dans divers groupuscules radicaux. L'ordre établi n'y est pas tant menacé que l'équilibre du spectateur, balloté, voire complétement largué, par les rebondissements complexes d'une intrigue assez désordonnée.

Al cielo de Diego Prado (Argentine) est une chronique adolescente tout en retenue qui accompagne un jeune homme, Andrès, dans un moment clef de son existence. Chamboulé par la mort violente de son chanteur préféré, il est l'objet perpétuel de la sollicitude inquiète des adultes qui l'imaginent forcément suicidaire ou drogué, quand lui ne pense qu'à trouver sa propre voie dans la vie.

El ultimo Elvis d'Armando Bo (Argentine) a quelque chose du Wrestler de Darren Aronofsky dans sa manière de suivre un personnage atypique prêt à aller jusqu'au bout de ses convictions. En l'occurrence, un sosie d'Elvis Presley qui a totalement endossé la personnalité de son idole, quitte à négliger sa famille. Un portrait sincère, entre humour et tendresse.

Des histoires qui n'existent que lorsqu'on s'en souvient de Julia Murat (Brésil) nous conduit au fin fond du Brésil, dans un village perdu où le temps s'est arrêté depuis longtemps. La petite communauté ne compte plus qu'une poignée de vieillards pour qui chaque journée est rigoureusement identique. Jusqu'au jour où une touriste vient troubler cette existence que même la mort avait épargnée. Une histoire de rencontre sensible et tout en délicatesse.

Bilan 2010 – 214 films au dessus de 100 000 entrées et 472 en dessous

Posté par vincy, le 5 février 2011

686 sorties répertoriées. Et 68,8% d'entre elles qui n'atteignent pas 100 000 spectateurs. Près de 40% qui ne dépassent même pas les 30 000 entrées. Cela pose question  quand, en moyenne, 13 films sortent chaque semaine.

Pour 2010, 214 films ont quand même franchi la barre fatidique des 100 000 entrées et 50 sont devenus millionnaires (soit presque un par semaine). Walt Disney en place 6 au dessus du million, Warner Bros fait mieux avec 8. Les distributeurs français sont à la peine avec 18 hits.

Par zone géographique, l'écart peut être cruel et le festival de Cannes s'avère porteur:

Amérique du nord : Harry Potter 7, 5,5 millions de spectateurs

France : Les petits mouchoirs, 5,3 millions de spectateurs

Europe de l'Ouest : Le voyage extraordinaire de Samy, 1,3 million de spectateurs

Amérique du sud : Dans ses yeux, 450 000 spectateurs

Afrique du nord : Hors-la-Loi, 430 000 spectateurs

Amérique centrale : Biutiful, 354 000 spectateurs

Asie de l'Est : Poetry, 205 000 spectateurs

Proche et Moyen Orient : Ajami, 140 000 spectateurs

Europe de l'Est : Le criquet, 62 000 spectateurs

Asie centrale et Russie : Le dernier voyage de Tanya, 55 000 entrées

Asie du sud-est et subcontinent indien : My Name is Khan, 42 000 spectateurs

Océanie : Disgrace, 36 000 spectateurs

Afrique : Le secret de Chanda, 11 000 spectateurs

Mario Vargas Llosa, un prix Nobel de littérature qui fut une fois cinéaste

Posté par vincy, le 7 octobre 2010

Le grand écrivain péruvien Mario Vargas Llosa a reçu aujourd'hui jeudi 7 octobre le Prix Nobel de littérature. En 1975 il avait co-réalisé, avec José Maria Gutierrez Santos, l'adaptation de son roman Pantaléon et les visiteuses (Pantaleón y las visitadoras). L'acteur espagnol José Sacristan, primé dans des festivals comme Mar del Plata et San Sebastian,  interprétait le rôle principal : un capitaine de l'armée péruvienne chargé de recruter des femmes pour satisfaire les besoins sexuels des soldats. Il y eut un remake en 2000, réalisé par Francisco J. Lombardi. Cette deuxième version avait reçu plusieurs prix : meilleur acteur (Salvador del Solar) au festival du film de Carthagène, prix du public au festival de Gramado et à celui de Vina del Mar et une nomination aux Goya (César espagnols).

D'autres de ses romans livres ont été adaptés sur grand écran : Los cachorros (publié en 1967, traduit en français sous le titre Les chiots), réalisé au Mexique par Jorge Gons en 1973 ; La ville et les chiens, filmé en 1985 par Francisco J. Lombardi, qui a reçu le prix du meilleur réalisateur au Festival de San Sebastien à cette occasion ; Le même livre a été transposé en Russie en 1986 par Sebastian Alarcon sous le titre de Yaguar ; Hollywood s'est aussi intéressé à l'écrivain en adaptant Tante Julia et le scribouillard, roman de 1977 et film de 1990. Jon Amiel a réunit Barbara Hershey, Keanu Reeves et Peter Falk. Fiasco public, le film avait reçu le prix du public et le prix de la critique au Festival de Deauville. Enfin, La fiesta del chivo (traduit en français par La fête du bouc) paru en 2000, a donné lieu cinq ans plus tard à un film de Luis Llosa, cousin de l'écrivain, avec Isabella Rossellini et Eileen Atkins.

Les 33 mineurs chiliens bientôt héros de cinéma

Posté par vincy, le 19 septembre 2010

Première affiche de Los 33

Après les rescapés d'un crash d'avion devenus anthropophages dans la Cordillère des Andes, l'Amérique du sud tient un autre sujet "incroyable" qui ne pouvait que séduire les producteurs de cinéma. "Les 33" comme on les appelle maintenant sont ces mineurs bloqués dans une mine du Chili depuis l'éboulement du 5 août dernier qui les a "enterrés" à 700 mètres de l'air libre. Une épopée en soi qui va durer encore quelques mois, le temps de pouvoir creuser le tunnel qui les évacuera.

Rodrigo Ortuzar (Mujeres unfieles, All inclusive) a décidé d'en faire un film, Les 33. Tiré d'une histoire vraie. L'affiche est déjà prête. Il a déjà stocké les images des familles et des secours, filmé les environs du "Camp Espoir". Il attend désormais le sauvetage, prévu à la fin de l'année, et leur retour à la vie normale.

La production mêlera en effet fiction et réalité. Les prises de vues actuelles seront sans doute recréées. Mais le scénario reste encore dépendant de l'aboutissement de cette histoire.

Alors, opportunisme ? L'idée peut paraître déplacée quand un pays entier respire au rythme de la survie précaire de 33 hommes. Ortuzar a donc annoncé qu'il donnerait les recettes dans les salles chiliennes à une fondation dédiée aux enfants des mineurs.

Le cinéaste prépare aussi deux autres films à partir de drames réels :  l'un sur le séisme et le tsunami de février (521 morts), l'autre sur la "tragédie d'Antuco", lorsque 45 jeunes militaires ont péri dans les Andes, pris dans une violente tempête de neige, au cours d'une marche de 25 km en 2005.

Le film devrait sortir fin 2012, sans doute à l'occasion d'un anniversaire (leur découverte ? leur libération ?). Il durera une heure et 33 minutes.