Deauville Asia 2014 : retour sur la compétition et le palmarès

Posté par kristofy, le 10 mars 2014

Zhanna Issabayeva NAGIMA festival cinéma asiatique deauville © ecrannoir.frLes films en compétition du 16e Festival asiatique de Deauville étaient au nombre de huit, mais pas un ne s’est imposé comme un gros coup de cœur unanime. Pourtant, il y a eu une certaine unanimité. Le public, la critique et le jury se sont entendus pour primer le film de Lee Su-Jin, Han Gong-Ju, déjà très récompensé dans plusieurs festivals.

Le jury, présidé par la réalisatrice Claire Denis, était composé de Roxane Mesquida, Florence Loiret-Caille, Gilles Marchand, Samir Guesmi et René Bonnell, a rendu son palmarès samedi 8 mars :

Lotus d’or: Nagima de Zhanna Issabayeva
Prix du jury ex-aequo: Ugly de Anurag Kashyap et Han Gong-Ju de Lee Su-Jin
Prix de la Critique:
Han Gong-Ju de Lee Su-Jin
Prix du Public: Han Gong-Ju de Lee Su-Jin

No man’s land du chinois Ning Hao (Crazy Stone) avait ouvert la compétition sur les chapeaux de roues : un jeune avocat citadin rentre chez lui au volant d’une voiture rouge récupérée de son client. Dans le désert, il sera poursuivi par plusieurs camions et plusieurs individus sans compter la présence d’une danseuse qui s’est collée à lui. Presque tout le film se déroule sur cette route au milieu du désert où durant presque deux heures, chacun à son tour, tous vont s’affronter avec une violence cartoonesque. Le film était en compétition à la dernière Berlinale.

uglyUgly de l’indien Anurag Kashyap (Gangs of Wasseypur) était l’évènement attendu de la compétition. Le kidnapping d’une petite fille et l’enquête pour trouver le coupable vont déclencher une réaction en chaîne étonnante : un thriller haut en couleur. Un vrai film de "ripoux" que nous avions adoré à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes en 2013.

Toilet Blues, premier film de l’indonésien Dirmawan Hatta. C'est l'histoire d'un jeune homme qui aspire à devenir prêtre et qui rejette les avances d’une amie qui veut échapper à l’autorité de son père. Ce film a été le chemin de croix des spectateurs restés dubitatifs (il est pourtant signé du scénariste du très réussi The mirror never lies de Kamila Andini).

Steel cold winter du documentariste coréen Choi Jin-Sung est le récit de la rencontre entre un étudiant venu de Séoul dans un lycée de campagne avec une jeune-fille. Lui veut s'éloigner du suicide d’un camarade victime d’une rumeur ; elle sera elle-aussi victime de l’opinion des autres suite à un drame avec son père. Chacun va s’interrogre sur cette jeune-fille avant que ce garçon ne réagisse avec une effarante violence.

nagimaNagima de la kazakh Zhanna Issabayeva (Karoy) montre une jeune femme à qui l’on s’intéresse avec peine au début tant elle manque de relief. Le récit débute sans dialogue. Ce n’est qu’à partir du moment où sa meilleure amie enceinte doit être emmenée à l’hôpital que son personnage prend de l’épaisseur : élevée dans un orphelinat, cette jeune fille de 18 ans travaille dans un restaurant sans pour autant gagner assez d’argent pour le loyer et sa nourriture. Quand son amie disparaît en laissant au monde un bébé, elle va vouloir s’en occuper sans savoir ni pouvoir le faire…

Mater Dolorosa du philippin Adolfo Alix Jr. (Death March, sélectionné à Un Certain regard à Cannes en 2013) se regarde avec ses couleurs désaturées jusqu’au noir et blanc. Lourdes est une mère de famille autant crainte que respectée. Ses fils, qui ont des activités liées aux jeux d’argent et à la revente de voitures volées, ont des frictions avec des rivaux et la police. Quand un de ses fils est assassiné, elle leur interdit à tous de se venger, pour s’occuper elle-même du règlement de compte…

a capellaHan Gong-Ju (A Cappella) de Lee Su-Jin, autre film coréen de la compétition, raconte l’histoire d’une lycéenne qui est transférée dans une nouvelle école en cours d’année suite à un drame qui l’implique. Le film navigue entre son présent, avec de nouvelles amies, et son passé, pour faire découvrir au fur et à mesure ce qu’elle fuit. Le procès en cours pour un viol collectif change le regard des autres sur elle… le film a été primé à Marrakech (meilleur film), Pusan (prix du public) et Rotterdam (meilleur film).

Enfin, le dernier film en compétition, Trapped, de l’iranien Parviz Shahbazi (Deep Breath) raconte les mésaventures d’une étudiante en médecine trop gentille qui va aider sa nouvelle colocataire à sortir de prison pour un chèque sans provision, mais sa naïveté va lui attirer beaucoup d'ennuis.

Ce sont surtout les deux films Han Gong-Ju et Nagima qui étaient les favoris avant que le jury ne fasse connaître son choix, tandis Ugly et No man’s land ont aussi fait forte impression. Le palmarès qui les récompense n’est pas surprenant et représente bien les échos du Festival. Si Nagima gagne la plus haute récompense c’est Han Gong-Ju (un premier film) qui apparaît comme le favori de l'année en cumulant les prix du public, de la critique, et du jury, il sortira en salles sous le titre A Cappella à la fin de l’année.

jury et primés du festival cinéma asiatique deauville © ecrannoir.fr