Le patron du CNC veut revoir les aides, la chronologie des médias et investir dans l’écriture

Posté par vincy, le 31 janvier 2020

Dominique Boutonnat, le nouveau président du CNC a accordé un entretien au journal Le Monde, en dévoilant quelques axes de sa politique. Sa nomination l'été dernier avait été accompagnée de grincements de dents, suite au rapport qu'il avait rendu deux mois avant sur le financement de la production et de la distribution pour les œuvres audiovisuelles.

Une refonte des aides

Il rappelle que l'enjeu de ce rapport était "de trouver de nouveaux moyens de renforcer notre secteur, fragilisé par la baisse des autres financements, et non de remplacer les fonds publics". Aussi, il lancera en février, "pour une durée de six mois, une révision générale de l’ensemble des dispositifs d’aides et de soutien", conscient que certains sont obsolètes et d'autres inexistants pour répondre aux besoins actuels: "il faudra peut-être en supprimer, en fusionner et en créer."

Recréer le lien avec le public de moins de 35 ans

Avec une exportation fragile, des jeunes qui se détournent de la salle et encore plus des films français, des nouveaux paramètres à intégrer comme l'égalité homme-femme et l'environnement, et le surgissement des plateformes telles Netflix, Disney + ou Amazon Prime, tout le monde comprend que le cinéma est en période de mutation, malgré une fréquentation toujours au dessus des 200 millions d'entrées annuelles. La diminution de la part des jeunes dans le public en salles est un enjeu stratégique. En se détournant des œuvres culturelles françaises, la jeunesse se coupe d'un pan de sa propre culture. Aussi le président de l'institution veut en faire "un enjeu culturel majeur." "Nous allons travailler avec des groupes d’experts (sociologues, philosophes, chercheurs en sciences sociales) pour comprendre comment l’image a une influence sur le développement d’une culture commune. Cela fera partie des objectifs de la revue générale des aides du CNC" annonce-t-il.

Revoir la chronologie des médias

Ainsi sur Netflix, Dominique Boutonnat explique qu'il faut trouver un compromis: Netflix "demande à ce que ses films soient diffusés sur sa plate-forme plus tôt dans la chronologie des médias, avant les dix-sept mois actuellement prévus. Il faut une discussion pour les rapprocher de Canal+ et d’OCS. On ne peut pas travailler sur un projet de loi de cette envergure sans rouvrir le sujet. L’idée, cette fois, est d’aller assez vite. Si l’on s’y prend bien, tout le monde devrait y gagner." A discuter pendant les débats sur la Loi de l'audiovisuelle, promise pour ce printemps, où il faudra bien donner quelque chose en échange de l'exigence voulue par le ministre, celle que les plateformes devront investir un quart de leur chiffre d'affaires dans la production.

Pour lui, les liaisons entre le grand et le petit écran doivent évoluer: publicité de films à la télévision, abandon des jours interdits... "Les jours interdits n’ont plus de sens aujourd’hui. On peut voir des films partout, quand on veut. Même les salles ne sont plus hostiles à ce principe" affirme-t-il.

Réinvestir dans l'écriture et donner de l'oxygène aux producteurs

Côté production comme diffusion, il est partisan là aussi d'une évolution. "A l’heure où la demande explose grâce aux plateformes, je ne peux pas dire qu’il y a trop d’œuvres de cinéma. Ce que l’on voit, c’est que le budget moyen des films a diminué. Certains films ne sont pas assez travaillés, pas assez préparés, notamment le scénario, par manque de temps ou d’argent. (...) Nous allons mieux soutenir la phase d’écriture (...). Certains films pourraient trouver une exploitation immédiate sur d’autres supports que la salle" détaille le patron du CNC.

Enfin, avec le fonds de 225 millions pour les industries culturelles et créatives de BpiFrance, il espère que les producteurs développeront "davantage leurs entreprises, donc leurs projets, avec plus d’autonomie envers les diffuseurs."

Netflix, Amazon: le gouvernement français très gourmand

Posté par vincy, le 15 janvier 2020

Franck Riester continue de préparer sa réforme de l'audiovisuel, qui doit passer devant le parlement au printemps. Le ministre de la Culture a annoncé vouloir fixer à 25% du chiffre d'affaires réalisé en France le taux minimum que les plateformes de vidéo en ligne comme Netflix et Amazon, spécialisée dans les fictions, devront investir dans la production française et européenne. C'est un niveau largement supérieur à celui évoqué auparavant. Pour les plateformes de flux généralistes, le taux minimal serait de 16%.

Il s'agit de revoir le modèle de financement des films et des œuvres audiovisuelles en France alors que les aides du CNC devraient être plus sélectives, et ne sont pas extensibles, et que les budgets des chaînes de télévision, notamment Canal +, ne sont plus au top, et s'orientent davantage vers les séries. L'objectif est d'ailleurs de rééquilibrer les règles entre ces chaînes TV déjà soumises à de nombreuses obligations réglementaires, et ces plateformes en ligne, qui captent une large audience sans règlementation contraignante.

Le ministère annonce également des exceptions que pour le service public, les chaînes thématiques, ou les services de vidéo à la demande.

Ces taux ne seront appliqués que si les négociations entre les filières du secteur ne trouvent pas d'accord.

