Cannes 2019 : Qui est Diao Yinan ?

Posté par MpM, le 18 mai 2019

Depuis ses débuts derrière une caméra, Diao Yinan fait sensation, cumulant deux sélections cannoises et un Ours d’or à Berlin en quatre longs métrages. C’est pourtant en tant qu’acteur et scénariste qu’il a fait ses premiers pas, et le public occidental l’a notamment découvert à l’affiche du film d’anticipation politique All tomorrow’s parties de Yu Lik Wai, sélectionné en section Un Certain Regard à Cannes en 2003.

Issu d’un milieu simple mais cultivé (son père est rédacteur dans un magazine culturel, sa mère est actrice), il s’oriente vers l'Académie de Pékin et l'écriture théâtrale. Après une dizaine d’années en tant qu’acteur et scénariste, il passe à la réalisation de son premier long métrage, Uniforme (2003), dont l’un des conseillers artistiques n’est autre que son compatriote Jia Zhang-ke. Le film met en scène un jeune homme à l’avenir complètement bouché, qui découvre l’ivresse du pouvoir en endossant l’uniforme de policier qu’il a trouvé. Sélectionné au Festival de Vancouver, puis à celui de Rotterdam, il remporte plusieurs récompenses dont le prix Dragons and Tigers et le prix NETPAC.

C’est ensuite la reconnaissance cannoise avec Train de nuit à Un Certain Regard (2007). Le film raconte la rencontre amoureuse entre une femme huissier de justice et le mari de la détenue condamnée à mort dont elle a la charge. A la fois portrait d’une femme chinoise, "opprimée par sa solitude, épiée par ses voisins et témoins des atrocités du système " comme nous l'écrivions alors, et dénonciation d’une "société chinoise écrasante, niant l’individu".

Sept ans plus tard, Diao Yinan remporte l’Ours d’or avec Black coal, Thin Ice, un polar poisseux et désenchanté aux accents romantiques mêlés de cynisme. Sur fond d’enquête pour découvrir qui a tué et démembré un employé d’une carrière minière, le cinéaste brosse à nouveau le portrait d’un pays au bord de l’explosion, dans lequel il n’est plus possible que de survivre difficilement. La violence individuelle, filmée sans fard, apparaît comme le reflet d’une violence collective plus insidieuse, basée notamment sur l’argent et la puissance qu’il confère à ceux qui en sont pourvus.

En 2014, il expliquait dans un entretien au Figaro : "Ma critique de la société passe par l'intrigue policière parce qu'elle permet d'exprimer deux thèmes qui m'importent: la violence et la solitude. La violence m'effraie, et plus j'en ai peur, plus j'ai envie de l'exprimer à l'écran, en lui donnant une dimension esthétique ou satirique. Parce que l'écart entre riches et pauvres crée beaucoup de situations et d'événements absurdes dans la société chinoise."

Contre toute attente, Black Coal connaît un succès populaire en Chine, et c’est auréolé de ce double plébiscite que le cinéaste chinois revient cette année avec son 4e long métrage, Le lac aux oies sauvages, propulsé pour la première fois en compétition à Cannes. Il s’agit à nouveau d’un polar qui réunit au cœur d’une chasse à l’homme "un chef de gang en quête de rédemption" et "une prostituée prête à tout pour recouvrer sa liberté". Un programme qui pourrait bien accélérer la rapide ascension de Diao Yinan dans le club fermé des cinéastes chinois de tout premier plan.

81 films dans la course pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère

Posté par vincy, le 9 octobre 2015

oscars81 pays (deux de moins que l'an dernier) sont en course pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Pour la première fois, le Paraguay présente un film.
La Chine a changé de candidat. Initialement ce devait être Le dernier Loup de Jean-Jacques Annaud.
Peu de grands pays sont absents. Le Nigéria a annoncé qu'il n'avait pas de candidat correspondant aux critères qualitatifs "pour gagner". L'Ukraine a un souci administratif et a demandé un délai pour soumettre leur candidat.

La 88e cérémonie des Oscars aura lieu le 28 février 2016. Les nominations seront annoncées le 14 janvier.

Voici la liste complète fournie par l'Académie.

