Gus Van Sant et Joaquin Phoenix ont peut-être trouvé le film qui les réunira de nouveau

Posté par vincy, le 1 décembre 2016

Gus Van Sant et Joaquin Phoenix s'apprêtent à se retrouver pour un nouveau film, Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot. Ce biopic est dans les cartons depuis longtemps: il s'agit de l'histoire du dessinateur et illustrateur John Callahan, quadraplégique de Portland, Oregon, la ville de Gus Van Sant.

Le scénario est l'adaptation de l'autobiographie de Callahan, non traduite en France, écrite en 1989. Cela fait 25 ans qu'Hollywood tente de transposer cette histoire. Robin Williams rêvait d'incarner le dessinateur.

John Callahan a été paralysé après un accident de voiture à l'âge de 21 ans. Le dessin est alors devenu comme une thérapie à son malheur. La particularité de son art était d'aborder des sujets tabous (la mort, le handicap) avec un humour plutôt noir et politiquement incorrect. Cela a conduit l'hebdo de sa ville à être souvent boycotté ou à recevoir des plaintes.

Une vie tragique

Né en 1951 et décédé en 2010, cet enfant adopté, battu par une maîtresse d'école, ayant sombré dans l'alcoolisme dès l'adolescence, n'a pas eu une vie vraiment joyeuse. Ses dessins, commencés à l'âge de 27 ans, ont été publiés par The New Yorker, Penthouse et Playboy. La reconnaissance fut assez immédiate. Plusieurs livres ont compilé ses créations. Deux séries animées, Pelswick (Nickolodeon) et Quads ont été adaptées à partir de son œuvre.

En 2007, la cinéaste néerlandaise Simone de Vries lui a consacré un documentaire, Raak me waar ik voelen kan (Touch me someplace I can feel). Le film a reçu le prix du meilleur documentaire au Festival du film néerlandais d'Utrecht.

Gus Van Sant et Joaquin Phoenix ont déjà travaillé ensemble dans Prête à tout, en 1995. Depuis 20 ans, ils cherchent une nouvelle opportunité de collaboration. L'acteur a failli être à l'affiche du dernier film de Gus Van Sant, Nos souvenirs (Sea of Trees). Le rôle a finalement été obtenu par Matthew McConaughey. Le cinéaste travaille actuellement sur une série télévisée, When We Rise. Joaquin Phoenix tourne actuellement Mary Magdalene, où il incarne Jésus, réalisé par Garth Davis, aux côtés de Rooney Mara et Chiwetel Ejiofor.

14 événements marquants de l’année cinéma 2014

Posté par vincy, le 4 janvier 2015

scarlett johansson under the skin

L'année cinéma ne fut pas de tous repos. Hormis ce qui compte le plus, les films, l'industrie a connu de fortes turbulences et parfois même quelques séismes faisant bouger les plaques tectoniques les plus solides. Le cinéma reste un art fragile, mué par une industrie qui cherche en vain des formules, recettes, et autres martingales rassurant les investisseurs.

La preuve la plus spectaculaire est évidemment l'énorme opération de piratage qui a ébranlé le géant Sony Pictures. Alors que le studio lançait en fanfare le tournage du nouveau James Bond, Spectre, ses ordinateurs étaient "hackés". Et les "Gardiens de la Paix", qui revendiquent l'acte de "vandalisme" pour reprendre le mot de Barack Obama, se sont délectés: révélation des salaires des dirigeants, des contrats pour les films, des courriels (parfois très politiquement incorrects) entre les dirigeants, diffusion de films en ligne et, en point d'orgue, menace d'attentats pour quiconque projetterait le film The Interview. Ce dernier fait marquant a créé un dangereux précédent: Sony a d'abord annulé la sortie du film, avant de négocier avec quelques 300 salles et une plateforme en ligne. En capitulant devant des terroristes, en censurant une comédie satirique, Sony s'est mis Hollywood et une grande partie de la classe politique à dos...

