Les reprises de l’été: Ozu en dix films

Posté par vincy, le 1 août 2018, dans Films.

Du noir et blanc à la couleur... 10 chefs-d’œuvre du maître japonais à contempler dans leur sublime restauration ! Printemps tardif, Été précoce, Le Goût du riz au thé vert, Voyage à Tokyo, Printemps précoce, Crépuscule à Tokyo, Fleurs d’équinoxe, Bonjour, Fin d'automne, Le Goût du saké. Ces films de Yasujiro Ozu seront au cinéma le 1er août 2018 en versions restaurées 2K et 4K. Un événement en soi.

Pourquoi il faut voir les films de Ozu? Parce que, d'abord, c'est l'un des plus grands cinéastes du XXe siècle. Son œuvre est un regard sur le Japon, sur la classe moyenne en pleine reconstruction d'après guerre et sur la société en général, notamment avec les rapports homme-femme très codifiés. C'est un cinéma où le temps qui passe sert de moteur à l'intrigue, où l'oppression et les pressions servent de déclics, où tout est calme à la surface des choses et bouillonnant intérieurement. Il filmait déjà les fossés générationnels, les drames existentiels, les mutations sociétales.

L'élégance de sa mise en scène et ses fameux plans "à hauteur de tatamis" n'a pourtant été reconnue que très tard en France. On célèbre cette année les 30 ans de la sortie française de son film emblématique Voyage à Tokyo. Ozu a eu l'honneur de deux rétrospectives à Locarno (en 1979) et à la Cinémathèque française (en 1980) soit bien longtemps après sa mort en 1963 à l'âge de 60 ans.

Cinéaste hanté et traumatisé par la guerre, on peut même voir une scène de bar dans le Goût du Saké, où les deux personnages principaux se réjouissent de la défaite du Japon. Chez Ozu, on observe comment le Japonais se soumet aux règles du jeu, à l'ordre des choses et du monde? Pourtant, souvent, ils se révoltent, sans rien dire, refusant les choix dictés. Les enfants insolents deviennent bien sages en grandissant. Les femmes dociles sont bien plus émancipées qu'en apparence, dans le cadre contraint où elles évoluent. Souvent il faut un destin qui bifurque pour que son mélo s'envole. Car dans son cinéma, au-delà de l'acceptation, les personnages sont avant tout des êtres qui se séparent. C'est la transmission, par la douleur. Derrière la banalité des vies, il y a cette souffrance permanente qui nous traverse, et qui passe des parents aux enfants.

Mais ce qui frappe aussi dans ses films, c'est leur richesse cinématographique, beaucoup moins immobiles qu'on ne le croit, beaucoup plus audacieux qu'on ne l'imagine. La rigueur et l'épure, le dénuement et le formalisme ne sont que des qualificatifs clichés pour un cinéma qui s'adaptait et se transformait en fonction des histoires. Mais ce qu'on retient de ses expérimentations c'est que le monde est en mouvement, les regards jamais vraiment francs, le spectateur à distance et les espaces manipulés par le cadrages. Rien n'est statique. Il n'est alors pas étonnant que chacun des 10 films de cette rétrospective produira une émotion particulière et différente. Car les histoires du maître sont aussi bouleversantes.

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