Afrique

Afrique du sud: Thina Sobabili: The Two of Us, d'Ernest Nkosi (premier film)
Algérie: Crépuscule des ombres, de Mohamed Lakhdar Hamina
Côte d'Ivoire: Run, de Philippe Lacôte (Un certain regard 2014)
Ethiopie: Lamb, d'Yared Zeleke (Un certain regard 2015)
Maroc: Aida, de Driss Mrini

Amériques

Argentine: El Clan, de Pablo Trapero (Ours d'argent de la mise en scène, Venise 2015)
Brésil: Une seconde mère, d'Anna Muylaert (Prix du public section Panorama Berlin 2015, Prix spécial du jury Sundance 2015)
Canada: Félix et Meira, de Maxime Giroux (Toronto 2014, San Sebastian 2014)
Chili: El Club, de Pablo Larraín (Grand prix du jury Berlin 2015)
Colombie: L'étreinte du Serpent, de Ciro Guerra (Prix CICAE, Semaine de la critique 2015)
Costa Rica: Presos (Imprisoned), d'Esteban Ramírez
Guatemala: Ixcanul, de Jayro Bustamante (Prix Alfred Bauer Berlin 2015)
Mexico: 600 Miles, de Gabriel Ripstein (Prix du meilleur premier film Berlin 2015)
Paraguay: El tiempo nublado (Cloudy Times), d'Arami Ullón (documentaire)
Pérou: NN, d'Héctor Gálvez
République Dominicaine: Les dollars des sables, de Laura Amelia Guzmán, Israel Cárdenas
Uruguay: Una noche sin luna (A Moonless Night), de Germán Tejeira (Meilleur film étranger Zurich 2014)
Venezuela: Dauna. Lo que lleva el río (Gone with the River), de Mario Crespo

Asie

Afghanistan: Utopia, d'Hassan Nazer
Bangladesh: Jalal’s Story, d'Abu Shahed Emon (Pusan 2014)
Cambodge: The Last Reel, de Sotho Kulikar (Tokyo 2014)
Chine: Go Away Mr. Tumor, de Han Yan
Corée du sud: Sado (The Throne) de Lee Joon-ik
Hong Kong: Po Feng (To the Fore), de Dante Lam
Inde: Court de Chaitanya Tamhane (Prix Luigi de Laurentis du premier film, Prix Orizzonti du meilleur film, Venise 2014)
Irak: Memories on Stone, de Shawkat Amin Korki (Meilleur film arabe Abu Dhabi 2014)
Iran: Muhammad: The Messenger of God, de Majid Majidi
Israel: Baba Joon, d'Yuval Delshad (5 "Oscars" israéliens, dont meilleur film, Toronto 2015)
Japon: Hyakuen no koi (100 Yen Love), de Masaharu Take (Tokyo 2014)
Jordanie: Theeb, de Naji Abu Nowar (Prix FIPRESCI Abu Dhabi 2014, Meilleur réalisateur Orizzonti Venise 2014)
Kazakhstan: Stranger, d'Ermek Tursunov (Toronto 2015)
Kirghizistan: Sutak (Heavenly Nomadic), de Mirlan Abdykalykov (Karlovy Vary 2015)
Liban: Void, de Naji Bechara, Jad Beyrouthy, Zeina Makki, Tarek Korkomaz, Christelle Ighniades, Maria Abdel Karim, Salim Haber
Malaisie: Men Who Save the World, de Liew Seng Tat (Locarno 2014)
Nepal: Talakjung vs Tulke, de Basnet Nischal
Pakistan: Moor, de Jami (Pusan 2015)
Palestine: Les 18 fugitives, d'Amer Shomali, Paul Cowan (documentaire animé, Meilleur film documentaire arabe Abu Dhabi 2014)
Philippines: Heneral Luna, de Jerrold Tarog
Singapour: 7 Letters, de Royston Tan, Kelvin Tong, Eric Khoo, Jack Neo, Tan Pin Pin, Boo Junfeng, K. Rajagopal (Pusan 2015)
Taiwan: The Assassin, d'Hou Hsiao-hsien (Prix de la mise en scène Cannes 2015)
Thaïlande: How to Win at Checkers (Every Time), de Josh Kim (premier film)
Turquie: Sivas, de Kaan Müjdeci (Prix spécial du jury, Venise 2014)
Vietnam: Jackpot, de Dustin Nguyen