Mais l'année 2014 ce n'était pas que ça. A Hollywood, les mines sont peu enjouées: le box office est en retrait, les suites produites n'ont pas été les cartons annoncés. Seuls les super-héros et franchises pour la jeunesse ont vraiment cartonné (les deux films les plus populaires de l'année sont finalement un Hunger Games). Pas étonnant alors que tous les studios se soient lancés dans un programme ambitieux de sagas, avec en tête une guerre déclarée entre Disney-Marvel-Star Wars et Warner Bros-DC Comis-Harry Potter. Les plannings sont prêts jusqu'en 2020. Un véritable travail à la chaîne.

Mais Hollywood a les yeux rivés au-delà. Du financement à la distribution, désormais c'est du côté de la Chine que ça se passe. L'Empire du milieu, déjà 2e marché cinéphile du monde, va devenir rapidement la plus grosse réserve de spectateurs. Certains films américains y font un box office presque supérieur à celui qu'ils réalisent en Amérique du nord. Partenariat, coopération, joint-venture: tout le monde veut sa place là bas. C'est le nouvel eldorado.

Même les Français s'y investissent. Ironiquement d'ailleurs, c'est un remake chinois d'un film français réalisé par un cinéaste français qui représentait la Chine aux Oscars. Tout un symbole d'ouverture. Tandis que dans l'Hexagone, on joue à Jean-qui-rit/Jean-qui-pleure. La fréquentation des salles est à un excellent niveau. La part de marché des films français a rarement été aussi bonne.  Trop tôt pour dire si l'opération 4€ pour les moins de 14 ans a joué un effet déclencheur sur les films familiaux. Mais avec deux symboles, le carton à 12 millions d'entrées de Qu'est-ce-qu'on a fait au Bon Dieu? et le triomphe international de Lucy, le cinéma français continue de séduire (y compris à la télévision puisqu'Intouchables s'est offert une audience de coupe du monde avec 13 millions de téléspectateurs). Mais, dans le même temps, la production française connaît une crise sans précédent avec une réduction drastique des tournages et des budgets. A cela s'ajoute une véritable vulnérabilité du modèle économique et des tensions sociales toujours d'actualité.

Le cinéma est une économie périlleuse. Des studios Ghibli au Japon qui décident de fermer temporairement leur département long métrage aux festivals (Film asiatique de Deauville, Paris Cinéma) qui mettent la clef sous le rideau, la crise touche tout le monde, même des valeurs qu'on croyaient sûres. Cela oblige de nombreux acteurs de l'industrie de modifier leurs stratégies. L'événement le plus flagrant fut sans doute la mise en ligne par Wild Bunch, en Vidéo à la demande, de Welcome to New York, d'Abel Ferrara, avec Gérard Depardieu, sans passer par la case salles. Evénement qui a parasité Cannes et qui sera de plus en plus courant. Dans le même temps Wild Bunch a d'ailleurs créé une société de e-distribution et s'est marié avec un groupe allemand.

Le numérique est de plus en plus présent dans toutes les strates du cinéma: tournage, diffusion, et même marketing et promotion. Un selfie aux Oscars fait davantage de bruit et d'impact qu'une campagne de publicité massive. Même si la tendance du selfie peut agacer (sur les marches de Cannes), tous les distributeurs profitent désormais des réseaux sociaux pour promouvoir leurs films. Les stars aussi. James Franco en a même un peu abusé...

Évidemment, d'autres faits ont marqué cette année 2014. A commencer par les disparitions de personnalités qui nous manqueront devant ou derrière l'écran. L'émotion mondiale a été à son comble avec l'overdose de Philip Seymour Hoffman et le suicide de Robin Williams, deux immenses acteurs américains. De l'émotion, il y en a eu cette année. Nous resterons marqués par les adieux discrets et humbles, mais ô combien touchants, de Gilles Jacob sur la scène du Palais des Festivals à Cannes, après avoir remis la Caméra d'or, qu'il a créé, à un premier film français revigorant (Party Girl).

