Le box office français provisoire de l'année 2013 (au 31 décembre) révèle une situation inédite depuis des lustres : la relative absence du cinéma français. Avec seulement 3 films classés parmi les 20 films les plus vus (avec un 4e qui a manqué d'y être de très peu, 9 mois ferme), cela reflète la faible part de marché annuelle du cinéma nationale (autour de 33% seulement, soit une baisse de 7 points par rapport à l'an dernier).
On incriminera sans doute le nombre d'insuccès incalculables, l'absence de grosses productions offertes au programme, des films populaires médiocres, une carence de films de genre (action, animation, aventures) et une surdose de comédies moyennes... Eyjafjallajökull avec Dany Boon illustre parfaitement cette tendance. On peut toujours se réjouir que des films comme ceux de Kechiche, d'Ozon, de Farhadi, de Jaoui ou de Tavernier aient pu rencontrer leur public : mais le cinéma d'auteur ne lutte pas dans la même catégorie. Le cinéma français a capitulé dans le segment familial, celui qui attire aussi bien les enfants que les parents (Belle & Sébastien devrait prouver en rentrant dans le Top 20 définitif de l'année qu'il y a de la place pour ce genre de films), mais aussi dans le segment ados (là où les Américains triomphent).
Hollywood a donc dominé le marché (les 5 premiers distributeurs de l'année sont tous des branches de studios américains, Warner en tête). Avec des suites (9 sur 20 quand même!), des films d'animation (6 au total, dont le leader annuel). Surtout on remarque qu'il y a 12 adaptations de BD/Comics (dont 3 BD francophones), de romans et de pièce de théâtre dans ce Top 20 ; c'est un record! Quelques films singuliers signés Tarantino et Cuaron (tous deux au dessus des 4 millions d'entrées!) se glissent parmi toutes ces suites, reboots, et autres adaptations. C'est dire leur exploit, soutenus par la critique comme par le bouche à oreille.
L'année 2013 ne fut donc pas très bonne avec une fréquentation estimée à 192,8 millions de spectateurs (en baisse de 5,3% par rapport à 2012 selon les premiers chiffres) : depuis 2009, c'est la première que la fréquentation est en dessous des 200 millions de spectateurs. On notera qu'aucun film n'a dépassé les 5 millions d'entrées, une première en 10 ans. Certes 6 seront (à terme) au dessus des 4 millions (tous américains). Mais pas un n'a vraiment fédéré le public. C'est cette fragmentation, cette absence de locomotives qui est inquiétante. Car sans offre, point de demande.
1. Moi, moche et méchant 2 : 4 640 852 entrées
2. Iron Man 3 : 4 386 028 entrées
3. Django Unchained : 4 303 569 entrées
4. Gravity : 4 059 993 entrées
5. Les Profs : 3 955 113 entrées
6. Le Hobbit: la désolation de Smaug : 3 771 570 entrées
7. La Reine des neiges : 3 738 385 entrées
8. Insaisissables : 3 005 837 entrées
9. Fast and Furious 6 : 2 994 362 entrées
10. Hunger Games: l'embrasement : 2 914 790 entrées
11. World War Z : 2 444 735 entrées
12. Turbo : 2 441 519 entrées
13. Les Croods : 2 350 349 entrées
14. Man of Steel : 2 303 132 entrées
15. Thor: le monde des ténèbres : 2 293 323 entrées
16. Les Schtroumpfs 2 : 2.263.030 entrées
17. Les Garçons et Guillaume, à table! : 2 155 940 entrées
18. Monstres Academy : 2 130 894 entrées
19. Boule et Bill : 2 006 408 entrées
20. Wolverine: le combat de l'immortel : 1 984 254 entrées