Le cinéma continue d'inspirer le théâtre. On ne compte plus le nombre d'adaptations de films sur les planches chaque année. La particularité pour la saison qui vient de commencer est que les quatre plus importants spectacles musicaux de la rentrée ont tous le cinéma dans le sang.
Chicago est un musical dès son origine. Créée en 1975 par Bob Fosse (Cabaret) et Fred Ebb, avec des paroles de Fred Ebb et une musique de John Kander, le drame musical a été transposé au cinéma en 2002, film oscarisé réalisé par Rob Marshall avec Catherine Zeta-Jones, qui lui valu un Oscar, Renée Zellweger, Richard Gere et Queen Latifah. Le spectacle revient, depuis deux semaines et jusqu'en juin prochain, au Théâtre Mogador, là où se sont déjà joués Le Roi Lion, Grease, Sister Act ou encore Mamma Mia!. Véritable réussite en terme de qualité, porté par une belle distribution, le show déroule cette histoire à l'humour noir où le glam, les égos et le meurtre font bon ménage.
Peau d'âne, à l'origine un conte de Charles Perrault, est devenu un film culte de Jacques Demy en 1970, avec Catherine Deneuve, Delphine Seyrig, Jacques Perrin et Jean Marais. Les musiques de Michel Legrand ont beaucoup contribué à son succès à travers le temps. Du 14 novembre au 17 février prochain, une "féérie musicale" s'installe au Théâtre Marigny, avec la participation de Claire Chazal, mais, surtout, toujours les musiques de Michel Legrand. De quoi chanter de nouveau la Recette pour un cake d'amour et Amour, amour.
C'est la star posthume de la saison: Freddie Mercury. Il sera sur grand écran avec le biopic qui lui est consacré, Bohemian Rhapsody, en salles le 31 octobre, avec Rami Malek dans le rôle du chanteur de The Queen. Mercury est partout puisque, de son côté, We Will Rock You investit les planches: la comédie musicale est produite par Robert De Niro et basée sur les chansons de Queen a été écrite par l'auteur et comédien anglais Ben Elton avec les membres restants du groupe Queen, Brian May et Roger Taylor. Elle tourne depuis 2002 dans le monde entier (28 pays, 16 millions de spectateurs) et arrive enfin en France cette année, au Casino de Paris. Elle s'y joue depuis la fin septembre, adaptée en français. 20 chansons du groupe composent cette histoire futuriste. Le musical pourrait être l'un des prochains à être adapté au cinéma.
Enfin, il y a le Jean-Paul Gaultier Fashion Freak Show aux Folies Bergères, qui semble conquérir la presse intello (Le Monde), séduire un public nombreux, confirmant la popularité internationale du styliste. Ni revue, ni musical, ce spectacle biographique (de son nounours à Madonna en passant les années Sida) et exubérant n'a a priori rien à voir avec le cinéma. Les musiques, les défilés, tout nous renvoie avec bonheur dans les années 1980 et 1990. Pourtant sur scène, le 7e art n'est pas absent avec la présence de Catherine Deneuve, Rossy di Palma, Alex Lutz, Antoine de Caunes, Valérie Lemercier et surtout Micheline Presle. C'est d'ailleurs sa fille, la césarisée Tonie Marshall, qui a mis en scène ce show paillettes et cuir, années Palace et époque Rita Mitsouko. Débuté officiellement cette semaine, cette "extravaganza" se jouera au moins jusqu'à la fin de l'année, et plus si affinités avec le public.
Quelques heures avant la cérémonie Officielle des 89e Oscars, Les Ecrans, Ecran Noir et Toute la culture vous convient au Club de l'Etoile (14 rue Troyon, 75017 Paris) pour célébrer le cinéma américain lors d'une cérémonie très "lala" et peut-être un peu land!
Dimanche 26 février, de 18h30 à 23h30, juste avant de pouvoir rentrer chez soi et se goinfrer de pop-corn devant le tapis rouge hollywoodien.
Cela commencera avec un débat, "A quoi servent les Oscars?" avec Perrine Quennesson, rédactrice cinéma du magazine Les Ecrans, et Vincy Thomas, fondateur et directeur de publication de Ecran Noir. On y parlera notamment des enjeux pour les films et les célébrités nommés cette année.
A 19h45, on vous organise un Blind Test "spécial statuettes" organisé par Toute la culture, avec des lots cinéphiles à la clé.
