Michel Aumont, à la porte (1936-2019)

Posté par redaction, le 29 août 2019

Le comédien Michel Aumont, sociétaire honoraire de la Comédie-Française, est décédé mercredi à l'âge de 82 ans, a annoncé sa famille jeudi à l'AFP. Né d'un père régisseur au théâtre et d'une mère comédienne, il avait du attendre la trentaine pour obtenir ses rôles les plus intéressants. Dans un hommage sur twitter, Gilles Jacob le décrit précisément: " Le maintien, l’intonation, le phrasé, la justesse, l’ironie discrète jamais bien loin et cette sorte d’épaisseur humaine qui sert les grands rôles. Un de ses titres lui va bien : L’Œil du maître".

4 Molière et 3 nominations aux César

Michel Aumont a brillé sur les planches. Quatre Molière en poche (deux fois comédien, une fois second-rôle, et une fois seul en scène, pour son spectacle A la porte). De 1956 à 1993, il faisait partie de la troupe de la Comédie française, devenant sociétaire, puis sociétaire honoraire., jouant Feydeau, Shakespeare, Rostand, Pirandello, Beckett, Ionesco, Pinter, Sartre... et surtout Molière dont il fut l'un des grands interprètes, de L'avare au Misanthrope. Il poursuit sur scène avec un registre plus éclectique, passant de Shakespeare à Arthur Moller, de la comédie au drame.

Au cinéma, il aura surtout hérité de seconds-rôles. Il a d'ailleurs été trois fois nommé dans cette catégorie aux César: Des enfants gâtés et Un dimanche à la campagne, deux films de Bertrand Tavernier, Courage fuyons d'Yves Robert. Sa filmographie, impressionnante en quantité de films, comporte de nombreux grands noms du cinéma. Alors qu'il brille au théâtre depuis 17 ans, Michel Aumont est appelé par le cinéma en 1973 seulement. On le voit chez Claude Chabrol (Nada), Claude Pinoteau (La gifle), Joseph Losey (Monsieur Klein), Claude Sautet (Mado), Jean-Jacques Annaud (Coup de tête). Son physique passe partout à qui il peut donner les allures d'un prolétaire comme d'un notable lui permettent d'être tout-terrain.

Roi ou médecin, fonctionnaire ou restaurateur

Dans les années 1970, il croise aussi Francis Veber (6 films ensemble). Passant de la farce au polar, du drame à la série B, le comédien n'a jamais rencontré son grand rôle sur grand écran, comme il avait pu être un immense Roi Lear au théâtre. Cela ne l'a pas empêché de tourner sous l'oeil de Claude Zidi, Pascal Thomas, Richard Dembo, Pierre Granier Deferre, Laurent Bénéguy, Edouard Molinaro, Patrice Leconte, Dominik Moll. Et le grand public s'est régalé ces dernières années avec les personnages que lui ont donné trois réalisatrices:  Valérie Lemercier (Palais Royal), Nicole Garcia (Un balcon sur la mer) et Anne Le Ny (Les invités de mon père), soit trois facettes de son talent: le rire, l'émotion et ce subtil mélange entre les deux qui nous touchait tant.

Acteur prolifique (y compris à la télévision), assez inclassable, ce premier prix de comédie moderne au Conservatoire pouvait être ignoble ou doucereux, burlesque ou inquiétant, salaud ou empathique. Il y a cinq ans, il résumait sa vie ainsi: "Je suis un acteur, je joue des rôles. Moi, je n’existe pas. Je suis les rôles que je joue. Moi, je ne suis rien." Et on n'en savait d'ailleurs pas plus.