On attend cependant la nature des sanctions promises par le ministre si les plateformes ne respectaient pas leur obligation. La menace d'une interdiction de diffusion de leurs contenus en France parait hautement improbable. Cette décision serait impopulaire et techniquement hasardeuse, ouvrant la voie au piratage: Netflix compte plus de 6 millions d'abonnés et vient de signer un partenariat avec Canal +, Amazon lie sa plateforme à son service de fidélité pour les achats de biens de consommation et culturels en ligne. Cela devrait aussi concerner Disney + lancé ce printemps, et HBO Max, attendu pour 2021.

On n'en arrivera certainement pas là. Netflix a déjà annoncé plusieurs projets français (et européens) dont l'investissement est à la fois important pour eux et une infime partie de ses milliards dépensés annuellement dans tous les contenus de fiction. Et ça ne change rien pour l'instant au réel problème de la chronologie des médias, qui empêche les cinéphiles français de voir ses films en salles.

Malgré les polémiques, Dominique Boutonnat est nommé président du CNC

Posté par redaction, le 24 juillet 2019

Les inquiétudes des organisations professionnelles, les tribunes des cinéastes, les critiques publiques, la mobilisation des étudiants de la Fémis n'auront pas changé la donne : l'Elysée et le ministère de la Culture ont choisi Dominique Boutonnat pour la présidence du CNC, nommé ce matin en conseil des ministres. Le producteur, spécialiste du financement de la création audiovisuelle, remplace ainsi Frédérique Bredin, partie le 12 juillet. Elle avait sollicitée le renouvellement de son mandat. Mais après avoir refusé l'automne dernier la présidence du CSA, cette proche de François Hollande ne semblait plus avoir la confiance du gouvernement.

La nomination de Dominique Boutonnat va être perçue comme provocatrice après quelques semaines de lobbying actif de la part des professions cinématographiques, alors même que le parti gouvernemental voudrait changer le modèle de financement français. Le rapport, controversé, que M. Boutonnat avait livré en mai était une bombe à retardement pour les producteurs indépendants. Ce rapport privilégie en effet l'exploitation commerciale (entrées en salles et exportation comme critères de financement, ce qui se fait en Hongrie et en Russie) plutôt que le préfinancement à partir de critères qualitatifs. De plus, si le CNC doit rester un "régulateur", il préconise de développer la part du financement privé dans le cinéma, via des fonds d'investissement et le développement de la blockchain, face au déclin de Canal + et l'arrivée de plateformes de streaming transnationales.

Une réforme du financement du cinéma en vue?

Cette logique libérale, qui veut lutter contre la surproduction, tuerait une grande partie des films d'auteur, sans se soucier du problème d'inégalité de l'accès aux salles ou de la durée d'exploitation. Un très bon film peut échouer en salle, ça n'en fait pas un mauvais film. Imagine-t-on la même logique dans la musique ou l'édition? "Si Boutonnat était nommé à la tête du CNC, cela signifierait qu’il faudrait financer les films de Philippe Garrel et ceux de Franck Dubosc de la même façon, selon les mêmes critères économiques", avait écrit sur Twitter le producteur Saïd Ben Saïd (Elle, Benedetta).

En nommant Dominique Boutonnat, le ministère de la Culture peut s'attendre à une fronde et une résistante puissante de la profession. 14 associations ont demandé au président de la République des Etats généraux du cinéma français avant que ne soient prises des "décisions trop rapides" où seules comptent les "intentions de seule rentabilité dans un domaine où la diversité de la production est unique au monde".  Ces associations souhaitent que l'été ne soit pas "l’occasion de considérer la politique culturelle de la France comme une simple marchandise", et rappellent que la "cinématographie française [est] considérée aujourd’hui comme l’une des premières et des plus enviées du monde".

Frère de Laurent Boutonnat (clipiste et compositeur de Mylène Farmer), Dominique Boutonnat, après une carrière dans les assurances, s'est lancé dans la production cinéma avec L'arnacœur, Polisse, Intouchables, 2 Days in New York, Un plan parfait, Eyjafjallajökull, ... C'est la première fois qu'un professionnel du cinéma est choisi pour diriger le CNC. Pour éviter tous conflits d'intérêts, il doit démissionner de tous ses mandats actuels.

Crise à Téléfilm Canada: le cinéma québécois dans la tempête

Posté par vincy, le 22 mai 2019

Deux films canadiens sont en sélection officielle à Cannes cette année: Monia Chokri avec La femme de mon frère qui ouvrait Un certain regard et Xavier Dolan, avec Matthias et Maxime.

Licenciements sans justification: la mèche est allumée

Pourtant le 7 mai, une lettre envoyée G. Grant Machum, président par intérim du conseil d'administration de Téléfilm, rappelait: "Quelle ironie d'ailleurs que de penser que les représentants de Téléfilm Canada monteront bientôt les marches du Palais des Festivals à Cannes pour y découvrir Matthias et Maxime de Xavier Dolan, un film qui n'aurait pas vu le jour si l'équipe dirigée par Monsieur Michel Pradier [directeur du financement, ndlr] et de Madame Roxanne Girard [directrice des relations d’affaires et de la coproduction, ndlr]  n'avaient pas donné son aval au projet pour un financement anticipé sur l'année fiscale 2019-2020". Pradier et Girard sont deux des trois directeurs, avec Denis Pion, directeur de l’équipe information, performance et risque, de Téléfilm Canada récemment congédiés, sans justification.

