Edito: Chacun son chemin

Posté par redaction, le 27 octobre 2016

Les vacances de la Toussaint s'annoncent fastes pour la fréquentation. C'est une bonne nouvelle en soi. Les spectateurs trouvent leur bonheur grâce une grande variété de genres, d'histoires, de styles. Après Brice l'adolescent attardé, Courgette l'orphelin heureux, Willy le quinquagénaire cocasse, Gabrielle dévorée par sa passion, Olli démangé par son désir ou le Teckel qui passe de maître en maître, voici d'autres destinées à embrasser.

Le Dr Stephen Strange, l'ado Tamara, le chômeur Daniel Blake, la fille du train, Rachel, ou encore Conor, jeune dublinois qui fait des riffs avec sa guitare pour séduire Rafina, Ivan qui part à la recherche de sa mère Nana, ou les planteurs de thé du Myanmar, les Ta'ang montrent la diversité du 7e art. Et, jour férié oblige, quatre grosses sorties sont avancées pour se caler mardi prochain: un comptable autiste qui se prend pour Jason Bourne, Mr Wolff, on présume, un lanceur d'alerte américain exilé à Moscou, Snowden, deux jeunes femmes qui flirtent avec Eros et Thanatos, Mademoiselle et sa servante. Et enfin, Thomas, Marianne, Claire, Vincent, Jeanne, Anne, Simon, Lucie... protagonistes de Réparer les vivants, où les vies et la mort s'entremêlent.

Quoi de mieux finalement que de réparer les vivants le jour des morts. Réparer les erreurs, les fautes, les bugs. Tenter d'alerter sur les crimes, les manipulations, les mensonges. Dans ce monde soi-disant de plus en plus transparent, alors que rien n'a jamais été aussi opaque et complexe, le cinéma éclaire un peu nos cavernes, les écrans amènent un peu de lumière dans l'obscurité.

Il y aura ceux qui ne feront plus confiance à leur comptable, ceux qui voudront revoir tous les clips vidéos des groupes européens des années 80, ceux qui seront confortés dans leur méfiance à l'égard du système ultra-libéral (modèle anglais), ou d'autres qui mettront un bout de scotch sur leur webcam. L'influence du 7e art sur nos vies n'est pas nouvelle, même si elle est parfois exagérée.

Jean d'Ormesson disait qu'on peut vivre sans art, mais que sans art, on vit moins bien. C'est exactement ça: l'art n'est pas que vecteur d'émotion. C'est aussi une richesse immatérielle, impalpable, incomparable qui rend l'individu meilleur. Même le Dr Strange transmet ce message en plaçant le savoir au dessus de la force.

Art de masses, le cinéma devient passionnant quand il nous tend un miroir. Le spectateur se voit alors à l'écran. A défaut de le traverser comme dans La rose pourpre du Caire. Il nous montre un chemin (de traverse?), une voie, un détour et peut ainsi infléchir le cour de nos vies. Un film n'est rien d'autre qu'un organe. Quand il est réussit, qu'il touche un spectateur en plein cœur, c'est que la greffe a fonctionné. D'ailleurs, peut-être que grâce à Réparer les vivants, ses spectateurs verront le don d'organe différemment. Peut-être que le cinéma a ce pouvoir. Si la mort est une fatalité que nous subissons tous, parfois, nous pouvons en effet sauver les vivants de notre vivant. Tous saints?