Bilan 2018: Hollywood et la Chine dominent le box office mondial

Posté par vincy, le 11 janvier 2019

Malgré Netflix, le piratage, le mondial de foot, les séries ici et ailleurs, le prix du ticket en hausse, le pouvoir d'achat en berne ou, dans certains pays, des mouvements sociaux et des troubles politiques, le cinéma (en salles) reste un produit culturel très attractif et populaire. rance, usa, chine, japon, royaume uni...

La France s'en sort plutôt bien avec 200,5 millions d'entrées en 2018. La fréquentation est en recul de 4,3% mais reste au dessus des 200 millions de spectateurs, ce qui en fait, toujours, le plus gros marché cinématographique européen, devant le Royaume Uni. Le cinéma français s'en sort bien avec 39,3% des entrées et deux films nationaux - Les Tuche 3, La famille Ch'ti - dans le Top 3, au dessus des 5 millions de spectateurs. Avec les cartons du Grand bain, d'Astérix - le secret de la potion magique et de Taxi 5, le cinéma hexagonal continue d'être plébiscité face à une concurrence hollywoodienne féroce. Au total 39 films (dont 11 Français) ont passé le cap du million d'entrées (contre 55 en 2017), confirmant une concentration sur quelques gros films.

L'Allemagne a en revanche vu son box office plonger de 15,5%, avec seulement 95,8 millions de spectateurs. Les films allemands ont séduit 22,9% des spectateurs et aucun n'est classé dans le Top 10. Plus frappant, le marché allemand, alors qu'il s'agit du pays le plus peuplé d'Europe, passe derrière le marché espagnol. Avec une légère baisse de 2%, le box office en Espagne a atteint 97,7 millions de billets vendus d(ont 17,5% pour des films espagnols). Côté Italie, c'est la grande dépression. 2018 a été la pire année depuis une décennie avec 86 millions de tickets vendus. La part de marché des films italiens (dont là aussi aucun ne se classe dans les 10 films les plus vus) s'élève à 22%.

Finalement, c'est le Royaume Uni qui relève la tête avec des entrées estimées entre 170 et 180 millions d'entrées, en hausse par rapport à l'an dernier. A Hong Kong aussi le box office augmente de 6% (même la part de marché des films nationaux est en recul, à 13%). De même la Chine continue de progresser avec des recettes en hausse de 9%. L'Empire du milieu reste le 2e marché mondial (hors Inde) avec 8,9 milliards de dollars de recettes. La part de marché des films nationaux, aidés par une limitation des films étrangers, est aussi en hausse (62%). Trois films - Operation Red Sea, Detective Chinatown 2 et Dying to Survive ont fait des scores de blockbusters américains (respectivement 532M$, 496M$ et 452 M$), soit 17% du box office national annuel.

En Corée du sud, le bilan est contrasté avec des recettes en hausse de 3% mais des tickets vendus en baisse avec 216 millions d'entrées (contre 220 l'an dernier), soit le 4e marché mondial (hors Inde). La Corée conserve sa place de champion en nombre d'entrées par habitant (plus de 4 films vus par habitants). Les coréens continuent de plébisciter leurs films (51% de parts de marché) et deux films nationaux ont passé le cap des 10 millions de spectateurs (Along With the Gods: The Two Worlds et Along With the Gods: The Last 49 Days).

Le Japon n'a pas encore fourni ses chiffres, tout comme la Russie ou le Brésil et le Mexique. Côté USA (et Canada anglais), c'est champagne en tout cas. Les recettes ont progressé de 6,7% (11,9 milliards de $), battant le record de 2016, et le public est de retour dans les salles : on prévoit une hausse de 4%, soit 1,3 milliards de billets vendus. Disney a capté un quart des recettes avec ses films.

Au niveau mondial, les premières estimations évaluent les recettes en salles à 41,7 milliards de dollars, soit 2,7% de plus qu'en 2017. Non seulement, le cinéma n'est pas mort, mais il est encore profitable. Un Marvel a passé le cap des 2 milliards de recettes, trois autres films ont été milliardaires, tous américains. Au total, 17 ont récolté plus de 500M$, dont 2 chinois. Un tiers est un film de super-héros et seulement trois ne sont ni une suite ni un remake ni une franchise. Hollywood rules again.

