Cinélatino 2012 : chronique d’une jurée ordinaire

Posté par MpM, le 1 avril 2012

Invitée à participer au jury du prix découverte du Syndicat français de la critique de cinéma, je découvre pour la première fois le festival Cinélatino, rencontres d'Amérique latine dont c'est la 24e édition. Au programme, les neuf premiers films de la compétition longs métrages de fiction : il s'agit de débusquer les jeunes talents de demain.

Avant de commencer les choses sérieuses, je profite de l'accueil chaleureux de l'organisation toulousaine qui a tout prévu, même le soleil ! C'est l'occasion de rencontrer mes deux co-jurés (Alain Riou et Françoise Ricard) ainsi que les membres des autres jurys. C'est international et éclectique, entre le jury Coup de cœur, le jury FIPRESCI, celui des électriciens gaziers, celui de Signis... Une chose est sûre, de multiples regards vont se poser sur les différents films en compétition. C'est important car un grand nombre d'entre eux n'a pas encore de distributeur français. Pour certains, il s'agit même de la première projection en Europe. Recevoir un prix serait donc un coup de pouce apprécié pour le lauréat ! Sans avoir particulièrement la pression, nous sommes soucieux de bien garder ça en tête...

Pour mon jury, le programme s'avère relativement léger : trois films par jour. Cela laisse le temps d'échanger entre les séances et d'affuter nos arguments en vue de la délibération finale. Rapidement, il apparaît que nous sommes globalement sur la même longueur d'ondes. Plusieurs œuvres nous touchent par leur vitalité et leur fraîcheur. Les jeunes cinéastes assument leurs manques de moyens et savent souvent choisir des sujets qui sont à la portée d'un premier film : chronique adolescente, portrait à hauteur d'homme, road movie... Les sujets et les intrigues qui se concentrent sur l'humain sont les plus convaincants tandis qu'a contrario, certaines ambitions esthétiques parasitent un peu le fond.

Mais d'une manière générale, les principaux bémols viennent presque toujours du scénario. Rares sont ceux qui s'avèrent réussis de bout en bout : parfois, c'est même carrément confus ou trop abstrait. A ce niveau, même nos favoris ne sont pas exempts de défauts. C'est au final ce qui fera la différence dans notre choix. Après de longues conversations sur les neuf films sélectionnés, nous décidons d'en distinguer deux :

D'abord une mention spéciale à Un monde secreto de Gabriel Mariño qui croque avec justesse la difficile période de l'adolescence. Son récit, qui suit le hasard des rencontres de voyage, donne peu à peu à comprendre et aimer son héroïne. Plus le film progresse, plus on est conquis par la force et la sensibilité qui s'en dégagent.

Et le Prix Découverte à El ultimo Elvis d'Armando Bo, portrait juste et touchant d'un homme qui sacrifie tout à sa passion. Un film qui ose aller jusqu'au bout de son propos, à la construction simple mais maîtrisée, laissant présager une jolie carrière à son réalisateur.

Deux films que j'espère avoir l'occasion de défendre lors d'une prochaine sortie dans les salles françaises... et qui ne m'empêcheront pas de suivre avec intérêt la carrière de leurs concurrents malheureux.