Dans la famille Garrel, je voudrais la fille... Être "une fille de" au sein d'une famille de cinéma ne facilite pas forcément la tâche. Ce n'est pas parce que l'on tombe dans la marmite du septième art que tout est facile, la preuve avec la jolie Esther Garrel, en vedette du film de son père L'amant du jour, présenté cette année à la Quinzaine des réalisateurs.
Petite-fille de Maurice Garrel, fille du réalisateur Philippe Garrel et de la comédienne Brigitte Sy, sœur de l'acteur Louis Garrel, Esther est la digne descendante d'une longue lignée d'artistes du grand et petit écran. N'allez pas croire que la douce brunette a fait ça par facilité: au contraire elle a dû se battre pour s'imposer dans le métier: "C'est à la fois tellement génial au quotidien et tellement dur à porter. À un moment donné, j'étais obsédée par ça!" confiait-elle à un magazine français.
L'actrice de 26 ans a tracé sa route seule avec ce poids sur les épaules. Même si ses premiers pas furent derrière la caméra de son père, c'est en solitaire qu'elle crève l'écran en 2011 dans L'Apollonide: Souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello, en compétition à Cannes, en 2011. Cela fait déjà plus de dix ans qu'elle tourne. Pour son père, dans un court de son frère mais aussi avec des petits rôles dans La belle personne de Christophe Honoré, qu'elle a obtenu grâce au directeur de casting Richard Rousseau qui l'a contactée sur Myspace, Un chat un chat de Sophie Fillières, un téléfilm de Marion Vernoux (Rien dans les poches) et un court de Valeria Golino.
Une envie de s'affranchir
C'est d'ailleurs à partir de 2011 que tout s'enchaîne. Cette année là, on la croise aussi à Cannes pour17 filles de Delphine Coulin et Muriel Coulin ("C'est la première fois que je me suis sentie aussi à l'aise sur un plateau") et l'année suivante, à la Quinzaine, dans Camille redouble de Noémie Lvovsky. Elle y revient avec La Jalousie, signé de son père, puis en compétition avec Marguerite et Julien de Valérie Donzelli. Elle tourne aussi pour sa mère (L'Astragale), Romain Goupil (Les Jours venus). Esther, entre quelques courts métrages (dont Après Suzanne, en compétition à Cannes l'an dernier et nommé aux César cette année), fait confiance aux cinéastes de demain comme Caroline Deruas (L'indomptée, sorti en février), Luca Guadagnino (dans le film italo-américain Call Me By Your Name, présenté à Sundance et Berlin cet hiver) ou Nathan Silver (dans le film indé américain Thirst Street, qui vient d'être projeté à Tribeca).
A petits pas, elle se construit son propre itinéraire, fait de curiosités et d'audaces, sans frontières et s'éloignant progressivement de l'envahissant patronyme. Dans Clap Mag, elle avouait à propos de sa filiation : "En fait, je ne sais pas vraiment en quoi ça m'a aidé. Je pense que ça m'a plutôt pas mal desservi."
C'est d'ailleurs, peut-être, sans doute, pour cela que son plus beau personnage est celui de Jeunesse, de Justine Malle, une autre fille de, celle du cinéaste Louis Malle. Dans une interview, elle expliquait: "Dès la première lecture de ce scénario, tout m'est apparu fluide et évident. J'aimais la manière qu'avait Justine de parler d'une première expérience amoureuse au cœur d'un drame. Et je me suis vite trouvé beaucoup de points communs avec mon personnage. Comme elle, j'ai un grand frère et une petite sœur, un père cinéaste. Comme elle, je connais ce désir de se sortir de cet atavisme familial."