Cartoon movie 2019 : trois longs métrages attendus en 2019

Posté par MpM, le 18 mars 2019, dans Evénements, Films.

Heureusement, le Cartoon Movie n'est pas seulement ce lieu de frustration où sont présentés des projets prometteurs qu'il faudra ensuite attendre pendant des années. C'est aussi l'occasion d'avoir un avant-goût de films terminés, que l’on découvrira dans les semaines ou les mois à venir, en festivals ou même en salles. En montrer quelques minutes permet à la fois de faire naître (ou de confirmer) les attentes et de « prendre la température » des spectateurs constitués exclusivement de professionnels. Le cri de désappointement collectif lorsque s’est brutalement interrompue la projection du début de Bunuel après l'âge d'or de Salvador Simo en dit par exemple assez long sur la frustration ressentie par le public. Ça tombe bien, puisque le film arrive sur nos écrans le 19 juin.

Bunuel après l'âge d'or de Salvador Simo


Nous vous avions déjà parlé l’an passé lors du précédent Cartoon Movie de ce projet qui mêle animation et images d’archives pour raconter la genèse du film Terre sans pain de Luis Bunuel. Il s'agit du seul documentaire du cinéaste, tourné dans la région très pauvre des Hurdes au printemps 1932, grâce à l'argent gagné à la loterie nationale par son ami Ramon Acin. Le projet de Bunuel est de montrer sans fard ni surenchère la misère endémique de la région. Le film sera censuré en Espagne (accusé de donner une vision misérabiliste du pays) puis diffusé dans une version intégrale en 1965.

Bunuel après l'âge d'or, adapté d'un livre de Fermin Solis, commence après le scandale créé par la projection du chef d'oeuvre du surréalisme à Paris. Bunuel, rejeté de toute part, se lance alors dans un projet radicalement différent qu'il nommera "essai cinématographique de géographie humaine". Ce que l'on a vu du long métrage de Salvador Simo privilégie une forme de légèreté et d'humour, notamment dans le personnage haut en couleurs de Bunuel. Les rêves fantastiques du cinéaste s'incarnent également dans des séquences oniriques prometteuses. De quoi trancher avec la noirceur de la réalité qui apparaît à la fois dans la partie fictionnelle, et dans les images d'époque.

Le film explore ainsi cette période charnière dans l'oeuvre de Bunuel et notamment sa confrontation avec les réalités sociales les plus cruelles de son pays au moment même où il cherche à comprendre qui il est vraiment, et dans quelle direction il souhaite aller.

Le voyage fantastique de Marona d'Anca Damian


Autre film dont nous avions découvert les premières images en 2018, L'extraordinaire voyage de Marona d'Anca Damian (Le voyage de M. CrulicLa montagne magique) est attendu dans les salles à l'automne prochain. Nous avons déjà eu l'occasion de vous dire la fresque virtuose et intense qu'il devrait être, portée par l’incroyable inventivité de sa réalisatrice et le talent graphique de l'illustrateur Brecht Evens, créateur des personnages et consultant sur la création graphique. Raconté à la première personne par son héroïne, une petite chienne qui a connu plusieurs foyers, il mêle différentes techniques (2D, 3D, papiers découpés) et propose une profusion d'idées visuelles et poétiques.

Les larges extraits que nous a montrés la réalisatrice cette année viennent confirmer la beauté et l'ambition formelles du film. Dans la première partie, la petite chienne (noire et blanche, avec un nez en forme de cœur) est adoptée par un acrobate. L'occasion de créer un personnage virevoltant dont le costume jaune est constitué de fils rouges qui ne cessent de se mouvoir et de se transformer au gré des situations. Une autre séquence montre Marona flottant au milieu des crêpes en apesanteur, puis des planètes, en hommage à 2001. Dans la dernière partie, elle rencontre une petite fille elle-aussi rouge et jaune, dans un parc à la végétation luxuriante, puis dans une maison aux murs roses. Dans cet univers ultra coloré, rien n'est acidulé ou mièvre, mais c'est au contraire comme une explosion de teintes vives et chatoyantes qui illuminent le récit.

Avec son histoire simple et touchante (l'amour inconditionnel de la petite chienne pour ses maîtres successifs), Le voyage fantastique de Marona s'annonce à la fois comme une fable sensible à destination de tous les publics, et comme une oeuvre de cinéma ambitieuse et maîtrisée, qui met la barre très haut en terme d'expérimentation formelle.

J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin


Adapté du roman Happy Hand de Guillaume Laurant, J'ai perdu mon corps est le (très attendu) premier long métrage de Jérémy Clapin, découvert avec ses courts métrages Une histoire cérébrale, Skhizein (sélectionné à la Semaine de la Critique à Cannes) ou encore Palmipedarium. Son résumé, l'histoire d'une main droite prénommée Rosalie, et à la recherche du reste de son corps, intrigue. Les extraits vus à Bordeaux aussi, qui révèlent une esthétique assez réaliste alliée à une tonalité tour à tour onirique, romantique et épique.

Le récit suit le parcours de Rosalie, en alternance avec des flash-backs qui dévoilent peu à peu la vie de Naoufel, à qui elle appartenait autrefois. S'il se dégage (dans ce que l'on a vu) une certaine douceur des séquences passées, celles qui mettent en scène Rosalie séparée de Naoufel sont beaucoup plus froides, dans une gamme chromatique de bleus et de gris, et avec des épisodes glaçants comme celui où la main isolée est attaquée par des rats.

Inutile de préciser qu'il s'agit d'un long métrage ambitieux, plutôt à destination des adultes et des adolescents, qui s'inscrit dans un mouvement plus large de décloisonnement du cinéma d'animation. Malgré notre incompétence crasse en matière de pronostics, on veut croire qu'il pourrait célébrer sa première mondiale à Cannes.

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