Depuis quelques semaines, c'est la crise dans l'institution canadienne depuis ces licenciements alors que les problèmes de financement du volet francophone sont au cœur des préoccupations de la profession puisque l'édition 2019-2020 est compromise. Trop de fonds ont été exploités dans cette enveloppe pour finir l’exercice 2018-2019: autrement dit les caisses sont déjà vides pour le cinéma francophone. Michel Pradier avait annoncé le 17 avril dernier l’absence de fonds supplémentaires alloués cette année aux films francophones, sauf si on redistribuait l'argent en ponctionnant dans divers programmes de Téléfilm.

Une directrice qui n'a plus la confiance de la profession: le feu se propage

En congédiant ces trois personnalités estimées des producteurs, le signal envoyé a semé un vent de panique. La nouvelle directrice générale de Téléfilm, l’Ontarienne (province anglophone) Christa Dickenson, n'est à son poste que depuis un an. Les Québécois se sentent maltraités puisque depuis quelques temps, les aides de Téléfilm Canada sont réparties deux tiers-un tiers au profit des productions de langue anglaise, au lieu de moitié-moitié.

En quelques semaines, Christa Dickinson s'est vue complètement discréditée par la profession qui l'accuse de vouloir saboter le cinéma québécois.

"C’est non seulement la tête dirigeante de Téléfilm qui est décapitée, mais également sa mission et sa raison d’être qui sont mises en danger", affirment différentes associations : l’Alliance québécoise des techniciens et techniciennes de l’image et du son (AQTIS), l’Association québécoise de la production médiatique (AQPM), l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ), Québec Cinéma, le Regroupement des distributeurs indépendants de films du Québec (RDIFQ), le Regroupement des producteurs indépendants de cinéma du Québec (RPICQ), la Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC), la Table de concertation de l’industrie du cinéma et de la télévision de la Capitale-Nationale, et l’Union des artistes (UDA).

Du côté de Téléfilm Canada, on assure qu'il est nécessaire d'opérer des changements dans le contexte actuel, en plein bouleversement. Mais le cinéma québécois est très dépendant des fonds de Téléfilm Canada et des aides de la Sodec. Le risque est devoir d'ici un à deux ans une chute de la production, et des emplois, au Québec. C'est un enjeu économique, culturel, et aussi linguistique puisque cela permet de défendre la langue française dans un marché dominé par les productions américaines.

Un ministre qui fait le pompier: la maison brûle

Les producteurs québécois avaient déjà interpellé cet hiver le ministre canadien du Patrimoine, Pablo Rodriguez, parce que plusieurs productions sont menacées faute de subventions. Outre le micmac politique, Odile Tremblay, du Devoir, pointait le mauvais timing de ce "remue-ménage", juste avant le Festival de Cannes (et le marché du film), essentiel pour lancer les projets de coproductions.

C'est d'ailleurs Pablo Rodriguez qui a réagit juste avant le Festival de Cannes en annonçant une aide exceptionnelle de 7,5 millions de dollars canadiens pour Téléfilm Canada, "pour atténuer les défis liés à l’allocation des fonds destinés aux productions francophones par Téléfilm Canada en 2019-2020."

Selon lui, "ça règle l’ensemble des besoin". "Pour nous, il n’était pas question que de bons films ne soient pas réalisés. C’est pour ça que ce nouvel investissement sera disponible dès cette année pour appuyer directement les projets en français" précise le ministre. Ce financement s'ajoute aux 2,5 millions de dollars canadiens disponibles pour des longs métrages en attente de financement, soit un total de "10 millions de dollars canadiens disponibles pour appuyer des productions de langue française en 2019-2020."

Il en a aussi profité, pour acheter la paix, en nommant deux nouveaux membres au conseil d'administration. Robert Spickler comme président, et Karen Horcher comme membre.

Dimanche 2 juin (eh oui, c’est bien tard !), le Gala Québec Cinéma célébrera les films de 2018 avec ses récompenses. On imagine l'ambiance qu'il y aura puisque désormais les professionnels se situent entre colère et indignation, même si les récentes annonces devraient calmer le jeu.

160 cinéastes européens demandent une politique européenne ambitieuse pour le 7e art

Posté par vincy, le 19 février 2018

Droits d’auteur, piratage, territorialité, financement, fiscalité, diffusion : à l'occasion de l'intervention de la Commissaire européenne Mariya Gabriel au Festival de Berlin, plus de 160 cinéastes européens listent dans une tribune trilingue publiée sur le site de l'ARP (Société civile des auteurs réalisateurs-producteurs) leurs priorités à l’heure où la Commission de Bruxelles doit rendre des arbitrages sur sa politique médias.

"La culture européenne est la mise en commun de toutes les singularités, façons d’être et de voir, traditions, langues et histoires propres à chaque pays. A l’heure du Brexit et des nationalismes montants, l’Europe doit comprendre que sa force demeure dans sa capacité de dialogue entre union et identités spécifiques. C’est notre force et non pas notre faiblesse : ne pas comprendre cette dualité nous mènera à notre perte" rappelle cette tribune en préambule

"Cinéastes, nous portons le projet d’une véritable Europe de la création, guidée par l’Exception culturelle. Nous sommes convaincus que le numérique est une chance immense pour la création et la circulation des œuvres : la diversité peut ainsi être exposée dans chaque Etat-Membre, auprès de tous les spectateurs. Il n’y a pas de petit ou grand état européen de la création ; il y a une formidable richesse de regards" expliquent les signataires, parmi lesquels les frères Dardenne, Costa Gavras, Claude Lelouch, Abderrahmane Sissako, Agnès Joaui, Cédric Klapisch, Euzhan Palcy, Michel Ocelot, Bertrand Tavernier, Fatih Akin, Joachim Trier, Bela Tarr, Cristian Mungiu, Isabel Coixet, Ursula Meier, John Boorman, Ken Loach...