Europe

Albanie: Bota, d'Iris Elezi, Thomas Logoreci (Karlovy Vary 2014)
Allemagne: Le Labyrinthe du silence, de Giulio Ricciarelli (Prix du public Les Arcs 2014)
Autriche: Goodnight Mommy, de Veronika Franz, Severin Fiala (Venise 2014, Grand prix Sitges 2014)
Belgique: Le tout nouveau Testament, de Jaco Van Dormael (Quinzaine des réalisateurs 2015)
Bosnie-Herzegovine: Our Everyday Story, d'Ines Tanovic (Montréal 2015)
Bulgarie: The Judgment, de Stephan Komandarev
Croatie: Soleil de plomb, de Dalibor Matanic (Prix du jury Un certain regard 2015)
Danemark: A War, de Tobias Lindholm (Venise 2015, Zurich 2015)
Espagne: Loreak (Flowers), de Jon Garaño, Jose Mari Goenaga (San Sebastian 2014)
Estonie: 1944, d'Elmo Nüganen (Berlin 2015)
Finlande: The Fencer, de Klaus Härö (Munich 2015)
France: Mustang, de Deniz Gamze Ergüven (lire aussi Pourquoi Mustang est un très bon choix pour les Oscars 2016)
Géorgie: Moira de Levan Tutberidze (San Sebastian 2015)
Grèce: Xenia, de Panos H. Koutras (Un certain regard 2014)
Hongrie: Le fils de Saul, de László Nemes (Grand prix du jury Cannes 2015)
Irlande: Viva, de Paddy Breathnach (Telluride 2015)
Islande: Rams (Béliers), de Grímur Hákonarson (Prix Un certain regard 2015)
Italie: Non essere cattivo (Don’t Be Bad), de Claudio Caligari (7 prix à Venise 2015)
Kosovo: Babai, de Visar Morina (Meilleur réalisateur Karlovy Vary 2015)
Lettonie: Modris, de Juris Kursietis (San Sebastian 2014, Toronto 2014)
Lituanie: Summer, d'Alanté Kavaïté (meilleur réalisation Sundance 2015)
Luxembourg: Baby (A)lone, de Donato Rotunno
Macédoine: Honey Night, d'Ivo Trajkov
Montenegro: You Carry Me, de Ivona Juka (Karlovy Vary 2015)
Norvège: The Wave (La Vague), de Roar Uthaug (Toronto 2015)
Pays-Bas: The Paradise Suite, de Joost van Ginkel (Toronto 2015)
Pologne: 11 Minutes, de Jerzy Skolimowski (Venise 2015)
Portugal: Les 1001 nuits – Volume 2: le désolé, de Miguel Gomes (Quinzaine des réalisateurs 2015, Meilleur film Sydney 2015)
République Tchèque: Home Care, de Slavek Horak (Karlovy Vary 2015)
Royaume Uni: Under Milk Wood, de Kevin Allen (Edimbourg 2015)
Roumanie: Aferim!, de Radu Jude (Meilleur réalisateur Berlin 2015)
Russie: Sunstroke, de Nikita Mikhalkov (Shanghai 2015)
Serbie: Enclave, de Goran Radovanovic (Prix du public Moscou 2015)
Slovaquie: Koza (Goat), d'Ivan Ostrochovský (Berlin 2015)
Slovénie: The Tree, de Sonja Prosenc (Karlovy Vary 2014)
Suède: Un pigeon sur une branche philosophait sur l'existence, de Roy Andersson (Lion d'or Venise 2014)
Suisse: Iraqi Odyssey, de Samir (documentaire, Abu Dhabi 2014, Berlin 2015)

Océanie

Australie: Arrows of the Thunder Dragon, de Greg Sneddon

Nos coups de coeur de l’année: la sublime banalité dans Boyhood de Richard Linklater

