3 raisons d’aller voir « Notre Dame »

Posté par vincy, le 18 décembre 2019

Le pitch: Maud Crayon, est née dans les Vosges mais vit à Paris. Elle est architecte, mère de deux enfants, et remporte sur un énorme malentendu le grand concours lancé par la mairie de Paris pour réaménager le parvis de Notre-Dame… Entre cette nouvelle responsabilité, un amour de jeunesse qui resurgit subitement et le père de ses enfants qu’elle n’arrive pas à quitter complètement, Maud Crayon va vivre une tempête. Une tempête, qu’elle devra affronter pour s’affirmer et se libérer.

Les névroses de Donzelli. Avec son personnage, Valérie Donzelli se trouve un rôle qui n'aurait pas déplu à Valeria Bruni Tedeschi. Si son existence est une succession d'improvisations, son jeu, lui, est bien calculé. La fraîcheur et la fougue avec lequel elle le porte contribue beaucoup au plaisir du spectateur. C'est d'ailleurs un film à son image, en équilibre, entre une certaine sophistication et un naturel réjouissant. Cette fantaisie peut évidemment sembler artificielle - et le film ne manque pas d'astuces cinématographiques déjà vues - mais, comme toujours, chez Donzelli, on apprécie cette écriture singulière qui s'affranchit des narrations convenues dans le cinéma français.

Ego-trip. Notre Dame est finalement un film sur l'égocentrisme de notre société. Entre superficialité et déconnexion, le monde de Donzelli est en apparence loufoque, navigant au gré des errances de chacun et des égarement de tous. Elle quitte la fantasmagorie romantique de Marguerite & Julien pour une comédie chaotique, plus proche de La Reine des pommes et de La guerre est déclarée. Et même si le film n'est pas engagé, il vise juste en faisant écho à de nombreuses actualités, à commencer par ce parvis de Notre-Dame qui doit être refait, alors même que la cathédrale doit aujourd'hui subir une importante restauration imprévue. Ce qui frappe c'est aussi la place des hommes: tyranniques, immatures, incompétents, hypocrites. Le film a de cette adulescence qu'elle dézingue, avec un rythme vif, des répliques qui fusent et des excentriques qui dérèglent toute cohérence psychologique.

Fantaisie légère. De la danse et du chant, de l'onirisme et de l'allégorie, de l'animation: la cinéaste refuse les convenances et cherche les chemins de traverse pour se créer son style et se distinguer de la masse. En se moquant des religions, politiques, puritains et autres conservateurs, elle s'amuse indéniablement à donner une autre vision de la vie, comme elle veut donner un autre regard sur la ville. Car finalement, l'autre héroïne, c'est Paris. Notre Dame c'est la cathédrale, la capitale et notre Maud.  Derrière le côté anxiogène de son sujet, la réalsatrice-scénariste-actrice a suffisamment d'essence et de bon sens pour fournir une comédie allègre et sensible, aussi stressée et instable qu'un parisien en temps de grève, aussi lumineuse et passionnée qu'une cinéphile du Quartier Latin.

Une forte hausse de films réalisés par les femmes, mais des inégalités fortes persistantes

Posté par vincy, le 8 mars 2019

Le CNC vient de publier une étude sur la place des femmes dans la réalisation de films en 2017. 23,3% des longs métrages agréés ont été réalisés par des femmes, soit une progression de 62,8% depuis 2008. Le chiffre monte à 31,8% pour les courts métrages (avec une baisse de 9,6% depuis 2009).

45 réalisatrices ont tourné 3 ou 4 films en 10 ans

Le CNC révèle aussi que 37% des films aidés sont des projets de réalisatrices (la moyenne sur 10 ans étant de 38,7% pour 32,6% de projets candidatés par des femmes). Globalement, en 2017, 31,9% des premiers longs concernent des réalisatrices (contre 27,5% pour des deuxièmes long métrages).

