La première étoile : Noirs fondus de blanc

Posté par benoit, le 24 mars 2009

la  premiere etoileL'histoire : Jean-Gabriel, marié et père de trois enfants, vit de petits boulots et passe son temps au bar PMU du coin. Un jour, pour faire plaisir à sa fille, il promet un peu vite à toute la famille de les emmener en vacances au ski. Seul problème : cette fois-ci, s'il ne tient pas sa promesse, sa femme le quitte. Il va devoir faire preuve d'imagination sans limite pour y parvenir...

Notre avis : La première étoile, enfant naturel de La chèvre de Francis Veber et de Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon, possède dans son jeu un atout en plus : une sincérité tendre et familiale puisque ce premier film du comédien Lucien Jean-Baptiste – la voix française de Will Smith, c’est lui ! - s’inspire de ses propres souvenirs d’enfance. Si vous avez 7 ou 77 ans, et pourquoi pas entre les deux, unissez-vous et allez voir en famille un film de blacks qui n’a pas peur de faire tache sur la poudreuse. Malgré une grande faiblesse de réalisation, il arrive parfois à cette oeuvre d’être traversée par une grâce mélancolique. Ce trait, malheureusement trop rare, la distingue des productions françaises hebdomadaires qui condamnent le public à rire trop souvent pour le pire.
Toutes les étoiles de ce long-métrage sont à décerner à l’ensemble de sa distribution : Lucien Jean-Baptiste, Anne Consigny, Jimmy Woha-Woha, Ludovic François, Lorena Colombo, Michel Jonasz, Bernadette Lafont… Mais la raquette d’or revient à Firmine Richard dont la présence digne d’une Whoopi Goldberg, hisse le personnage de Bonne Maman au sommet des codes de la comédie. Il faut la voir chanter à table de toute son âme une mélodie créole dédiée à De Gaulle face à son fils, quadra largué, qui la regarde médusé. Cette séquence aussi drôle que féroce réunit à elle seule les problèmes de l’intégration, le matriarcat étouffant, le gouffre qui sépare les générations et le peu de rêve qu’offre la société actuelle aux êtres flottants, différents. Sans céder au mauvais jeu de mot, cette noirceur souterraine évite aux films tous les écueils « racisto-civiquo-démago » et offre, dans une grande fantaisie, une plage ou plutôt un pic de tolérance. Par les temps qui grondent, c’est déjà beaucoup…

_________
Ne pas manquer l'interview de Firmine Richard pour Ecran Noir.