Posté par vincy, le 28 décembre 2014

boyhood

Une année de cinéma c'est quasiment un film par jour, sur grand ou petit écran. On peut y ajouter les rencontres chaleureuses d'artistes pour des interviews, les disparitions marquantes de comédiens que nous ne verrons plus, de cinéastes qui ne filmeront plus, les souvenirs plus personnels où des images de fiction se mêlent à nos vies. Ainsi, on se surprend à être submergé d'émotions avec un chant japonais autour d'une femme en train de mourir (Still the Water de Naomi Kawase), sans que l'on sache si l'on est davantage touchés que d'autres confrères par cette scène parce que nous sommes nipponophiles. Idem face à cette scène toute québécoise où un trio d'acteurs chante du Céline Dion, pas forcément notre tasse de thé, pour communier ensemble (Mommy de Xavier Dolan), sans que l'on sache vraiment si d'avoir vécu dans la Belle province nous influence.

C'est toute la force du cinéma: nous faire aimer Scarlett Johansson en alien vampire ou la classe de la Cour de Babel, un plan séquence de '71 ou une scène de foot de Timbuktu, nous faire vibrer avec un histoire simple comme Party Girl ou nous amuser avec une comédie policière à la Agatha Christie au Grand Budapest Hotel.

Mais si je devais retenir un coup de coeur, ce serait Boyhood. C'était à Berlin, un jeudi matin. L'hiver est clément: pas de neige, du soleil, un froid sec. La projection est matinale dans la grande salle du Berlinale Palast. On ne sait quasiment rien du film. Il a été présenté à Sundance trois semaines avant, mais la presse américaine n'en a pas fait l'événement à l'époque. Richard Linklater est connu, mais pas forcément pour une oeuvre dont le pitch tient en deux lignes. Le casting n'est pas de catégorie A et la durée de 2h45 a tendance à nous inquiéter plus qu'à nous emballer.

Et donc près de trois heures plus tard, on ressort étourdi, épaté, bluffé même. Douze années d'une vie, avec les mêmes acteurs que l'on voit grandir (les enfants) et vieillir (les adultes). Pourtant ce n'est pas ce tour de force du projet (filmé durant douze ans) qui nous impressionne. Si Boyhood reste parmi les grands souvenirs de cinéma de l'année c'est parce qu'il ne raconte rien de spécial, hormis la vie d'une famille américaine typique, qu'il ne surdramatise rien, qu'il fait de la routine et du quotidien de chacun un élément de l'évolution. Il est le reflet de notre vie, renvoyant l'image d'une société banale, d'une famille normale. On éprouve une empathie immense pour les personnages. On lâche prise. La mise en scène réussit à relier la douzaine de chapitres sans accros. Cette fluidité, non exempte de beauté, nous emporte dans le tourbillon de la vie.

Et c'est finalement là que le cinéma est un art sublime. Peu importe le voyage, l'ivresse est toujours là. Mais lorsqu'il pointe sa caméra sur l'amour et la vie, que ce soit au Japon, au Québec ou en Lorraine, il nous rappelle à quel point tout est affaire d'auteur, de point de vue, de récit. Boyhood est un très grand récit universel, donnant raison à Jean-Paul Sartre qui rappelait: « Pour que l'événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu'on se mette à le raconter.»

Birdman et Boyhood en tête des nominations des Independent Spirit Awards

Posté par vincy, le 26 novembre 2014

michael keaton birdman

Birdman d'Alejandro Inarritu domine les nominations des Independent Spirit Awards, première sélection majeure de la saison des palmarès aux Etats Unis. Le film, qui avait fait l'ouverture du dernier Festival de Venise (mais qui a été snobé par le jury) est en lice pour six nominations. Les autres sérieux concurrents sont Boyhood (5 nominations), Love is Strange, Whiplash et A Most Violent year.

Notons la nomination de Marion Cotillard pour The Immigrant dans la catégorie meilleure actrice. Aucun film français n'a été retenu pour le prix du meilleur film étranger. Mais Mommy de Xavier Dolan représentera la francophonie.

