Adieu Bacri (1951-2021)

Posté par vincy, le 18 janvier 2021

bacri

Il avait le goût des autres. Un certain sens de la fête. Un air de famille. Il faisait partie dans l'inconscient collectif de nos meilleurs copains, ceux avec qui on aurait aimé passer l'été en pente douce. Jean-Pierre Bacri est mort des suites d'un cancer à l'âge de 69 ans. Et ça nous rend triste.

Pour beaucoup, il restera un peu ce grincheux permanent, ce loser à l'humour grinçant, ce charmeur aux répliques acides, celui qui jouait le drôle comme un drame. Durant près de 40 ans, il a été l'incarnation d'un Français "moyen" mais humaniste, humble mais flamboyant, sentimental et attachant. Il est révélé par Alexandre Arcady (Le grand pardon et Le Grand carnaval). Il éclate dans Coup de foudre de Diane Kurys. Il empoche sa première nomination aux Césars avec Subway de Luc Besson. Il peut être sombre dans la comédie et lumineux dans le noir. Il attirait le personnage à son tempérament, quitte à faire oublier toutes les subtilités de son jeu, beaucoup plus riche qu'en apparence.

Jaoui

Avant de devenir l'un des premiers rôles (et râleurs) les plus aimés du cinéma français, il avait débuté au théâtre avec Lorenzaccio, Ruy Blas, Don Juan (en Sganarelle) puis Ribes / Topor , Pinter et Brecht. C'est d'ailleurs la scène qui va le rendre incontournable. Observateur des mœurs, conscient des luttes sociales, engagé, il écrit ses premières pièces des ses débuts à la fin des années 1970. Mais c'est sa rencontre avec Agnès Jaoui, en 1987 sur le plateau de L'anniversaire, qui deviendra sa compagne durant un quart de siècle, et qui va sceller un destin d'écriture à quatre mains hors du commun. Elle-même l'a confié au Monde ce week-end: "Je ne serais pas arrivée là, bien sûr, si je n’avais pas rencontré Jean-Pierre Bacri. Voilà quelqu’un qui exprimait ce que je ressentais sans même me l’être formulé ; qui avait des réflexions qui me percutaient, me soulageaient, témoignaient de valeurs communes, d’un rapport au bien et au mal que je partageais, avec une conviction qui m’émerveillait car elle était si singulière !"

Les "Jabac" - surnom donné par Resnais - se lancent dans Cuisine et dépendances en 1991 puis Un air de famille en 1996, devenus des classiques sans cesse repris, en plus d'avoir été des succès populaires et cultes au cinéma. Il fera un dernier tour sur les planches avec Les Femmes savantes, mis en scène par Catherine Hiegel.  Il est couronné par un Molière du comédien, 25 ans après avec partagé celui de l'auteur avec sa compagne d'alors pour Cuisine et Dépendances.

Sur le grand écran, il passe par la sensibilité de L'été en pente douce, le délire des Saisons du plaisirs, la mélancolie de La Baule-Les-Pins, l'authenticité de Mes meilleurs copains... Il est un second-rôle idéal, celui qui met du relief aux dialogues et qui renvoi si bien la lumière sur l'ensemble du groupe. Populaire, il n'avait jamais transigé. Employé de banque, venu par hasard au théâtre, le méditerranéen était beau gosse (avec des cheveux) avant de se métamorphoser parisien plein d'esprit et dont les prises de paroles faisaient du bien. Il menait une vie peinarde. Discret, avec ses habitudes, sans trop de contraintes.

Chabat

Comme pour Jaoui, c'est l'adaptation de leur propre pièce, Cuisine et dépendances, qui révèle sa nature comme son don pour les personnages un brin cynique ou désillusionné. Un air de famille le rend alors populaire, sans qu'il ne fasse de compromis. Il enchaîne avec trois films très différents qui le positionne parmi les comédiens les plus bankables: Didier d'Alain Chabat, poussant vers l'humour absurde, On connaît la chanson d'Alain Resnais, déclinant son personnage d'angoissé, et Place Vendôme de Nicole Garcia, protecteur de Catherine Deneuve. Cette fois-ci, il est au premier plan, incisif, hilarant ou séducteur.  Avec Alain Chabat, c'est l'histoire d'une fidélité: projectionniste tué dans La Cité de la peur, invité de "Les Nuls l'émission" ou de "Burger Quiz", scénariste invité dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (en plus d'en être le narrateur), participation dans Santa & Cie...

Jean-Pierre Bacri tourne peu, mais sûrement. Il réfute les clichés et préfère chercher l'humanité, l'empathie, la profondeur d'un personnage, peu importe qu'il soit chef d'entreprise proche du burn-out, barman sifflotant un générique de jeu TV, proxénète, éditeur égocentrique, ou vendeur de brosses à dents. "Je ne joue pas toujours des personnages râleurs !" rappelait-il en 2015 l’AFP. Certes, il n'aimait pas l'irréel des héros, la triche du surjeu, le mensonge du bonheur total. Il préférait "traquer le vécu, la sobriété, la pudeur", même si le rôle est abject. C'était une gueule. On lui reprochait de toujours faire la gueule. A tort. Lançons un (Ba)cri du coeur, il souriait, riait même, et savait montrer sa générosité et sa chaleur. Car, on l'oublie, il aimait aimer. Ses personnages courait après l'amour, ceux fanés, inaccessibles ou maladroits. L'amour au centre de tout: se fichant d'être aimé, il faisait quand même tout pour que son personnage le plus antipathique ne soit pas détestable. "Je joue des gens qui ont des problèmes, placés face à des contradictions, c'est ce qui m'amuse le plus" précisait-il, préférant jouer "vraiment le contraire" de ce qu'il pensait être.