Sur la période 2008-2017, 11 femmes ont réalisé au moins 4 films pendant les dix années étudiées, contre 71 hommes. 3 d’entre elles-dont deux actrices déjà installées-ont réalisé leur premier film (Valérie Donzelli, Mélanie Laurent, Marie-Castille Mention-Schaar). 39 femmes ont réalisé au moins 3 films entre 2008 et 2017. 14 d’entre elles ont réalisé leur premier film pendant cette période et plus d’un quart des femmes ayant réalisé au moins trois films : Sophie Letourneur, Amanda Sthers, Hélène Cattet, Fanny Ardant, Aida Bagic, Valérie Donzelli, Pelin Esmer, Katell Quillévéré, Rebecca Zlotowsky et Axelle Roppert. La championne toute catégorie este Anne Fontaine avec 6 films en dix ans.

La France derrière la Scandinavie mais devant l'Europe du sud

Globalement, en moyenne, depuis 5 ans, un film sur quatre est réalisé par une femme en France. C'est moins qu'en Suède (30,9%), en Norvège (27,9%), en Allemagne (25,9%) en Finlande (25,4%) et au Danemark (25%), mais bien plus qu'en Espagne (14,2%), au Royaume-Uni (12,1%) et en Italie (10,1%). Mais avec 370 films réalisés par des femmes sortis en salles entre 2012 et 2017, la France représente à elle seule plus du tiers (35,8 %) de l’ensemble des films réalisés par des femmes sortis sur la période dans les neuf pays européens étudiés.

Inégalités salariales encore fortes

Dans la production cinématographique de fiction, 15208 femmes ont travaillé à la production de fictions cinématographiques, soit une sous-représentation loin de l'égalité des sexes (43,2% de femmes, 56,8% d'hommes). Les métiers de scriptes, costumières, coiffeuses-maquilleuses, mais aussi les postes comptabilité-juridique-communication sont largement féminisés. Les stéréotypes sont persistants il y a ainsi peu de femmes chez les machinistes, électriciens-éclairagistes, mixeurs, preneurs de sons...). Pire, le salaire moyen d’une réalisatrice de long métrage, s'il a augmenté entre 2009 et 2017, reste inférieur de 42,3% à celui d’un réalisateur (un record tous postes confondus dans le cinéma). Et le tableau par métiers révèlent d'importants écarts chez les interprètes (8,8% en défaveur des femmes), les chargés de productions (38,9% d'écart) ou les directeurs/directrices de la photographie (13,2%).

Pourtant, 12 films réalisés ou coréalisés par des femmes ont dépassé le million d'entrées entre 2008 et 2017, avec en tête LOL de Lisa Azuelos, seul film de réalisatrice classé dans le Top 25 de la période, La rafle de Roselyne Bosch et Polisse de Maïween Le Besco. Ce sont les trois seuls succès au dessus de 2 millions d'entrées. Au total, 40 films de réalisatrices ont passé le cap des 600000 spectateurs, certaines cinéastes cumulant plusieurs titres entre 2008 et 2017 telles Maïwenn Le Besco, Anne Fontaine, Nicole Garcia, Lisa Azuelos, Carine Tardieu, Danièle Thompson.

Budgets et distribution toujours en faveur des réalisateurs

Malgré tout, avec un devis moyen de 3,47M€, les budgets des films des réalisatrices est inférieur de 37,1% par rapport à un film de réalisateur. Cependant, cet écart a tendance à diminuer. En dix ans le budget moyen des films d’initiative française réalisés par des femmes augmente très légèrement (+4,3 %) tandis qu’il a baissé de 24,1% pour les hommes. Sur dix ans, l'écart est visible par budgets de films: seulement 21 films de plus de 10M€ ont été filmés par des femmes, contre 211 (dix fois plus!) par des hommes. Plus généralement, au dessus de 7M€ de devis, les femmes sont largement sous-représentées.

On note la même inégalité sur la distribution. Entre 2008 et 2017, les coûts de distribution moyens des films d’initiative française réalisés par des femmes sont de 408,0 K€, soit 34,4 % de moins que ceux des films réalisés par des hommes. Sur la période, les films réalisés par des femmes sortent en moyenne dans 118 cinémas en première semaine, contre 170 établissements pour ceux réalisés par des hommes. En 2017, l'écart était plus dramatique avec 169 cinémas pour un film de femme contre 251 pour un film d'homme.

