La Permission de minuit : émotion sensible et pudique

Posté par Claire Fayau, le 1 mars 2011

permissionL'histoire : C'est une amitié hors normes entre David, un médecin de 50 ans, et Romain, 13 ans, dont il s'occupe depuis sa petite enfance, l'adolescent souffrant d’une déficience génétique rare. Rien ne semble pouvoir les séparer jusqu’au jour où David obtient une mutation qu’il n’attendait plus. Comment annoncer à Romain son départ ?

Notre avis : Delphine Gleize est la troisième cinéaste  à réunir Vincent Lindon et Emmanuelle Devos devant la caméra, après Emmanuel Carrère (La Moustache) et Anne Le Ny (Ceux qui restent). Mais cette fois, ils ne forment pas le couple star du film puisque le duo fétiche, c'est  un ado malade et son médecin. Une amitié transgénérationnelle, comme les aime Delphine Gleize (voir Cavaliers seuls, coréalisé  avec Jean Rochefort).

Comme dans Cavaliers Seuls, justement, la Permission de minuit (joli titre) parle de transmission, de maladie rare , et de mort. Mais aussi de la beauté de l'échange, et de soutien inconditionnel. Car dans l'histoire , qui sauve réellement qui ?

Un film sensible et pudique, doté d'une belle émotion, mais sans mélo car " la pitié, on s'en fout !".

Cavaliers Seuls : calvaires solitaires

Posté par Claire Fayau, le 4 mai 2010

cavaliers seulsL'histoire : Marc, champion international de saut d'obstacles, séducteur inlassable et intransigeant, occupe aujourd'hui du haut de son fauteuil électrique, un box d'écurie aménagé en minuscule deux pièces... Sa survie ne tient qu'à quelques fils : entendre de l'autre côté de la cloison le cheval voisin se coucher dans la paille à la nuit tombée, attendre le jour et l'arrivée de Martine, auxiliaire de vie et exquise pousse-au-crime, puis celle du jeune Edmond, 18 ans, cavalier d'une grâce inouïe, dont la prestance n'a d'égale que l'économie de parole.

Notre avis : Surprenant Jean Rochefort . Passionné par les chevaux (et même expert lors des J.O. pour la télévision française), il a co-réalisé en 2007 avec Delphine Gleize  Cavaliers Seuls, qui évoque le quotidien d’un  ancien champion de sauts d'obstacles amputé des deux jambes et d’un poumon. Et c'est tout ? Oui, c'est tout. Pas de cascade, pas d'action spectaculaire, peu de dialogues, un rythme lent. Du cinéma vérité (parfois on ne sait plus si c'est improvisé ou dirigé).

Que reste -t-il alors ? Des tranches de vies , et le portrait attachant de Marc, Martine et Edmond, tiercé gagnant. Au-delà  de la description du monde du "cheval", Cavaliers seuls est un documentaire émouvant sur la vieillesse et la maladie, sur la passion qui maintient en vie, sur la transmission, sur une vie qui s'éteint  (l'attachant Marc) et une qui commence (le taciturne Edmond ). Un film drôle par moments et mélancolique. Comme la vie. Comme jean Rochefort qui ne peut plus monter à cheval depuis qu'une infection de la prostate le cloua au sol au moment du tournage (avorté) du film de Terry Gilliam sur Don Quichotte. Un calvaire solitaire.