Lauriers

Il est évidemment formidable dans Le Goût des autres d'Agnès Jaoui, leur meilleure satire, mais il sait aussi transcender les scènes chez Noémie Lvovsky (Les sentiments) ou Pascal Bonitzer (Tout de suite maintenant) ou dans Une femme de ménage de Claude Berri. Pourtant, ce sont dans des films plus décalés qu'il brille et qui démontre son goût très sûr pour les bons scénarios, les grands personnages, souvent seuls dans des univers singuliers, et les cinéastes au ton si personnel (Adieu Gary de Nassim Amaouche, Kennedy et moi de l'ami Sam Kermann, La vie très privée de Monsieur Sim de Michel Leclerc...).

Choisir Bacri dans un film c'est lui donner une tonalité particulière, où l'on ne voit plus que ce faux misanthrope, ce bougon faussement détaché ou ce solitaire malgré lui. Et à chaque fois, aucune fausse note. Un naturel confondant au point de le confondre avec ses rôles. "Je fais en sorte qu'on ne voie pas les coutures, qu'on ait l'impression que je suis en train de vivre la situation. Je crois qu'un acteur doit avoir une certaine empathie pour les gens, pour les comprendre et donc pour les jouer, ressentir leurs émotions" disait-il dans Le Figaro il y a trois ans. Le sens de la fête en 2017, d'Olivier Nakache et Eric Toledano, représente à ce titre l'acmé de son jeu dans une troupe où il sait être à sa place: centrale mais collective. Ce sera la dernière de ses sept nominations aux César (celui-là, il le méritait pourtant), César qu'il aura eu en tant qu'acteur pour un second-rôle (1998) mais quatre fois comme scénariste avec Jaoui (en plus d'un prix du scénario à Cannes et deux European Awards).

On ne le dira jamais: auteur génial, il était aussi un grand acteur. Sans aucune nostalgie pour l'enfance, il s'était épanoui avec la maturité, comme un grand vin. Il avait conquis sa liberté, son indépendance. "Je ne veux plus des dimanches soir mortels d’ennui de mon enfance, des levers à l’aube pour aller travailler à l’école, au lycée, à la banque. J’ai trop vécu alors de petit spleen en petit spleen" clamait-il dans Télérama. Il lui restait de sa jeunesse "Une certaine futilité, un goût stupide de l’amusement, des plaisirs gamins... Une paresse de cancre aussi".

Dans l'hebdomadaire, il affirmait: "Je ne regrette aucun des films où j’ai joué, je n’en mythifie aucun non plus. Une vie d’acteur est nourrie de l’accumulation d’expériences, quelles qu’elles soient. Je ne sacralise pas ce métier." Nous, on aurait quand même bien envie de le sacriliser tant il a offert des barres de rire, de grands moments d'émotion et une vision de l'humain à contre-courant des comédies populaires et du diktat artificiel du bonheur imposé par la télévision. Il y avait quelque chose en nous de Bacri.

Robert Hossein (1927-2020) quitte la scène

Posté par vincy, le 31 décembre 2020

Il aura attendu le dernier jour de cette année 2020, et le lendemain de son 93e anniversaire, pour tirer a révérence. Robert Hossein, né Abraham Hosseinoff, est mort.

Acteur, metteur en scène et producteur de spectacles « démesurés », Robert Hossein avait un charme vénéneux, celui des hommes virils à belle gueule, capables d’être inquiétants et séduisants, mystérieux et mélancoliques. Sans doute ses origines salves. Enfant de la balle – un père acrobate et une mère comédienne, ancien élève du cours de René Simon et de Tania Balachova, il débute très jeune sur scène. Tout aussi précoce, il se lance dans la mise en scène au théâtre du Grand Guignol, aux côtés de Frédéric Dard (il fait d’ailleurs un clin d’œil à son ami en faisant une apparition dans San Antonio, film de 2003). Longtemps avant de prendre la direction du Théâtre populaire de Reims où il expérimente l’alliage du spectacle vivant et du cinéma, créant des spectacles grandioses et grandiloquents, qui feront sa fortune à partir des années 1980. Il dirige aussi pendant le début des années 2000 le Théâtre Marigny. Cette passion des planches lui vaut un Molière d’honneur amplement mérité dans les années 1990.

Joffrey

Amoureux du jeu, amant prolifique – de Marina Vlady à Candince Patou en passant par Caroline Eliacheff et Marie-France Pisier -, il était iconoclaste dans son art. Dans le privé, fils d’un père azéri et d’une mère juive, il avait décidé de se faire baptiser après ses 50 ans, embrassant pleinement la religion catholique jusqu’à lui dédier ses derniers spectacles, prosélytes et papistes.