Meilleur film : Birdman (or The Unexpected Virtue of Ignorance) ; Boyhood ; Love Is Strange ; Selma ; Whiplash

Meilleur réalisateur: Damien Chazelle (Whiplash) ; Ava DuVernay (Selma) ; Alejandro G. Iñárritu (Birdman (or The Unexpected Virtue of Ignorance) ; Richard Linklater (Boyhood) ; David Zellner (Kumiko, the Treasure Hunter)

Meilleur scénario : Big Eyes ; A Most Violent Year ; Nightcrawler (Nightcall) ; Only Lovers Left Alive ; Love Is Strange

Meilleur premier film: A Girl Walks Home Alone at Night ; Dear White People ; Nightcrawler (Nightcall) ; Obvious Child ; She’s Lost Control

Meilleur premier scénario: Appropriate Behavior ; Little Accidents ; The One I Love ; She’s Lost Control ; Dear White People

Prix John Cassavetes (film budgété à moins de 500000$) : Blue Ruin ; It Felt Like Love ; Land Ho! ; Man From Reno ; Test

Meilleure actrice: Marion Cotillard (The Immigrant) ; Rinko Kikuchi (Kumiko, the Treasure Hunter) ; Julianne Moore (Still Alice) ; Jenny Slate (Obvious Child) ; Tilda Swinton (Only Lovers Left Alive)

Meilleur acteur : André Benjamin (Jimi: All Is by My Side) ; Jake Gyllenhaal (Nightcrawler) ; Michael Keaton (Birdman) ; John Lithgow (Love Is Strange) ; David Oyelowo (Selma)

Meilleur second rôle féminin : Patricia Arquette (Boyhood) ; Jessica Chastain (A Most Violent Year) ; Carmen Ejogo (Selma) ; Andrea Suarez Paz (Stand Clear of the Closing Doors) ; Emma Stone (Birdman)

Meilleur second rôle masculin : Riz Ahmed (Nightcrawler) ; Ethan Hawke (Boyhood) ; Alfred Molina (Love Is Strange) ; Edward Norton (Birdman) ; J.K. Simmons (Whiplash)

Meilleure photo : The Immigrant ; Birdman ; It Felt Like Love ; A Girl Walks Home Alone at Night ; Selma

Meilleur montage : Boyhood ; Whiplash ; Nigthcrawler (Nightcall) ; A Most Violent year ; The Guest

Meilleur documentaire : 20000 Days on Earth ; CitizenFour ; Stray Dog ; The Salt of the Earth ; Virunga

Meilleur film étranger : Snow Therapy (Force mejeure) ; Ida ; Leviathan ; Mommy ; Norte, the End of History ; Under the Skin

Prix Robert Altman (réalisateur, casting et directeur de casting) : Inherent Vice

Prix spécial : Foxcatcher

Prix Piaget du meilleur producteur : Chad Burris : Elisabeth Holm ; Chris Ohlson

Prix Kiehl du nouveau talent : A Girl Walks Home Alone at Night ; H. ; The Retrieval

Chéries-Chéris s’offre Pasolini

Posté par vincy, le 4 novembre 2014

cheries cheris 2014Pour ses 20 ans, le Festival Chéries-Chéris s'est offert Arielle Dombasle comme marraine. La vedette ouvrira le Festival le 25 novembre (au MK2 Bibliothèque).

Quelques jours après la révélation du programme de son nouveau concurrent, Le Marais Film Festival, qui se déroulera deux semaines avant, l'historique Festival LGBT de la Capitale a dégainé ses compétitions.

Deux avant-premières nationales feront l'ouverture et la clôture du Festival : Praia do Futuro, du réalisateur brésilien Karim Aïnouz (le film était en compétition au dernier Festival de Berlin) et Pasolini d'Abel Ferrara (le film était en compétition au dernier Festival de Venise).

Le Festival s'est également offert un programme spécial - « 20 ans - 20 films » - sélection de longs métrages qui ont marqué ces deux dernières décennies.

La compétition des longs métrages comprend 11 films dont le dernier film de Larry Clark, tourné à Paris. 52 Tuesdays de Sophie Hyde (Australie), Appropriate Behaviour de Desiree Akhavan (USA), L’Art de la fugue de Brice Cauvin (France), Je suis à toi de David Lambert (Belgique), Nordland de Ingo J. Biermann (Norvège-Allemagne-Suisse), Les Nuits d’étéde Mario Fanfani (France), Quick Change de Eduardo Roy (Philippines), The Smell of Usde Larry Clark (France), Stand de Jonathan Taïeb (France), Ye de Hao Zhou (Chine) et Yo soy la felicidad de este mundo de Julian Hernandez (Mexique).