Les choses évoluent aussi dans les genres. Ainsi deux films d'animation agréés ont été réalisés par des femmes l'an dernier, et un troisième coréalisé avec une femme. C'est une première. 9 films documentaires ont été réalisés ou coréalisés par une femme. Sur dix ans, le drame (30,6%), le documentaire (23,1%), la comédie (22,8%) et la comédie dramatique (20,3%) restent les genres dominants pour les réalisatrices. Par rapport aux hommes, la proportion diffère. Plus présents dans le thriller/policier et l'animation, ils le sont surtout davantage dans la comédie (26,7%).

Cannes 2017: Qui est Esther Garrel ?

Posté par cynthia, le 18 mai 2017

Dans la famille Garrel, je voudrais la fille... Être "une fille de" au sein d'une famille de cinéma ne facilite pas forcément la tâche. Ce n'est pas parce que l'on tombe dans la marmite du septième art que tout est facile, la preuve avec la jolie Esther Garrel, en vedette du film de son père L'amant du jour, présenté cette année à la Quinzaine des réalisateurs.

Petite-fille de Maurice Garrel, fille du réalisateur Philippe Garrel et de la comédienne Brigitte Sy, sœur de l'acteur Louis Garrel, Esther est la digne descendante d'une longue lignée d'artistes du grand et petit écran. N'allez pas croire que la douce brunette a fait ça par facilité: au contraire elle a dû se battre pour s'imposer dans le métier: "C'est à la fois tellement génial au quotidien et tellement dur à porter. À un moment donné, j'étais obsédée par ça!" confiait-elle à un magazine français.

L'actrice de 26 ans a tracé sa route seule avec ce poids sur les épaules. Même si ses premiers pas furent derrière la caméra de son père, c'est en solitaire qu'elle crève l'écran en 2011 dans L'Apollonide: Souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello, en compétition à Cannes, en 2011. Cela fait déjà plus de dix ans qu'elle tourne. Pour son père, dans un court de son frère mais aussi avec des petits rôles dans La belle personne de Christophe Honoré, qu'elle a obtenu grâce au directeur de casting Richard Rousseau qui l'a contactée sur Myspace, Un chat un chat de Sophie Fillières, un téléfilm de Marion Vernoux (Rien dans les poches) et un court de Valeria Golino.

Une envie de s'affranchir

C'est d'ailleurs à partir de 2011 que tout s'enchaîne. Cette année là, on la croise aussi à Cannes pour17 filles de Delphine Coulin et Muriel Coulin ("C'est la première fois que je me suis sentie aussi à l'aise sur un plateau") et l'année suivante, à la Quinzaine, dans Camille redouble de Noémie Lvovsky. Elle y revient avec La Jalousie, signé de son père, puis en compétition avec Marguerite et Julien de Valérie Donzelli. Elle tourne aussi pour sa mère (L'Astragale), Romain Goupil (Les Jours venus). Esther, entre quelques courts métrages (dont Après Suzanne, en compétition à Cannes l'an dernier et nommé aux César cette année), fait confiance aux cinéastes de demain comme Caroline Deruas (L'indomptée, sorti en février), Luca Guadagnino (dans le film italo-américain Call Me By Your Name, présenté à Sundance et Berlin cet hiver) ou Nathan Silver (dans le film indé américain Thirst Street, qui vient d'être projeté à Tribeca).

A petits pas, elle se construit son propre itinéraire, fait de curiosités et d'audaces, sans frontières et s'éloignant progressivement de l'envahissant patronyme. Dans Clap Mag, elle avouait à propos de sa filiation : "En fait, je ne sais pas vraiment en quoi ça m'a aidé. Je pense que ça m'a plutôt pas mal desservi."

