"Les contraintes financières liées essentiellement à l'insuffisance des financements publiques (à l'exception de celui de la ville, principal partenaire) et privées nous amènent à le reformater, le modifier, le réorganiser" explique le communiqué du Public Système Cinéma pour justifier l'absence d'une 17ème édition du Festival du film asiatique de Deauville en 2015. Le Public Système Cinéma organise plusieurs festivals dont celui du Festival du film américain toujours à Deauville, qui lui-même est fragile.
Dans Le Figaro, Bruno Barde, patron de la manifestation précise que "Cela fait des années que nous produisons à perte, malgré la qualité de talents présents chaque année. Nous cherchons d'autres partenaires, mais dans la culture, il s'agit surtout de sponsors privés." L'annulation est temporaire. Une année 2015 sans ce festival.
Selon lui, "Le cinéma asiatique demeure un marché difficile, qui ne représente qu'1% des entrées en France. La réalité économique nous rattrapent. (...) La décision a été unanime entre les différents partenaires: la ville de Deauville, le Centre International de Deauville et nous."
"Plus personne ne soutient ce qui est exigeant de nos jours. Tout le monde confond notoriété et talent"
Mais Bruno Barde ne veut pas y voir qu'une affaire d'argent. A juste titre, dans l'entretien, il déplore "qu'on ne parle que de Nabilla ou de vedettes" à la télévision. "Malheureusement, un réalisateur comme Kurosawa ne reste connu que par les spécialistes. L'Asie produit énormément: Hong Sangsoo, Park Chan-Wook... Les médias ne parlent que de Takeshi Kitano et de Wong Kar Waï! Et encore... Le problème, mais cela ne devrait pas en être un, c'est que le cinéma asiatique ne se repose pas sur des vedettes." Et il ajoute : "Plus personne ne soutient ce qui est exigeant de nos jours. Tout le monde confond notoriété et talent. Le premier est constamment honoré. Si le talent se voyait soutenu, nous aurions plus de publicité et donc plus de sponsors. Malheureusement, le talent passe à la trappe."
De plus en plus de festivals sont fragilisés depuis la crise de 2007/2008. A commencer par Paris Cinéma dans la capitale. Et les sponsors privés préfèrent se concentrer sur les gros événements (récemment le Festival de Cannes a signé un contrat pluri-annuel avec le groupe de Pinault, Kering).
Si le cinéma asiatique disparaît de la côte normande, on peut toujours se consoler: le plus grand événement du genre en Europe, le Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul tiendra sa 21ème édition du 10 au 17 février prochain.