Le producteur de cinéma Saul Zaentz est mort à 92 ans vendredi 3 janvier. Il souffrait de la maladie d'Alzheimer.
Producteur de musique (le jazz, sa première passion, mais c'est avec le rock qu'il fera fortune) avant de se lancer dans le cinéma, il a peu de films à son actif : 10 entre 1972 et 2005. L'homme avait une haute idée du cinéma, qu'il voulait populaire et intellectuel, épique et intime. Installé à San Francisco, volontairement à l'écart d'Hollywood, cet homme d'affaires passionné par la création a produit trois fois Milos Forman, mais aussi Peter Weir, Philip Kaufman, Hector Babenco et Anthony Minghella.
Dès son deuxième film, en association, avec Michael Douglas, il frappe un grand coup. Vol au-dessus d'un nid de coucou (1975) remporte les cinq oscars majeurs : film, réalisateur, acteur, actrice, scénario. Fort de son succès, cet amoureux de la littérature acquiert alors une partie des droits cinématographiques des livres de J.R.R Tolkien, Le Hobbit et Le Seigneur des anneaux. Il en résultera un film d'animation, mais Zaentz a aussi les droits pour le cinéma, la scène et les produits dérivés. Plus de 20 ans plus tard, cet accord conduira à des conflits juridiques entre Zaentz et New Line Cinema, producteur de la première trilogie réalisée par Peter Jackson. Et ces batailles d'avocats continuent encore... Il se bagarrera aussi contre Disney à propos des profits du Patient anglais.
En 1984, Zaentz produit Amadeus de Milos Forman. 8 Oscars (film, réalisateur, acteur, scénario adapté) et un immense succès public là encore. La vie de Mozart reste une référence dans le biopic, malgré les approximations historiques. Le producteur se lance alors dans Mosquito Coast (1986), qui révèle River Phoenix. Le film est cependant un échec. Deux ans plus tard, il ose produire L'insoutenable légèreté de l'être, avec Juliette Binoche. l'inadaptable roman de Kundera, reçoit un accueil plutôt positif. Zaentz perdra de l'argent avec En liberté dans les champs du seigneur d'Hector Babenco, film de plus de 3 heures, qui sera un échec total.
Ces oeuvres, toujours des adaptations, entre provocations et démence, souffre et spectacle, signées de grands noms du cinéma ne suffisent pas à lui faire retrouver sa gloire, liée à celle de Forman.
C'est pourtant avec Anthony Minghella qu'il va triompher. En 1996, il entreprend Le Patient anglais, toujours avec Binoche, mais aussi Scott Thomas et Ralph Fiennes. Le mélo, dans la lignée des David Lean, est un très beau succès au box office et récolte 12 nominations aux Oscars. Il en gagne 9. Plus un, honorifique.
Il ne produira plus rien hormis Les fantômes de Goya, de Milos Forman, en 2006. Malgré la présence de Portman et Bardem, le film sera un échec. Nombreux sont ceux qui voient en lui le dernier grand producteur indépendant américain. Mais la lumière s'affaiblissait, la maladie l'emportait.