La compétition des documentaires rassemble Le Dernier Voyage de Madame Phung de Thi Tham Nguyen (Viêt Nam),  God Loves Uganda de Roger Ross Williams (USA), Out in the Line-up de Ian W. Thomson (France-Australie), Peter de Rome, Grandfather of Gay Porn de Ethan Reid (Royaume-Uni), Le Projet Sex Toy de Anastasia Mordin et Lidia Terki (France), The Punk Singer de Sini Anderson (USA), Rien n’oblige à répéter l’histoire de Stéphane Gérard (France) et Vivant!de Vincent Boujon (France).

Le 1er Marais Film festival dévoile son programme

Posté par vincy, le 29 octobre 2014

Des focus (Bavo Defurne, Patricia Rozema, Dominique Cardona et Laurie Colbert, Amos Guttman), des documentaires, des courts métrages: le premier Marais Film festival affiche sa couleur "arc-en-ciel".

Le festival ouvrira le 11 novembre avec Something Must Break, film suédois sélectionné à Rotterdam et Tribeca.
La clôture se fera le 17 novembre avec le téléfilm The Normal Heart, diffusé au printemps sur HBO, avec un casting prestigieux au génériques - Mark Ruffalo, Matt Bomer et Julia Roberts. Le film est l'adaptation d'une pièce de théâtre qui retrace la montée en puissance du sida dans les années 80.

Entre ces deux films, le MFF projettera le film allemand À demi-mots, les films néerlandais Boys et Zomer, les films américains Kill Your Darlings (sélectionné à Sundance, avec Daniel Radcliff et Michael C. Hall) et Last Summer, le film suisse Le Cercle (Prix du public dans la section Panorama à Berlin cette année et Teddy Award du meilleur film documentaire) et le film italien Mezzanotte.

Côté bonus, on notera la projection de Lilies, le très beau film canadien de John Greyson, les soirées spéciales consacrées au film suédois Snö de Simon Kaijser et au film culte de Jacques Demy, Les demoiselles de Rochefort (suivie d'une soirée dans la boîte historique du Marais, Le Tango).

Plus hot, et interdit aux moins de 16 ans, la soirée du 16 novembre sera entièrement dédiée au Porn Film Fest de Berlin.

Le Festival a été créé par Thibaut Fougères et Michaël Martin, directeurs de l'éditeur et distributeur Outplay, et se positionne frontalement en concurrent du festival LGBT historique de Paris, Chéries-chéris (lire lire notre actualité du 25 septembre dernier). Le festival se déroulera intégralement au Nouveau Latina, en plein Marais.

Boyhood, film de l’année pour la critique internationale

Posté par redaction, le 8 septembre 2014

Est-ce vraiment une surprise? Boyhood de Richard Linklater a été reconnu comme meilleur film de l'année par la Fédération internationale de la presse cinématographique (FIPRZESCI). 533 membres de la fédération ont désigné ce film réalisé sur douze ans comme leur favori, loin devant les trois autres finalistes: Ida de Pawel Pawlikowski, Grand Budapest Hotel de Wes Anderson et Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan.

Ours d'argent du meilleur réalisateur au dernier festival de Berlin, et joli succès public international (30 millions de $ au B.O.mondial), le film est encore à l'affiche en France, plus de 6 semaines après sa sortie.

Richard Linklater recevra son prix au Festival du film de San Sebastian, le 19 septembre. Boyhood sera projeté à cette occasion.

Le réalisateur américain succède à Abdelattif Kechiche (La vie d'Adèle). Depuis la création de ce Grand prix en 1999, ont été récompensés Pedro Almodovar (Tout sur ma mère, Volver), Paul Thomas Anderson (Magnolia, There Will Be Blood), Jafar Panahi (Le cercle), Aki Kaurismäki (L'homme sans passé), Nuri Bulge Ceylan (Usak/Loin), Jean-Luc Godard (Notre musique), Kim Ki-duk (Locataires), Cristian Mungiu (4 mois, 3 semaines, 2 jours), Michael Haneke (Le ruban blanc, Amour), Roman Polanski (The Ghost Writer) et Terrence Malick (The Tree of Life).