Révélateur de talents (notamment la jeune Isabelle Adjani), Robert Hossein a croisé les plus grands (Gabin et Belmondo, entre autres) durant sa carrière cinématographique, éclectique et chaotique.

Là encore, il ne sait pas choisir entre son métier d’acteur et la réalisation. Il réalise quinze longs métrages entre 1955 et 1982, dont quelques-uns inspirés par Frédéric Dard (Toi, le venin) et une version épique des Misérables, avec Lino Ventura et Michel Bouquet.

L’acteur sera bien plus convaincant. Débutant chez Sacha Guitry, il enchaîne les figurations et petits rôles dès la fin des années 1940. En 1955, il perce avec Du rififi chez les hommes de Jules Dassin, puis, entre deux réalisation, tourne avec Roger Vadim (qui en fait un de ses acteurs récurrents), Yves Allégret, Gérard Oury, Christian Jaque, Claude Autant-Lara et André Hunnebelle (dans un OSS 117). S’il passe à côté de la Nouvelle Vague, il décroche en 1964 un premier rôle dans un film populaire (3 millions d’entrées), celui de Joffrey de Peyrac, dans Angélique marquise des anges, romance de cape et d’épée. Le début d’une saga où Hossein, malgré son tragique trépas à l’issue du premier film, s’impose en star.

Bébel

Si l’acteur n’a jamais été tête d’affiche, il a ce charisme nécessaire pour s’imposer dans des films aux genres variés, passant du cinéma italien à la comédie française, du thriller au mélodrame en costume. Il passe ainsi de Marguerite Duras à un Marco Polo à gros budget, de Jean Aurel à Mauro Bolognini, de Claude Lelouch à Nadine Trintignant, en passant par Roger Hanin. Pour Le Casse d’Henri Verneuil, il s’offre un personnage ambiguë, aux côtés de Jean-Paul Belmondo et Omar Sharif. Il retrouve « Bébel » dans Le professionnel de Georges Lautner, Les Misérables de Claude Lelouch Un homme et son chien de Francis Huster. Il le met en scène à Marigny dans les fantastiques Kean et Cyrano de Bergerac.

Si on le croise ici et là – chez Alexandre Arcady dans Le Grand Pardon, chez Jean Yanne, dans le beau Les enfants du désordre de Yannick Bellon, dans le premier film de Sophie Marceau, La disparue de Deauville, de passage dans le Vénus Beauté institut de Tonie Marshall – on sent bien que le cinéma ne l’intéresse plus à depuis maintenant 40 ans.

Shows messianiques

Il préfère la scène avec les textes de Georges Simenon, Jean-Paul Sartre, John Steinbeck, Jean Anouilh… C’est avant tout en mettant en scène des spectacles pour des salles gigantesques, loin des beaux théâtres feutrés, amenant l’interactivité du public, qu’il se taille une réputation sur son seul nom, avec Hossein en lettres capitales, barrant les affiches de publicité.

Il débute cette aventure de grands shows historico-dramatiques avec Le cuirassé Potemkine, Notre-Dame de Paris et Danton et Robespierre, première collaboration avec Alain Decaux. Il rejoue avec l’historien les grandes étapes de l’Histoire de France, demandant au public de condamner ou d’acquitter Louis XVI, non sans polémique. Il est récupéré par les partis politiques de droite et d’extrême-droite puis par les ultra-catholiques quand il revisite Napoléon, Jésus, la vierge Marie, Charles de Gaulle ou encore Jean-Paul II. Ses spectacles sont des cartons au Palais des Sports ou au Stade de France, à Lourdes ou au Puy du fou. De temps à autres, il revient aux classiques : Jules César, On achève bien les chevaux, Ben-Hur et même Angélique, son exquise marquise. L’auteur de Je crois en l’homme parce que je crois en Dieu (2016, Plon) est bien loin du jeune homme saltimbanque qui fréquentait Dard et mettait en scène des pièces comme L’Affaire Szenec ou Les bas-fonds de Maxime Gorki.

Les Miz

On préfère retenir son sens de l’audace et son talent à épater le grand public avec Les Misérables, comédie musicale d’après Victor Hugo, en 1980. Avec le livret de Claude-Michel Schönberg et Alain Boublil, il réussit avec brio à lancer ce qui deviendra, en anglais, le plus grand succès des musicals de West End à Londres, puis de Broadway. Finalement, il aura eu ce destin à la Valjean, devenant notable et croyant, délaissant ses « crimes » et cherchant les châtiments, choisissant ses créations comme autant de guides vers une forme d’espérance, puisant dans on imagination sans fin. Un « marginal mystique et méfiant » comme il se définissait, « croyant et désespéré », solitaire, à l’image de son livre préféré, Le désert des Tartares, de Dino Buzzati. Le spirituel l’a emporté sur le matériel. « Le passé, c'est un souvenir. Si vous vivez dans le passé, vous êtes foutu. Il faut espérer dans l'avenir, mais je trimballe une éternelle nostalgie de la vie.... ».

