AXN de Jean-Marie Villeneuve en lice pour le Label Film MFC 2016
En 2014, on vous parlait de Jean-Marie Villeneuve et de son long métrage Tout est faux, sorti au cinéma parisien le St André des arts dans le cadre de ses "découvertes".
Cette année, entre divers projets et des courts qui tournent en festivals, le cinéaste indépendant est de retour avec AXN, un court métrage ambitieux et décapant qui concourt pour le Label Film 2016 de la Maison du Film court, un prix décerné à une proposition cinématographique singulière pour la réalisation d'un nouveau projet. Il est en lice avec neuf autres courts métrages qui seront présentés le mercredi 15 juin à 19h chez Commune Image.
L'occasion idéale de parler de ce film qui ne laisse pas indifférent ceux qui le voient, à la fois en raison de son ambiance envoûtante et de sa mise en scène élégante, servie par un noir et blanc somptueux. Dans une époque indéterminée, un couple se défait, un autre se forme, un tueur rôde, et la mort, elle, est partout. Il faut accepter de se laisser dérouter par ce que son auteur qualifie de "cauchemar éveillé sur fond d'épuisement conjugal", un film-puzzle qui déconstruit les codes traditionnels de narration, distord les voix et le récit, et laisse une part primordiale à l'intelligence de son spectateur.
Avec AXN, comme avec la veine parfois la plus captivante d'un certain cinéma fait de sensations et d'images plus que de sens et de dialogues, il ne faut en effet pas vouloir comprendre à tout prix ce que dit chaque scène du film, mais plutôt l'appréhender comme une expérience globale où les sensations (malaise, absurdité, humour, tension...) comptent plus que la sacro-sainte "intrigue". Une séquence du début, faussement documentaire, dans laquelle la figure du réalisateur évoque celle d'un démiurge tout puissant, peut ainsi éclairer a posteriori le film... ou n'être qu'une piste parmi d'autres, selon ce que le spectateur choisira d'y voir ou d'en retenir.
Jamais programmatique, le film nous fait toucher du doigt l'étrangeté d'un monde que l'on voudrait explorer plus avant, où les meurtriers convoient leurs victimes en barque vers un au-delà dont on ne sera jamais sûr de la nature, et où la mort vient littéralement frapper à la porte des défunts. Pourtant, cet univers plein de promesses ne se livrera jamais, comme s'il était l'aperçu alléchant d'une oeuvre encore à venir. Il nous laisse donc frustré, et c'est sans doute là sa petite faiblesse. Mais Jean-Marie Villeneuve refuse la facilité du sens et des explications et préfère se concentrer sur le style et la recherche d'une forme cinématographique qui se suffise à elle-même. Il évite ainsi le naufrage des œuvres si intrigantes qu'elles se dégonflent au moment du dénouement, suivant la voie plus difficile de celles justement bâties sur leur incompressible part de mystère.
Une démarche artistique que l'on croise trop peu souvent, même dans l'économie a priori plus libre du court métrage, et dont on a pourtant l'intuition qu'elle a encore beaucoup à livrer, entre singularité innée et recherche sincère. Parce que si Jean-Marie Villeneuve peut livrer un objet aussi intrigant et personnel avec des moyens ultra-limités, on est impatient de découvrir ce qu'il peut faire avec un budget plus confortable et une équipe technique étoffée. Heureusement, qu'il reçoive ou non le Label de la Maison du Film court, on sait qu'on aura bientôt de ses nouvelles : il ne cesse de tourner.
Les dix films en lice pour le Label Film MFC 2016
Soleil de Sonia Joubert
Je suis pas un bon modèle de Sabrina Tenfiche
L'enfant aux yeux verts d'Edouard Lanneau
Et après de Marc Ory
AXN de Jean-Marie Villeneuve
Séparation de Sylvie Audcoeur
La mer est ma mère de Luana Rocchesani
Dopado de Piotr Wieckowski
Les tigres en papier de Margot Pouppeville
Ultreïa de Jérôme Steinberg
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Projection spéciale Label Film MFC 2016
Mercredi 15 juin à partir de 19h, entrée libre
COMMUNE IMAGE
8, rue Godillot
93400 Saint Ouen
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