Thierry Frémaux prépare sa sélection officielle du 67e Festival de Cannes. Il ne s'agit pas de faire des pronostics - vains - mais plutôt de repérer les films potentiels. Certains seront en compétition, d'autres recalés, d'autres encore à Un certain regard, et parfois dans les sélections parallèles. Passage en revue. On peut y ajouter les derniers films de Kim Ki-duk et Hong Sang-soo, même s'ils ne sont pas encore finalisés. Et difficile de savoir ce qui sortira d'Iran, avec l'accord des autorités ou pas.
- Wang Bing, Love and hate. Une parfaite histoire chinoise : la vie d'un homme plongée dans ses contradictions, avec en toile de fonds celles de la Chine : famille et société, ville et campagne... Petit film indépendant, il est coproduit avec la France.
- Hou Hsiao Hsien, The Assassin. Avec Shu Qi, Chen Cgang. Le tournage fleuve est tout juste terminé. Pas sûr que le montage soit finalisé avant mai. Un syndrôme Wong Kar-wai autour de ce film d'arts martiaux. Cannes 2015 semble plus probable.
- Ann Hui, The Golden Age. Avec Tang Wei, Feng Xiaofeng. Après le succès d'Une vie simple qui signait son grand retour dans les salles occidentales et les palmarès de Festival, ce biopic sur le romancier Xiao Hong pourrait être le symbole d'une consécration d'une carrière commencée il y a 35 ans. Surtout que Ann Hui, primée à Berlin et Venise, n'est jamais venu à Cannes.
- Naomi Kawase, Still the Water. Avec Makiko Watanabe, Hideo Sakaki, Tetta Sugimoto. Une chérie de la compétition et une des réalisatrices les plus respectées dans les circuits art & essai. Cette fois-ci, elle s'intéresse à un adolescent qui convainc sa petite amie d'enquêter sur le corps mort qu'il a trouvé en train de flotter sur l'océan.
- Eric Khoo, The Charming Rose. Avec Joanne Peh. Un régulier de la Croisette. Le cinéaste singapourien se penche cette fois-ci sur la vie d'une strip-teaseuse des années 50, Rose Chan.
- Kazuyoshi Kumakiri, My Man. Avec Tadanobu Asano, Tatsuya Fuji, Fumi Nikaidô. L'adaptation du roman de Kazuki Sakuraba - l'histoire d'une petite fille prise en main par un jeune homme après un tsunami - serait la première cannoise d'un réalisateur déjà récompensé ou remarqué dans des festivals comme Vesoul et Deauville.
- Im Kwon-taek, Hwa-jang. Le vétéran sud-coréen (78 ans), récompensé par un prix de la mise en scène il y a 12 ans sur la Croisette, a boulé son 102e film! Il s'agit de l'adaptation d'un roman de Kim Hoon qui raconte la vie d'un homme qui a passé deux ans à soigner sa femme mourante et qui tombe amoureux d'une plus jeune femme.
- Nadav Lapid, L'institutrice. Après Le policier, le jeune cinéaste et écrivain israélien nous fait revenir à la maternelle, avec les mêmes thèmes - idéalisme, révolte, folie et résistance - dans un contexte toujours dramatique mais plus romanesque.
- Takashi Miike, Kuime. Avec Ko Shibasaki, Hitomi Katayama, Hideaki Ito. Une histoire de fantômes où un mari veut empoisonner sa femme pour en trouver une autre.
- Eran Riklis, Le deuxième fils. Avec Tawfeek Barhom, Ali Suliman, Laëtitia Eïdo. Adapté du roman de Sayed Kashua, cette comédie dramatique israélo-arabe d'un des réalisateurs israéliens les plus primés de ces dernières années pourraient faire son avant-première mondiale à Cannes. Un parfait "feel-good movie" sur les liens entre les deux communautés religieuses à Jérusalem.
- Johnnie To, Don't Go Breaking My Heart 2. Avec Daniel Wu, Louis Koo, Yuanyuan Gao. L'occasion de voir le réalisateur sous une autre facette avec cette suite d'une comédie romantique qui a cartonné en Asie.
- Apichatpong Weerasethakul, Utopia ou Cemetery of Kings. Avec Jenjira Widner. Grand point d'interrogation puisque peu de gens savent à quelle étape en est le dernier film du réalisateur d'Oncle Boonmee, Palme d'or sous le règne de Tim Burton. On sait tout juste qu'il s'agit de la rencontre près du Mekong dans le nord de la Thaïlande, d'une femme seule et d'un soldat dont tout le régime est atteint de la maladie du sommeil.
- Zhang Yimou, Coming Home. Avec Gong Li, Daoming Chen. Ce serait le grand retour du cinéaste sur la Croisette, 19 ans après Shanghai Triad. Et la 12e collaboration avec Gong Li. Ce drame romantique adapté d'un roman de Yan Geling se déroule lors de la révolution culturelle chinoise (comme Adieu ma concubine, Palme d'or). Une manière de célébrer les 50 ans de l'amitié France-Chine avec l'un des réalisateurs les plus "officiels" du régime. Le film sort en mai en Chine.