Venise 2014 : la fable du pigeon qui devient un Lion

Posté par vincy, le 6 septembre 2014

pigeon de roy andersson

Le 71e festival de Venise s'est achevé ce soir avec la remise du palmarès. Et le jury d'Alexandre Desplat a créé la surprise en récompensant deux vétérans : le Suédois Roy Andersson, dont les comédies absurdes et humanistes nous ont toujours séduits sans être jamais vraiment récompensées à la hauteur de son talent à Berlin comme à Cannes, et le Russe Andreï Kontchlovski.

Avec A Pigeon Sat on a Branch Reflecting on Existence, Roy Andersson reçoit le Lion d'or tandis que The Postman's White Nights vaut à Andreï Kontchalovski le prix du meilleur réalisateur. Deux cinéastes dont la longévité et la maîtrise ont apparemment conquis le jury face à une compétition jugée très faible globalement. Le film d'Andersson, son premier long depuis 7 ans!, est une réflexion sur l'absurdité et le sens de la vie à travers la vie d'un vendeur d'articles de fantaisie et d'un ami atteint de légers troubles psychologiques.

"Nous avons choisi des oeuvres au geste artistique fort dont les dimensions humaniste et politique nous ont touchés" a déclaré le compositeur Alexandre Desplat, président du jury cette année.

En couronnant des fables esthétiques, atemporelles et sans références réelles au présent, le jury de cette année a semble-t-il préféré la forme au fond, oubliant volontairement les films massacrés par la critique (Fatih Akin, Shinya Tsukamoto, Andrew Niccol...). Mais il a surtout choisi d'occulter les oeuvres romanesques et émouvantes de la sélection (Abel Ferrara, Alejandro Gonzalez Inarritu, pourtant parti favori, Benoît Jacquot, Ramin Bahrani...).

Au-delà du palmarès, le Festival de Venise n'a jamais réussi a créé le "buzz", l'évènement qui pourrait le remettre dans la course face à Cannes. Certes, Toronto semble souffrir de la même déconvenue. Mais plus généralement, ce sont les déceptions qui ont dominé les commentaires et les conversations, alors que peu de films ont été réellement "descendus" par la critique. Sans flamme, cette édition de la Mostra aura quand même eu le mérite de célébrer des jeunes cinéastes (le documentariste Joshua Oppenheimer notamment) qui ont mis leurs pas dans les pas de leurs pairs...

affiche venise 2014PALMARÈS

Compétition
Lion d'or : A Pigeon Sat on a Branch reflecting on Existence, de Roy Andersson
Lion d'argent du meilleur réalisateur : Andreï Konchalovski pour The Postman's White Nights
Grand prix du jury : The Look of Silence, de Joshua Oppenheimer
Coupe Volpi du meilleur acteur : Adam Driver dans Hungry Hearts de Saverio Costanzo
Coupe Volpi de la meilleur actrice : Alba Rohrwacher dans Hungry Hearts de Saverio Costanzo
Prix Marcello Mastroianni de la meilleure révélation : Romain Paul dans Le dernier coup de marteau d'Alix Delaporte
Meilleur scénario : Rakhshan Banietemad et Farid Mostafavi pour Tales (Ghesseha)
Prix spécial du jury : Sivas de Kaan Müjdeci

Autres prix de la sélection officielle
Prix Luigi de Laurentiis pour un premier film : Court de Chaitanya Tamhane
Prix Orizzonti du meilleur film : Court de Chaitanya Tamhane
Prix Orizzonti du meilleur réalisateur : Naji Abu Nowar pour Theeb
Prix spécial du jury Orizzonti : Belluscone. Une storia siciliana de Franco Maresco
Prix spécial Orizzonti du meilleur interprète : Emir Hadžihafizbegovic dans These are the Rules d'Ognjen Svilicic.
Prix Orizzonti du meilleur court métrage : Maryam de Sidi Saleh

Lion d'or pour l'ensemble de leur carrière : Thelma Schoonmaker et Frederick Wiseman
Prix Jaeger-Lecoultre "Glory to the Filmmaker" : James Franco
Prix Persol hommage pour le talent visionnaire : France McDormand
Prix L'Oréal Paris pour le cinéma : Valentina Corti

Autres prix

Prix Europa Cinemas Label : I nostri ragazzi d'Ivano de Matteo
Future Film Festival Digital Award : Birdman Alejandro González Iñárritu ; mention spéciale à Italy in a day de Gabriele Salvatores
Prix CICAE - Cinema d’Arte et d’Essai : Heaven Knows What de Josh & Ben Safdie
Queer Lion Award : Les Nuits d’été de Mario Fanfani
Prix Signis : Loin des hommes de David Oelhoffen ; mention spéciale à 99 Homes de Ramin Bahrani

Prix FIPRESCI de la critique internationale
Meilleur film de la compétition : The Look of Silence de Joshua Oppenheimer
Meilleur film des autres sélections : Nicije dete de Vuk Ršumovic

Prix Fedeora du meilleur film (Venice Days) : One on One de Kim Ki-duk
Prix Fedeora du meilleur réalisateur pour un premier film (Venice Days) : Aditya Vikram Sengupta pour Labour of Love

Prix du meilleur film à la Semaine internationale de la critique : Flapping in the Middle of Nowhere by Nguy'n Hoàng Ðiep
Prix du meilleur scénario à la Semaine internationale de la critique : Vuk Ršumovic pour No One’s Child

Meilleur film Venice Days : Retour à Ithaque de Laurent Cantet

Deauville way of life, jour 1 : Magic Jessica

Posté par cynthia, le 6 septembre 2014

jessica chastainOyé oyé braves cinéphiles, vos journées se suivent et se ressemblent? Vous rêvez de strass et de paillettes? Alors un peu de Deauville vous fera du bien!