C'est d'ailleurs, peut-être, sans doute, pour cela que son plus beau personnage est celui de Jeunesse, de Justine Malle, une autre fille de, celle du cinéaste Louis Malle. Dans une interview, elle expliquait: "Dès la première lecture de ce scénario, tout m'est apparu fluide et évident. J'aimais la manière qu'avait Justine de parler d'une première expérience amoureuse au cœur d'un drame. Et je me suis vite trouvé beaucoup de points communs avec mon personnage. Comme elle, j'ai un grand frère et une petite sœur, un père cinéaste. Comme elle, je connais ce désir de se sortir de cet atavisme familial."

Cannes 2016 : Valérie Donzelli, présidente du jury de prestige de la 55e Semaine de la Critique

Posté par MpM, le 24 mars 2016

Pour souffler sa 55e bougie, la Semaine de la Critique, plus ancienne section parallèle du Festival de Cannes, a choisi de s'entourer d'un jury de prestige composé de cinq réalisateurs révélés avec leur premier ou second long métrage dans les 5 dernières années. Tous sont passés par la Semaine de la Critique qui a largement contribué à leur succès.

C'est ainsi Valérie Donzelli, dont La guerre est déclarée avait fait l'ouverture de la 50e édition de la Semaine en 2011, avant d'être un triomphe public, qui présidera ce jury chargé de décerner le Grand Prix Nespresso et le Prix Révélation France 4 à l’un des sept longs métrages de la compétition ainsi que le Prix Découverte Leica Cine à l’un des dix courts métrages sélectionnés.

Elle sera entourée d'Alice Winocour, découverte à la Semaine de la Critique avec Augustine en 2011 (et lauréate du César du meilleur scénario pour Mustang de Deniz Gamze Ergüve),  Nadav Lapid, cinéaste israélien dont L’Institutrice avait été salué  lors de l'édition 2014, David Robert Mitchell à qui l'on doit le très remarqué film de genre It Follows (2014) et l'argentin Santiago Mitre qui a reçu le Grand Prix Nespresso en 2015 pour Paulina.

Pendant le festival, la Semaine de la Critique annonce qu'elle déclinera ce 50+5 en cinq "Talents Talks, moments de rencontres et de discussions privilégiées autour de ses jeunes talents sur la Plage Nespresso".

Scénariste de Truffaut et Resnais, Jean Gruault disparaît

Posté par vincy, le 9 juin 2015

jean gruaultSon dernier scénario aura reçu un accueil glacial au dernier Festival de Cannes. Jean Gruault, auteur de Marguerite et Julien qu'il avait écrit pour François Truffaut et qui fut finalement réalisé par Valérie Donzelli, a été une victime collatérale de la passion cannoise. Pourtant, il apprécie l'aspect contemporain, anachronique, à la Demy, du Donzelli. Il aime le scandale que pourrait provoquer cette histoire d'inceste. Jean Gruault ne saura pas ce qu'il adviendra de ce film tant attendu depuis sa première version dans les années 70. Né en 1924, le scénariste, dramaturge et producteur est décédé le 8 juin à l'âge de 90 ans.

Ami de Rivette, Rohmer, Chabrol et Truffaut, il va commencer comme assistant de Roberto Rossellini avant de se lancer dans l'écriture de scénarios, et notamment l'adaptation de livres historiques. Il écrit Paris nous appartient et La Religieuse de Diderot (Jacques Rivette), Vanina Vanini (Rossellini), Jules et Jim, L'enfant sauvage, Les deux Anglaises et le continent, L'Histoire d'Adèle H., et La chambre verte (François Truffaut), Les carabiniers (Jean-Luc Godard), La redevance du fantôme (Robert Enrico), Les Soeurs Brontë (André Téchiné), Mon oncle d'Amérique, La vie est un roman et L'amour à mort (Alain Resnais), Les années 80 et Golden Eighties (Chantal Akerman).

Au théâtre, il joue durant les années 50, plutôt que de faire le critique aux Cahiers du cinéma, avant d'être l'auteur de deux pièces, Crucifixion dans un boudoir turc et C'était pendant l'horreur. On lui doit aussi le livret d'un opéra, La noche triste, une autobiographie (Ce que dit l'autre), deux romans...