Ils affirment qu'"Une grande Europe de la Création est possible si nous affirmons, au cœur de l’économie numérique, la défense de droits fondamentaux, et un partage de valeurs équilibré entre tous les acteurs de la chaîne."

Droit d'auteur et piratage

Pour eux, "le projet de directive sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique est une occasion unique d’assurer aux auteurs une rémunération juste, proportionnelle et inaliénable lorsque leurs films et œuvres audiovisuelles sont regardés sur des plateformes numériques. Il est temps de mettre en place un mécanisme européen qui garantisse aux auteurs une juste rémunération pour l’exploitation à la demande de leurs œuvres partout en Europe."

"Une plateforme ou un diffuseur qui tire profit de la diffusion d’une œuvre ne peut en aucun cas s’exonérer de contribuer au financement de la création. Dans le cadre de la directive sur les Services de Médias Audiovisuels (SMA), assurons-nous que chaque acteur qui diffuse des œuvres pour les spectateurs d’un Etat-Membre, par quelque mode que ce soit (plateforme, télévision payante ou en clair, hertzien ou numérique, etc.), obéisse impérativement aux règles de ce pays" exigent-ils, réaffirmant par la même occasion que "le principe du pays de destination permettra à chaque Etat-Membre de définir librement l’investissement de tous les acteurs (y compris les plateformes) dans la production d’œuvres nationales, et de conduire ainsi sa politique culturelle au service de la diversité des œuvres. Par ailleurs, le taux de 30% d’œuvres européennes dans les catalogues des plateformes numériques – inscrit dans cette révision de la directive, reste un plancher, laissant aux Etats-Membres toute la latitude de fixer un seuil plus élevé."

Signes inquiétants

"Nous défendons par ailleurs l’idée d’une Europe respectueuse du principe de territorialité, qui refuse qu’une œuvre soit diffusée sur des territoires pour lesquels les droits n’ont pas été acquis. Dans le cadre du règlement Câble-Satellite, garantissons aux créateurs, et aux cinématographies les plus fragiles, les moyens nécessaires au financement de leurs œuvres et combattons toute stratégie de contournement" attendent les producteurs, cinéastes et comédiens auteurs de ce texte.

Ils rappellent, en matière de financement que le programme de financement européen Media "est déjà un des plus petits programmes financés par la Commission européenne et le seul consacré à notre secteur" et "pourraient être encore réduits". "Conscients de son soutien déterminant, tant pour les films que pour les publics qui les découvrent, renforçons et pérennisons ce programme emblématique de l’attachement européen au cinéma" demandent-ils.

Dans le même temps, ils remarquent que les GAFAN (Google, Amazon, Facebook, Apple, Netflix) et certains acteurs globaux accentuent "la concurrence déloyale entre acteurs vertueux et non vertueux". Ils réclament que "L’Europe, si elle veut garder une place majeure dans l’avenir, se doit d’inventer des lois adaptées au monde numérique d’aujourd’hui, afin d’imposer des règles équitables : dans le cas contraire, cela reviendrait à créer, au sein même de l’Union, des « paradis anti-culturels », chevaux de Troie d’une culture dominante."

La quadrature du cercle de la diffusion

Enfin, pour que "Le cinéma, dans toute sa diversité, (irriguent) l’ensemble des territoires", ils proposent d'inventer "un outil européen de référencement des œuvres" qui "encouragerait la circulation des films dans les Etats-Membres où ils seraient encore indisponibles plusieurs années après la sortie initiale." "Travaillons avec les plateformes. Encourageons-les à éditorialiser le cinéma européen et à le valoriser auprès des millions de spectateurs des Etats-Membres. Sur ces services, lors des transpositions en lois nationales, soyons ambitieux et allons, pays par pays, au-delà du plancher de 30% d’œuvres européennes bientôt imposé par la réglementation européenne".

Ils souhaiteraient aussi la création d'un "Festival des cinéastes européens présentant les œuvres primées de chaque pays, et voyageant d’une capitale européenne à l’autre, faisons la promotion de nos plus belles créations. Invitons le public à plébisciter la diversité européenne."

Cette mobilisation n'est pas nouvelle. Régulièrement, à Berlin, Cannes (la dernière date de mai dernier, avec une grande partie de signataires en commun et de nombreuses revendications similaires), ou Venise, les professionnels lancent des appels, des pistes de réflexions, des tribunes pour faire pression sur une Europe relativement absente sur le plan des idées et souvent soumises à des acteurs transnationaux. Le programme Europe Créative ne pèse que 1,46 milliard d'euros pour la période 2014-2020. Rappelons que Netflix va investir 8 milliards de dollars cette année pour la création de contenus originaux.