L’enlèvement de Michel Houellebecq à ne pas manquer ce soir sur ARTE

Posté par vincy, le 27 août 2014

« Pour un mec fragile, il réagit plutôt bien »

L’enlèvement de Michel Houellebecq a été présenté comme un film de cinéma au dernier Festival de Berlin. Il sera diffusé comme un téléfilm de prestige sur Arte. Le réalisateur Guillaume Nicloux a d’ailleurs imaginé d’autres formats : quatre fois trente minutes ou dix fois une minute trente.

Reste que ce film (de cinéma car c’en est vraiment un) est l’une des œuvres les plus étranges et réussies du cinéma français ces derniers mois. Mixant une esthétique et des personnages proches des documentaires de Raymond Depardon avec une atmosphère et une intrigue rappelant les polars de Georges Simenon, Nicloux parvient à traduire la philosophie de son personnage central, l’écrivain Michel Houellebecq qui joue son « propre » rôle (tout en s’autorisant quelques digressions grâce à des situations forcément fictives).

Houellebecq est un vieil homme, attachant et touchant, vivant relativement modestement, observant le monde qui tourne mal et discutant avec des gens qu’il ne méprise jamais. Ce qui frappe c’est même sa curiosité. C’est de là que l’impossible devient possible : les ravisseurs qui vont le kidnapper (le récit se fonde sur une véritable rumeur qui a fait croire que le Prix Goncourt 2010 avait été enlevé) vont devenir ses potes.

Alors évidemment, ce faux misanthrope étale ses goûts : les médias le stresse, le bois clair fait scandinave, Mozart est surfait (« Beethoven c’est autre chose »), il chante du Delpech, ne supporte pas Le Seigneur des Anneaux, reconnaît que l’art actuel est dans une sale période (mais après tous dans les années 60 la littérature était nulle et les polars avaient un bon niveau), critique les couvertures de ses livres, le milieu littéraire conformiste (hétéro, alcoolique, conformiste), Le Corbusier et ses dalles urbaines, s’amuse de sa biographie mensongère, etc.

L’humour est caustique, pour ne pas dire cocasse, et donne au film une dérision inattendue, comme un joli vernis posé sur un réalisme cru. Nicloux filme des scènes courtes, les dialogues sont parfois fugaces. Il réutilise des acteurs et des décors de ses précédents films policiers poisseux. Et Houellebecq, « comédien » qui grommelle plus qu’il ne parle, épate par un charisme qu’on ne lui soupçonnait pas. Comme quoi l’esprit peut beaucoup au milieu de losers (les géoliers sont de bons gros gentils).
On en apprend beaucoup plus sur l’écrivain et sa vision du monde qu'avec n’importe quel reportage ou interview dont il est l'objet. Mais surtout, comme pour ses livres, « le plus important ce sont les personnages ». Et Nicloux porte une attention particulière à chacun d’entre eux. Son film est comme un anti-thriller. La famille est bienveillante, les preneurs d’otage aux petits soins». Malgré le huis-clos, il y a une véritable sensation de liberté qui se dégage de cette épopée de Pieds Nickelés prenant en otage Buster Keaton .

Contrairement au film de Benoît Delépine et Gustave Kervern, Near Death Expérience (en salles le 10 septembre), avec Michel Houellebecq « again », il s’agit avant d’une comédie empathique et drôle, sans peur ni reproches. Un film où Houellebecq hésite entre le bodybuilding et le Freefight, et préfère finir en roulant à 280 kilomètres/heure sur l’autoroute : on n’a qu’une vie. Autant la risquer. Ce qui ne l’empêche pas de parachever sa pensée par une intéressante opinion sur la démocratie et l’Europe. Car avant tout, l’écrivain ne veut pas convaincre mais éclairer. Et Nicloux lui fait bien prendre la lumière.