Il fut également producteur avec les films de la Villa.

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Rencontre avec Jean Gruault (EcranNoir.fr) "Truffaut , il fallait toujours qu'il corrige mes scénarios, même si ça lui plaisait. Il avait besoin de réécrire pour que ce soit sa langue, et plus la mienne"
Entretien avec Télérama "Je ne serais pas surpris que les affreux réacs de la Manif pour tous nous tombent dessus."
Débat à la Cinémathèque avec Arnaud Desplechin

Cannes 2015: Qui est Valérie Donzelli ?

Posté par vincy, le 18 mai 2015

valerie donzelliC'est une habituée de la Croisette. Il y a quatorze ans déjà, Valérie Donzelli est révélée à la Quinzaine des réalisateurs avec son rôle dans Martha... Martha de Sandrine Veysset. Elle revient à la Quinzaine sept ans plus tard, en 2008, avec son deuxième court métrage, Il fait beau dans la plus belle ville du monde. Mais c'est en 2011 que l'actrice-scénariste-réalisatrice fait l'événement sur la Croisette, du côté de la Semaine de la critique avec La Guerre est déclarée. Inspiré par la vie du couple à l'écran et à la ville qu'elle forme avec Jérémie Elkaïm, le film insuffle son style rafraîchissant et vif à une histoire bouleversante, mais sans pathos. Le film est un succès en salles (plus de 800000 entrées) et récolte de nombreux prix dans les Festivals et six nominations aux César.

Nous voici en 2015 et Valérie Donzelli est en compétition, dans la cour des grands, avec Marguerite et Julien. On est très loin de ses précédentes réalisations puisqu'il s'agit d'un film historique (et romantique).

En plein XVIe siècle, Julien (Jérémie Elkaïm) et Marguerite (Anaïs Demoustier) de Ravalet, progénitures du seigneur de Tourlaville, s’aiment d’un amour tendre depuis leur enfance, qui, avec le temps, se transformer en passion incestueuse dévorante. Scandale. Ils doivent fuir… Mais la société ne l'entend pas ainsi: ils sont jugés pour adultère et inceste, accusations qu'ils nient, et sont condamnés à la décapitation.

Donzelli et Elkaïm ont adapté un scénario écrit dans les années 70 à l’origine par Jean Gruault pour François Truffaut, dont elle est fan. A 42 ans, l'ancienne vendeuse vosgienne de chez Ladurée a réussi à s'imposer avec un style singulier. Dès son premier film en tant que réalisatrice, La Reine des pommes (2009), elle séduit et obtient le prix du public au Festival Premiers Plans d'Angers. En 2012, avec Main dans la main (et Valérie Lemercier en vedette), elle prend quelques risques formels et propose une comédie presque musicale où la danse fait figure d'allégorie. On doit aussi ajouter à sa filmographie le téléfilm Que d'amour!, adaptation du Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux avec les comédiens de la Comédie-Française, pour Arte.

Car s'il y a bien un fil conducteur dans ses films, c'est le couple et sa capacité à résister sur la durée, cette passion romanesque qui peut se confronter aux obstacles du quotidien ou de la société. Burlesque ou tragi-comique, le style allège toujours les drames qui couvent. Donzelli l'avoue régulièrement: le désir est essentiel, et l'amour est fusionnel: "Je ne suis pas très intelligente, pas analytique, je raisonne comme une casserole, je suis foutraque..." Elle est aussi gourmande, "de rencontres, de vie, d’amour". D'Albator à Marilyn, ses héros reflètent sa génération touche-à-tout, insatiable, contradictoire, capable de passer des Fragments d’un discours amoureux, de Roland Barthes à King Kong Théorie de Virginie Despentes, de Lolita de Stanley Kubrick à Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock

On retrouve cet éclectisme dans ses choix de comédienne. En tant qu'actrice, Donzelli a surtout été un second-rôle: Cette femme-là de Guillaume Nicloux, Qui a tué Bambi ? de Gilles Marchand, Le plus beau jour de ma vie de Julie Lipinski, Voici venu le temps d'Alain Guiraudie, L'Intouchable de Benoît Jacquot, Pourquoi tu pleures ? de Katia Lewkowicz, Les Grandes Ondes (à l'ouest) de Lionel Baier, Opium d'Arielle Dombasle, Saint Laurent de Bertrand Bonello, Les Chevaliers blancs de Joachim Lafosse...

