Lorsqu’elle arrive dans la grande salle du Capitole où elle doit recevoir la médaille de la ville de Toulouse à l'occasion de Cinespana, Emma Suarez fait l’impression d’une frêle jeune femme diaphane au sourire irrésistiblement communicatif. En la regardant ainsi, on a du mal à imaginer qu’elle puisse avoir derrière elle une carrière déjà si remplie. Et pourtant...
Née en 1964, Emma Suarez commence à 15 ans devant la caméra de Miguel Angel Rivas pour le film Memorias de Leticia Valle. Suite à cette première expérience, elle entame des études dramatiques qui, dans un premier temps, ne lui permettent pas vraiment de percer. A partir du milieu des années 80, elle multiplie les rôles au cinéma, à la télévision et au théâtre, passant d’un registre à l’autre (historique, dramatique, horrifique…), mais sans réellement convaincre.
Il lui faut attendre 1989 pour décrocher enfin le rôle principal d’un long métrage, La blanca paloma de Juan Minon, rapidement suivi par Contre le vent de Francisco Periñán (1990) et La Vida láctea de Juan Estelrich Jr. (1992), qui sera un temps son époux. Puis commence une fructueuse collaboration avec deux cinéastes qui lui offrent les plus beaux rôles de sa carrière : Julio Medem (Vacas en 1991, L' Ecureuil rouge en 1993, Tierra en 1996) et Pilar Miro (Tu nombre envenena mis sueños et El Perro del hortelano en 1996). Ce film (Le chien du jardinier, en français) lui vaut d’ailleurs le prestigieux Goya de la meilleure actrice.
Forte de cet élan, Emma Suarez tourne avec les plus grands réalisateurs et acteurs espagnols du moment (Felix Viscarret, Mario Camus, Manuel Gutierrez Aragon…) et, malgré une faible reconnaissance internationale (les films d’auteur qu’elle privilégie connaissent une diffusion extrêmement restreinte hors d’Espagne), s’est définitivement imposée comme l’une des actrices espagnoles les plus talentueuses de son époque.