Vesoul : palmarès 2009

Posté par MpM, le 17 février 2009

Prasanna Vithanage, Roustem Abdrachev et Noh Young-seok

Prasanna Vithanage (Flowers in the sky, cité par le jury), Roustem Abdrachev (Un cadeau pour Staline, Cyclo d'or) et Noh Young-seok (Daytime drinking, prix Langues'O)

Cyclo d’or : Un cadeau pour Staline de Roustem Abdrachev (Kazakhstan)

"pour sa structure professionnelle et son message humain de solidarité entre toutes les ethnies"

Grand prix du jury international : Pesantren de Nurman Hakim (Indonésie)

"pour son utilisation d'un langage simple pour décrire des situations complexes"

Prix du jury NETPAC : L'aube du monde de Abbas Fahdel (Irak / France)

"pour son rythme cinématographique et sa représentation d'une culture qui meurt en temps de guerre dévastatrice"

Prix Emile Guimet : 100 de Chris Martinez (Philippines)

"prix à un premier film autant pour l'originalité du sujet que pour sa réalisation. C'est un thème universel et profondément intime : l'imminence de la mort traitée avec une légèreté apparente et un humour décalé qui ne parviennent pas à masquer la profondeur du propos et des sentiments"

Coup de coeur GuimetUn cadeau pour Staline de Roustem Abdrachev (Kazakhstan)

"pour la maitrise cinématographique remarquable traitant de sujets mal connus en Occident pour des raisons historiques"

Prix Langues' O : Daytime drinking de Noh Young-seok (Corée)

"le jury a été sensible à ce road-movie paradoxal dans lequel le protagoniste se perd au lieu d'apprendre. Un premier film de haute tenue, très drôle et très embrumé"

Coup de coeur Langues O : Gulabi talkies de Girish Kasaravalli (Inde)

"sur un scénario d'une grande originalité, un portrait de femme sensible sur fond d'évocation des contradictions de la modernité indienne d'aujourd'hui"

Prix du jury jeunes : L'école nomade de Michel Debats (France)

Prix du jury lycéenUn cadeau pour Staline de Roustem Abdrachev (Kazakhstan)

Prix du public pour un long métrage de fiction : L'aube du monde d'Abbas Fahdel (Irak / France)

Prix du public pour un film documentaire : Persian catwalk de Marjan Alizadeh (Iran)

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Pour les spectateur parisiens, reprise des films primés au Musée Guimet les 15, 16 et 17 avril.

Crédit photo : Marie-Pauline Mollaret

Vesoul : la religion au centre des préoccupations

Posté par MpM, le 14 février 2009

gulabi talkiesLes deux premiers films présentés en compétition au Festival de Vesoul (Gulabi talkies de Girish Kasaravalli et Pesantren de Nurman Hakim) ont en commun d'aborder la question de la tolérance religieuse sans en faire le point central de l'intrigue. Dans les deux cas, le contexte est propre au pays où se situe l'histoire (les tensions entre hindous et musulmans en Inde, le milieu des écoles privées "pesantren" religieuses en Indonésie) tout en bénéficiant d'un traitement qui lui donne une portée universelle.

Dans Gulabi talkies, on suit Gulabi, une sage femme de confession musulmane confrontée à la méfiance et au rejet de ses voisins hindous. En filigrane, le film aborde les pratiques du commerce mondialisé qui ruine les petits pêcheurs et dévaste les fonds marins. On s'aperçoit rapidement que ces problèmes économiques accentuent très largement les tensions ethniques entre deux communautés qui avaient pris l'habitude de cohabiter. Dans le même temps, la télévision couleur installée chez l'héroïne sert à la fois de vecteur de rapprochement et de révélateur de dissensions. Finalement, on est bien plus dans une sorte de parabole sur la construction des identités que dans une dénonciation manichéenne de ce prétendu choc identitaire.pesantren nurman hakim

Dans Pesantren, on assiste à deux interprétations d'un même verset du Coran sur les relations que les Musulmans doivent entretenir avec les autres religions. Dans un cas, c'est un appel au rapprochement et à la fraternité. Dans l'autre, c'est un cri de guerre et l'assurance qu'il est légal aux yeux de Dieu de répandre le sang des "infidèles". On comprend pourquoi il a été si difficile à Nurman Hakim de trouver des financement indonésiens pour faire son film : aborder frontalement la religion reste là-bas éminemment tabou. Pourtant, les héros du film sont des ados comme les autres qui fument en cachette et font le mur de leur internat religieux dès qu'ils en ont l'occasion... Tout en servant intelligemment de toile de fond au récit, les questions liturgiques passent au second plan de leurs préoccupations, et cette insouciance suffit pour mettre en garde contre toute chasse aux sorcières systématique dès lors qu'il s'agit de religion.