Jour 1 : le 5 septembre, le 40e festival du film américain de Deauville a ouvert ses parasols. Et si le soleil n'était pas au rendez-vous, la beauté, elle, était présente en la personne de Jessica Chastain. Élue plus belle végétarienne d'Hollywood, Jessica Chastain (prononcé ChastIN par les fans français en délire sur la plage) a reçu sa barrière le long de la baie, succédant ainsi à Julianne Moore, Susan Sarandon ou encore Naomi Watts.

Vêtue d'une robe rose pailletée, elle a également descendu les célèbres marches du cinéma CID de Deauville tout sourire et respirant le naturel... Jess, si tu savais comme on t'aime toi et ta gentillesse... Manger des légumes ça réussit!

En parlant de réussite, le dernier film de Woody Allen, Magic in the Moonlight, a ouvert le festival. Et on peut dire que ça n'a pas été de tout repos : quatre heures de queue pour pouvoir avoir accès à ce film événement qui n'a pourtant pas fait l'unanimité auprès du public et de la presse.

Autre événement (et non des moindres), l'hommage annuel aux disparus. La grande et unique Lauren Bacall ainsi que notre meilleur ami à tous : le drôle, l'immense Robin Williams, venu à Deauville lors de la 25ème édition. Et rien que pour lui, toute la salle (1500 personnes, donc) s'est levée afin de faire revivre la célèbre scène du film Le cercle des poètes disparus.

Du glamour, de l'émotion et de la patience... on se croirait presque à Cannes! Il nous tarde de vivre la suite... dès demain dans Deauville way of life.

Deauville 2014 : Hommage à Jessica Chastain

Posté par kristofy, le 6 septembre 2014

jessica chastain« Je ne parais pas moderne. Je ne suis pas la fille qui arrive dans une pièce et sur qui les regards se tournent ». Modeste, Jessica Chastain ? A Deauville, où elle a ouvert le 40e Festival du cinéma américain avec le nouveau film de Woody Allen, Magic in the moonlight, l'actrice est pourtant loin d'être passée inaperçue. Mieux que cela, sa venue a attiré vendredi soir une foule compacte de professionnels et cinéphiles pressés de la découvrir dans son nouveau rôle. Résultat : une salle comble et de nombreux festivaliers refoulés et déçus.

Un bel accueil pour celle qui est passée du statut de jeune comédienne à celui de valeur sûre oscarisable en l’espace de quelques films, après être restée longtemps sur les planches de théâtre.

C'est à la prestigieuse Juilliard School que Jessica Chastain s'est formée au métier, grâce à l'obtention d'une bourse (celle que Robin Williams donnait chaque année à une nouvelle inscription). Pendant plusieurs années, elle a arpenté les scènes du off-off-off-Broadway avant d’être remarquée par Marthe Keller qui parla d’elle à Al Pacino (la pièce Salomé), lequel parla à son tour d’elle à Terrence Malick (le film The Tree of Life). Jessica Chastain a aussi le talent de faire les bons choix de films (elle a décliné le biopic Diana et s’est engagée dans Take Shelter).

« Si je ne continue pas à me défier et à risquer des échecs, je n’ai rien à faire dans ce métier. Je ne cherche pas à être une célébrité, je veux être une actrice ». Elle a ainsi soutenu pendant plusieurs années (avant même de devenir célèbre) le film en forme de diptyque The Disappearance of Eleanor Rigby de Ned Benson, attendant que le tournage puisse commencer. Présenté d’abord à Cannes puis à Deauville, The Disappearance of Eleanor Rigby propose une Jessica Chastain aux multiples visages. On la voit juvénile et insouciante avec des cheveux longs, abattue et dépressive avec des cheveux courts, elle danse devant les phares d’une voiture, elle pleure à l’entrée d’un métro sous la pluie, elle passe par toute une palette d’émotions qui nous fait partager les états d’âme de son personnage... (revoir nos impressions cannoises ici)

Curieusement, le parcours de Jessica Chastain semble pouvoir se résumer avec le chiffre 2 :

- 2 films au festival de Cannes 2011 : elle brille dans l’apocalyptique Take Shelter et dans le mystique The Tree of Life, c'est la double révélation de l'actrice aux yeux du monde entier. Elle est revenu à Cannes en 2012 dans Des Hommes sans loi (et comme voix du film d'animation Madagascar 3), puis encore en 2014 donc avec The Disappearance of Eleanor Rigby.

- 2 films en tête du box-office en 2013 : Zero dark thirty et Mama sont sortis presque simultanément aux Etats-Unis avec un large succès qui a dépassé les attentes, c’est une des rares fois où cela se produit avec la même actrice dans un rôle principal.

- 2 nominations à un Oscar : meilleur second rôle pour La couleur des sentiments, meilleure actrice pour Zero dark thirty, mais elle n'a pas encore remporté la statuette.

- 2 films pour une même histoire : The Disappearance of Eleanor Rigby-Her et The Disappearance of Eleanor Rigby-Him qui ont été remarqués pour l’originalité de leur concept dès le festival de Toronto 2013. Mais la distribution en salles ne suivra pas : au cinéma on verra seulement le remontage The Disappearance of Eleanor Rigby-Them déjà présenté à Cannes.

- et enfin, 2 nouveaux films en salles en France en 2014 : Mademoiselle Julie de Liv Ullmann le 10 septembre, et Interstellar de Christopher Nolan le 5 novembre.