Cannes 2018: la carte (du Festival) et les territoires (du cinéma)

Posté par vincy, le 7 mai 2018

Le Festival de Cannes - Sélection officielle, Quinzaine des réalisateurs, Semaine de la critique et Acid - est vraiment mondial comme on le constate avec notre carte. Hormis l'Océanie (dignement représentée par Cate Blanchett présidente du jury), tous les continents sont représentés. Il y a bien quelques gros trous (Amérique centrale, Moyen-Orient, Afrique de l'Ouest et du Centre, Scandinavie), mais la représentativité des cultures est bien présente avec 36 pays différents. 17 pays ne sont sélectionnés qu'à travers un seul film (Syrie, Liban, Kenya, Maroc, ...).

La France domine largement le classement avec 27 films toutes sections confondues. Les Etats-Unis (8), le Portugal et l'Italie (5 chacun), et la Chine (4) complètent le Top 5.

Derrière ce classement brut, il y a des tendances plus certaines. Par continent, l'Europe domine largement avec 29 films de 13 pays. Cette année, l'Asie (hors Proche et Moyen Orient) est aussi en force avec 15 films de 6 pays. Un Certain regard devance la compétition et la Quinzaine en nombre de pays sélectionnés.

Par sélections, la France domine chacune des sélections, révélant quand même un tropisme national. Le Portugal est à triplement l'honneur à l'Acid, les Etats-Unis et l'Espagne font un doublé à la Quinzaine, l'Argentine est deux fois élue à Un certain regard, alors quatre pays sont doublement sélectionnés en compétition: Japon, Italie, Etats-Unis et Iran.

Edito: Ôtez-nous d’un doute…

Posté par redaction, le 7 septembre 2017

Il y a presque un mois, une jeune femme antiraciste a été tuée par un suprémaciste blanc à Charlottesville, en Virginie. La question / division raciale aux Etats-Unis est toujours aussi vivace. Pas seulement aux Etats-Unis d'ailleurs, puisque, désormais, le politiquement correct domine l'ensemble de la communication des uns et des autres (au points d'être choqué ou amusé dès que quelqu'un sort des clous dictés par le code de bonne conduite).

Chaque citoyen occidental pèse un statut ou un tweet pour ne pas subir les trolls opposants. On anéantit le débat, on écrase la réflexion sous un torrent d'insultes, de vannes, de piques, de punch-lines. Le second degré disparaît. L'esprit se meurt. La nuance n'a plus le droit d'exister. La liberté d'expression est "sous contrôle" et "sous pression".

Cela conduit à des situations absurdes, proche d'un révisionnisme historique ou/et cinématographique inquiétant. Une salle de cinéma de Memphis a ainsi annulé la présentation annuelle d'Autant en emporte le vent, projeté depuis 34 ans en août à l'Orpheum Theatre. Brett Batterson, président du cinéma, considère qu'en tant qu’organisation "dont la mission est de divertir, d’éduquer et de mettre en valeur la communauté que nous servons, The Orpheum ne pouvait diffuser un film qui est insensible à une grande partie de la population locale", suite aux nombreux messages sur les réseaux sociaux. Le film le plus vu au cinéma dans l'Histoire du 7e art est qualifié de "potentiellement raciste". Sic.

En 1939, les producteurs savaient que le contenu racial du film pouvait être offensant pour certaines personnes. Pour adapter le roman de Margaret Mitchell, quelques modifications avaient été apportées afin d'atténuer l'esclavagisme ou même les stéréotypes liés aux afro-américains. Malgré cela, la comédienne Hattie McDaniel, qui incarnait une domestique bienveillante, a été la première Afro-Américaine à gagner un Oscar (meilleur second-rôle féminin), près de 25 ans avant la fin de la ségrégation dans les Etats du sud.