Diana Rigg (1938-2020) file à l’anglaise en bottes de cuir

Posté par vincy, le 10 septembre 2020

Elle fut Emma Peel "forever". Dans la série "Chapeau melon et bottes de cuir", elle était la partenaire parfaite pour Patrick Macnee. Elle était à ses côtés durant deux saisons (4 et 5), mais on ne retient que celles-ci. Dame Diana Rigg s'est éteinte à l'âge de 82 ans, mais elle aura contribué à incarner la femme moderne des sixties, celle qui humait l'air du swinging London avec une garde-robe cuir et pop. Surtout elle a donné ses lettres de noblesses à la femme d'action, capable de tenir n'importe quel arme ou de manier l'art martial, mettant K.O. les hommes.

Comédienne de théâtre, passant de Brecht à Shakespeare, du théâtre privé à la Royal Shakespeare Company, de Racine à Molière, de Sondheim à Almodovar (une version de Tout sur ma mère), elle négligea sa carrière cinématographique. Finalement c'est le petit écran qui fut pour elle assez royal. Pas seulement avec Chapeau melon, où taquine, coquine, séductrice, et libre, elle imposa un personnage d'anglaise très novateur pour l'époque. Elle fut aussi Mme Davers dans une version TV de Rebecca, Hedda Habler, et bien entendu Lady Olenna Tyrell durant 18 épisodes de Game of Thrones.

Au cinéma, elle fut moins sollicitée. Elle est Helena dans Songe d'une nuit d'été de Peter Hall à l'âge de 20 ans. Elle donna la réplique à Oliver Reed dans Assassinats en tous genres, à Charlton Heston dans Jules César, à Georges C. Scott dans L'Hôpital de Arthur Hiller, ... Sa filmographie très modeste, qui passe par La Grande aventure des Muppets, Heidi et des mélos moyens comme Un Anglais sous les tropiques et Le Voile des illusions, est sauvée par sa présence dans un James Bond, Au service secret de Sa Majesté, 007 de transition avec George Lazenby (unique aventure avec l'Australien). Cet épisode de la franchise est d'autant plus particulier que Rigg incarne sans aucun doute la plus classe des James Bond Girl, une comtesse italienne qu'il va épouser, avant que le film ne prenne le virage d'une tragédie. Inoubliable, Rigg insuffle du drame dans un personnage habituellement plus sexué et plus soumis.

On reverra une dernière fois Diana Rigg dans Last Night in Soho d'Edgar Wright, qui se déroule dans les années 1960. Cette décennie fabuleuse à laquelle l'actrice est perpétuellement rattachée.

Ian Holm nous quitte (1931-2020)

Posté par vincy, le 19 juin 2020

Mondialement connu pour avoir incarné Bilbo dans Le Seigneur des Anneaux, la trilogie oscarisée de Peter Jackson, Ian Homm est mort à l'âge de 88 ans. L'acteur britannique avait été révélé au grand public dans Alien - le huitième passager de Ridley Scott en 1979, dans le rôle d'un androïde, avant d'être sacré aux Baftas et nommé à l'Oscar du meilleur second-rôle dans Les chariots de feu en 1981.

A l'aise dans tous les genres, on l'a aussi remarqué dans Greystoke, la légende de Tarzan, Brazil et Time Bandits de Terry Gilliam, Une autre femme de Woody Allen, Henry V et Frankenstein (où il était le baron) de Kenneth Branagh, Kafka de Steven Soderbergh, Le festin nu et eXistenZ de David Cronenberg, La folie du roi George, Big Night... En 1997 il est doublement à Cannes avec Le cinquième élément de Luc Besson et le magnifique De Beaux lendemains d'Atom Egoyan.

Son éclectisme traverse toute sa filmographie. Capable de se fondre dans n'importe quel univers, de Richard Attenbrough (Les griffes du lion) Richard Lester (La rose et la flèche), de Franco Zeffirelli (Hamlet) à Arnaud Desplechin (Esther Kahn). On le voit aussi chez Danny Boyle, Sidney Lumet, John Frankenheimer, John Badham, Albert et Allen Hughes, Zach Braff, Roland Emmmerich, Andrew Niccol et même Martin Scorsese (Aviator).

Il tournera ses derniers films avec Peter Jackson pour les deux premiers Hobbit.

Second-rôle impeccable qui aura traversé les décennies avec modestie, Ian Holm a débuté à la Royal Shakespeare Company. Car c'est sur les planches qu'il reçu les plus beaux honneurs, jusqu'à recevoir un Tony Award pour son personnage de Lenny dans The Homecoming d'Harold Pinter, qui confia que Holm était son acteur favori. D'Hercule Poirot à Alceste, de la voix du chef Skinner dans Ratatouille (qui lui valu un Annie Award) à Thénardier, il était capable de se glisser dans n'importe quel rôle grâce à un jeu volontairement minimaliste (qui n'empêchait pas les excès), considérant qu'au cinéma le regard faisait la moitié du travail.

Suzy Delair prend l’air (1917-2020)

Posté par vincy, le 16 mars 2020

Suzanne Pierrette Delaire dite Suzy Delair, née le 31 décembre 1917, est morte le 15 mars 2020 à l'âge de 102 ans.

