« Lumière ! L’aventure commence »: les premiers pas passionnants du cinéma

Posté par vincy, le 25 janvier 2017

Ce n'est pas seulement un documentaire que Thierry Frémaux nous propose avec Lumière ! L'aventure commence. C'est bien plus que ça. Le délégué général du Festival de Cannes nous invite à un voyage passionnant qui couvre les dix premières années du 7e art, de 1895 à 1905. A travers 108 petits films (restaurés) qui s'enchaînent, accompagnés d'un texte aux intentions pédagogiques et de la musique de Camille Saint-Saëns, l'aventure nous fait découvrir les premiers films, ceux des frères Lumière. Ce n'est même pas un dixième de leur œuvre, et ça suffit déjà à nous enthousiasmer.

Tout commence avec une sortie d'usine. On croit la connaître. Mais, facétieux, Frémaux nous montre que "le premier geste du cinéma" a eu plusieurs versions. L'invention du remake. La troisième version est mise en scène avec une foule en beaux habits. Car finalement, le premier personnage du 7e art, "c'est la foule, c'est le peuple."

La voix posée de Thierry Frémaux se lance alors une belle leçon de cinéma. Car les Lumière n'ont pas seulement inventé le moyen technique de filmer, ils ont créé la mise en scène. Tout n'est que mise en scène d'ailleurs. Leurs films, des séquences de famille aux reportages au bout du monde, sont écrits, donc scénarisés. La caméra est plantée à un endroit fixe qui offre le bon angle ou qui créé le bon mouvement. Cela donne la première comédie, L'arroseur arrosé, ou le premier film spectaculaire, le premier chef d'œuvre?, L'arrivée du train en gare de La Ciotat. Deux blockbusters noir et blanc, muets et courts. Le temps d'une pellicule de 50 secondes.

Lumière! est fascinant. Pas seulement parce qu'il exhume les premiers films, comme on admire les fresques rupestres de la Grotte Chauvet. La compilation révèle comment les deux frères ont posé les base d'un art nouveau, s'inspirant des tableaux de Cézanne, Degas ou Renoir ou innovant avec le film à l'envers. Ces "sorciers de l'image" compose ainsi le vocabulaire et la grammaire d'un nouveau langage.

Mais au-delà de cette étude quasi "anthropologique" du cinéma, Thierry Frémaux, en chapitrant son montage avec des thématiques, offre au spectateur une vision ethnologique de la France au tournant du XXe siècle. Des métiers disparus, des travailleurs, des enfants qui jouent, des bourgeois qui s'amusent... Tout cela témoigne d'une époque, comme une chronique d'un pays en mutation. Ce cinéma du réel, sans reconstitution, n'empêche pas ces plans séquences d'avoir le cadrage soigné, les perspectives sublimes, les travellings verticaux (dans l'ascenseur de la Tour Eiffel), les profondeurs de champs bluffantes, les seconds-rôles comiques, les regards caméra furtifs....

Et puis c'est aussi un voyage. A Lyon, évidemment, leur ville, mais aussi à Paris, avec le Trocadéro comme vous ne l'avez vu qu'en photo, Marseille, Biarritz, Jérusalem, New York, Londres, Chicago, ou encore en Turquie, en Suisse, en Italie, en Espagne, en Allemagne, en Russie, en Azerbaïdjan, au Mexique, au Japon et au Vietnam, avec cette petite fille qui court vers la caméra. Le monde d'alors. le monde comme on l'imaginait, comme on ne l'a pas forcément vu.

Lumière! L'aventure commence est un formidable travail de composition, où une centaine de petites histoires couvre tout le spectre de ce qui sera le cinéma, d'une catastrophe industrielle "surnaturelle" au film réaliste. "Un sujet, un traitement, un point de vue". Les Lumière ont fondé cet art qui déplace les foules du monde entier depuis plus de 120 ans. D'Eisenstein à Ford, de Kurosawa à Ozu, de Visconti à Laurel et Hardy, de W.C. Griffith à Chaplin, le sélectionneur de Cannes rappelle comment les deux français avaient déjà créé tel plan ou tel cadre, bien avant que les grands maîtres n'en fassent leur style.

Avec ce film, Frémaux prouve qu'ils ont été les premiers cinéastes. Son film est un anoblissement en images ludique et jubilatoire.

« Retour de Flamme 3D » à la Géode

Posté par Claire Fayau, le 31 mai 2010

La Géode a  25 ans . Pour fêter ce quart de siècle,  le 28 mai dernier, Serge Bromberg a concocté un  "Retour de  flamme" - "Ciné concert" 3D. Serge Bromberg (récemment césarisé pour son travail sur  L'Enfer de Clouzot), l'Indiana Jones des vieilles bobines, la mémoire du cinéma , qui va nous parler de la  3D ? Son truc  à lui , ce ne serait pas plutôt la collection de films muet en noir et blanc? La 3D, c'est pas un procédé moderne ?

Ce qu'on ignore, et que Bromberg a brillamment rappelé lors de la  soirée, c'est que des films en relief, il y en a eu dès le début du cinéma !  Louis Lumière a par exemple filmé l’entrée d’un train en gare en 3D!

Quant à Georges Méliès , tel Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, il fit de la 3D  à son insu. En effet , il utilisait deux caméras afin de filmer de filmer en double ses œuvres ; une version étant expédiée à son frère pour diffusion aux Etats-Unis (parce qu'il s'était fait piraté ses films aux USA); l'autre restant en Europe... Et l'équipe de Serge Bromberg nous offrit en première mondiale trois œuvres de Méliès en  3D  .

Dans ce panorama, divers procédés de  3D  nous sont expliqués avec pédagogie, la preuve en images.

Les film se succèdent , les époques défilent : Murder in  3D (en anaglyphes) ,  trois expérimentations russes  dans les années 60 (" Parade of Attraction" 1, 2 et 3), des dessins animés (Working for peanuts, une production Disney  avec Donald , Tic et Tac)  Walt Disney, Motor Rhythmn( film d'animation où  une Chrysler  se construit toute seule , comme par magie ) et enfin le court -métrage Pixar de 1989  : Frick  Frack (La vie d’un bonhomme de neige enfermé dans une boule à neige)...

Un événement unique, et un beau cadeau d'anniversaire à la Géode et aux amoureux du cinéma.

__________

Pour en savoir plus sur les ciné-concert "Retour de flammes", cliquez  ici: Lobster Films

Sur la programmation spéciale  25 ans de la Géode : Site internet de La Géode