Mais oui, en effet, Autant en emporte le vent peut-être vu comme "potentiellement raciste". Ce qui ne retire rien aux qualités du film. Car cet aspect dérangeant est aussi celui qui prévalait (parfois encore plus durement) à l'époque où se déroule les aventures de Scarlett O'Hara. La guerre de Sécession était aussi un combat pour l'abolition de l'esclavage et l'affranchissement des Afro-américains. Les Sudistes, héros du livre comme du film, n'étaient pas dans le bon camp (et d'ailleurs, ils perdent). C'est toujours mieux que d'effacer complètement le sujet comme dans Les Proies de Sofia Coppola.

Censure

Si on en vient à refuser de projeter ce film mythique, quid des Westerns (franchement anti Amérindiens pour la plupart)? Quid des films de guerre où les ennemis étaient régulièrement caricaturés (propagande oblige)? Peu de films seraient finalement "visibles".

De la même manière le raciste Tintin au Congo serait interdit (il l'est parfois dans certaines bibliothèques). Comme on a gommé la pipe de Monsieur Hulot ou le clope de Lucky Luke au nom du dogme "Le tabac c'est mal". On révise l'histoire, on la transforme au gré de nos humeurs, morales, et autres contextes sociétaux. Mais il est évident qu'un film réalisé dans les années 1930 ou 1950 ne peut pas avoir le même point de vue qu'un film contemporain. Ce n'est pas pour rien aussi que les minorités se battent pour être "visibles" ou plaident pour "l'égalité" des salaires. Le combat n'est pas fini. Cependant, on constate que sur les Afro-américains, les Amérindiens, les homosexuels, etc..., le cinéma américain a évolué. Et peut-être que dans 30 ans, les futurs spectateurs seront choqués de voir des acteurs/actrices se fréquenter dans un fast-food ou conduire une voiture (autant de choses qu'on jugera sans doute nocives dans le futur). Pour l'instant, fumer semble moins tolérer que baiser (et souvent c'est sans capotes). Doit-on pour autant juger les films où Bogart allume une cigarette comme "potentiellement dangereux" pour la santé? Et que dire de tous les grands films pourtant très sexistes réalisés au fil des décennies?

Le racisme n'a aucun sens et être raciste est un délit indiscutable et condamnable. On ne reviendra pas là dessus. Mais plutôt que d'interdire à un spectateur de voir ou revoir un grand film sous prétexte qu'il n'est pas politiquement correct "de nos jours", il suffit d'accompagner la projection d'un débat pédagogique pour expliquer son contexte.

Car si on efface l'identité d'une époque, la vérité d'un moment de l'Histoire, l'art illustrant/traduisant cette période, alors on risque de censurer de nombreuses œuvres plastiques, littéraires ou cinématographiques. Autant en emporte le vent, les John Wayne ou les James Bond sont datés. Pas forcément cinématographiquement, mais socialement, politiquement. Mais ils font aussi partie d'un grand récit artistique, de notre mythologie par l'image, de ces fictions qui construisent notre perception du monde et reflètent la vérité de leur époque, donc de notre Histoire. Donc de notre présent.

Bilan 2016: Grosse fatigue du cinéma français à l’export

Posté par vincy, le 15 janvier 2017

Ce fut une très belle année pour la fréquentation des salles en France. A l'inverse, 2016 a été désastreuse pour le cinéma français dans le monde. Seulement 34 millions de spectateurs sont venus voir des films français à l'étranger (soit 230 millions d'euros de recettes, et donc une chute de 62% des revenus). On est très loin des 111 millions d'entrées à l'international en 2015 ou des 120 millions en 2014, deux années où le nombre d'entrées à l'étranger était supérieur à celui des spectateurs en France pour des films français.

Le phénomène est global, touchant tous les genres et tous les pays. Du jamais vu depuis plus de dix ans. En effet, c'est la première fois que l'on passe sous le cap des 50 millions d'entrées depuis 2007.

Il faut dire que 2016 a souffert de l'absence d'une comédie porteuse comme Intouchables ou de productions anglophones d'Europacorp comme Taken ou Le Transporteur (2017 devrait ainsi être largement meilleure grâce à Valérian de Luc Besson). Mais ceci n'explique pas tout.