Actrice, danseuse et chanteuse, encanailleuse aussi, elle avait tourné durant les années 1930 dans La Dame de chez Maxim's d'Alexander Korda, Poliche d'Abel Gance, L'assassin habite au 21 d'Henri-Georges Clouzot (qui fut son compagnon), puis après la seconde guerre mondiale dans La Vie de bohème de Marcel L'Herbier, Quai des Orfèvres d'Henri-Georges Clouzot , Lady Paname d'Henri Jeanson, Le Fil à la patte de Guy Lefranc, Gervaise et Paris brûle-t-il de René Clément, Rocco et ses frères (Rocco e i suoi fratelli) de Luchino Visconti, Les Régates de San Francisco de Claude Autant-Lara...

Sa carrière s'interrompt assez brusquement au milieu des années 1960, même si on l'aperçoit encore dans Les Aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury en 1973.

Suzy Delair a surtout brillé dans les comédies musicales et les opérettes comme La Vie parisienne de Jacques Offenbach, qu'elle aura joué quatre fois entre 1959 et 1969. Elle passait ainsi, comme pour le cinéma, de la légèreté à la gravité, avec L'Ours d'Anton Tchekhov, Tricoche et Cacolet d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy, Le Tube de Françoise Dorin. Parlant de tubes, on lui doit "C'est si bon" ou encore "Frou-frou".

Car c'est par le music-hall que cette fille d'une couturière et d'un sellier-carrossier qu'elle a connu le succès très jeune. Pouvant jouer les délurées comme les mélancoliques, les gaffeuses et les enquiquineuses, les séductrices comme les prolétaires, elle a aussi traversé l'Occupation avec une amitié, voire une admiration, très dérangeante pour les Nazis. À la Libération, elle est suspendue de tournage pour trois mois par les comités d'épuration.

De Bourvil à Laurel et Hardy, elle a été une formidable partenaire du cinéma classique français et européen. Mais rejetée par la Nouvelle vague, à l'écart des chapelles, préférant ses amours à ses rôles, elle se plaignait de ne pas assez travailler. Si la télévision lui a offert trois rôles dans les années 1980, elle avait complètement disparue des écrans et de la scène par la suite.

Ses parents espéraient qu'elle devienne une sage-femme. L'ancienne apprentie modiste n'en a toujours fait qu'à sa tête. Elle a connu de grands succès, croisé de très beaux rôles, elle savait aussi amuser et faire pleurer. Une comédienne à l'ancienne, avec du tempérament, qui alertait déjà sur le harcèlement sexuel dès 1982: "Sans doute me fait-on payer (...) mon refus de flirter quand il aurait fallu le faire."

Didier Bezace (1946-2020) quitte la scène

Posté par redaction, le 11 mars 2020

Le comédien et metteur en scène français Didier Bezace est décédé des suites d'une longue maladie, a annoncé mercredi à l'AFP son attachée de presse. il avait 74 ans.

Au cinéma, il a joué dans une trentaine de films durant quarante ans de carrière. On l'a ainsi remarqué dans de nombreux second-rôles, avec sa diction bien prononcée et son regard souvent en coin: La petite voleuse de Claude Miller, L.627, Ça commence aujourd'hui et Quai d'Orsay de Bertrand Tavernier, Petits arrangements avec les morts de Pascale Ferran, Les voleurs d'André Téchiné, La femme de chambre du Titanic de Bigas Luna, La dilettante de Pascal Thomas, Ça ira mieux demain, C'est le bouquet! et Cause toujours! de Jeanne Labrune, Mariages ! de Valérie Guignabodet, Ma vie en l'air de Rémi Bezançon, Le pressentiment de Jean-Pierre Darroussin... Il a été nommé au César du meilleur acteur dans un second rôle pour Profil bas de Claude Zidi.

Si le cinéma était si peu présent dans sa vie de comédien, il tournait de nombreux téléfilms. Mais c'est le théâtre qui occupait toute sa vie, cofondateur du Théâtre de l'Aquarium à La Cartoucherie de Vincennes et directeur du Théâtre de la Commune d'Aubervilliers durant 16 ans.

Molière de la révélation théâtrale en 1995 avec La Femme changée en renard, il a reçu deux autres Molières en 2005 en tant que metteur en scène et adaptateur pour La version de Browning.

War Horse et Funny Girl: après le cinéma, la scène!

Posté par vincy, le 15 décembre 2019

Défiez les grèves, prenez un taxi, un bus, un vélo, et pourquoi pas un cheval pour aller voir deux sublimes spectacles qui se produisent ce mois-ci à Paris.

Cheval de guerre est un film mésestimé de Steven Spielberg, adapté d'un roman culte pour la jeunesse de Michael Morpurgo, paru en 1982. Le prestigieux National Theatre à Londres créé la pièce qui en est l'adaptation en 2007. Depuis War Horse a tourné dans 13 pays et près de 100 villes, devant 8 millions de spectateurs éblouis par les prouesses des marionnettistes  qui font "vivre" les chevaux (et autres animaux) sur scène. Actuellement à La seine musicale, à Boulogne-Billancourt, le spectacle se base sur un récit simple - un jeune paysan voit son cheval, son seul véritable ami, partir sur le front de la première guerre mondiale, et fera tout pour le retrouver.

