La soirée du 13 mars à l'Arlequin était placée sous le signe de la jeunesse. Convives, producteurs et cinéastes s'étaient armés de patience (et de petits fours) pour assister à l'avant-première du long métrage de Nicolas Birkenstock, La pièce manquante, et du court métrage de Pierre Niney, Pour un rôle.
Deux films, qui, lors du 18e Festival international des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz, en octobre 2013, avaient remporté le prix du jury jeunes, composé de cinq lycéens de la région. Les lauréats s'étaient également vu décerner une bourse de la part du fonds de dotation Porosus, qui soutient les talents émergents dans les domaines sportif et artistique.
Pierre Niney, en promotion à Londres pour le film de Jalil Lespert, Yves-Saint-Laurent, n'était pas de la partie. « Pendant le festival, il était en Australie, et pour l'avant-première, il est en Angleterre : c'est décidément un jeune homme qui voyage beaucoup ! » plaisante Patrick Fabre, directeur artistique de Saint-Jean-de-Luz. Le jeune prodige de la Comédie-française était pourtant bien entouré. Son premier court métrage en tant que réalisateur a été produit par Antoine Le Carpentier, qui travaille pour la société Mon Voisin Productions, créée en 2006. « En septembre 2013, notre maison de production a été sélectionnée par l'Adami [ndlr : organisme qui représente et défend les droits des artistes interprètes] pour coproduire sept courts métrages dans le cadre des Talents Cannes », explique Antoine. Ces courts métrages devaient être réalisés par des acteurs et répondre à une seule contrainte : raconter le métier de comédien.
"J'ai l'impression de recevoir le prix"
Parmi les 900 comédiens à avoir postulé, Pierre Niney en a choisi quatre, dont Yann Sorton. « J'ai envoyé mon C.V. et une démo à l'Adami et Pierre a aimé ce que j'ai fait », raconte le jeune homme. Dans le court-métrage Pour un rôle, Yann interprète un directeur de casting pour le moins étrange. « Pierre nous a dirigés comme une bande de copains ! Grâce à ce tremplin, d'autres projets m'attendent... » glisse-t-il, ravi. C'est bien le but des Talents Cannes : être un tremplin. « Ce genre d'organisme permet aux comédiens d'éclore sans passer par les agents », affirme Antoine Le Carpentier. Présenté à Cannes en mai 2013, le court métrage a par la suite été plébiscité à Saint-Jean-de-Luz bien sûr, mais aussi à Brest et au COLCOA Film Festival de Los Angeles.
« J'ai l'impression de recevoir le prix pour la deuxième fois. » Nicolas Birkenstock n'est pas non plus en reste. A 36 ans, le jeune réalisateur signe son premier long-métrage, La pièce manquante, avec Philippe Torreton et Lola Duenãs.
Auteur de plusieurs courts métrages et documentaires, il rappelle l'importance des festivals pour les réalisateurs qui débutent. « Dans un festival, les spectateurs sont souvent plus avertis, explique Nicolas Birkenstock. C'est une vitrine, même si, au moment de l'exploitation du film, cela ne décide pas de tout. » Un film comme La pièce manquante, qui évoque la disparition d'une mère de famille, est, selon le réalisateur, « fragile ». « C'est une production à petit budget, qui ne peut pas reposer sur les personnes qui y ont participé. »
Bien avant les applaudissements de l'Arlequin, ce premier long métrage semblait déjà avoir trouvé son public. « A Saint-Jean-de-Luz, j'ai été très étonné de recevoir le prix du Jury jeunes, raconte Nicolas Birkenstock. Au-delà du prix, j'étais heureux de constater que des lycéens de 18-19 ans avaient apprécié mon film. Même s'il ne leur était pas forcément destiné ! »
Un engouement dont on ne peut que lui souhaiter qu'il se prolonge dès aujourd'hui avec la sortie en salles du film.