Mais finalement, 2014 n'est-ce-pas Scarlett Johansson qui l'incarne le mieux, en étant, paradoxalement, l'actrice la plus désincarnée de l'année? Voix virtuelle et numérique dans Her, super-héroïne se muant en clé USB dans Lucy, girl next door irrésistible en second-rôle dans Chef et personnage de BD en tête d'affiche dans Captain America : Le soldat de l'hiver, elle est toutes les femmes sans en être une seule. Elle est à la fois la belle et la bête. Elle incarne le vide existentiel de notre époque, reflète nos fantasmes, nous renvoie l'image d'une star caméléon, jusqu'à se désintégrer pour bien nous prouver qu'elle n'est pas réelle dans Under the Skin. En cela, en alien-vampire s'humanisant au contact des hommes qu'elle piège, créature hybride mise à nue par la souffrance de notre monde, Scarlett Johansson illustre numériquement et charnellement (antagonismes?) ce que le cinéma cherche encore et toujours: la restitution de la réalité à travers un imaginaire de plus en plus technologique.

Deauville way of life, jour 1 : Magic Jessica

Posté par cynthia, le 6 septembre 2014

jessica chastainOyé oyé braves cinéphiles, vos journées se suivent et se ressemblent? Vous rêvez de strass et de paillettes? Alors un peu de Deauville vous fera du bien!

Jour 1 : le 5 septembre, le 40e festival du film américain de Deauville a ouvert ses parasols. Et si le soleil n'était pas au rendez-vous, la beauté, elle, était présente en la personne de Jessica Chastain. Élue plus belle végétarienne d'Hollywood, Jessica Chastain (prononcé ChastIN par les fans français en délire sur la plage) a reçu sa barrière le long de la baie, succédant ainsi à Julianne Moore, Susan Sarandon ou encore Naomi Watts.

Vêtue d'une robe rose pailletée, elle a également descendu les célèbres marches du cinéma CID de Deauville tout sourire et respirant le naturel... Jess, si tu savais comme on t'aime toi et ta gentillesse... Manger des légumes ça réussit!

En parlant de réussite, le dernier film de Woody Allen, Magic in the Moonlight, a ouvert le festival. Et on peut dire que ça n'a pas été de tout repos : quatre heures de queue pour pouvoir avoir accès à ce film événement qui n'a pourtant pas fait l'unanimité auprès du public et de la presse.

Autre événement (et non des moindres), l'hommage annuel aux disparus. La grande et unique Lauren Bacall ainsi que notre meilleur ami à tous : le drôle, l'immense Robin Williams, venu à Deauville lors de la 25ème édition. Et rien que pour lui, toute la salle (1500 personnes, donc) s'est levée afin de faire revivre la célèbre scène du film Le cercle des poètes disparus.

Du glamour, de l'émotion et de la patience... on se croirait presque à Cannes! Il nous tarde de vivre la suite... dès demain dans Deauville way of life.

Deauville 2014 : pas de crise de la quarantaine!

Posté par kristofy, le 21 août 2014

Cette année, le Festival Américain de Deauville va fêter son 40ème anniversaire. Le rendez-vous normand saura une nouvelle fois encore réunir sur les planches à la fois les films des grands studios d’Hollywood et aussi le cinéma indépendant américain. Une continuité qui est d’ailleurs racontée dans un livre qui évoque autant 40 ans de festival que 40 ans de cinéma américain avec de nombreux témoignages en souvenirs des moments les plus émouvants (Deauville, 40 ans de cinéma américain, 176 pages, éditions Michel Lafon). De plus, les séances nocturnes ‘Nuits Américaines’ projetteront les films primés depuis 1995 (création de la compétition avec un jury).

Hommages

Enfin, le Festival proposera cette année de (re)voir des films avec Yul Brynner, et deux icônes récemment disparues Lauren Bacall, et Robin Williams.