Austria / Autriche

Barbara Albert

Belgium / Belgique

Dominique Abel, Lucas Belvaux, Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne, Fiona Gordon, Frédéric Sojcher, Felix Van Groeningen

Bulgaria / Bulgarie

Vera Chandelle, Kristina Grozeva, Tonislav Hristov, Kamen Kalev, Vesela Kazakova, Veselka Kiryakova, Stefan Komandarev, Dimitar Kotsev-Shosho, Milko Lazarov, Tsvetodar Markov, Ilian Metev, Mina Mileva, Elitsa Petkova, Ralitsa Petrova, Mila Turajlic, Vania Rainova, Mira Staleva, Petar Valchanov, Pavel Vesnakov, Maya Vitkova-Kosev, Rositsa Vulkanova

Croatia / Croatie

Hrvoje Hribar, Danilo Šerbedžija

Cyprus / Chypre

Tonia Mishiali

Denmark / Danemark

Ole Christian Madsen, Annette K. Olesen, Christina Rosendahl, Birgitte Stærmose

Finland / Finlande

Saara Saarela

France

Jean Achache, Jérémy Banster, Patricia Bardon, Luc Béraud, Charles Berling, Julie Bertuccelli, Gérard Bitton, Sophie Blondy, Bertrand Bonello, Patrick Braoudé, Catherine Breillat, Dominique Cabrera, Christian Carion, Jean-Michel Carré, Olivier Casas, Elie Chouraqui, Etienne Comar, Catherine Corsini, Dominique Crèvecoeur, Audrey Dana, Edouard Deluc, Claire Denis, Dante Desarthe, Léon Desclozeaux, Jérôme Diamant-Berger, Evelyne Dress, Jacques Fansten, Joël Farges, Frédéric Fonteyne, Philippe Garrel, Costa Gavras, Jacques-Rémy Girerd, Eugène Green, Robert Guédiguian, Agnès Jaoui, Thomas Jenkoe, Lou Jeunet, Arthur Joffé, Pierre Jolivet, Cédric Klapisch, Gérard Krawczyk, Jeanne Labrune, Eric Lartigau, Michel Leclerc, Philippe Le Guay, Claude Lelouch, Jean Marboeuf, Nathalie Marchak, Tonie Marshall, Radu Mihaileanu, Jonathan Millet, Steve Moreau, Philippe Muyl, Olivier Nakache, Michel Ocelot, Euzhan Palcy, Martin Provost, Raphaël Rebibo, Christophe Ruggia, Céline Sallette, Jean-Paul Salomé, Tessa-Louise Salomé, Pierre Salvadori, Manuel Sanchez, Jean-Pierre Sauné, Pierre Schoeller, Arnaud Sélignac, Joël Séria, Charlotte Silvera, Abderrahmane Sissako, Bertrand Tavernier, Cécile Telerman, Danièle Thompson, Eric Tolédano, Arnaud Viard

Germany / Allemagne

Fatih Akin, Emily Atef, Reza Bahar, Peter Carpentier, Nicole Gerhard, Jochen Greve, Brita Knöller, Fabian Massah, Hans-Christian Schmid, Tobias Siebert

Greece / Grèce

Elina Psykou

Hungary / Hongrie

Bela Tarr

Iceland / Islande

Benedikt Erlingsson, Fridrik Thor Fridriksson

Italy / Italie

Giovanni Amelio, Francesca Archibugi, Marco Bellocchio, Cristina Comencini , Emanuele Crialese, Matteo Garrone, Fabio Grassadonia, Luca Guadagnino, Daniele Luchetti, Francesca Marciano, Mario Martone, Ivano de Matteo, Sandro Petraglia, Antonio Piazza, Giuseppe Piccioni, Marco Risi, Gabriele Salvatores, Valia Santella, Stefano Sardo, Andrea Segre, Alberto Simone, Silvio Soldini, Massimo Spano, Marco Tullio Giordana, Carlo Verdone, Daniele Vicari

Latvia / Lettonie

Ieva Romanova

Lithuania / Lituanie

Arunas Matelis

Netherlands / Pays-Bas

Martijn Winkler

Norway / Norvège

Sverre Pedersen, Joachim Trier

Poland / Pologne

Karolina Bielawska, Jacek Bromski, Agnieszka Holland, Malgorzata Szumowska

Romania / Roumanie

Catalin Mitulescu, Cristian Mungiu, Corneliu Porumboiu

Slovenia / Slovénie

Klemen Dvornik

Spain / Espagne

Juan Antonio Bayona, Pablo Berger, Isabel Coixet, José-Luis Cuerda, José Luís García Sánchez, Manuel Gutierrez Aragón, Javier Rebollo, Emilio Ruiz Barrachina, David Trueba, Fernando Trueba, Felipe Vega

Sweden / Suède

Elisabet Gustafsson, Christina Olofson

Switzerland / Suisse

Ursula Meier

United-Kingdom / Royaume-Uni

John Boorman, Simon Brook, Dan Clifton, Stephen Frears, Ken Loach, Rebecca O’Brien, Sir Alan Parker, Paul Powell, Charles Sturridge, Carole Tongue, Susanna White

Une pétition pour défendre les cinéastes émergents

Posté par vincy, le 1 décembre 2017

Il y a déjà plus de 1500 signataires à la pétition "Faisons le pari de la jeune création cinématographique !".

