Cavaliers Seuls : calvaires solitaires
L'histoire : Marc, champion international de saut d'obstacles, séducteur inlassable et intransigeant, occupe aujourd'hui du haut de son fauteuil électrique, un box d'écurie aménagé en minuscule deux pièces... Sa survie ne tient qu'à quelques fils : entendre de l'autre côté de la cloison le cheval voisin se coucher dans la paille à la nuit tombée, attendre le jour et l'arrivée de Martine, auxiliaire de vie et exquise pousse-au-crime, puis celle du jeune Edmond, 18 ans, cavalier d'une grâce inouïe, dont la prestance n'a d'égale que l'économie de parole.
Notre avis : Surprenant Jean Rochefort . Passionné par les chevaux (et même expert lors des J.O. pour la télévision française), il a co-réalisé en 2007 avec Delphine Gleize Cavaliers Seuls, qui évoque le quotidien d’un ancien champion de sauts d'obstacles amputé des deux jambes et d’un poumon. Et c'est tout ? Oui, c'est tout. Pas de cascade, pas d'action spectaculaire, peu de dialogues, un rythme lent. Du cinéma vérité (parfois on ne sait plus si c'est improvisé ou dirigé).
Que reste -t-il alors ? Des tranches de vies , et le portrait attachant de Marc, Martine et Edmond, tiercé gagnant. Au-delà de la description du monde du "cheval", Cavaliers seuls est un documentaire émouvant sur la vieillesse et la maladie, sur la passion qui maintient en vie, sur la transmission, sur une vie qui s'éteint (l'attachant Marc) et une qui commence (le taciturne Edmond ). Un film drôle par moments et mélancolique. Comme la vie. Comme jean Rochefort qui ne peut plus monter à cheval depuis qu'une infection de la prostate le cloua au sol au moment du tournage (avorté) du film de Terry Gilliam sur Don Quichotte. Un calvaire solitaire.
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