Ce 40ème anniversaire de Deauville va proposer une affiche très éclectique avec plusieurs hommages : le réalisateur John McTiernan, Jessica Chastain et The Disappearance of Eleanor Rigby (them), Will Ferrell et ses Légendes Vivantes, Ray Liotta, le producteur Brian Grazer. En revanche, James Cameron a annulé sa venue pour la présentation de son documentaire Deepsea Challenge 3D.

Avant-premières

Le film d’ouverture sera le très attendu nouveau Woody Allen Magic in the Moonlight avec Colin Firth et Emma Stone et celui de clôture, le très attendu Sin City 2. Parmi les avant-premières on y verra notamment Camp X-Ray avec Kristen Stewart (Sundance), Get On Up le biopic sur James Brown, Les Recettes du Bonheur de Lasse Hallström avec Helen Mirren (et aussi Charlotte Le Bon), Alex Of Venice avec Mary Elizabeth Winstead et Don Johnson, Infinitely Polar Bear avec Mark Ruffalo et Zoe Saldana, Avant d’aller dormir de Rowan Joffe avec Nicole Kidman et Colin Firth, Pasolini de Abel Ferrara (sélectionné également à Venise)…
On regrettera l’absence de The smell of us de Larry Clark et de Coherence de James Ward Byrkit.

Jury

Cette année le jury sera composé uniquement de personnalités ayant déjà été président du jury dans le passé : le président Costa Gavras sera entouré de Pierre Lescure (2002), Claude Lelouch (2004), André Téchiné (2007), Jean-Pierre Jeunet (2009), Emmanuelle Béart (2010) et Vincent Lindon (2013). S'y ajoute bizarrement la chorégraphe et danseuse Marie-Claude Pietragalla, sans doute pour ajouter une touche féminine un peu plus marquante à ce jury très peu paritaire.
L’autre jury, celui attaché à récompensé un film Révélation, sera lui plus féminin avec la présidente Audrey Dana entourée de Clémence Poesy, Lola Bessis, Anne Berest, la chanteuse Christine (‘& the Queens) et de Freddie Highmore (Charlie et la Chocolaterie).

Compétition

En compétition beaucoup de premiers et seconds films qui devraient étonner, mais cette année, on retrouve aussi, plus que d’habitude, des cinéastes déjà confirmés qui vont surprendre comme Gregg Araki et White Bird avec Shailene Woodley, Eva Green ou Anton Corbijn et Un Homme très recherché avec Philip Seymour Hoffman (un de ses derniers films) et Rachel McAdams.
Le film de genre sanglant sera bien représenté avec It Follows de David Robert Mitchell, Juillet De Sang de Jim Mickle (tous deux étaient à Cannes) ou A Girl Walks Home Alone At Night de Ana Lily Amirpour.
Déjà des bons échos de Berlin pour Love is Strange avec John Lithgow et Alfred Molina, de Sundance avec l’actrice Brit Marling qui fera doublement sensation dans les films I Origins de Mike Cahill (avec Astrid Bergès-Frisbey et Michael Pitt) et The Better Angels de A.J. Edwards (avec Jason Clarke, Diane Kruger et Wes Bentley). Le plus attendu est sans aucun doute celui qui a fait sensation à Sundance comme à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes: Whiplash de Damien Chazelle. Parmi les 14 films de la compétition on reverra aussi Reese Witherspoon dans The Good Lie de Philippe Falardeau, Catherine Keener et Hafsia Herzi dans War Story de Mark Jackson.

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40e Festival du Cinéma Américain de Deauville
Du 5 au 14 septembre.
Renseignements sur le site de la manifestation

Compétition

A girl walks home alonte at night, d‘Ana Lily Amirpour
I Origins, de Mike Cahill
It Follows, de David Robert Mitchell
Jamie Marks est mort (Jamie Marks Is Dead), de Carter Smith
Juillet de sang (Cold in July), de Jim Mickle
Love is strange, d’Ira Sachs
The Better Angels, de A.J. Edwards
The Good Lie, de Philippe Falardeau
Things people do, de Saar Klein
Un homme très recherché (A Most Wanted Man), d’Anton Corbijn
Uncertains Terms, de Nathan Silver
War Story, de Mark Jackson
Whiplash, de Damien Chazelle
White Bird (White Bird in a Blizzard), de Gregg Araki