Enfin, à 20h30, une projection du film Chicago de Rob Marshall avec Catherine Zeta-Jones, Renee Zellweger et Richard Gere, dernière comédie musicale primée avec 6 oscars en 2003, nous mettra dans l'ambiance "la la land" de l'année.
Sur place ce sera aussi Sunset Boulevard, question food & drinks.
La folle journée de Ferris Bueller est incontestablement un film culte. Qui n'a pas eu envie de faire l'école buissonnière après avoir vu Matthew Broderick (à l'époque sexy, et nommé pour un Golden Globe grâce à ce rôle) déambuler à l'institut d'art moderne de Chicago, danser sur un char en chantant "Twist and Shout" des Beatles ou foncer avec une voiture de sport loin de sa banlieue ennuyante?
Et bien Ferris Bueller's Day Off a 30 ans cette année. Ça ne nous rajeunit pas. Du 20 au 22 mai, Chicago va célébrer la comédie de feu John Hughes, entrée au patrimoine national en 2014, avec un festival dédié au film qui comprendra plusieurs événements reliés au film, et notamment des parcours "touristiques" où les participants suivront les traces de l'adolescent insolent et insouciant. La fameuse parade où il chante et danse sera reconstituée. Les organisateurs promettent quelques surprises...
Une projection du film, avec l'intervention de certains acteurs pour un Q&A animé par le critique de cinéma Richard Roeper, sera organisée le 21 mai. Et sinon, les fans pourront aller découvrir le lycée de Ferris ou la maison de son meilleur ami (incarné par Alain Ruck). Clou du spectacle, les artistes Sarah Keenlyside et Joe Clement ont reproduit la chambre de Ferris Bueller à l'identitique.
Ce n'est pas donné en revanche: 300$ pour les trois jours. La soirée d'ouverture ne coûte que 25$.
Malgré son histoire professionnelle et personnelle avec San Francisco, le lobbying de Los Angeles (lire notre actualité du 16 juin), la ville de ses études et de ses débuts, c'est bien Chicago qui a emporté le morceau : le musée d'art de George Lucas - 700 millions de $ d'investissement. Sans doute peut-on y voir une déclaration d'amour déguisée à sa femme, Mellody Hobson, native de la métropole du Midwest. Depuis leur mariage l'an dernier, Lucas et elle partagent leur vie entre San Francisco et Chicago.
Le Lucas Museum of Narrative Art devrait ouvrir en 2018. Il sera érigé sur les bords du Lac Michigan, entre le stade de Soldier Field et le sanctuaire ornithologique de MacCormick, en plein "Museum Campus" (regroupent de plusieurs lieux dédiés aux arts et aux sciences). Il remplacera un affreux parking à ciel ouvert qui fait face à une marina de plaisance.
Le visiteur y découvrira aussi bien des peintures de Norman Rockwell ou de Maxwell Parrish que des objets des films du réalisateur et des des expositions sur le cinéma et les arts numériques.
La version cinématographique du spectacle musical Les Misérables sort sur les écrans en France. Cela fait dix ans que le projet était en gestation... La tentation était grande : "Les Misérables" fait partie du club fermé des trois comédies musicales les plus prospères (et les plus longuement exploitées) à Broadway comme à West End. Mais le passage au grand écran était périlleux.
Des hits...
Si aujourd'hui les producteurs doivent pousser un soupir de soulagement (le film a encaissé 400 millions de $ de recettes dans le monde), les récentes adaptations ne furent pas toujours couronnées de succès. Au rayon des hits : Mamma Mia! (600 millions de $), Chicago (un Oscar du meilleur film et 300 millions de $), Hairspray (200 millions de $), Dreamgirls (155 millions de $), le culte The Rocky Horror Picture Show (112 millions de $ à son époque, en 1975) ou Annie (en 1982).
On comprend donc qu'Hollywood hésite à donner un successeur aux Misérables malgré les cartons de Broadway. L'inverse est moins vrai quand on remarque les cartons sur les planches du "Roi Lion", de "Sister Act", de "Mary Poppins" ou de "Spider-Man".
Ce sacré business (il faut ajouter les produits dérivés et les disques/téléchargements) inciterait n'importe quel studio à se jeter sur les comédies musicales en vogue comme "The Book of Mormon".