Car en 2016, les films en langue française n'ont séduit que 22 millions de spectateurs dans le monde: c'est une chute de 52% par rapport à 2015. Par voie de conséquence, Unifrance, qui publie les chiffres, constate que "Les 5 plus grands succès français de l’année 2016 ne représentent que 28,3% des entrées globales du cinéma français dans les salles étrangères, contre 70,5% en 2015. Autre conséquence notable, les films en langue française réalisent 22 millions d’entrées en 2016, soit près de 64% des entrées totales sur la période, une proportion record depuis plus de 15 ans, bien supérieure à la moyenne de 43,6% constatée sur les 10 dernières années."

On s'interroge cependant: sans Le Petit Prince, déjà un beau carton en 2015, qu'est-ce-que ça aurait été? "Après une année 2015 exceptionnelle à plus de 15 millions d’entrées, [il] continue de rayonner hors de nos frontières pour sa 2e année d’exploitation. Avec plus de 3 millions de spectateurs supplémentaires rassemblés sur une quarantaine de territoires, il devient le plus grand succès de l’année 2016 pour une production franc?aise et le film d’animation le plus vu à l’international."

Derrière Le Petit Prince et ses 92M€ de recettes cumulées, on retrouve un modeste succès d'EuropaCorp, Oppression de Farren Blackburn (1,8 million d'entrées, dont près de la moitié en Amérique du nord), puis Le goût des merveilles d'Éric Besnard (900000, essentiellement en Allemagne où il fait deux fois mieux qu'en France), Les nouvelles aventures d'Aladin d'Arthur Benzaquen (800000, dont les trois quarts en Chine), Un homme à la hauteur de Laurent Tirard (700000, qui a bien fonctionné en Pologne et en Russie), Les saisons de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud (700000 grâce au Japon), Mustang de Deniz Gamze Ergüven (700000), L'étudiante et Monsieur Henri d'Ivan Calbérac (600000), Chocolat de Roschdy Zem (600000) et Elle de Paul Verhoeven (500000), qui n'a largement pas terminé sa carrière internationale. Médecin de campagne, 11e, approche des 500000 entrées et des films comme Les innocentes et L'avenir ont dépassé les 400000 entrées. En revanche, de Radin! avec Dany Boon aux Visiteurs 3 en passant par L'odyssée et Cézanne et moi, les flops ont été nombreux, ne réalisant pas les scores attendus dans des marchés captifs (Belgique et Suisse pour les comédies, Royaume Uni et USA pour les biopics).

Unifrance constate aussi le retour du leadership de l'Europe occidentale comme marché principal, repassant devant l'Amérique du nord, de très loin. Aux Etats-Unis et au Canada anglophone (-61%), seuls Elle et Les innocentes ont dépassé le million de dollars de recettes. Mais ce territoire reste le plus important pour l'export français.
L'Asie s'affiche aussi en baisse, notamment en Chine où le recul est de 93%! Les Saisons a été le film le plus vu au Japon, 2e marché de la zone, avec 421 000 entrées.
En Espagne, ça chute de 46%, en Allemagne (où la fréquentation globale est en fort recul), de 30%, en Italie (2e marché après les USA, sauvé grâce au Petit Prince), de 15% et en Belgique et Luxembourg de 13%, pour ne prendre que les cinq plus gros marchés.
Au Québec on enregistre 676 000 entrées pour le cinéma français (11% de parts de marché), grâce notamment aux 86 000 entrées du Petit Prince, mais aussi aux très jolis scores de Demain et de La Vache, qui viennent compléter le podium.

Le Donald joue les Trump au cinéma

Posté par vincy, le 11 novembre 2016

On avait eu un acteur de série B. Voilà une vedette de la télé-réalité qui débarque dans le bureau ovale. Donald Trump is the 45 President of the United States of America. On ne vous le cache pas, on aurait préféré faire un article sur les actrices qui ont incarné une présidente à la Maison Blanche.