Avant-Première

Alex of Venice, de Chris Messina
Avant d’aller dormir (Before I Go to Sleep), de Rowan Joffe
Camp X-ray, de Peter Sattler
Chef, de Jon Favreau
Deepsea Challenge 3D : l’aventure d’une vie (Deepsea Challenge), de John Bruno, Ray Quint & Andrew Wight
Get on up, de Tate Taylor
Infinitely polar bear, de Maya Forbes
Land Ho !, de Martha Stephens & Aaron Katz
Légendes vivantes (Anchorman 2: The Legend Continues), d’Adam McKay
Les Boxtrolls (The Boxtrolls) d’Anthony Stacchi & Graham Annable
Les Recettes du bonheur (The Hundred-Foot Journey), de Lasse Hallström
Magic in the moonlight, de Woody Allen
The disappearance of Eleanor Rigby : them, de Ned Benson
Sin City 2 : j'ai tué pour elle, de Frank Miller et Robert Rodriguez

Les plus gros succès de Robin Williams au box office

Posté par vincy, le 12 août 2014

Robin Williams était populaire. Son box office tant nord-américain que français le prouve. Si l'essentiel de ses succès provient des années 90, il a surtout su séduire le grand public avec des films aussi bien dramatiques que comiques.

robin williams mme doubtfireBox office nord-américain : les films (hors seconds-rôles) ayant rapporté plus de 100 millions de dollars (en millions de dollars, recettes ajustées avec l'inflation)

1. Mme Doubtfire (1993) - 429,4
2. Aladdin (1992) - 427,4
3. Good Morning, Vietnam (1987) - 245,8
4. Good Will Hunting (1997) - 244,6
5. Hook (1991) - 233,8
6. The Birdcage (1996) - 228,8
7. Patch Adams (1998) - 222,8
8. Le cercle des poètes disparus (1989) - 196,8
9. Jumanji (1995) - 186,4
10 Flubber (1997) - 164,1
11. Popeye (1980) - 150,9
12. Jack (1996) - 108,1
13. L'éveil (1990) - 100,8

robin williams le cercle des poetes disparusBox office français (en millions d'entrées) - hors seconds-rôles

1. Le cercle des poètes disparus (6,6 millions d'entrées, leader annuel en 1990)
2. Madame Doubtfire (5,0)
3. Hook ou la revanche du Capitaine Crochet (3,4)
4. Jumanji (2,0)
5. Flubber (1,2)
6. Will Hunting (1,1)

GOOD BYYYYYE ROBIN WILLIAMS!

Posté par vincy, le 12 août 2014

Coup de tonnerre en plein mois d'août. L'acteur Robin Williams a été retrouvé mort à son domicile lundi 11 août: « un suicide par asphyxie », mais il faudra attendre les résultats de l'autopsie pour confirmer la cause du décès.

A 63 ans, dépressif cyclique, jamais à l'abri des tentations comme la drogue et l'alcool, le comique achève son parcours en tragique. Cela faisait plus de dix ans que l'acteur n'avait pas connu un succès ou joué dans un film digne de son talent, hormis des performances vocales toujours sidérante (Happy Feet) ou des seconds-rôles délirants (La nuit au Musée). Ses deux dernières sorties sur grand écran ont été des flops (Boulevard, The Angriest Man in Brooklyn). On se souviendra davantage de lui en président-peintre dans Le majordome ou dans la série The Crazy Ones. Il avait achevé trois tournages (Merry Friggin' Christmas, La nuit au musée 3 et une voix pour Absolutely Anything). La suite de Mme Doubtfire, en cours d'écriture, a été annulée une fois sa mort apprise.

