Quand le cinéma s’engage : 11e Festival international du film des droits de l’Homme de Paris

Posté par MpM, le 3 février 2013

Par les temps qui courent, impossible de passer à côté d'un festival qui remet l'essentiel au cœur du débat, à savoir les Droits humains. Du 5 au 12 février prochains se tiendra en effet la 11e édition du Festival International du Film des Droits de l’Homme de Paris (FIFDH Paris), qui est la plus grande manifestation culturelle cinématographique sur les Droits de l'Homme en France.

Au programme, une sélection internationale de films documentaires contribuant à dénoncer les inégalités, à faire découvrir des situations méconnues et à mettre en avant celles et ceux qui se battent pour faire valoir leurs droits.

On pourra ainsi se rendre compte des méfaits de la propagande militaire en Russie (Un été avec Anton de Jasna Krajinovic), accompagner cinq enfants à la recherche d'une vie meilleure sur les routes du Burkina Faso (Bakoroman de Simplice Ganou), prendre le pouls de la ville de Détroit, irrémédiablement touchée par la crise économique (Detropia de Heidi Ewing et Rachel Grady), découvrir de l'intérieur une prison pour femmes en Afghanistan (No Burqas behind bars de Nima Sarvestani et Maryam Ebrahimi), suivre un militant de la contre-censure sur les routes de Chine (High tech, low life de Stephen Maing), apprendre les réalités du génocide qui a eu lieu en Namibie au début du 20e siècle (Namibie : le génocide du IIe Reich d'Anne Poiret), et ainsi de suite.

Malheureusement, les sujets ne manquent pas lorsqu'il s'agit de dénoncer les coups portés aux droits humains à travers le monde. Ce sont donc 24 films répartis en six thématiques (parcours d’enfance, mouvements dans la ville, combats de femmes, droit à la parole - droit de l’environnement, détentions, empreintes de la violence) qui seront diffusés durant les 7 jours de festival, en présence de 18 réalisateurs. En parallèle sont organisés des expositions photos, un salon du livre et des masters class. Par ailleurs, comme dans la plupart des festivals, plusieurs jurys décerneront leur prix, dont deux jurys composés classiquement de lycéens et d'apprentis.

Le troisième jury est quant à lui tout de suite plus atypique puisqu'il réunit sept détenus, deux conseillers de probation et d'insertion et un surveillant de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis. Cette initiative inédite a permis aux jurés (qui purgent tous des peines supérieures ou égales à 24 mois) et à une cinquantaine d'autres détenus d'assister à des projections au sein de la maison d'arrêt. En revanche, le 12 février, les sept membres du jury seront bien présents lors de la cérémonie de clôture pour décerner en personne leur prix. Un symbole fort et précieux qui prouve une nouvelle fois que le cinéma est non seulement un vecteur important d'échange et de partage, mais également un formidable outil de lien social.

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11e Festival International du Film des Droits de l’Homme de Paris
Du 5 au 12 février 2013
Au Nouveau Latina et dans plusieurs salles de Paris et d’Île-de-France
Consulter la liste et le programme sur le site de la manifestation

Annulation de la 1ère édition du Festival International du Film des Droits de l’Homme de Yaoundé

Posté par MpM, le 18 avril 2011

FIFDH YaoundéAu milieu des annonces cannoises, l'information est un peu passée inaperçue. Pourtant, elle est d'importance, et surtout éminemment symbolique à une époque où démocratie et soif de libertés individuelles font une percée spectaculaire dans nombre de pays d'Afrique et du Moyen-Orient.

Le 12 avril dernier, la préfecture de Yaoundé (Cameroun) a purement et simplement suspendu la première édition du Festival international du film des droits de l'homme qui devait s'ouvrir tout à fait légalement le soir même au Centre culturel français.

Les organisateurs ont immédiatement annoncé qu'ils annulaient les différentes animations et projections prévues tout en s'insurgeant contre cette décision des autorités camerounaises. "Face aux raisons invoquées, nous pensons qu'il s'agit d'un refus politique de traiter les problèmes relatifs aux droits de l'Homme au Cameroun. Nous déplorons cette situation, et regrettons que le dialogue sur les Droits de l'Homme ne puisse pas avoir lieu sereinement au Cameroun", a notamment déclaré Vincent Mercier, le directeur du Festival.

La manifestation, qui  se voulait un "moment de dialogue, de rencontres et d'échanges", ainsi qu'un "lieu d’expression de la culture démocratique", proposait des films déjà diffusés sans aucun problème dans plusieurs pays d'Afrique. En tout dix-sept projections gratuites qui devaient avant tout offrir un espace de réflexion et de discussion citoyennes aux spectateurs. C'est sans doute ce qui a fait peur aux autorités, inquiètes de voir un vent de contestation se lever au Cameroun.

L'actuel président, Paul Biya, qui est en place depuis près de 30 ans, a en effet été critiqué à plusieurs reprises par Amnesty international pour "restriction des libertés fondamentales des Camerounais" et "violations des droits de l'homme". Pas très étonnant qu'il ait craint d'éventuels "débordements" provoqués par la diffusion subversive de films en faveur de valeurs qu'il bafoue allégrement.

C'est une maigre consolation, mais cette interdiction a au moins le mérite de prouver que le cinéma est un vecteur de démocratisation et d'incitation à l'action suffisamment dangereux pour avoir besoin d'être bâillonné.