En début de semaine, The Weinstein Company était menacée de banqueroute. Finalement en quelques jours, le studio d'Harvey Weinstein a réussi à trouver un repreneur: le milliardaire Ron Burkle et l'ancienne ministre de Barack Obama (en charge des PME) Maria Contreras-Sweet.
Le montant des actifs était initialement évalué à 500M$ soit 225M$ de dettes, 100M$ dévolus à la création de la nouvelle structure et le reste pour la reprise des actifs, dont le catalogue de 277 films (y compris ceux de Dimension films).
Maria Contreras-Sweet souhaite surtout "lancer une nouvelle société, avec un nouveau conseil d'administration et une nouvelle vision incarnant les principes que nous défendons depuis le début du processus à l'automne". "Ces principes n'ont jamais varié et consistent à bâtir un studio de cinéma mené par un conseil composé d'une majorité de femmes indépendantes", à "sauver 150 emplois" et "créer un fonds de compensation des victimes".
Un coup de pression du procureur qui a menacé 150 emplois
Le feuilleton semble se terminer pour cette entreprise devenue à elle seule toxique à Hollywood. Début février, le procureur de l'Etat de New York avait bloqué un premier projet de reprise car, selon lui, les fonds prévus pour dédommager les victimes des abus sexuels d'Harvey Weinstein étaient insuffisants et que la direction de la nouvelle société incluait des cadres ayant couvert ses agissements. Cette décision avait conduit le week-end dernier à l'annonce d'un probable dépôt de bilan de The Weinstein Company.
En effet, Ron Burkle hésitait à fournir un montant viable pour faire fonctionner l'entreprise et n'avait pas apporté les garanties nécessaires sur le renvoi de certains dirigeants, soupçonnés de complicité sur les agissements de leur patron. Le milliardaire a finalement accepté de mettre 7M$ au pot, assuré que les dirigeants poursuivis ne seraient plus en poste (y compris Bob Weinstein) et, selon la presse financière, augmenté le fond pour l'indemnisation des victimes à 90M$. Du côté de TWC, la menace du dépôt de bilan a activé en urgence la procédure de sauvetage, alors que le conseil d'administration paraissait prêt à trouver une autre solution, tout en craignant que Harvey Weinstein casse une quelconque transaction en les poursuivant en justice.
Cette fois-ci, après un nouvel accord, le procureur semble approuver cette reprise, tout en continuer d'enquêter sur les différentes accusation et de poursuivre la société "pour n'avoir pas protégé ses employés face au comportement du producteur."
Reste la signature définitive, qui dépend de son bon vouloir. Il reste quelques détails à finaliser semble-t-il.
Nouveau nom et expansion
13 ans après la création de la société par Harvey et Robert Weinstein, un nouveau chapitre semble s'ouvrir. Elle changera de nom (on évoque la marque Wonder Hill) tant le patronyme est devenu imprononçable à Hollywood depuis les révélations sur le comportement d'Harvey Weinstein, accusé d'agressions sexuelles, d'harcèlement moral et sexuel et de viols par plus d'une centaine de femmes. L'intégralité des emplois devrait être préservée et les bureaux de Los Angeles et Londres certainement agrandis. Les premières dates de sortie de films déjà en boîte, dont The Current War avec Benedict Cumberbatch, Hotel Mumbai avec Dev Patel, HHhH avec Rosamund Pike et le remake d'Intouchables, The Upside.
Depuis octobre, aucun film produit par The Weinstein Company n'est sorti en salles. Tous les projets sont suspendus et certains ont été cédés (Paddington 2) ou revendus. Le réalisateur emblématique de la compagnie, Quentin Tarantino, a quitté TWC pour Sony. Bob Weinstein restera propriétaire de la marque Dimensions Films et du film prêt à sortir Polaroid, de Lars Klevberg, avec Tyler Young.