10 films marquants

Sur grand écran, sa carrière commença en 1980 avec Popeye de Robert Altman. Comique génial, acteur dramatique sensible, clown parfois triste ou tragédien toujours un peu décalé, il avait composé une filmographie ponctuée de quelques très beaux films ou d'oeuvres cultes : Le Monde selon Garp de George Roy Hill (1982), Good Morning, Vietnam de Barry Levinson (1987), avec son bonjour radiophonique légendaire, Le Cercle des poètes disparus de Peter Weir (1989), immense succès populaire où il fut le professeur dont tout le monde rêvait, The Fisher King de Terry Gilliam (1991), inoubliable en Madame Doubtfire de Chris Columbus (1993), Harry dans tous ses états (Deconstructing Harry) de Woody Allen (1997), qui le flouta volontairement, Good Will Hunting de Gus Van Sant (1997) et Insomnia, de Christopher Nolan (2002), et Photo Obsession (One Hour Photo) de Mark Romanek (2002), où, dans ces deux derniers cas, il avait pris le risque de devenir un tueur inquiétant. On devrait ajouter son rôle dans le dessin animé de Disney, Aladdin, où sa prestation vocale est sans aucun doute la meilleure de l'histoire du studio.

Williams a également tourné dans de grands succès au box office (Jumanji), dans des films d'auteur (pour Kenneth Branagh dans Dead Again et Hamlet, pour Coppola dans Jack), dans de mauvais remakes (La cage aux folles devenue Birdcage, Neuf mois aussi, Toys), des mélos (L'éveil, Docteur Patch, Au-delà de nos rêves), pour Spielberg (Peter Pan dans Hook), et dans pas mal de productions rarement à la hauteur de son talent.

Un génie dès qu'il sortait de sa lampe magique

Oscar du meilleur acteur dans un second rôle 1998 pour Will Hunting, trois fois nominé pour la statuette (Good Morning Vietnam, Le Cercle des poètes disparus et The Fisher King), plusieurs fois gagnant d'un Golden Globe (Meilleur acteur pour Good Morning Vietnam, The Fisher King et Madame Doubtfire, pour sa contribution spéciale dans Aladdin, pour l'ensemble de sa carrière en 2005), Robin Williams était un acteur polyvalent, qui crevait souvent l'écran. Populaire et sympathique, il avait réussi à alterner drames et comédies avec succès. Il avait ce génie de pouvoir être burlesque, grotesque, démesuré, outrancier, manipulant notre hilarité avec son auto-dérision déjantée. Et puis il savait être ultra-sensible, à fleur de peau, se laissant couler dans les vagues à l'âme de ses personnages, dans leur part de démence comme on s'accroche à un tic ou un toc. Le jeu de Robin Williams reposait intégralement sur ses failles béantes, capable de tout dès lors qu'on lui laissait l'espace pour dévoiler l'invisible part de la tragi-comédie humaine. L'imprévisible, alors, se déchaînait à l'écran, avec une rare maîtrise. Il y avait du Peter Sellers, des Marx Brothers et du Chaplin en lui.

Pas étonnant qu'Hollywood croule sous les larmes après avoir encaissé le choc de cette nuit. Personne n'a envie de rire à cette sale blague. "Robin était un éclair de génie comique et notre rire était le coup de tonnerre qui le faisait avancer. Il était un ami et je n'arrive pas à croire qu'il ne soit plus là" a commenté Steven Spielberg. Et le président Barack Obama lui-même s'est souvenu que "Robin Williams était un animateur de radio, un médecin, un génie, une nounou, un président, un professeur, un bangarang Peter Pan, et tout ce qu'on peut imaginer d'autre. Mais surtout il était unique".

"On ne vous donne qu'une petite étincelle de folie. Il ne faut pas la perdre" disait-il.

"Capitaine oh mon capitaine", ... le poète a disparu.

Deauville : retour sur les 11 films en compétition

Posté par kristofy, le 14 septembre 2009

themessenger.jpgPour sa 35ème édition le Festival du Cinéma américain de Deauville a proposé une sélection de 11 films en compétition. De la comédie à film plus violent le public et les jurys ont découvert une large palette du cinéma indépendant et aussi des histoires singulières.