Epoustouflant

Le cheval respire, bouge ses oreilles, n'est jamais immobile. il suffit en pus d'un décor dessiné sur un écran en forme de bout de papier déchiré pour comprendre où se déroule l'histoire. Avec un minimum de décors, on voyage de la ferme au village, de la France aux tranchées. Rarement, le théâtre parvient à produire une sensation "cinématographique", proprement émotionnelle. C'est le cas ici avec War Horse, à quelques reprises. Quand Joey se métamorphose de poulain à bel étalon, c'est un premier choc. Et que dire des scènes de guerre - avec le char ou dans le piège des barbelés - époustouflantes. Sans oublier le suspens vers l'épilogue où les deux héros manquent de se retrouver. Bien sûr, la plus belle scène est proprement théâtrale: la mort de Topthorn où l'on frissonne à la simple vue de son âme incarnée par ses marionnettistes.

Cette création a récolté 5 Tony Awards à Broadway, dont celui de la meilleure pièce. Amplement mérité. Et après, on vous conseille de (re)voir) le film de Spielberg. Attention, la dernière représentation est le 29 décembre. En espérant que ces chevaux reviennent à Paris.

Dans le centre de Paris, au très beau théâtre Marigny complètement rénové, c'est un autre film qui débarque sur les planches. Funny Girl est, en fait, à l'origine, un musical typique de Broadway, créé en 1964 au Winter Garden Theatre de Broadway, avec Barbra Streisand dans le rôle principal. Mais c'est sa version cinématographique en 1968, réalisée par William Wyler avec Barbra Streisand et Omar Sharif, qui l'a fit connaître dans le monde entier. C'est avant tout une histoire inspirée de faits réels, celle de Fanny Brice (1891-1951), star comique de cinéma et chanteuse vedette des Ziegfeld Follies à Broadway, et de sa relation houleuse avec l'entrepreneur et joueur Nicky Arnstein.

Le film a été huit fois nommé aux Oscars (pour le meilleur film notamment) et n'en a ramené qu'un: celui de la meilleure actrice pour Streisand.

Bianco fait banco

Difficile de passer après la star américaine, pourtant c'est l'exploit de ce revival (entièrement en anglais, tout comme War Horse, même si certaines traductions laissent à désirer dans les sous-titrages). Bien sûr, l'époque où il se déroule rend certainement quelques dialogues un peu sexistes, en tout cas, peu féministes. Le parcours de Fanny Brice montre cependant qu'une femme peut s'émanciper du patriarcat à condition de ne pas se soumettre pour son beau jabot.

Christina Bianco est proprement fabuleuse, aussi bien en tant que comédienne qu'en tant que chanteuse. Elle envoie, comme on dit. Charismatique, malgré sa petite taille, elle dévore le show du début à la fin, au milieu d'une troupe au casting parfait. Respectant tous les codes de la comédie musicale américaine, Funny Girl offre de l'espace pour les seconds-rôles, notamment la mère et la tante, véritables mères juives excessives. Certaines séquences sont spectaculaires et drôles, à l'image de cette parade patriotique presque parodique.

Le succès est tel que le théâtre Marigny a annoncé des prolongations jusqu'à début mars.

Les yeux d’or de Marie Laforêt se ferment (1939-2019)

Posté par vincy, le 3 novembre 2019

La chanteuse et actrice Marie Laforêt est morte samedi 2 novembre en Suisse, a annoncé sa famille aujourd'hui, à l'âge de 80 ans. De son vrai nom Maïtena Marie Brigitte Douménach, née le 5 octobre 1939, elle s'était retirée du métier il y a dix ans. Sa carrière est lancée quand elle remporte le concours "Naissance d'une étoile", organisé par Europe 1 en 1959.

Si son premier film, Liberté de Louis Malle, est abandonné, elle est prise pour le rôle féminin principal dans Plein soleil, le film mythique de Réné Clément, avec Alain Delon et Maurice Ronet. Il y a pires débuts même si elle en gardait un souvenir amer: "Alain Delon et Maurice Ronet étaient si prétentieux, si méprisants : deux trous du cul !" On ne reteindra que son personnage d'amante bronzée et peu vêtue. Magnétique.

Elle rencontre alors le réalisateur Jean-Gabriel Albicocco, qui deviendra son mari, qui la fait tourner dans deux de ses films : La Fille aux yeux d'or (Lion d'Argent au Festival de Venise), qui va lui donner son surnom d'artiste, et Le Rat d'Amérique, avec Charles Aznavour.

Comédienne, sans réel plan de carrière, elle a navigué de la comédie burlesque au drame en costumes. Dans les années 1960, ses plus prolifiques, Marie Laforêt est ainsi aux génériques de films aussi différents que Le Rouge et le Noir de Pierre Cardinal, Leviathan (Grand Prix de la critique Festival de Venise) de Léonard Keigel, À cause, à cause d'une femme de Michel Deville, La Chasse à l'homme de Édouard Molinaro, Des filles pour l'armée de Valerio Zurlini, Marie-Chantal contre le docteur Kha de Claude Chabrol...