"Année après année, les financements privés, principalement issus des chaînes de télévision, se sont raréfiés, se portant d’abord sur les auteurs déjà reconnus, les valeurs les plus sûres, les genres les plus porteurs" se plaignent jeunes rééalisateurs et cinéastes confirmés qui ont signé l'appel, parmi lesquels Marie Amachoukeli, Jacques Audiard, Lucas Belvaux, Julie Bertuccelli, Bertrand Bonello, Pascal Bonitzer, Catherine Corsini, Claire Denis, Yann Gonzalez, Robert Guédiguian, Agnès Jaoui, Cédric Klapisch, Tonie Marshall, Katell Quillévéré, Pierre Salvadori, Céline Sciamma, ou encore Rebecca Zlotowski, mais aussi des scénaristes, producteurs et techniciens du cinéma.

Précarisation

Rappelant qu'à Cannes, la Caméra d’or (prix du meilleur premier film) a récompensé trois fois en quatre ans le jeune cinéma français, ils interpellent la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, en signalant que "ce sont justement les premières œuvres et les projets les plus audacieux, ceux sur lesquels il est le plus risqué de « parier », qui sont aujourd’hui grandement fragilisés, jusqu’au seuil de la précarité pour certains." Ajoutant: "le plafonnement des aides publiques affecte violemment la fabrication, l’imaginaire, l’ambition artistique et visuelle des projets : équipes techniques réduites, figuration inexistante, temps de tournage de plus en plus contraints, scénarios élagués…Cette précarisation s’étend sans cesse et bride l’éclosion d’une nouvelle génération d’auteurs, d’acteurs, de techniciens."

Changement de la politique d'aides

"L’absence d’une chaîne de télévision en pré-financement - ou la faiblesse des montants proposés - génère presque automatiquement une majorité de financements publics, plafonnés à 60% pour les films à petit budget. L’absurdité du système pousse ces films à renoncer à certaines aides, notamment au crédit d’impôt" constatent-ils.

Les signataires proposent d'autoriser "un maximum de 70 % d’aides publiques dans le budget de ces films" , soit un coût financier marginal puisque très peu de films sont concernés. Ils demandent "une plus grande égalité entre les films face au crédit d’impôt, un dispositif fiscal qui devrait être ouvert à tous, sans aucune exception."

Actuellement, la réglementation française limite à 50% le seuil d'aide publique à la production (60 % pour les premiers et deuxièmes films, et pour ceux dont le budget est inférieur à 1,25 million d'euros). Ce dispositif est issu d'une règle européenne mais chaque Etat membre peut l'adapter.

La pétition accompagne un amendement (permettant le relèvement de la limite de l'aide publique) au Projet de loi de financer, déposée par la députée parisienne Brigitte Kuster (Les Républicains). Il a reçu un " avis défavorable " du ministre de l'action et des comptes publics Gérald Darmanin. Il ne reste qu'à espérer qu'un sénateur prendra le relais...

Edito: To be (british) or not to be

Posté par redaction, le 28 septembre 2017

Le Festival du cinéma britannique à Dinard commence aujourd'hui. L'an dernier, tout le monde était sous le choc du Brexit. Depuis de l'eau a coulé dans la Manche, et les hésitations de la Première ministre, la détermination des négociateurs européens, les inquiétudes et incertitudes sur l'avenir du Royaume-Uni ont donné plutôt raison à ceux qui prônaient le maintien dans l'Europe.

Pendant ce temps là, le cinéma britannique continue d'être l'un des plus appréciés et respectés, dans les festivals et dans les salles. Bien sûr, il n'a pas forcément le succès des années 1990 quand les comédies sociales et drames d'époque envahissaient les palmarès et remplissaient les fauteuils. L'humour et l'élégance british n'ont pourtant pas disparu. Mais la nouvelle génération de cinéastes a plus de mal à s'imposer, toujours dans l'ombre des vétérans (Loach, Frears, Leigh, Boyle...). Il faut dire que le cinéma britannique est devenu presque schizophrénique pour ne pas dire tripolaire. Il y a un cinéma dramatique, plutôt d'auteur, souvent social. Des films coproduits avec la France ou les studios américains qui valorisent le patrimoine littéraire ou théâtral britannique. Et des grosses productions américano-anglaises destinées aux multiplexes.

Ce qui est intéressant à travers ces trois "familles" de film, c'est qu'il traduit l'esprit britannique du moment. Le regard juste sur une société morcelée, dure, précaire, à l'écart de la mondialisation. L'envie de retrouver une gloire culturelle perdue, tels la série The Crown par exemple entre perte de l'Empire et élan vers une société moderne, ou des films comme Le discours d'un Roi et Le Vice-Roi des Indes (et d'une certaine manière Dunkerque). Le fantasme d'être encore une puissance qui sauve le monde avec des super-agents comme James Bond ou ceux de Kingsman (au passage, ils collaborent toujours avec "l'ami américain" et jamais avec Interpol, Europol et les Européens, notamment parce que ces films sont davantage américains qu'anglais).