Retour sur les autres films de la compétition

Cold Souls : Le premier film à ouvrir le bal de la compétition est réalisé par Sophie Barthes, une française qui a peaufiné son projet à Sundance alors que Paul Giamatti avait déjà été séduit par le scénario. Il joue son propre rôle, celui de l’acteur américain Paul Giamatti qui est accablé par ses doutes en répétant une pièce de théâtre. Il apprend l’existence d’une société qui vous soulage de votre âme en l’extrayant de votre corps et qui la stocke le temps que vous voulez, il est même possible de louer une autre âme… Incrédule d’abord (comme le spectateur) il se laisse tenter par l’expérience, et il n’est plus tout à fait le même homme qu’avant. Mais quand il veut récupérer son âme celle-ci a été volée par une trafiquante russe pour la remettre à une actrice télé compagne d’un mafieux… La première partie est pleine d’humour et d’inventivité, mais malheureusement la suite où les personnages ont des aperçus de résidu d’âme est moins percutante.

Harrison Montgomery : Un jeune (Octavio Gomez Berrios) s’est fait arnaqué de 3000 dollars dans un deal de drogue, et il est violement harcelé pour rembourser cette somme. La fille de sa voisine de palier s’invite sans cesse chez lui, son voisin d’en dessous est un vieil excentrique (Martin Landeau) qui paraît-il aurait gagné un jour au loto… Sympathique et excentrique, sans plus.

Shrink : Un film choral à Hollywood autour de Kevin Spacey en psy effondré par le suicide sa femme, une jeune lycéenne dont la mère s’est suicidée et qui adore le cinéma, Mark Webber qui voudrait écrire un scénario, un producteur odieux qui a la phobie des bactéries, son assistante devenue mère-porteuse pour sa sœur, une star accro à la drogue, un dealer d’herbe, une actrice de 35 ans apparemment trop vieille pour décroché un rôle, Robin Williams fait une apparition… Bref plusieurs personnages qui représente le microcosme d’Hollywood qui se regarde le nombril.

Humpday : Ce film de Lynn Shelton avait déjà été une bonne partie de rigolade à Cannes. Deux amis qui se retrouvent philosophent à une fête dionysiaque sur la vie et l’art, et ils s’engagent à tourner ensemble un film amateur porno pour un festival artistique d’art érotique. Un film où deux amis hétéros couchent ensemble, quelle bonne idée, mais arrive le moment où il faut le faire et les hésitations commencent… Le mari conventionnel qui veut faire un bébé doit en parler à sa femme, le copain bohème se rend compte qu’il n’est pas aussi ouvert d’esprit qu’il le croyait. Ils arrivent dans une chambre pour le faire et…c’est en salle le 16 septembre. Avez-vous déjà essayé votre meilleur ami

The Messenger (photo) : Ben Foster et Woody Harrelson sont deux soldats revenus de la guerre qui ont pour mission d’annoncer à des familles la mort de leur mari/père/fils au combat. Le réalisateur Oren Moverman s’intéresse autant aux traumas des soldats qui sont revenus de la guerre qu’aux familles de ceux qui n’en sont pas revenus. Par exemple une scène de confession en long plan-séquence entre un soldat et une veuve est particulièrement émouvante. Dans ce film jouent aussi Samantha Morton et Jena Malone qui sont méconnaissables. Et si c’était le meilleur film sur l’après-guerre en Irak.

The Killing room : Le genre de film qui détonne dans la compétition, à la fois film de genre et film subversif. Le réalisateur Jonathan Liebesman, qui avait raté une nouvelle version de Massacre à la tronçonneuse, réussit un film à suspense très malin avec notamment Chloé Sévigny, Peter Stormare et Cléa Duvall. Le projet MK-Ultra est tellement secret qu’officiellement il n’existe pas. Quatre personnes qui ont accepté de venir une journée pour des tests scientifiques sont enfermées dans une pièce, et ils vont vite apprendre qu’à la fin de la journée trois personnes seront éliminée… Le film propose une thèse radicale sur la paranoïa américaine post 11 septembre, et comment lutter contre le terrorisme.