Après une décennie quasiment vide, consacrée à la chanson, elle revient en second-rôle à la fin des années 1970 grâce à Jean-Paul Belmondo, qui en fait l'une de ses partenaires fétiches. Elle se régale avec des personnages de bourgeoises bafouées, flirtant avec un langage vulgaire et un ton cassant. On l'a voit ainsi dans Flic ou voyou de Georges Lautner, Les Morfalous de Henri Verneuil (où elle se réjouit de voir son mari électrocuté en pissant, lâchant : "c'est la première fois que sa bite fait des étincelles") et Joyeuses Pâques de Georges Lautner, pas dupe des mensonges cocasses de son mari qui tente de la faire cocue avec une jeune femme (Sophie Marceau).

Ces succès populaires la conduisent naturellement vers des comédies françaises et oubliables. Pourtant, Marie Laforêt tourne aussi dans quelques films beaucoup plus marquants dans les années 1980: Le Pactole de Jean-Pierre Mocky, Tangos, l'exil de Gardel (Grand Prix Spéçial du Jury au Festival de Venise) de Fernando Ezequiel Solanas, et Fucking Fernand de Gérard Mordillat, où son personnage formidable de tenancière de maison close lui vaut sa seule nomination aux César.

La suite de sa filmographie sera plus inconsistante, la comédienne préférant alors le théâtre. On la croise dans Dis-moi oui de Alexandre Arcady, Tykho Moon de Enki Bilal, Héroïnes de Gérard Krawczyk et une dernière fois dans Les Bureaux de Dieu de Claire Simon en 2008.

Chanteuse, galeriste, animatrice, écrivaine

Gracieuse, énigmatique, capable d'une franchise désarçonnante ou d'un humour graveleux, Marie Laforêt captait la lumière par une cinégénie naturelle, aidée par des yeux splendides qui ont fasciné au-delà des frontières. C'est d'ailleurs, avant tout, en tant que chanteuse qu'elle fut connue dans le monde. Dès le début des années 1960, Saint-Tropez Blues, enregistrée avec Jacques Higelin, puis Vendanges de l'amour et Viens sur la montagne, énormes tubes de l'époque la lancent. Elle fait de nombreuses reprises à succès, en plus de chanter quelques hits comme Frantz avec Guy Béart. Pionnière de la "world music" en France, avec des airs plus folks et métissés, puisant dans les rythmes brésiliens ou les mélodies slaves, elle se produit dans de grandes salles comme l'Olympia. Dans les années 1970, elle se réoriente vers des chansons plus commerciales et moins personnelles (Tant qu'il y aura des chevaux, Il a neigé sur Yesterday) avant de renoncer aux enregistrements lorsqu'elle s'installe en Suisse en 1977, pour "échapper à la surmédiatisation et pouvoir écrire des livres dans l'anonymat".

Elle ouvre une galerie d'art, pour laquelle elle exerce aussi la profession de commissaire-priseur. Elle écrit également: Contes et légendes de ma vie privée, Mes petites magies, livre de recettes pour devenir jeune, Panier de crabes : les vrais maîtres du monde, et, sous le pseudonyme de Erna Huili-Collins, elle participe à l'ouvrage collectif Correspondances intempestives : à la folie... pas du tout.

"Ma carrière est de bric et de broc"

Marie Laforêt a aussi animée durant un été une émission sur RTL, "Cause toujours, tu m'intéresses". La comédienne a aussi brûlé les planches, notamment dans Le Partage de midi, de Paul Claudel, L'Écorce bleue de Marguerite Yourcenar, Le Vietnam de Marguerite Duras, Master Class de Terrence McNally, où elle incarne Maria Callas et pour laquelle elle fut nommée deux fois au Molière de la meilleure comédienne, La Presse est unanime de Laurent Ruquier. Sa dernière prestation fut récitante dans l'opéra de Simon Laks L'Hirondelle inattendue, à Marseille.

Mariée cinq fois, Marie Laforêt a eu trois enfants avec Judas Azuelos, dont la réalisatrice Lisa Azuelos, et avec Alain Kahn-Sriber. Elle avait confié avoir été une mère absente, compliqué, rappelant les paroles d'une de ses chansons: "Sans la tendresse, l'amour ne serait rien." Fréquentant des hommes d'affaires qui lui ont valu des articles de presse (people ou généraliste) sulfureux, elle était humble et snob, drôle et distante, sensuelle et intello. "Ma carrière est de bric et de broc mais ma vie est remplie du début à la fin" expliquait-elle en guise de résumé. Après tout, comme elle le disait: "Le bonheur est un métier, il s'apprend."

Le scénariste et réalisateur Peter Handke reçoit le Prix Nobel de Littérature 2019

Posté par redaction, le 10 octobre 2019

L'écrivain et dramaturge autrichien Peter Handke a reçu le Prix Nobel de littérature ce jeudi 10 octobre. Grand ami de Wim Wenders, il a écrit plusieurs de ses scénarios: Drei Amerikanische LP's, L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty, adapté de son propre roman, Faux mouvement, le récent Les beaux jours d'Aranjuez, dans le quel il jouait le jardinier, et surtout le sublime Les Ailes du désir (1987).