La seule chose qui pourrait nous inquiéter c'est son rapport au jeu. En lice pour la Palme d'or, cette mauvaise joueuse acceptera-t-elle de perdre? "Je suis même prête à tout pour gagner" avoue-t-elle... Elle a la carte dans le cinéma français, mais pour le coup, à Cannes, ce n'est pas elle qui a les cartes en mains.

Arras 2013 : rencontre avec Valérie Donzelli et Michel Vuillermoz pour Les grandes ondes

Posté par MpM, le 12 novembre 2013

Valérie Donzelli et Michel VuillermozLionel Baier signe avec Les grandes ondes une comédie réjouissante et fantaisiste sur deux journalistes envoyés en reportage au Portugal en avril 1974. Bien sûr, tout les oppose : elle se veut libérée et féministe militante, lui est un baroudeur impénitent, vieux-jeu et un peu macho. Accompagnés d'un technicien et d'un jeune interprète portugais, ils vont pourtant sillonner ensemble le pays à la recherche d'une bonne histoire à raconter.

Avec énormément de précision et de justesse, Lionel Baier joue sur les situations décalées (voire improbables, comme cela est très joliment dit dans le film, après une incroyable séquence de danse dans la pure veine de West side story) et les répliques choc, sans grand souci de réalisme, mais avec beaucoup d'inventivité.

En attendant sa sortie en salles le 12 février prochain, rencontre avec Valérie Donzelli et Michel Vuillermoz, brillants interprètes du film, qu'ils sont venus présenter en avant-première à Arras.

Ecran Noir : Comment s'est faite la rencontre avec Lionel Baier ?

Valérie Donzelli : La rencontre s'est faite de façon très simple. Je l'ai connu par Pauline Gaillard, ma monteuse, qui est aussi la monteuse de Lionel. J'ai découvert Lionel à travers ses films. Et puis un jour il m'a dit j'ai écrit un film, j'aimerais que tu joues ce rôle-là. J'ai lu le scénario, j'ai trouvé ça hyper drôle. J'ai adoré le personnage et comme c'était Lionel et qu'il allait réaliser ce film,je ne pouvais pas refuser. Parce que je sais que c'est un grand metteur en scène.

Michel Vuillermoz : Je pense qu'il a rencontré différents acteurs et puis voilà son choix final s'est porté sur moi. J'ai lu le scénario, j'étais emballé. On s'est rencontré, j'ai été séduit par Lionel. Il m'a passé ses précédents films que je n'avais pas vus. Je les ai vus et je les ai adorés. Je me suis senti bien dans son univers. Je savais que c'était Valérie qui jouait le rôle féminin. Ca a marché parce que j'avais très envie de le faire.

EN : Qu'est-ce qui vous a séduit particulièrement dans le personnage ?

MV : Mais tout ! Vous savez, on accepte un film pour plein de raisons. C'est un ensemble : le scénario que je trouvais très original, en même temps drôle, émouvant. Le fait que ce soit Lionel qui le réalise avec lequel je me sentais bien. Je sentais un réalisateur, une intelligence, un regard. Voir ses films avant : je me suis dit "ce gars a vraiment un truc à raconter, a à voir avec le cinéma". Le fait que ce soit Valérie aussi. Voilà, tout ça fait que j'ai eu envie de le faire. C'est rarement juste sur un scénario. Ce n'est pas suffisant pour prendre une décision. Il peut y avoir des scénarios formidables, mais c'est aussi avec qui, qui va le réaliser. En tout cas, pour moi.

EN : Valérie, de votre côté, vous construisez un personnage de féministe survoltée auquel vous semblez prendre beaucoup de plaisir...