Universal mise sur les sorcières
Universal, qui a distribué Mamma Mia! et Les Misérables, pencherait actuellement sur "Wicked", variation du Magicien d'Oz. La pièce a été créée il y a dix ans à Broadway et cartonne depuis 7 ans à Londres. Elle s'est jouée plus de 3000 fois à New York, a été nommée 11 fois aux Tony Awards, et a récolté plus de 700 millions de $ de recettes (!) fin janvier 2013.
Universal a contacté Stephen Daldry pour réaliser le film et Winnie Holzman, l'auteure du livret, pour écrire le scénario. C'est le seul projet dans le genre officiellement en cours de développement à Hollywood. Sony songe malgré tout au remake d'"Annie" avec les producteurs Will Smith et Jay Z et GK Films a acquis les droits de "Jersey Boys". Mais le manque de notoriété de ces pièces à l'extérieur des USA et du Royaume Uni reste un handicap pour investir dans un film. Pour cette raison, les studios préfèrent regarder du côté de la télévision. Après High School Musical, c'est la version cinéma de Glee qui est convoitée.
Après 30 ans d'existence le célèbre studio Miramax n'est plus. Disney a décidé de fermer cette "entité" couteuse et peu rentable au grand dam des 80 salariés qui y travaillaient.
Créé par les frères Weinstein en 1979 afin de donner une chance aux nouveaux talents de la scène américaine peu ou jamais distribués par les majors, le studio, malgré des débuts difficiles, réussit son pari vers la fin des années 80. Sexe, mensonges et vidéo remporte la palme d'or au festival de Cannes et fait connaître le studio dans le monde entier. Outre Soderbergh, la firme produira Sheridan (My left Foot), Gus Van Sant, Minghella et un certain Quentin Tarantino avec son cultissime Reservoir Dog (1992).
Les temps sont durs et en 1993 les frères doivent revendre leur studio à Disney. La diversification s'opère pour le pire et le meilleur. Deux axes sont alors développés: les films à "oscars"produits par Miramax/Disney avec pour tête de gondole Le Patient Anglais, Will Hunting, Chicago, Gangs of New-York ou encore Neverland et les films de genre via une filiale appelée Dimension Film. Celle-ci nous fera découvrir Scream, Sin City, Spy Kids ou encore les Scary Movie.
La légende raconte que c'est autour du film de Michael Moore, Fahreinheit 9/11 (2004), que le torchon fut définitivement brulé entre les Weinstein et le PDG de Disney de l'époque, Michael Eisner. Les fondateurs historiques claquent la porte et s'en vont créer la Weistein Compagny qui, malgré de gros soucis financiers, est toujours debout. Depuis le 29 janvier 2010 ce n'est, hélas, plus le cas pour un studio devenu au fil des ans incontournable. Une page se tourne, un certain type de cinéma aussi.
Paula Wagner, l'ancienne associée de Tom Cruise, a jeté son dévolu sur l'un des plus gros triomphes de la comédie musicale de ces trente dernières années : Miss Saïgon. Ne lésinons pas sur les qualificatifs de ce Mme Butterfly version Guerre du Vietnam. Avec Cats, Les Misérables, Le Fantôme de l'opéra et Le Roi Lion, il s'agit de l'un des spectacles les plus joués à Londres comme à New York. De toute l'histoire de Broadway, il est même le dixième spectacle le plus longtemps joué sur scène, sans interruption. Le rôle principal masculin avait été créé par le comédien Jonathan Pryce.
Ironie de l'histoire, ce spectacle créé en 1989, composé et écrit par les français Claude-Michel Schonberg et Alain Boublil (déjà auteurs des Misérables) n'a jamais été traduit en français pour être joué en France.
Cela fait des années qu'une transposition au cinéma est en gestation. Lee Daniels a été engagée pour le réaliser. La cinéaste de Precious a confirmé qu'il s'agissait d'une de ses éventuelles perspectives pour son prochain film. La production envisage de tourner le film au Cambodge et au Vietnam. Il restera à trouver le casting.
Il reste à enrôler un scénariste. Wagner, qui vient de créer sa structure, Chestnut Ridge Prods., espère sortir le film pour les fêtes de 2011 ou en 2012. Avec des fortunes diverses, des hits scéniques comme Chicago (300 millions de $ au B.O. mondial), Le fantôme de l'opéra (155 millions de $) ou Rent (32 millions de $ seulement) ont déjà été adaptés. Les Misérables attend son heure... depuis 1992.