A l'exception des Bridget Jones (avec une actrice américaine pour incarner la plus célèbre des célibataires londonniennes), les comédies british, mixant drame, social et comédie, ont disparu de nos grands écrans. Certes, il reste de la fantaisie (Wallace & Grommit, Paddington) dans l'animation. Mais les Full Monty, Quatre mariages et un enterrement, Billy Elliot, Petits meurtres entre amis et autres The Snapper semblent loin.
Confident Royal (Victoria and Abdul), qui fait l'ouverture du Festival de Dinard, est presque une exception. Et une belle synthèse du cinéma britannique, alliant le rire, la fracture sociale (et "raciale"), l'Histoire et l'impérialisme. Le film de Stephen Frears, Le Vice-Roi des Indes, T2: Trainspotting et Kingsman 2 sont les quatre seuls longs métrages à se classer dans le les 50 premiers du box office anglais cette année. C'est dire l'effondrement du cinéma national. Il faut remonter à 2014 pour trouver deux cartons locaux dans le Top 10 (Paddington, The Inbetweeners 2).

Colonisé par le cinéma hollywoodien, le cinéma britannique ne peut compter que sur sa langue (qui lui facilite l'accès au marché nord-américain), la notoriété de ses acteurs (qui bénéficient de leurs rôles à Hollywood), de ses grands auteurs, et sur les festivals pour exister.

Au Festival de Karlovy Vary, Ken Loach a même prédit la fin du cinéma britannique: "Nous allons sortir de l’UE d’une façon ou d’une autre. Nos contrats de coproductions dépendent des travailleurs d’autres pays venant collaborer sur nos films au Royaume-Uni. Si ça devient très bureaucratique et compliqué, si nous quittons l’UE, ça rendra ce processus très difficile et il y a de bonnes chances que ça se produise." "Cela va freiner ces coproductions car elles deviendront trop lourdes" affirme-t-il.

Mais ne soyons pas aussi pessimiste que Loach. Malgré le Brexit, l'Europe cinématographique n'est pas prête à lâcher ses liens avec la patrie de Shakespeare, Hitchcock et des Beatles. Le Festival du cinéma européen des Arcs a ainsi choisi Andrea Arnold, trois fois Prix du jury à Cannes, comme présidente cette année. Le Festival des films d'histoire de Pessac sera sur le thème "So British !", avec une édition entièrement consacrée au Royaume-Uni.

En tant que Festival du cinéma britannique, Dinard va avoir le devoir d'être le village gaulois breton qui vient en aide aux "Bretons" pour résister à l'envahisseur américain et assurer la diversité cinématographique. Car en trente ans, derrière les Palmes d'or, Oscars et blockbusters, on voit bien que le cinéma venu d'Outre-Manche a perdu de sa "hype". "La nation britannique est unique à cet égard. Ils sont les seuls à aimer qu'on leur dise combien les choses sont mauvaises, à qui on aime se dire le pire" disait Churchill. Et si on regardait ce qu'il y avait de meilleur?

Edito: Canal confidentiel

Posté par redaction, le 6 juillet 2017

C'est paradoxal l'information. Enfin la communication. Canal Plus essaye de survivre. Non pas que le groupe soit menacé d'extinction mais les affaires ne vont plus aussi bien. Entre l'arrivée de Netflix, qui séduit par son bas tarif, l'excécrable saison télévisuelle de ses émissions en clair, les sanctions à répétition contre son produit phare sur C8, la désastreuse image véhiculée par son patron et qui a terni trente ans de gloire cathodique, Canal Plus n'a plus l'esprit cool, hype, glam d'avant.

Les projets ne manquent pas pour revitaliser l'ancienne star que le monde nous enviait. A commencer par un lifting de Dailymotion, une nouvelle politique tarifaire, des partenariats stratégiques pour être mieux diffusé. Et puis, Maxime Saada, directeur général du groupe, demande à travers une interview que la chronologie des médias soit adaptée à l'époque.

"Notre demande principale, c'est que l'on ramène le délai actuel de diffusion des films sur Canal+ de dix mois à six mois après la sortie en salles. Au moment où les Netflix et Amazon prennent des positions dominantes, cette mesure nous paraitraît un geste fort. Nous voudrions également que les acteurs vertueux du PAF, qui payent leurs impôts en France, qui respectent les quotas, bénéficient d'avancées notables. Et que les moins vertueux (c'est-à-dire les Netflix, iTunes, SFR…) en soient écartés. Au nom de l'équité. Il y a enfin un autre dossier que nous allons mettre sur la table du nouveau gouvernement, c'est celui du piratage. La France est championne du monde dans le domaine. La perte pour le seul groupe Canal+ est de 500.000 abonnés! Il existe pourtant des parades efficaces, qui ont fait leur preuve en Allemagne et au Portugal, où chaque fraudeur identifié est mis à l'amende. Nous réclamons un dispositif législatif à l'identique. Sachez qu'un grand succès comme Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu a été piraté 4,2 millions de fois avant d'être diffusé sur notre antenne. C'est inadmissible" explique-t-il dans le JDD.

Canal Plus a des atouts pour faire pression: sa part dans le financement du cinéma français et dans la création de fictions.

Malheureusement, le message est brouillé depuis deux jours. Canal Plus voulait frapper les esprits (du PAF). C'est surtout l'esprit Canal qui a frappé en plein pif.  Neuf sociétés de gestion de droits d'auteur ont décidé de poursuivre le groupe pour "défaut de paiement des auteurs", une décision unilatérale prise par le big boss Vincent Bolloré. Canal+ a cessé tous paiements de droits d’auteurs depuis le 4e trimestre 2016, afin de faire des économies.