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L'enlèvement de Michel Houellebecq
Sur Arte le 27 août 2014 à 22h15
Un film de Guillaume Nicloux avec Michel Houellebecq dans son propre rôle, Luc Schwarz, Mathieu Nicourt et Maxime Lefrançois.
Meilleur scénario et mention spéciale du jury au Festival de Tribeca.

Bande annonce

8 films à ne pas manquer pour la Fête du cinéma

Posté par vincy, le 28 juin 2014

fête du cinéma 2014Oui, il y a les huitièmes de finale de la Coupe du monde. Oui, il devrait refaire très beau dès lundi. Oui, il faut déjà préparer ses vacances. Oui, il n'y a aucun bon blockbuster dans les salles. Mais ce n'est pas une raison pour sécher la Fête du cinéma.
Du dimanche 29 juin au mercredi 2 juillet, c'est 3€50 la séance.
C'est l'occasion pour découvrir / rattraper des films que vous n'auriez peut-être pas vu au tarif ordinaire.

Bird People. Parce que le nouveau film de Pascale Ferran est étrange et nous hante durablement. Regards sur l'ultra-moderne solitude de nos vies en mixant surréalisme, cartoon, mélo et réalité sociale.

Black Coal. Parce que ce film chinois a remporté l'Ours d'or à Berlin mais surtout ce film noir esthétique révèle une réalité sociale très sombre. Une tragédie moderne envoûtante.

Con la pata quebrada. Parce qu'il est toujours intéressant de montrer que le cinéma (espagnol ici) n'a pas toujours été tendre avec le genre féminin. Magistral et passionnant.

Le conte de la princesse Kaguya. Parce que c'est le grand retour d'Isao Takahata, maître de l'animation japonaise. Délicat et poétique, un joyau des studios Ghibli.

Les poings contre les murs. Parce que c'est un film coup de poing mais surtout un film de genre - la prison - comme vous en avez rarement vu, avec un Jack O'Connell ultra-sexy en bonus.

Palo Alto. Parce que c'est Gia Coppola est la digne héritière de son clan mais ça ne suffit pas : une histoire signée James Franco, Emma Roberts toute en justesse, une chronique de jeunesse subtile.

Under the Skin. Parce que Scarlett Johansson y est sublime mais pas seulement. Noir, glaçant, métaphysique, fascinant : le nouveau film de Jonathan Glazer ne laisse pas indemme.

Xenia. Parce que la Grèce n'est pas qu'une destination de vacances. Original, drôle, universel et surtout politique : homophobie, extrémisme, racisme. Percutant.

Un air de Cannes au festival du film de Sydney

Posté par vincy, le 18 juin 2014

Deux films présentés en compétition au dernier festival de cannes ont été récompensés dimanche au Festival du Film de Sydney en Australie.

Deux jours, une nuit de Jean-Pierre et Luc Dardenne, avec Marion Cotillard, a reçu le prix du meilleur film. Le jury - Rachel Perkin, Khalo Matabane, Oh Jung-wan, Shelly Kraicer et Rachael Blake - a notamment distingué la célébration de la puissance et de la vitalité d'une femme à travers une histoire élégante et maîtrisée, un propos humaniste, une vision réaliste et un engagement essentiel d'une communauté solidaire.

Deux jours, une nuit succède à Only God Forgives (Cannes 2013), Alps (Cannes 2012) et Une séparation.

Le prix du public a été décerné à la palme d'or cannoise de cette année : Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan. Côté documentaire, le public a choisi Love Marriage in Kabul d'Amin Palangi.

Le premier Prix de la Fondation australienne pour le documentaire a récompensé 35 Letters de Janine Hosking.

Le 61e Festival du film de Sydney se tenait du 4 au 15 juin. Outre les Dardenne, la compétition regroupait quelques uns des films sélectionnés à Cannes comme à Berlin - Boyhood, Black Coal, L'enlèvement de Michel Houellebecq, The Rover - mais aussi Snowpiercer, Locke avec Tom Hardy et 20 000 days on Earth. Dans les séances spéciales, hormis le Ceylan, le Festival a présenté Mommy, Le sel de la terre, Dragons 2 et Timbuktu tous projetés à Cannes il y a un mois.