World’s greatest dad : C’est une comédie avec Robin Williams, et certainement son meilleur film depuis Photo Obsession (prix du jury ex-æquo à Deauville en 2002)! Ce film est produit par la société de Richard Kelly (Donnie Darko) est né à l’initiative de Bob Goldthwait (un ami très proche de Robin Williams) qui en signe le scénario et la réalisation. Un prof célibataire qui désire devenir écrivain doit supporter son ado de fils qui est insolent et collé à son écran d’ordinateur. Le film démarre doucement et prend son envol au moment où le fils dépravé meurt subitement (de la même manière que David Carradine). Ce décès passe en suicide et le père écrit ensuite un journal intime, et les évènements vont s’emballer… Ce journal intime d’un adolescent incompris devient un phénomène qui provoque des réactions en cascade. Bob Goldthwait livre un film irrévérencieux sur le deuil : « Maintenant que Michael Jackson est mort les gens en feraient leur baby-sitter ! Les hommages aux morts sont un peu curieux et souvent très exagérés dans les qualités que l’on reconnaît au défunt et dans l’amour qu’on leur déclare à ce moment là. ». Pour l’annecdote on était deux personnes à avoir remarqué un rapide caméo dans le film de Krist Novoselic, ex-batteur de Nirvana.

Sin nombre : Un premier film de Cary Joji Kukunaga (qui parle d’ailleurs français, photo de droite) Cary Joji Kukunagaet coproduit par Gael Garcia Bernal et Diego Luna. Il évoque los estados unidos, le but à atteindre des immigrants clandestins en provenance du Honduras ou du Guatémala et qui traversent le Méxique pour traverser la frontière. Casper est un ado membre du gang la Mara Salvatrucha qui va croiser la jeune Sayra sur un train, pour la défendre il va provoquer la mort du chef du gang. Toute la bande est aux trousses de Casper pour le tuer… Il est long et mortel le chemin vers le rêve américain, le film sort le 21 octobre.

Youth in Revolt : Une comédie ado de Miguel Arteta (The good girl) avec en vedette Michael Cera qui joue, encore et toujours, un adolescent de 16 ans amoureux malchanceux. Il rencontre dans un camping une jolie fille et pour se rapprocher d’elle il va se laisser guider par son double imaginaire : un français aventurier du genre Belmondo. Mais l’influence de son alter-égo va commencer par lui être de plus en plus néfaste au fur et à mesure qu’il enchaine les catastrophes… Une gentille comédie pleine de bonnes intentions et qui se laisse voir sans déplaisir.

Precious : Déjà vu à Cannes, l’histoire sordide d’une jeune fille obese qui subit les pires malheurs du monde est très émouvante pour la plupart des spectateurs après le générique de fin, mais il n’est pas interdit de penser que ce n’est pas vraiment un bon film...

The good heart : Il s’agit du premier film américian de l’islandais Dagur Kari, qui est le réalisateur du très bon Noî albinoï (en Islande) et de l’encore meilleur Dark Horse (au Danemark). Il reforme le duo de Long Island Expressway (prix du jury ex-æquo à Deauville en 2002) c'est-à-dire Brian Cox et Paul Dano qui a depuis gagné ses galons de star. Un vieux barman aigri recueille un jeune sdf rencontré à l’hôpital pour le faire travailler dans son bar et même le lui transmettre. Un soir Isild Le Besco arrive en pleurs sous la pluie, elle a été virée et n’a nulle part où aller… Entre le jeune homme qui voulait foutre sa vie en l’air et le vieux qui lutte pour rester en vie va se nouer une relation qui va être mise à mal par l’arrivée de la jeune femme. Emouvant et drôle à la fois, encore une fois Dagur Kari réalise avec des petits moyens un grand film.

Crédit photo Cary Joji Kukunaga : Christophe Maulavé