La ministre de la Culture a rappelé que Canal - premier financeur du cinéma et l’un des principaux financeurs de la production audiovisuelle - joue "un rôle particulier dans l’écosystème de la création française". Soulignant: "En conséquence, aucune stratégie de réduction des coûts, fût-elle justifiée par la volonté d’améliorer la situation financière, ne saurait exonérer une entreprise des obligations qui découlent de ses contrats avec les sociétés d’auteurs".

Cette politique qui touche les auteurs, toujours les moins bien lotis dans les devis ou le paiement des factures, est incompréhensible. Surtout quand le groupe cherche à vouloir modifier la chronologie des médias ou vouloir faire pression sur le gouvernement pour la lutte contre le piratage. Ainsi, le message de Maxime Saada s'est perdu dans le brouillard crypté des déclarations sans portée car l'urgence est ailleurs, et en clair: Canal Plus risque gros à ne pas rémunérer les centaines d'auteurs qui nourrissent son antenne. On peut toujours se plaindre qu'un Apple, Netflix ou Amazon ne soient pas "vertueux". Encore faut-il être vraiment vertueux soi-même.

Claude Lelouch: « Netflix est un peu ce que fait Emmanuel Macron en politique »

Posté par vincy, le 27 juin 2017

Il n'y a pas que les cinéastes américains ou asiatiques qui sont attirés par le cash de Netflix. Dans un entretien au JDD dimanche dernier, Claude Lelouch va à rebrousse-poils de la profession en France. Pour lui, Netflix "est un peu ce que fait Emmanuel Macron en politique", précisant sa pensée: "Il a balayé les préjugés pour aller chercher les bonnes idées là où elles sont, à droite comme à gauche. Alors, si la plus belle histoire du monde est mise en scène par un gars produit par Netflix ou Amazon, il faut la voir." "D'autant que le pouvoir financier de ces plateformes est colossal»." ajoute-t-il.

"En l'occurrence, on ne peut pas dire non à la nouveauté" estime le réalisateur, qui produit ses films depuis ses débuts, jusqu'à parfois les distribuer lui-même.

Le cinéma "ne peut plus se permettre de se prendre pour une star"

Il va assez loin dans son raisonnement, constatant l'état désastreux du marché pour les films d'auteur et la difficulté à produire/financer des films non formatés. "Aujourd'hui, ce qui pourrait sauver Fellini ou Antonioni, c'est Netflix. Je le pense vraiment, explique le réalisateur Claude Lelouch.

C'est d'ailleurs ce qui est intéressant de la part du cinéaste multi-récompensé. Sa quête d'indépendance l'a conduit à être totalement libre, dépendant essentiellement et financièrement des recettes de ses succès comme de ses flops. En moyenne, un Lelouch (il y en pas loin de 50) c'est un million d'entrées en France (avec 6 films au dessus des 2 millions de spectateurs).

Le changement, c'est maintenant?

Lui qui n'est pas abonné à la plateforme, reconnaît qu'il doit "batailler pour trouver les financements" de son prochain film, après le bide de Chacun sa vie en mars (qui faisait suite à Un + Une en 2015, son plus gros succès depuis 1996). Pour Lelouch, le cinéma "doit aller chercher de l'argent ailleurs que dans les structures actuelles. Il ne peut plus se permettre de se prendre pour une star." Il n'exclut pas de travailler pour Netflix, avec plaisir: "Si je travaille en toute liberté" précise-t-il.

En clair, Claude Lelouch, 79 ans, patron des Films 13, Palme d'or, Oscar du meilleur scénario et Golden Globes du meilleur film étranger, pense qu'il est temps de changer. "La chronologie des médias est démodée" affirme-t-il et, comme toujours un peu provocateur à l'égard de ses pairs (est-ce pour ça que Lelouch n'a jamais été césarisé même pour l'honneur?), il trouve "formidable" que le festival de Cannes sélectionne deux films ne sortant pas en salles.

La Palme d’or de « La Vie d’Adèle » à vendre

Posté par vincy, le 8 juin 2017

abdellatif kechiche adele exarchopoulos lea seydouxAbdellatif Kechiche va vendre aux enchères sa Palme d’or de La vie d’Adèle – chapitre 1 et 2. Il a révélé l'information à The Hollywood Reporter. Il mettra également en vente les toiles exposées dans le film et d'autres souvenirs liés au tournage. Le cinéaste doit en effet trouver un financement indépendant pour finir le montage de son prochain film, Mektoub is Mektoub devenu Mektoub, My Love.

Au début de printemps, il avait annoncé vouloir scinder son film en deux parties. Mais les contrats avec ses partenaires financiers (France Télévisions, Pathé, Canal +) ne prévoyaient pas deux films (lire aussi notre actualité du 7 avril). Il se disait aussi "privé de Cannes" à cause de cette histoire, créant, une fois de plus, une polémique dont il a le secret.

Alors qu'il était en post-production, "la banque (Cofiloisirs) a bloqué sa ligne de crédit" et ainsi laissé le projet "dans les limbes". La société de production Quat'Sous (celle de Kechiche) va donc financer la post-prod en cédant les bijoux de famille.

Librement adapté du roman de François Bégaudeau La blessure, la vraie, Mektoub, My Love, avec Lou Luttiau, Shain Boumedienne et Ophelie Bau, sera à l'écran une saga romanesque et familiale, dont les épisodes seront intitulés Les dés sont jetés et Pray for Jack.