En tant que scénariste, Peter Handke a également écrit le remake américain des Ailes du désir, La Cité des anges de Brad Siberling, et l'adaptation du roman d'Henry James, Les ailes de la colombe, réalisé par Benoît Jacquot.

L'écrivain n'a pas que des amis. Proche de la Serbie, et notamment de Slobodan Milosevic, il a beaucoup d'ennemis. Certains regrettent ce Nobel, même si son œuvre littéraire ne souffre pas de critiques. A noter que le jury des Nobel a aussi remis le prix pour l'année passée (le Nobel de littérature n'avait pas pu être décidé suite à un scandale ayant entraîné de nombreuses démissions dans le comité).

Lauréate 2018, l'écrivaine polonaise Olga Tokarczuk, farouche opposante au régime néo-conservateur actuellement au pouvoir en Pologne, a aussi un lien avec le cinéma. Elle a en effet écrit deux scénarios: Pokot réalisé en 2017 par Agnieszka Holland et Kasia Adamik, en compétition à Berlin, et prix Alfred Bauer ; et The Vanishing réalisé en 2011 par Adam Uryniak.

Quant à Peter Handke, il a également été réalisateur de cinéma: Chronik der laufenden Ereignisse (1971), La femme gauchère, d'après son livre (1978), sélectionné en compétition à Cannes, le moyen métrage Das Mal des Todes, d'après le roman de Marguerite Duras, et L'absence (1993), en compétition à Venise. La femme gauchère lui avait valu le prix Bambi de la meilleur réalisation et le Prix Georges Sadoul.

Dinard 2019: 5 questions à l’absolutly fabulous Jane Horrocks

Posté par vincy, le 28 septembre 2019

Membre du jury de Dinard, Jane Horrocks est aussi adorable qu'on pouvait le penser. Créatrice du personnage de Little Voice, énorme succès sur les planches avant de devenir un de ces bijoux du cinéma britannique des années 1990, éternelle Bubble dans la série Absolutly Fabulous, cette anglaise élégante qui ne semble pas vieillir, a fait quelques incursions au cinéma, chez Nicolas Roeg, Michael Caton-Jones, Mike Leigh, Dexter Fletcher... Comme beaucoup de ses compatriotes, elle se désole du Brexit - "Cela ferme énormément de portes. Nous ne sommes plus la grande famille qu’on était. C’est très triste" - mais la fantaisie et la curiosité l'emportent toujours.

Ecran Noir: Vous retrouvez Michael Caton-Jones, avec qui vous avez tourné Memphis Belle en...

Jane Horrocks: On ne compte pas les années (rire). Mais il est exactement pareil qu'à l'époque. C’est le clown de la classe à Dinard. Tout le monde l’aime. Vous savez parfois, quand on retrouve les gens après une longue absence, on peut-être déçu. Mais là ce n’est pas le cas avec lui ! Et puis je suis très bien entourée avec ce jury. J’aime bien être jurée, on sent un peu spéciale, légèrement importante (sourire).

EN: Justement, en tant qu'anglaise et juré, cette compétition reflète-t-elle la société britannique, le cinéma britannique?

JH: On voit des films très variés, certains plus artistiques, d’autres plus conventionnels. Je pense que ça représente le cinéma britannique de façon transversale. Par exemple, nous avons vu deux films sur la jeunesse, l’un sur celle d’aujourd’hui, qui est très juste, et l’autre sur celle durant la seconde guerre mondiale. C’est intéressant en une journée de voir comment cette jeunesse britannique a pu évoluer et comment ils ont été représentés à quelques décennies d’écart.

EN: Vous tournez peu, à peine un film par an. Qu'est devenue "Little Voice" finalement?

JH: Je continue de chanter, j’adore ça. C’est ma passion. Mais je me suis éloigné du personnage que j’ai personnifié dans Little Voice. J’essaie de créer un nouveau personnage à travers les chansons. Je fais beaucoup de théâtre, j’ai créé un festival à Manchester. Sur scène, je créé des pièces, avec un groupe de musiciens. Et c’est ce qui me plaît le plus car j’aime la création originale, plus que des rôles qui ont déjà été joués encore et encore. Pour le cinéma, j'ai fait quelques films que vous n’avez sans doute pas vus en France.

EN: Mais on vous a entendus: Vous avez prêté votre voix à de nombreux films d'animation comme Chicken Run, Garfield, les noces funèbres, et La Fée clochette...

JH: Oui... Je pense que j’ai une très bonne oreille et que ça me permet de créer différentes voix et d’incarner différents personnages dans un large spectre. C'est une des raisons pourquoi on fait appel à moi pour ma voix.

EN: Vous voyez ici des films de votre pays. mais avez-vous l'occasion de voir des films français?

JH: Je ne regarde pas énormément de films. J’ai vu La vie d’adèle récemment, des années après sa sortie. Et j’ai tellement été bouleversée que j’en parle tout le temps, j’ennuie mas amis avec ça ! C’est si bien fait, si bien joué. Ce film va rester avec moi pendant des années et des années.