Mais Trump est intéressant. Outre que les Simpsons avaient imaginé l'affaire il y a seize ans, le milliardaire pourfendeur des élites a toujours su cultiver son image à la télé comme au cinéma.

Il aime faire des caméos depuis son premier, en 1989 dans le film Ghosts Can't Do It. On le voit ainsi dans Marmalade (2004), Zoolander (2001), Celebrity (1998), Face to Face (1997), L'Associé et Eddie (1996), Across the Sea of Time (1995), For Sale by Owner (1994), et surtout dans Maman, j'ai encore raté l'avion (1992).

Dans Good Will Haunting, il interprète un certain Daniel Ray McLeech, dans Studio 54, il est un patron VIP du club et dans Les chenapans, il est le père de Waldo.

Côté séries, vous pouvez le croiser dans Monk, Sex and the City, Sabrina l'apprentie sorcière, Spin City, Une nounou d'enfer, The Rosie Show et Le Prince de Bel-Air.

Pas sûr que ces passages dans les studios hollywoodiens aient été utiles puisque la quasi totalité des célébrités ont soutenu sa rivale. Mais bon, là, il a un rôle à sa (dé)mesure pour flatter son narcissisme et son égo. Pendant quatre ans.

Edito: Captain America versus Wonder Woman

Posté par vincy, le 3 novembre 2016

Le blockbuster de l'année n'est pas sur grand écran. Depuis 15 mois, le scénario le plus palpitant, celui avec des rebondissements imprévus et une fin relativement incertaine, se déroule sur des estrades, sur le petit écran, sur le web. Captain America (Donald Trump) affronte Wonder Woman (Hillary Clinton). Le premier n'a eu aucun mal à jouer les stars de télé-réalité (il en est issu), faisant monter le buzz sur twitter en pleine nuit, survivant à toutes les attaques. Il est le héros des années 1950, celui qui veut croire à un monde où l'Amérique était la puissance dominante unilatéralement (or, même au cinéma, le déclin de l'empire américain est annoncé). Un conservateur qui se drape dans le patriotisme. Le feuilleton lui doit beaucoup grâce à un sens de la punch-line et un goût pour le politiquement incorrect.

La seconde est une star de la politique, qu'on connaît depuis des décennies, mariée à une autre star de la politique. Mais elle a du affronter un rival grisonnant mais populaire chez les jeunes, de sérieuses soucis politiques (elle est encore à l'époque des courriels imprimés, elle a une petite baisse de fatigue de temps en temps). Vénérable et respectable, elle est un peu ambivalente et a du composer une Justice League avec Barack "Black Panther" et Michelle "Storm" Obama pour compenser ses failles face à l'indestructible adversaire.

Le match prend fin mardi. Personne à Hollywood n'aurait pu imaginer un tel récit: deux vedettes pas vraiment appréciées qui luttent à mort pour avoir le droit d'appuyer sur le bouton nucléaire. Chaque semaine, il y a un twist imprévu, un grain de sable dans le rouage d'une production qui coûte des centaines de millions de dollars. Et le spectacle est en mondiovision.

A quelques jours du final de la saison 58, le 45e big boss du monde "libre" sera un autodidacte sans scrupules à la Reagan (autre acteur qui a surpris son monde) ou une femme un peu cynique. C'est Game of Thrones sans l'hémoglobine, House of Cards avec le téléspectateur/internaute/citoyen qui décide interactivement de l'épilogue, Koh-Lanta où le moins pire arrive à tenir sur un pied en équilibre plus longtemps que l'autre.

Captain America se réjouit déjà de dire "You're Fired" à Wonder Woman. Mais celle-ci n'attend qu'une chose: le renvoyer dans sa tour dorée.