VD : Mais oui, quand j'ai lu le scénario de Lionel, j'ai su qu'il n'y avait personne d'autre que moi qui pouvait jouer ce rôle. J'ai énormément de plaisir à faire ce rôle. Mais je dois dire que je suis quelqu'un d'assez spontané. Ca peut partir dans le décor. Mais je me suis vraiment beaucoup amusée. Observer Lionel travailler c'est passionnant, surtout quand on fait soi-même des films. Il communique avec ses acteurs, il les rassure mais sans être pesant, il est tout le temps en train de nous expliquer ce qui se passe, il donne des directions d'acteur qui sont ultra justes, toujours des petites choses, il a à chaque fois des tas d'idées... c'est un grand metteur en scène. Et puis après j'ai le même goût du cinéma que lui. Pour tout vous dire, j'avais l'impression que j'aurais pu écrire un personnage comme celui de Julie dans le film. C'était hyper plaisant pour moi parce que je n'avais pas la charge de le mettre en scène. Quand on joue dans ses films, moi j'adore ça, mais la chose qui est dure c'est qu'on n'a pas le metteur en scène pour nous porter justement. Et là c'était hyper confortable. Et puis faire un film c'est tellement de responsabilité. Quand on est acteur, c'est agréable d'avoir juste le plaisir de jouer, de ne pas se préoccuper de la responsabilité du film. C'était réjouissant, c'était vraiment chouette.

EN : Le film est une comédie très rythmée, très précise. Est-ce que vous aviez des références particulières en tête pour obtenir ce résultat en tant qu'acteurs ?

VD : Moi ma référence, pour la comédie française, c'est Rappeneau. Donc j'ai vu tous les films de Rappeneau. Quand j'étais petite, je les connaissais par cœur, je refaisais Catherine Deneuve, Adjani... Et d'ailleurs, dans le film de Lionel, je trouve que cela n'a pas rien à voir. Il y a un truc un peu équivalent : comédie intelligente, grand public, et en même temps hyper bien réglée comme du papier à musique. Et c'est vrai que Le sauvage, l'espèce de chieuse jouée par Catherine Deneuve, qui parle très vite et tout ça, inconsciemment, c'est mon référent... même si je ne suis pas du tout Catherine Deneuve, bien entendu. Ce sont des personnages qui m'ont marqué enfant. Et puis dans le côté pas réaliste. Quand je joue je ne cherche pas à être dans un ultra-réalisme. En plus le film de Lionel ne s'y prêtait pas du tout. On est dans un langage qui est propre à Lionel et au film.

MV : Moi pas particulièrement un film... Plutôt des univers. Des personnages des frères Coen, des Jeff Bridges, des mecs un peu fatigués, enfin, qui se la racontent un peu, qui ne sont pas loin d'une certaine mythomanie, on ne sait jamais si ce qu'ils racontent est vrai. Qui se la jouent un peu macho. Des personnages qui sont en fuite d'eux-mêmes. Ou des personnages de western. Mon personnage aimerait bien monter à cheval, avoir un colt, il pourrait faire croire qu'il a fait ça. C'est un peu le côté "lonesome cowboy". C'est plus cette imagerie-là. Et puis après, une biographie de Kapuscinski, un grand journaliste polonais, que m'a passée Lionel, et qui était vachement intéressante.

Lire l'interview dans son intégralité

Crédit photo Jovani Vasseur pour le blog du Arras Film festival

Valérie Donzelli s’amuse au Jeu de l’amour et du hasard pour Arte

Posté par vincy, le 27 mai 2013

Valérie Donzelli, qui était à Cannes il y a quelques jours pour la présentation d'Opium, le film d'Arielle Dombasle présenté à Cannes Classics, a mis en boîte un film pour la télévision adapté de la célèbre pièce de Marivaux, Le Jeu de l'amour et du hasard.

Arte lance en effet une nouvelle collection de fictions inspirées du théâtre. La chaîne prépare également les adaptations de Gabov Rassov (Les amis du placard, avec Romane Bohringer) et de David Lescot (Le système de Ponzi).