Edito: le déclin du cinéma chez les Américains

Posté par redaction, le 28 juillet 2016

Peu importe si Trump ou Clinton occupera le bureau ovale, maintes fois reconstitué, saccagé ou glorifié par Hollywood. Au cinéma (et à la télévision), il y a déjà eu des Présidents de sexe féminin, et des arrivistes de tous poils. Majoritairement, la profession est favorable à Hillary - de George Clooney à Meryl Streep. Mais sur la côte Ouest, ce n'est pas la présidentielle qui inquiète mais bien le box office. L'été est pourri. Pas mal de films vont causer des pertes financières aux studios. Les plus rentables le sont parce qu'ils n'ont pas coûté très cher, sans qu'ils aient besoin d'être un vrai succès. En fait seulement 3 films sortis depuis mai ont rapporté gros : Le monde de Dory, Captain America 3 et Comme des bêtes, qui sort cette semaine en France. Cela fait cinq pour l'année, avec Le Livre de la jungle et Zootopia, soit 4 films Disney au total. Et 3 dessins animés. A l'inverse, sans l'international, des films comme X-Men Apocalypse, Tarzan, Independence Day : Resurgence seraient d'énormes fiascos. Et même avec l'international, les Tortues Ninjas 2, la suite d'Alice, Warcraft ou Le bon gros géant sont en pertes.

Certes, grâce à un excellent hiver (Star Wars, Deadpool, Zootopia, The Revenant), les recettes sont en hausse de 2% par rapport à l'an dernier. Mais si l'on compare juste l'été 2016 avec l'été 2015 (aux mêmes dates), la chute de la fréquentation est de 10%. Ce qui sauve les recettes, c'est l'augmentation des prix des billets et les suppléments pour les films en 3D ou en Imax.

En fait Hollywood est piégé par sa stratégie: d'un côté, les studios n'offrent plus de "films du milieu" qui peuvent séduire les seniors et les "bobos" des grandes villes; de l'autre le système produit des films toujours plus chers pour draguer les jeunes, qui ne viennent plus au cinéma. Depuis 5 ans, les 18-39 ans désertent de plus en plus les salles.

Système trop industriel

Il y a plusieurs raisons: à trop montrer le même genre de films (super héros & co), le public se lasse. Par ailleurs, le nombre de cinéphiles (ceux qui vont au moins une fois par mois au cinéma) se réduisent. Enfin, il y a la concurrence du petit écran, des contenus sur le web et même de Pokemon Go. Le petit écran est très révélateur de la catastrophe à venir: contenus plus audacieux, personnages moins consensuels, sujets moins conformistes, bref des œuvres moins formatées et en plus, addictives. On a plus parlé de Looking (HBO) sur les réseaux sociaux que de Star Trek Beyond ce week-end.

Aller au cinéma revient cher, et les Américains, pas épargnés par la crise économique, choisissent désormais comment dépenser pour leur divertissement. Le cinéma n'est plus une priorité. Et ce n'est pas en l'industrialisant à outrance que ça s'arrangera. Les spectateurs veulent du neuf, du frais ou de l'événement. Combien de reboots, suites et autres remakes étaient vraiment utiles ces dernières années? Pas étonnant alors qu'en 2015, un quart des billets ont été vendus pour seulement cinq films. La concentration continue: quitte à aller au cinéma, autant aller voir le film que tout le monde va voir.

Baisse de la fréquentation, concurrence des loisirs, curiosité en berne, de moins en moins de stars bankable: il y a de quoi s'inquiéter. Hollywood doit faire sa mue. Dans les années 1960 et 1970, quand la télévision a envahit tous les foyers, les studios ont fait les mêmes erreurs stratégiques avec des films clonés et couteux. Mais c'est aussi à cette période qu'ont émergé Scorsese, Spielberg, Coppola ...

Netflix s’empare du Petit Prince

Posté par vincy, le 18 mars 2016

Le Petit Prince devait sortir aujourd'hui aux Etats-Unis, distribué par la Paramount. Comme on le sait depuis quelques jours, le studio américain a décidé soudainement de ne plus le diffuser en salles. Finalement, comme Mark Osborne l'avait promis sur son compte twitter, le film d'animation a trouvé un nouveau distributeur...

Selon The Hollywood Reporter, Le Petit Prince ne connaîtra pas une sortie en salles. C'est Netflix qui a acquis les droits de distribution du film. Les Américains pourront voir l'adaptation du roman d'Antoine de Saint-Exupéry en streaming, chez eux.

Présenté hors-compétition à Cannes l'an dernier, César du meilleur film d'animation en février, Le Petit Prince a rapporté 80 millions de $ de recettes dans le monde, avec de très gros scores en Chine, en Italie, au Brésil et au Mexique. Il vient de sortir au Canada mais n'a toujours pas de date de sortie prévue au Royaume Uni et en Australie, dont la distribution doit être assurée par The Weinstein Company.

Sortie américaine annulée en dernière minute pour Le Petit Prince

Posté par vincy, le 14 mars 2016

Etrange week-end que vient de vivre le réalisateur Mark Osborne. Après une "Twitter Party" le 11 mars, le cinéaste du Petit Prince, César du meilleur film d'animation, a du annoncer le lendemain l'abandon de la sortie américaine de son film, malgré un casting américain de haute volée (James Franco, Rachel McAdams, Jeff Bridges, Albert Brooks, Ricky Gervais, Benicio del Toro, Marion Cotillard, Paul Giamatti, Paul Rudd...). Même si sur son compte, il assure que Le Petit Prince trouvera un nouveau distributeur américain pour une sortie cette année.

Paramount, distributeur du film - le logo de la société apparaissait même au générique -, a donc brutalement retiré Le Petit Prince de son agenda des sorties aux Etats-Unis. Il avait pourtant fêté dignement son avant-première mondiale à Cannes, puis avait organisé l'avant-première du film au Festival de Santa Barbara et diffusé des bandes annonces dans les cinémas américains depuis quelques semaines.

C'est d'autant plus incompréhensible que le film devait sortir ce vendredi 18 mars. Il a tout simplement disparu des calendriers. En revanche, le film sort toujours au Canada anglophone, sous la bannière eOne. Le studio américain n'a pas justifié ce retrait de dernière minute alors que sa filiale Paramount Animation apparaît parmi les co-producteurs du Petit Prince, et que le film a été distribué en France par ... Paramount Puctures France.

Le film d'animation a rapporté près de 80M$ dans le monde, soit l'un des plus gros succès historiques du cinéma français à l'international.

Paramount vient de sortir avec succès 10 Cloverfield Lane, et n'a aucun autre film prévu avant le 1er avril.

Bilan 2015: 106 millions d’entrées dans le monde pour le cinéma français

Posté par vincy, le 18 janvier 2016

"Pour la 3e fois en seulement 4 ans, les films français franchissent le seuil des 100 millions de spectateurs à l’international. Avec 106 millions d’entrées et 600 millions d’euros de recettes dans les salles étrangères, le cinéma français célèbre en 2015 sa 3e meilleure année hors de ses frontières depuis plus de 20 ans" annonce Unifrance en guise de bilan annuel pour l'exportation des films produits majoritairement en France. Mais pas forcément en langue française. 42,6 millions de ces entrées à l'international concernent des films en langue française (un bond de 22% tout de même en un an).

Toujours plus d'entrées à l'international qu'en France

106 millions d'entrées soit 600 millions d'euros de recettes (soit une baisse de 12% par rapport à 2015), c'est un double exploit quand on compare avec les 72,5 millions d'entrées pour les films français en France. Notons que les films d'animation représentent 20% des entrées internationales.

En 2015, 515 films français ont été exploités dans les salles étrangères. Il y a désormais plus d'entrées à l'étranger qu'en France et ce pour la deuxième année consécutive. C'est aussi le troisième meilleur score en 20 ans. L'Asie devient la première zone d’exportation des films français en 2015, devant l’Europe occidentale et l'Amérique latine (avec 22,3 millions d’entrées) a dépassé l'Amérique du nord.

Isabelle Giordano, directrice générale d’UniFrance, se félicite de ces bons scores: "Ces bons résultats à l’international confortent notre place de deuxième exportateur mondial et sont la preuve que notre écosystème est efficace et que cela vaut la peine de valoriser la diversité de nos talents. Les films français sont les seuls à être ainsi appréciés aussi bien sur les marchés internationaux que dans les grands festivals."