Le film de Donzelli, intitulé Les jeux de l'amour et du hasard, sera coproduit en partenariat avec la Comédie Française. On retrouvera de nombreux sociétaires de la troupe : Gérard Giroudon, Alexandre Pavloff, Léonie Simaga, Noam Morgensztern, Suliane Brahim et Pierre Hancisse. La pièce date de 1730 et a déjà été transposée à la télé plusieurs fois (notamment par Marcel Bluwal en 1967, avec Danièle Lebrun, Jean-Pierre Cassel et Claude Brasseur). Abdellatif Kechiche s'en est largement inspiré pour L'esquive.

Valérie Donzelli a récemment réalisé Main dans la main, avec Valérie Lemercier et La guerre est déclarée, 4 fois nommé aux Césars. On la retrouvera en tant qu'actrice dans le prochain film de Lionel Baier, Les grandes ondes (à l'ouest), qui devrait être en sélection à Locarno, et celui de Nicolas et Bruno, Le grand méchant loup, qui sort le 10 juillet.

Sundance 2012 : une France en 3D avec Delpy, Donzelli et Dupieux

Posté par vincy, le 19 janvier 2012

Sur les 117 films présentés cette année au Festival de Sundance, qui débute ce soir, trois sont français. Un seul est en compétition, ce qui est en soi exceptionnel. Le Festival a en effet sélectionné WRONG, le nouveau film de Quentin Dupieux (alias Mr. Ozio), à qui l'on doit déjà Steak et Rubber. WRONG est l'histoire de Dolph, qui recherche son chien perdu et fait des rencontres hasardeuses où il risque de perdre son esprit et son identité. Le film met en vedette Jack Plotnick, Eric Judor, Alexis Dziena et William Fichtner. C'est une avant-première mondiale.

Autre avant-première mais nord-américaine, celle de La guerre est déclarée. Le film de Valérie Donzelli, qui était en lice pour les Oscars mais a été recalé, a déjà remporté plusieurs prix depuis sa longue ovation en ouverture de la Semaine de la critique à Cannes : Meilleur film, actrice et acteur au Festival de Gijon, Grand prix à celui de Cabourg, prix du jury, prix du public et prix des blogueurs à Paris Cinéma.

Enfin, l'un des événements prestigieux du Festival sera l'avant)première mondiale de 2 Days in New York, la suite de 2 Days in Paris. Quelques mois après Le Skylab, la réalisatrice-scénariste-actrice Julie Delpy prolonge ses angoisses existentielles, familiales et amoureuses en changeant de partenaire masculin. Adam Goldberg est remplacé par Chris Rock. Une comédie annoncée comme explosive où les tempéraments sont mis à rude épreuve. Le premier film avait remporté un joli succès aux USA, en Australie et dans plusieurs pays européens.

Le jour le plus court 2011 : Il fait beau dans la plus belle ville du monde de Valérie Donzelli

Posté par kristofy, le 20 décembre 2011

Le 21 décembre, c'est le Jour le plus court ! Ecran Noir s'associe à cet événement national et vous propose une semaine de courts métrages.

Après Avenue de France de Didier Blasco, voici Il fait beau dans la plus belle ville du monde réalisé par Valérie Donzelli.

Pour les nominations des meilleurs films étrangers aux Oscar 2012 la France a choisi La guerre est déclarée, ce deuxième long métrage de Valérie Donzelli a été l'une des belles surprises de  l’année. Elle s’est fait connaître d’abord comme actrice surtout avec Martha...Martha à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes en 2001, et c’est au même endroit en 2008 qu’a été présenté son premier court métrage en tant que réalisatrice Il fait beau dans la plus belle ville du monde.

Adèle, une jeune trentenaire, décide de rentrer en contact avec Vidal, un musicien qu’elle admire. À sa grande surprise, celui-ci lui répond. Quelques messages sont échangés et une date de rendez-vous est fixée. Avec beaucoup d’enthousiasme, Adèle va à la rencontre de Vidal. Mais il y a une chose qu’elle n’a pas précisée : elle est enceinte.

Attention, dans le cadre du Jour le plus court, ce film ne sera visible que jusqu'au 21 décembre.