L'animation en force

Trois films d'animation se sont classés parmi les dix films les plus vus à l'étranger: Le Petit Prince, Astérix le domaine des dieux et Mune, le gardien de la lune ont séduit aussi bien des spectateurs européens, chinois, brésiliens, mexicain que russes. C'est une année record pour le genre, même si les films d'animation d'auteur ont eu plus de difficultés à s'imposer. "En 2e place du classement annuel, avec 15 millions d’entrées, Le Petit Prince devient le plus grand succès d’animation française à l’international depuis 20 ans" rappelle Unifrance.

Leader toutes catégories, une production Luc Besson une fois de plus, qui succède à Lucy (vainqueur 2014 par K.O.). Le 3e volet de la saga Taken attire à lui seul 40% des spectateurs de productions françaises sur la période: 44 millions de spectateurs dont 10,7 millions aux Etats-Unis et au Canada anglophone et 5,4 millions en Chine et un million d'entrée dans 10 pays différents.
Suivent Le Petit Prince (15 millions avec des records historiques au Brésil et au Mexique) et Le Transporteur - Héritage (10 millions dont 4 millions en Chine et 2 millions aux États-Unis et au Canada anglophone), soit trois films en langue anglaise. C'est donc la comédie La Famille Bélier (devant la continuation de la carrière historique de Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?, près de 10 millions de spectateurs étrangers au total), qui remporte la palme du film francophone le plus vu dans le monde en 2015.

La Famille Bélier (3,5 millions) a établit un record de fréquentation pour un film en langue française en Colombie (537 000 entrées), détrônant Intouchables, en plus de séduire 500 000 spectateurs en Italie, 430 000 en Allemagne, 380 000 en Espagne ou encore 150 000 au Québec.

Grand succès francophone de l’année 2014 (3,9 millions d’entrées en Allemagne notamment), Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? est le leader français en Espagne en 2015, avec 830 000 entrées supplémentaires pour 1,3 million d’entrées cumulées.

Pour la première fois, l’Asie devient la première zone d’exportation des films français en 2015. Avec 28,9 millions d’entrées, la zone capte plus d'une entrée sur quatre du cinéma français sur la période. Autre fait historique, la Chine se place au même niveau que les États-Unis et le Canada anglophone en attirant près de 15 millions de spectateurs en 2015. 3,5 millions de Japonais et 2,2 millions de Coréens se sont rendus en salles pour voir des films français en 2015.

Avec 25,6 millions de spectateurs, l’Europe occidentale repasse donc au 2e rang des zones d’exportation du cinéma hexagonal en 2015, avec deux points noirs: une année plutôt timide en Allemagne (4,7 millions d’entrées) et une situation toujours alarmante au Royaume-Uni. L’Italie est le seul pays européen à se hisser dans le top 5 de l’année, avec 5,2 millions de spectateurs. Cependant, l’Europe occidentale est, cette année, avec l’Europe centrale et orientale, la zone la plus favorable aux films en langue française, avec près de 60% des spectateurs recensés pour ces films.

Avec 22,3 millions d’entrées, 2015 marque une année charnière pour le cinéma français en Amérique latine, qui dépasse ainsi l'Amérique du nord. Le cinéma français y réalise des records de fréquentation au Mexique (9,4 millions d’entrées / +76% par rapport à 2014), au Brésil (5,3 millions / +44%) et en Colombie (2,4 millions / +116%), les 2 premiers accédant ainsi au top 5 de l’année devant l’Italie.

Enfin, l’Amérique du Nord passe en quatrième position des zones d’exportation des films français en 2015, faute de succès écrasants au box office, à l’image de Lucy l’année précédente. Le cinéma français subit surtout la désaffection globale du public nord-américain pour les films en langue étrangère et les films art et essai (lire aussi le bilan 2015 du box office en Amérique du nord). Sils Maria, Timbuktu ou encore Le Sel de la terre sont des exceptions.
Au Québec, la fréquentation avoisine les 900 000 entrées, dont près de 200 000 pour Astérix le domaine des dieux, le plus grand succès de langue française depuis Intouchables. Là encore, pas de quoi se réjouir dans un marché qui devrait être "acquis" au films en langue française.